Pouilly-Fumé ou Pouilly-Fuissé ? (58)

Telle est la question.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Nous avons tous peut être en nous, inconsciemment, quelque chose de Tennessee, mais aussi de Shakespeare lorsque nous entendons cette question "être ou ne pas être..." Hein ? Hein ? Hein ? Mais, si. Bien sûr.
Quand nous entendons ce questionnement, même sans avoir lu ou vu la pièce, de suite, on pense à un mec qui tient un crâne de squelette en se prenant sa propre tête. Si, si, si.
C'est un peu, comme lorsque nous entendons que l'"On a tous quelque chose en nous de Tennessee...", on pense de suite à Johnny Hallyday.
Alors que...il faudrait peut être se dire que Michel Berger -auteur des paroles de la chanson interprétée par Johnny en 1985-  pensait à Tennessee Williams, dramaturge américain et auteur, entre autres, de pièces de théâtre comme "Un tramway nommé désir".

BREF : en écrivant à doigts levés sur le clavier de mon ordinateur ce titre de billet de blog, je me suis souvenu -non pas des mots de Shakespeare, ni même de Tennessee Williams-  mais d'une brève de comptoir qui reprenait les mots de l'auteur britannique inspiré du célèbre début de tirade de la pièce "Hamlet". Et ces mots étaient :

"Etre ou ne pas être,
voilà la réponse."

Ah ben ouais. C'est un autre niveau ; mais en même temps, pourquoi pas ? Parce que, finalement, est-ce qu'il y a une réponse à ce questionnement ? Hein ? Hein ? Hein ?
"Être ou ne pas être ?", "Pourquoi et pourquoi pas ?", "Avoir ou ne pas avoir ?"... Allons-y ! "Beau temps ou mauvais temps ?", "Black friday or not Black friday ?", "Promo ou pas promo ?"...

Oui, que nous soyons ou non théâtreux ou littéreux, nous connaissons tous cette célèbre phrase faisant l'ouverture de la célèbre tirade d'Hamlet. Reste à savoir ce qu'elle peut bien vouloir dire ou sous-entendre. Radio-France nous apporte une réponse :
"(...) Ce qui frappe comme étant finalement une sorte de réflexion philosophique, peut-être la plus abstraite, la plus métaphysique de toutes. Pourtant, cette exclamation est-elle vraiment une question ? Rejoint-elle la plus grande question, à savoir, pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?
Non, chez Hamlet, il ne s'agit pas d'une alternative métaphysique mais d'un choix très concret et d'abord moral : être ou ne pas être, pour lui, c'est affronter - ou pas - la situation tragique dans laquelle le place la vie familiale et celle du royaume du Danemark. Faut-il ou pas...(...)" RADIO-FRANCE

Et là, je me rends soudainement compte que je suis en train de faire un hors sujet par rapport au titre initial de ce nouveau billet.

DONC :
revenons à nos cochons.

Alors, il y a quelques jours, nous fêtions l'arrivée du Beaujolais Nouveau. Encore ! Ben ouais, c'est tous les ans, comme le Nouvel An. Si, si, si. Eh ouais, eh ouais. Enfin, je sais pas toi, mais moi, je l'ai plus fêté que les soldes à la con et autres promos, cartes promos, friday de november promo black !

Et bien sûr, comme chaque nouvelle année, la nouvelle question se pose : être ou ne pas être...
ah non, c'est pas celle-la... Quel goût aura le Beaujolais Nouveau cette année ? Framboise ? Cerise ? Banane ? Pneu ? Goudron ? Echasses ? Panini ? Crevettes ? Lavande ? Playmobil ? Benjamin Biolay ?

Eh bien,
certains ont répondu direct
sans l'avoir goûté :

Chaque année, je ne loupe pas ce moment privilégié où se mêlent boissons, charcuterie et causeries avec famille et amis.
Tu peux retrouver ces moments dans une rétro-beaujolais-spective ici : LE BEAUJOLAIS NOUVEAU 2021 EST-IL BIEN ARRIVé ?

L'année dernière, je m'étais juste contenté d'une photo...

Mais cette année, c'est différent.
Plutôt que de poser la question "Le Beaujolais Nouveau est-il bien arrivé ?", je me suis posé une autre interrogation : "Quand est-ce que le Beaujolais Nouveau repart ?".

La réponse en vidéo :

Eh ouais. On est tous là à l'attendre, mais une fois qu'il est là, puis qu'il ait bu, qu'est-ce qu'on fait ?

Bon. Voilà... Alors... De quoi qu'on parlait déjà ?

"Pouilly fumé ou Pouilly-Fuissé ?"
Kezako.

Eh bien, pour répondre à cette question, il faut s'intéresser au vin et à la Bourgogne.
En effet, si ces deux appellation semblent si proches par leur nom, ce n'est pourtant pas le cas géographiquement parlant. Certes, il existe un certain nombre de Pouilly en France : Pouilly-sous-Charlieu, Pouilly-les-Nonains, Pouilly-sur-Meuse, Pouilly-sur-Serre, Pouilly en Moselle, dans l'Oise,...
L'origine du nom Pouilly se trouverait  -selon certains- dans les noms latins Pauliacum ou Publiacum, soit l’habitation de Paul ou de Publius. Pour d’autres, elle proviendrait du celte pol ou poull, signifiant marais, marécage.
Là, nous allons recentrer nos recherches en parlant vin, et de deux Pouilly précisément.
Le Pouilly Fumé est un cépage sauvignon blanc, appartenant au vignoble de la vallée de la Loire, dans la Nièvre.
Le Pouilly-Fuissé est quant à lui un cépage chardonnay, provenant du vignoble de la commune Solutré-Pouilly appartenant au vignoble de Bourgogne localisé en Saône-et-Loire.

"On le surnomme historiquement blanc fumé, car le raisin, à sa maturité, se recouvre d’une fine pruine grise, pellicule cireuse qui protège sa surface, semblable à un voile de fumée. L’autre explication est liée au terroir : fumé se rapporterait au fumet de pierre à fusil qui se produit quand les silex, très présents sur le sol de pouilly fumé, s’entrechoquent. Et c’est sans doute cette caractéristique qui donne une si bonne réputation à ses vins, cette note aromatique de fumée, très minérale, qui complète, voire supplante les parfums habituellement très fruités du sauvignon (citron, orange, pamplemousse).
Pouilly fumé est un vignoble bien installé, qui rassemble 130 domaines viticoles sur 1 400 hectares de vignes, soit environ 10 millions de bouteilles produites chaque année. Certes, le vignoble de sancerre, sur l’autre rive de la Loire, fait le double en surface, mais ce dernier s’appuie sur un sous-sol plutôt homogène (calcaire issu du kimméridgien, comme à Chablis), tandis qu’il est plus varié à Pouilly. Toujours calcaire, ce qui produit un sauvignon franc et vif, on y trouve aussi des limons fluviatiles, davantage de sables et de graviers, et surtout de précieux silex rouges. Sur les terroirs de pierres calcaires (appelés « cris »), les vins sont particulièrement élégants et fruités. (...)" Ophélie Neiman pour LE MONDE

L’Appellation Pouilly-Fuissé, elle, produit exclusivement des vins blancs issus du cépage Chardonnay sur les communes de Chaintré, Fuissé, Solutré-Pouilly et Vergisson. L’aire d’appellation est de 780 ha et la production annuelle est de 6 millions de bouteilles.

Voilà !
Et là, tu me dis : "Mais pourquoi tu parles d'avantage du Pouilly Fumé que du Pouilly Fuissé ?"
Eh bien, tout simplement parce que, pour ce nouveau billet, nous nous rendons à... à... Strasbourg ! Non, je déconne. Nous nous rendons à... à... Pouilly !
Ben oui, oh, faut suivre ! Et plus précisément à Pouilly-sur-Loire, dans la Nièvre ; ville du Pouilly Fumé.

C'est parti !

Nous sommes fin août... Oui, j'ai un peu de retard au niveau des billets. Du coup, ce n'est absolument pas écrit en direct, mais avec un léger différé.
Nous sommes en août 2023. Mon père et moi partons de Nevers pour aller faire une petite marche dans les vignes de Pouilly et alentours.
Tout de suite, la carte, le plan et les chiffres.

Bon, vu qu'il a plu, puis qu'il a fait très chaud,
ma carte a un peu fondu dans la poche
et on ne voit pas toutes les subtilités.

En voici une un peu plus claire :

De prime abord, quand on regarde l'itinéraire en noir, on peut penser à une moitié de clé à molette ou à une sorte de marionnette de Fraggle rock de profil qui crie, voire à un coq avec une crête qui vient de voir le soleil se lever. Mais comme ce n'est pas le sujet, nous allons plutôt nous concentrer sur les chiffres en rapport avec la rando du jour.

Mon père et moi même, nous partons pour 13 kilomètres de marche, soit environ une durée de 3h15 en pleine nature ou presque. Le dénivelé nous fera passer de 163 mètres à 265 mètres d'altitude, soient 185 mètres ! PAF ! Attention ! Enfin, c'est ce que dit la carte...

Mais... mais... mais avant de prendre la route pour rejoindre le point de départ de la randonnée, il est une tradition dans la Nièvre.
Avant de partir pour une randonnée nivernaise, il faut obligatoirement jouer à un jeu qui ne te fait rien gagner, si ce n'est que de te faire ton temps, et c'est déjà pas si mal.

Et ce jeu que le monde entier nous envie est... 

Où est Mimine ?

ALLEZ !

Nous quittons Nevers, préfecture de la Nièvre, pour faire quelques 40 kilomètres... en voiture.
Nous empruntons l'ancienne RN7 -la Route Bleue-, rebaptisée Autoroute de l'Arbre.
Ce jour là, c'est plutôt l'Autoroute des Nuages.

Nous croisons quelques vestiges de l'ancienne Nationale 7, route des vacances et des premiers congés payés, comme le Motel de Mesves-sur-Loire...

        

Mais il y aussu d'autres petits signes ici et là, comme cette ancienne plaque kilométrique...

Quelques commerces et animations mesverois...

      

Un rapide passage devant l'ancien hôtel-restaurant des "200 bornes", fermé actuellement pour travaux...

        
Avant                            Maintenant

Et nous voici arrivé à Pouilly-sur-Loire qui, comme son nom l'indique, se trouve en bord de Loire.

      

Avec une petite particularité.

Eh oui, Pouilly-sur-Loire se trouve à distance égale entre le Mont-Gerbier-de-Jonc, source de la Loire, et Saint-Nazaire.
Nous traversons le centre-ville pour aller nous poser au départ de la randonnée, sortie nord de la commune, face au domaine des Chaumes et son pressoir à raisin.

Juste derrière l'établissement, nous prenons l'ancienne voie romaine, comme elle est appelée par les cartes et un panneau. Tout d'abord asphaltée, elle se transforme petit à petit pour laisser apparaitre sur le haut les pavés de cette ancienne voie royale.

 

      

Mais de "voie royale" ou de "voie romaine", elle n'aurait que le nom, comme nous l'explique Sirius dans son blog "Le blog de Syrius" :
"Nombreux sont les articles de presses, les sites internet et… les discussions (pas forcément de bistrot) qui présentent comme « romaine » la route pavée qui s’étire, toute droite, au travers du vignoble au Nord de Pouilly… 
En fait, il suffit souvent, dans la pratique, qu’une section de route soit droite et pavée pour qu’elle devienne derechef une ancienne voie romaine dans la croyance populaire, surtout si, en plus, des édiles locaux ont cru bon la baptiser officiellement ainsi.(...)
En fait, la « route romaine » de Pouilly date du début du XVIIIème siècle, et fait partie intégrante de la « Route N°8 de Paris à Lyon » (...)
Son tracé fut en grande partie repris par la RN7, mais quelques sections subsistent indépendamment, lorsque la RN7 a préféré un détour pour éviter une pente trop raide."

Cette "voie romaine" fait également partie du GR3, ce chemin de Grande Randonnée qui suit la Loire.
   

Plusieurs panneaux touristiques et explicatifs parsèment ce parcours de randonnée.

Ici, une explication du cépage pouillysois.. Oui parce que je te vois venir, tu es en train de te demander depuis tout à l'heure : "Mais comment appelle-t-on les habitants de Pouilly ? Les Pouilleux ?"
Eh bien non, les habitantes et habitants de Pouilly-sur-Loire sont appelés les Pouillysoises et Pouillysois.
DONC, ceci étant dit, revenons à notre cépage avec ce panneau explicatif situé au bord de la "voie romaine", traversant les premières vignes.

"UNE PALETTE UNIQUE AU MONDE
L'harmonie entre cépages et terroirs, où diversité se conjugue avec unité, est d'autant plus exceptionnelle que quelques-uns des grands cépages de la région ont trouvé leur origine ne Val de Loire, alors que beaucoup d'autres viennent de l'Est ou du Sud-Ouest de la France.
La grande originalité des vins de Val de Loire provient du fait que les vins sont vinifiés en monocépage.
Cette palette de cépages unique au monde offre une gamme très diversifiée et de haute expression."

Et c'est parti pour une petite dégustation par la lecture... faute de bouteille à déguster à proximité.

"CEPAGE BLANC
SAUVIGNON BLANC
-localement nommé également Blanc Fumé : Cépage tardif, qui permet d'élaborer des vins blancs secs, tranquilles aux notes fruitées, florales, variétales et minérales.
CHASSELAS BLANC
- cépage précoce, qui donne des vins francs et rafraichissants.

CARACTERISTIQUES SENSORIELLES DDES VINS DES A.O.C. POUILLY-FUMÉ ET POUILLY-SUR LOIRE
A.O.C. Pouilly-Fumé
Robe : jaune pâle à or.
Nez : La palette aromatique des vins de "Pouilly-Fumé" peut présenter des notes fruitées, rappelant les agrumes, des notes florales rappelant les fleurs blanches, des notes variétales et de la minéralité.
Bouche : Les Pouilly Fumé expriment de la complexité, de la finesse, de la générosité et de la fraicheur.

A.O.C. Pouilly-sur-Loire
Robe : jaune très pâle.
Nez : Il présente souvent des notes minérales, de fleurs blanches et de fruits secs.
Bouche : Elle est fraiche et gouleyante avec une certaine rondeur."

Aaaaaaah oui ! Ça donne envie, ça donne soif !!!!

Au sommet de la "voie romaine", nous quittons les pavés pour suivre un sentier de terre. Il y en a un peu partout sur ce domaine poulyssois de 1400 hectares pour permettre aux viticulteurs d'accéder à leurs parcelles. De ce sentier, nous avons une vue magnifique sur les vignes... à perte de vue.

       

       

À cette période de l'année  -nous sommes fin août-, les vignes sont encore bien vertes. La saison des vendanges approche ; d'autant plus que cette année, il y a eu beaucoup de soleil et de chaleur ce qui a permis aux vignes d'être en avance dans leur production.

Et voilà qu'une autre question se pose alors. Une question primordiale ! Y'aura-t-il du raisin c't'année ?

REPONSE

Eh oui : si y'a du raisin, y'aura du vin. Et ça, c'est bien !

         

Il y a aussi des chardons...

...mais ça, on s'en fout.

Tiens, au fait, comme ça, en passant, qu'est-ce qu'on peut faire avec des chardons ?
Eh bien, saches que l'on peut l'utiliser pour ses propriétés bénéfiques pour la digestion comme élément naturel diurétique et tonique. Il peut également servir au traitement des maladies du foie... Coïncidence de trouver ces chardons dans les vignes où l'on fait du vin alors que l'on sait que le vin, c'set pas bon pour le foie... Hein ? Hein ? Hein ?

Bon, on va continuer...
Ah merde, il pleut sur la vigne.

Mettons nous à l'abri.

Les cabanes de vignes. Elles sont nombreuses et dispersées ici.
Stéphane Lebreton, passionné nivernais, a créé un site internet sur ces abris vignerons (cf : Les cabanes de vigne)
"Ces abris ont vu le jour à partir du XIX e siècle. À l'époque, sans la mécanisation, les vignerons restaient toute la journée dans leurs vignobles. Ils utilisaient ces petites maisons pour casser la croûte, se reposer, s'abriter, entreposer quelques outils."
Patrick Coulbois, ancien maire de Saint-Andelain (commune que nos traverserons un peu plus tard), en parle aussi :
"La majorité d'entre elles possédaient une petite cheminée et une citerne pour récupérer l'eau de pluie. Certaines avaient aussi une partie prévue pour le repos du cheval."

C'était une petite drache. Nous n'avons même pas eu le temps de gagner la cabane.
Par contre, problème : on a perdu le balisage de la randonnée qui était jaune, ou bleu, ou blanc, ou rouge-blanc. Nous n'avons pas trop bien compris. Donc fausse route. Demi-tour.

Regarde-moi ça le bordel !
Nous ne comprendrons que bien plus tard, qu'il fallait suivre l'itinéraire bleu puisque l'itinéraire blanc et rouge a été modifié pendant que le jaune, lui, ne parcourt les vignes que sur la crète. Enfin, peut être.

Une fois le bon chemin retrouvé  -pour l'instant-  nous pouvons consulter à nouveau les panneaux explicatifs, comme celui sur l'histoire du vignoble de Pouilly-sur-Loire.

Et c'est reparti pour une petite dégustation littéraire.
"L'histoire de la Loire et de ses vins se confond, noblesse oblige, avec l'Histoire de France.
Dès le Vème siècle, on trouve trace de l'existence du vignoble de Pouilly sous le nom de "Pauliacum" parmi les biens personnels de celui qui deviendra Saint-Germain l'Auxerrois. Légué en 680 par Vigile, le domaine épiscopal devient propriété d'une succession de suzerains locaux.
A la fin du XIème siècle, suite au départ pour les croisades d'un de ses principaux détenteurs, le vignoble va devenir en grande partie propriété des bénédictins de La Charité-sur-Loire. S'en suivra une période de grand essor dont témoigne encore la "Loge aux Moines", une parcelle de quatre hectares avec cabane, située sur l'un des coteaux surplombant la Loire. Depuis la fin du premier millénaire, la Loire a été un élément essentiel pour transporter et étendre la notoriété des vins de Pouilly en son château de Plessis-les-Tours.

Mais le commerce fluvial va prendre une tout autre ampleur avec l'ouverture du canal de Briare en 1642. Reliant la Loire à la Seine via le Loing, le canal va faire de Paris le principal débouché du vignoble et lui offrir une première ouverture vers l'Angleterre au départ de Rouen.
L'arrivée du chemin de fer en 1861 va profondément modifier l'orientation du vignoble. La vinification va être partiellement abandonnée au profit de la production de raisin de table : le Chasselas doré de Fontainebleau, acheminé chaque soir par train spécial en direction des Halles de Paris.

Après la crise phylloxérique à la fin du XIXème siècle, le vignoble va se tourner de nouveau vers la production de vin, le blanc fumé prenant peu à peu l'ascendant sur le Chasselas. Ce qualificatif de fumé a différentes origines : la prune grise qui se développe sur les grains de raisin au moment de la maturité ou l'analogie avec l'odeur de la fumée de pierre à fusil, caractéristique du cépage.

Après un classement en appellation simple en 1923, la qualité des crus de Pouilly est entérinée par l'obtention de deux Appellations d'Origine Contrôlée en 1937 : Pouilly-sur-Loire pour le cépage chasselas et Blanc-fumé de Pouilly ou Pouilly-fumé pour le cépage sauvignon.
Les producteurs s'organisent alors et créent en 1948 la cave coopérative de Pouilly, puis la confrérie des "Baillis", dont le but est de mieux faire connaitre les vins de "Pouilly"."

Ah oui, je me souviens des Baillis de Pouilly-sur-Loire. Je les avais rencontré lors du passage du Tour de France cycliste en 

Toujours est-il qu'aujourd'hui, grâce à la qualité de travail et au sérieux des viticulteurs locaux et à leurs vins, le Pouilly s'exporte dans plus de 90 pays à travers le monde.

Nous continuons notre progression à travers vignes.

Ah tiens,
une croix.

Nous nous approchons pour tenter de lire
ce qu'il y a d'écrit sur la pierre porteuse en dessous...

Mais le temps a fait son petit travail de sape
et nous ne parvenons pas à déchiffrer les mots gravés.

De retour à la maison, bien plus tard et après quelques recherches, je découvrirai qu'il s'agit de la Croix des Pains Tortillés, ou Croix des Nues ou Croix des Loges aux Moines.
Le WebCroqueur nous en dit plus :
"On y laissait son pain lorsque l’ont se rendait à l’église depuis le hameau des Loges. une petite boite formée de pierre, située sur la gauche de la stèle permettait de le protéger des animaux. La croix en fer forgé est fixée sur une stèle, sur celle-ci nous pouvons encore apercevoir certains écrits :
—E——–CHARTREUX……. GAJION CETTE CROIX A ETE ELEVEE EN LHONNEUR DE NOTRE SEIGNEUR ET CHRIST CETTE PIERRE CELERA ——CHEURITE—NOTE–V—-VENT POULLY–CE—ERCRE–Y–PRIES DIEU O–ULN-O PRESERVE–D—ET DE MAJESTEE."

Quant à pourquoi on l'appelle aussi Croix des Loges, nous l'apprendrons un peu plus loin.
Pour le moment, un plus haut que cette croix, nous avons un magnifique panorama à presque 360°, de la vallée de la Loire à la commune de Saint-Andelain.

 Sans oublier la vue sur la butte sancerroise,
pile poil en face du sentier de vignes.

Aaaah, Sancerre ! On en parle ?
Non, on est à Pouilly ! Eh oh, ça va Sancerre, là ! On n'est pas dans le Berry !
Ah ben oui que veux tu, il y a toujours quelques rivalités chafouineuses dans les régions, les départements, les villes, les rues... On n'est pas en guerre, hein, mais ce qui se passe de l'autre côté de la Loire reste de l'autre côté de la Loire, comme on dit à Las Vegas.

Nous croisons un viticulteur qui, avec sa machine spéciale,
passe à travers ses vignes pour la nettoyer naturellement.

Les allées de ces vignes (ce qui sépare les rangées) ont toujours besoin d'aménagement, surtout après de grosses pluies. Le travail de la vigne et un travail quotidien, tant au niveau de la taille, de la pousse et de l'entretiens par la surveillance du raisin, des feuilles et du pied de vigne.

 Une fois sa maison-ferme passée, nous retrouvons le goudron et l'asphalte de la départementale D153.

Celle-ci va nous mener jusqu'au petit village vigneron classé des Loges...

À suivre...