LES LACS D'AYOUS, partie sud (64)

Vous avez aimé Les lacs d'Ayous, partie nord ?
Vous aimerez peut être tout autant la suite : Les lacs d'Ayous, partie sud !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Souvenons-nous :
Dans un épisode précédent (cf : LES LACS D'AYOUS, PARTIE NORD), nous étions partis dans la vallée d'Ossau, et plus précisément du côté du lac de Bious-Artigues afin de nous lancer sur l'un des plus beaux itinéraires pyrénéens avec quelques six heures de marche pour un dénivelé de 1000 mètres environ.
Au programme : des cascades et des lacs de montagne sous le "regard" bien veillant du Pic du Midi de Jean-Pierre d'Ossau.

       
Lac de Bious-Artigues

Lac de Roumassot et Pic Castérau

     
Cascade et lac du Miey

Lac de Gentau et Pic du Midi d'Ossau

Aaaaah oui, c'est beau, c'est calme, c'est tranquille... surtout à cette période de l'année puisque j'étais aux lacs d'Ayous début mai.
Comme nous le disions dans le précédent billet, la randonnée des lacs d'Ayous en vallée d'Ossau est une des plus belles randonnées des Pyrénées, et donc une des plus prisées ; ce qui amène des gens pas toujours respectueux de la montagne à venir déambuler dans ces magnifiques paysages qui respirent habituellement une douce quiétude.
Peut être est-ce un peu pour cela que le parking du site est devenu payant cette année...
 

La montagne est à tout le monde, certes, encore faut-il la respecter : respecter la nature, la flore, la faune, le silence.
Nous sommes ici dans un parc national préservé.

BREF ! Allez, c'est donc en pleine polémique de lac que nous allons reprendre notre randonnée pyrénéenne...
Mais si : polémique de lacs ! T'as pas lu ? T'as pas entendu ? T'as pas vu ?

Ahlalalalalalala ! Bon... Que dire ? Que faire ? On s'en fout, non ? Par contre, sais-tu comment a été composée cette chanson ? Non ?
Récit.

Nous sommes en 1981, Jacques Revaux et Pierre Delanoë se retrouvent chez Michel Sardou à Saint-Georges-Motel, dans l'Eure pour composer de nouvelles chansons. Tout le monde a bien mangé, a bien bu aussi. Jacques Revaux est venu avec son synthétiseur Sequential Prophet 10, mais l'instrument a mal supporté le voyage. Il a subi un gros coup de chaud et lorsque Jacques Revaux appuie sur les touches, c'est un son de cornemuse improbable qui en sort. 
Michel Sardou, amusé, réagit immédiatement et lui demande de ne toucher à rien. Et si on écrivait une chanson écossaise ? Mais ni Revaux, ni Sardou,  ni Delanoé ne connaissent l'Ecosse. Sur place, il y a de la documentation, mais rien sur l'Écosse. Un prospectus touristique sur l'Irlande et les lacs de Connemara retient leur attention. Après quelques recherches complémentaires, l'inspiration vient doucement. Pierre Delanoë et Michel Sardou se lancent alors dans l’écriture du texte.
Aux noms de villes, de régions, le texte s'inspire également du film L'Homme tranquille de John Ford, en évoquant un mariage irlandais et laissant le conflit entre protestants et catholiques en toile de fond.
"Très vite le sujet est trouvé : la chanson conte l’histoire d’un mariage irlandais, avec en trame de fond le conflit opposant irlandais et anglais… et bien sûr la beauté incroyable du Connemara et de ses lacs légendaires !
Les deux artistes truffent ensuite la chanson de références à l’Irlande pour encore plus d’authenticité, et rajoutent une partie à la cornemuse.
Et les références sont nombreuses ! La chanson évoque ainsi les terres magnifiques irlandaises, avec sa lande, sa rudesse, son climat pluvieux et venteux, et ses lacs aux eaux profondes !
Pour plus de pittoresque, les artistes évoquent également des villes irlandaises comme Limerick, Tipperary, Galway, ou encore Ballyconneely. Ils y ajoutent également une dimension historique, parlant du colonialisme anglais, du militaire anglais Oliver Cromwell responsable de violences meurtrières à l’encontre des irlandais… Et finissent par évoquer les conflits religieux (entre protestants britanniques et catholiques irlandais), la partition de l’Irlande, et les guerres ayant marqués à jamais l’île, déchirant britanniques et irlandais depuis plusieurs siècles.

Très vite, la chanson est alors bouclée. Mais elle inquiète Michel Sardou : celle-ci fait plus de 6 minutes. Une durée jugée trop longue pour le chanteur. Mais fort heureusement, Revaux le convaincra de la sortir auprès du grand public." GUIDE IRLANDE.COM

Voilà.

Et maintenant, retournons en France, et plus précisément dans les Pyrénées, et plus précisément dans la vallée d'Ossau, et plus précisément sur le sentier des lacs d'Ayous, et plus précisément sur les rives du lac Gentau.

Ici, nous sommes à 1947 mètres d'altitude très précisément. Mais attention, si on fait deux pas sur la gauche, PAF : nous sommes à 1948 mètres d'altitude. Par contre, si nous faisons trois pas sur... Ouais bon, eh !
Nous avons marché tranquillement pendant deux heures avec 600 mètres de dénivelé pour arriver jusque là.
Le lac Gentau, c'est une superficie de 9,3 hectares ; ce qui n'en fait pas le lac le plus grand des lacs d'Ayous puisque, un peu plus haut, le lac Bersau a une superficie de 12,5 hectares.
Après une petite pause pique-nique-bière, c'est d'ailleurs vers ce lac que je me dirige à présent.

        

Au sortir des rives du lac Gentau, il y a également possibilité de suivre el sentier montant vers le pic d'Ayous, à 2288 mètres d'altitude, pour avoir un magnifique panorama sur les lacs, les estives et les différentes cimes environnantes. Pour cela, il faut marcher un peu plus d'une demi-heure.
Peut être une autre fois. Pour aujourd'hui, je vais continuer mon tour initialement prévu.

Dans un premier temps, le sentier passe par le refuge d'Ayous.

Le refuge d'Ayous, c'est 47 places disponibles, ouvert de mi mai à mi octobre.
Il propose plusieurs formules d'hébergement, pension (nuit simple), demi-pension (diner, nuit et petit déjeuner) ou pension complète (nuit, diner, petit déjeuner et pique-nique), de 44 à 55 euros. Drap housse, couverture, oreiller et taie d’oreiller sont à disposition ainsi que des savates. Il faut venir avec un drap personnel pour le couchage. 
Il est également possible de dormir au refuge hors saison. 14 places disponibles et pas de service de restauration.

De la terrasse du refuge, la vue est tout simplement magnifique.

        

Je dépasse maintenant le refuge avec son panorama sur le lac Gentau et le Pic du Midi d'Ossau pour reprendre le sentier juste derrière. Je traverse un petit ruisseau qui sort de la couche de neige qui apparait maintenant, recouvrant le sentier montant vers le lac Bersau.

      

Le sentier monte de façon abrupte en disparaissant sous la blancheur fraiche de la neige encore présente à cette époque de l'année. Il faut suivre le sud.

         

Petit à petit, le panorama sur le lac Gentau et la vallée d'Ossau disparait derrière moi.
Le sentier sous la neige évolue entre rochers, laquets et montagnes.

         

En fait, lorsqu'il n'y a pas de neige,
le sentier suit un cours d'eau
allant du lac Bersau au lac Gentau.

Aujourd'hui,
il est recouvert par la neige.

Sur ma droite, des pics alignés avec le Pic Larry (2337m) et Las Tres pundettes de Larry. 

       

Sur ma gauche, on ne le voit que si on escalade un peu les faibles pentes enneigées... Le Pic du Midi d'Ossau.

      

Après un peu plus d'une demi heure de marche depuis le refuge d'Ayous, il me semble arrivé au bout du sentier qui n'existe pas. La vue se dégage...

C'est blanc,
mais si on se rapproche,
on perçoit le lac Bersau et sa plagette...
recouvertes par la neige et la glace.

C'est silencieux. Parfois, des choucas curieux passent dans un son d'ailes battantes, ponctué de croassements discrets.

Je me pose pour boire un petit coup de rosé...
bien frais.

Tout est calme. Personne aux alentours. Pas un avion dans le ciel.
A moins que...
   
Non, pardon. 
Ça casse un peu la poésie du lieu et du moment.

Revenons au lac !

Le lac Bersau, c'est une superficie de 12,5 hectares avec une profondeur pouvant aller jusqu'à 30 mètres. Ici, nous sommes à 2080 mètres d'altitude.
Je ne reste pas très longtemps le cul et les mollets dans la neige. Je repars en contournant les rives Est du lac avec des vues variées.

     

     

    

Alors, tout ça, c'est bien joli, mais une question se pose ! Eh oui, et cette question est : "si les volcans d'Auvergne se réveillent, combien de sortes de fromages perd-on ?"...
Hein ? C'est une bonne question, mais ce n'est pas celle-la qui domine à ce moment précis.
Non, la question est : "Mais où est donc passé... " Non, pas Ornicar !... "Mais où est donc passé le Pic du Midi de Jean-Pierre d'Ossau ?"
Eh oui. Ça fait bien un quart d'heure que je ne l'ai pas vu. Et quand on se trouve au lac Bersau, ce n'est pas évidemment de le retrouver. Pourtant, il n'est pas loin...

Il se cache, il apparait. Il disparait. Il réapparait.
J'arrive au bout du lac après l'avoir contourné-longer pendant quelques minutes. Une vue d'ensemble apparait.

Dominant l'étendue glacée, on remarque les cimes du Pic d'Hourquette (2384m) et du Pic de Larry (2337m). Un peu plus loin encore, l'ouverture créée par le col d'Ayous (2180m), suivi du pic du même nom (2288m).

À partir de là, nous allons maintenant entamé la longue descente de retour vers le plateau de Bious en passant tout d'abord par le lac Castérau.

La première partie de la descente est bien raide, dominée par l'étonnante silhouette du Pic Castérau.

Ce pic culmine à une altitude de 2227 mètres. Pour l'atteindre, il faut marcher une bonne heure sans avoir le vertige.

Allez, un dernier regard panoramique
avant de plonger et quitter ce lieu de tranquillité.

J'emprunte le petit sentier étroit, descendant en contrebas du pic.

En point de mire, le lac Castérau. Avec un peu d'attention, on peut remarquer au dessus du lac un autre lac : le lac Paradis.

LE VOIS-TU ?

 Alors ?

Non ?

Réponse ?

REPONSE

Ah ouais, c'était pas évident. D'ailleurs, personnellement, je l'ai loupé.
Ce petit lac -dont on mentionne rarement le nom pourtant avenant quand on parle des lacs d'Ayous-  se trouve à 1975 mètres d'altitude. Il est en dehors du sentier. Tout comme le lac Roumassot, ses eaux se jettent dans un gouffre.

Ce sentier qui continue de descendre jusqu'à un croisement.

La borne indique les directions du lac Bersau (d'où je viens), de Bious-Artigues (où je vais) et du col des Moines (où j'aurais bien aimer me rendre s'il n'était pas trop tard).
Je le vois ce col des Moines,
là-haut, au loin, dominé par son pic (2349m)...

Col frontalier entre France et Aragon, il doit son nom au rôle qu'il a joué pour les pèlerins de la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins qui empruntaient la vallée d'Ossau s'arrêtaient à Gabas (hameau de la commune de Laruns) où un hospice et une chapelle avaient été créés par le vicomte Gaston IV le Croisé en 1102 et placés sous la dépendance de l'Hôpital Sainte Christine du Somport, situé en Aragon à l'emplacement de la station de sports d'hiver de Candanchú. L'étape était longue et difficile, surtout en hiver, si bien que les moines de Sainte Christine du Somport venaient au col à la rencontre des pèlerins et les guidaient jusqu'à l'hospice.
J'aurais bien aimer aller jusque là-haut pour apprécier le beau panorama sur le versant espagnol avec, notamment, le lac d'Escalar.
Ce sera pour une prochaine fois.

Maintenant, j'arrive à proximité du dernier lac du jour : le lac Castérau.

        

Accompagné du pic de Peyreget (2487m) sur sa gauche, le Pic du Midi d'Ossau a refait son apparition, dominant fièrement ce petit lac de 1,4 hectare. Il est alimenté par une rivière qui, à cette époque de l'année, est bien soutenue. Celle-ci, une fois de plus, coule dans un étroit canyon pour disparaitre dans un gouffre.

Aaaaaaah, ce Pic du Midi d'Ossau qui nous rappelle également qu'ici, nous sommes dans une région qui fut volcanique.
"Vers la fin de l'ère primaire, il y a environ 290 millions d'années, alors que la chaine hercynienne s'érodait activement, les derniers soubresauts de sa lente formation entrainèrent l'ouverture de fissures nord-sud.
A la faveur d'une de ces fissures, des roches en fusion provenant de la partie profonde de la croute terrestre (50 km de profondeur environ) remontèrent et s'épanchèrent en surface en donnant les coulées de lave. Ainsi naquit le volcan d'Ossau.
Au cours du temps, celui-ci prit de plus en plus d'ampleur et, lors d'une éruption plus violente que les précédentes, sa partie sommitale s'effondra, formant une dépression circulaire : la 'Caldeira'."  RANDONNEES EN PYRENEES

Rapprochons-nous encore un peu
de ces eaux pures.

Je contourne le lac en suivant le sentier. Comme se défiant de leurs cimes, c'est le Pic des Moines et sa sommet acéré qui m'apparait maintenant, en regardant vers le sud-ouest.

C'est là le dernier lac de cette belle expédition aux lacs d'Ayous. Petite révision de la géologie des lieux...
"Les lacs d’Ayous se succèdent en étage au milieu des pâturages. Leur formation date de la glaciation de Würm. En fondant, l’eau a formé des marmites remplies d’eau. La plus haute d’entre elles, une fois pleine, a provoqué un débordement et la création d’un ruisseau, et le même phénomène s’est reproduit plus bas. Ce sont donc les cascades à l’époque qui ont fait ce relief, créant ces quatre lacs les uns au-dessus des autres." LA REPUBLIQUE DES PYRENEES

Maintenant, j'attaque une sévère descente en direction de la plaine de Bious. Cela parait beaucoup plus pentu de ce côté là en comparaison avec notre montée vers le lac Roumassot tout à l'heure. Les lacets sont nombreux pour "adoucir" la descente... ou la montée.

Une vue extraordinaire apparait avec le Pic du Midi d'Ossau (toujours), la plaine de Bious sur laquelle serpente le Gave du même nom. Au loin, plusieurs sommets, comme le Lurien (2826m).

La descente est assez longue (environ une heure pour trois km), mais les paysages sont magnifiques. Tour à tour, montagnes, rivière, estives, flore,... et passage à la cabane de Cap de Pount.

À cette époque de l'année, les bergères et bergers ne sont pas encore en place. Mais cela ne va pas tarder. Le reste de l'année, la cabane reste privée.
Je continue. Il est possible de suivre un chemin goudronnée (afin de faciliter le ravitaillement de la cabane en période d'estives), mais je privilégie le petit sentier sur la droite du Gave de Bious.

       

C'est beau, mais c'est long quand même. À chaque fois que tu arrives au bord d'une crète, tu penses être au bout du sentier... mais non. Une autre plaine apparait.

C'est beau, hein, pas de doute. Mais c'est long là. Mais c'est beau.
Oh, des fleurs !

Un dernier panorama sur le pic Castérau
et le Gave de Bious dans des gorges.

Et je retrouve le croisement de ce matin où
en prenant sur la droite,
je me dirigeais vers le lac Roumassot.

Fin de cette belle randonnée.
J'aurais passé sept heures dans les montagnes.