BRIGNOGAN-PLAGES (29)

Ohlalalalala, ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu sur ce périple breton avec Mélanie datant d'août 2021 ?!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Eh oui, souvenons-nous !

C'était à l'été 2021, Mélanie et moi-même avions décidé de nous rendre en Bretagne, et plus précisément à Brignogan-Plages, et plus précisément dans un hôtel que nous avions découvert au hasard d'un périple aléatoire à l'automne 2017. Nous y avions seulement mangé le midi, mais nous nous étions jurés d'y retourner, pris par le charme du lieu et de la cuisine qui y était servie (cf : LA BRETAGNE, de Carantec à Brignogan-plages).

           

Ah oui, ça fait envie, hein ?

Eh bien, après un petit périple le long des côtes, d'Erquy à Brignogan-Plages...

...en passant par Saint Brieuc, Lanmeur, Plougasnou, Morlaix, Saint-Pol-de-Léon,
Cléder et Goulven, nous arrivons à notre objectif : l'Hôtel de la Mer, à Brignogan-Plages.

Il est là, sur cette côte dite Côte des Légendes.
Et quand j'entends le mot "légende", je pense à plusieurs choses, plusieurs moments historiques, plusieurs personnalités. Comme James Dean... Mouais, je sais pas, légende, James Dean, bon, trois films. Légende : Elvis Presley. Légende : Johnny Hallyday? Non pas trop, mais...

BREF !
Revenons à la Côte des Légendes bretonne.
Celle-ci s'étend sur 15 kilomètres, dans ce Finistère nord, de Guissény à Goulven. Oui, c'est très court, très peu étendu. Raison de plus pour se demander pourquoi ici, et dans ce petit périmètre, cela s'appelle-t-il Côte des Légendes.
Eh bien, rien n'est trop précisé. On parle de ce pan d'histoire...
"Cette côte tourmentée a vu sombrer de nombreux navires : très pauvres, les pêcheurs-paysans de la région (Pays pagan) étaient de célèbres pilleurs d'épaves jusqu'à ce que Colbert interdise cette pratique. Les écueils dangereux que l'on aperçoit au large sont relayés sur les plages par un véritable rempart minéral constitué de milliers de rochers éparpillés sur le sable." ÉDITIONS ATLAS

On pourrait penser que ce serait un lieu où toute sorte de légendes bretonnes auraient pris naissance, mais non.
Tiens, d'ailleurs, quelles sont les grandes légendes bretonnes ?
Pour le savoir, plongeons-nous dans l'achat de cet objet aujourd'hui presque futile, mais qui me rend incroyablement nostalgique... La carte postale.

Aaaaah oui, y'en a des légendes en Bretagne. j'aime cette Bretagne d'automne et d'hiver, sous les nuages gris, avec ses auberges en pierres grises massives, qui t'accueillent, bien chauffées, pour manger une bonne galette avec une bonne bolet de cidre, non loin d'un feu rassurant dans un poêle crépitant. Cette ambiance feutrée et envoutante qui te donne envie d'écouter un bon album de Nick Cave ou des Pogues.

Mais là, nous sommes en été. Et c'est beau aussi en été la Bretagne. La preuve !
Qu'est-ce qu'on disait ?
L'Hôtel de la Mer ? Ah oui.

Eh bien le voici !

Ah, attends, je suis un peu loin, on ne le voit pas très bien.

Rapprochons-nous encore un peu...

Encore un peu plus près.

Bon, bref : comme tu peux le voir, c'est un peu un hôtel du bout du monde. Un environnement onirique. Oui, faut peut être pas exagérer, mais le lieu est tout de même prompt à la rêverie et à la flânerie, bercée aux sons des vagues, les yeux submergés de formes et de couleurs.

Autour,  -et c'est déjà beaucoup-, il n'y a que ces magnifiques plages de fin sable blanc, ponctuées de quelques gros rochers aux formes divers, sculptés par l'air marin et les légères vagues de la Manche.

Le regard s'arrête sur certains pour y trouver un nom, une allusion, une ressemblance avec un objet, un animal ou une personne célèbre. 

Ici, un robot canard.

         
Robe en algues                                                Un macareux

Et... et... celui ci.

Magnifique, fabuleux ! Qu'est-ce que cela peut-il être ? Le visage d'une brebis de profil ? Le visage de Michel Piccoli de profil ? Hein ? Non, mais loin de moi l'idée de dire que Michel Piccoli ressemblait à une brebis. C'est la coiffure qui me trouble et... ouais bon, j'arrête les comparaisons.

Interrogeons-nous plutôt sur le pourquoi du comment de telles formes ?
C'est le travail du temps, l'érosion de ces belles roches granitiques sous l'action du vent, du gel et de la pluie. Et ce depuis plus de 300 millions d'années. Sans doute les rochers les plus anciens de France, comme ceux qui peuplent toute la côte bretonne, notamment à Ploumanac'h et sa côte de granit rose.
Mais ces écueils granitiques ne font pas le bonheur de tout le monde. La côte des Légendes est accidentée, déchiquetée, parsemée de ces rochers attentistes, rendant la navigation dangereuse.
En 1897, Armand Dayot écrit en faisant allusion aux légendes des naufrageurs du Pays pagan proche :
"Ce pays de Brignogan est maudit et je tremble pour les navires marchands qui, aujourd'hui encore, naviguent le soir, sans pilote, en vue des rivages de ces mauvaises gens."

Longtemps, jusqu'à ce que Louis XIV ne réprime leurs actes, Brignogan et le pays Pagan ont eu la réputation d'être des naufrageurs. Un écrivain anonyme de dire :
"Tous les hommes y étaient associés pour conspirer la perte d'autres hommes. (...) Les habitants étaient plus à craindre que les écueils parmi lesquels, le couteau au poing, ils guettaient les épaves et les naufragés."

Côte des Légendes et ses histoires nocturnes et interdites...
"Ces pêcheurs paysans, très pauvres, faisaient disparaître en quelques heures les cargaisons des navires échoués sur les brisants de cette côte farouche. Pour ce faire, on raconte que les Pagans attachaient des torches aux cornes de taureaux boiteux pour imiter avec leur balancement les feux destinés à guider les bateaux vers les ports. On raconte aussi qu'ils illuminaient les églises et chapelles des falaises pour y attirer les vaisseaux…" WIKIPEDIA

Tremble, tremble !!!!!

Il faut dire qu'à cette époque, la pratique du droit de naufrage permettait de s'approprier les cargaisons échouées sur les plages. Les habitants de la côte estimaient que tout ce qui venait de la mer leur appartenait, au même titre que les coquillages et les poissons. 
La pratique du droit de naufrage fut interdite par Colbert en 1681. C'est ainsi que des postes de garde furent installés sur la côte, ainsi qu'un phare, le phare de Pontusval.
Le dernier naufrage remonte à 1930, lorsque le navire de commerce de 80 mètres de long, la Brière, s'échoua dans la baie. Venant de Rouen pour prendre la direction de l'Algérie, ce fut le dernier navire pillé par des riverains. La cargaison de ce navire était composée de vélos, de vêtements, de sucre, de cuivre, de bois, etc., ainsi que de huit vaches qui gagnèrent la plage à la nage.

Mais il n'y pas que des rochers à Brignogan-Plages et au large de l'Hôtel de la Mer.
Ooooh que non ! Il y a aussi ces belles plages de sable fin et blanc avec des contrastes de couleurs prenants, entre le bleu de la mer, le gris des rochers et le vert des algues.

       

       

Aaaaaaah mais attends ! Si la plage, la mer, ça te fait chier... Bon, en même temps, qu'est-ce que tu viens foutre en Bretagne si tu n'aimes pas la mer, ni la plage, ni les rochers... Bon, bref, je ne suis pas là pour juger, mais... quand même... Vas dans la Creuse alors ! Y'a des trucs à voir aussi dans la Creuse, et dans la Nièvre aussi !

BREF !

Si tu en as marre de la mer, des plages de sable fin et des rochers, saches qu'autour de l'Hôtel de Mer  -ou plutôt à quelques mètres de l'Hôtel de la Mer-  il y a aussi un phare. Le phare de Pontusval.

Ah merde, trop loin !
Rapprochons-nous.

Ah mince, trop de rochers !
Rapprochons-nous encore un peu.
  
Ouf, trop près !

Eloignons-nous !

Non, plus près !

 

Ouais bon, allez, ça va bien. On va pas passer deux heures là-dessus !
Alors, quelle est l'histoire de ce phare de Pontusval, pas si connu que ça en Bretagne, bien qu'il se trouve sur la côte des Légendes.

"Telle une mouette blanche tournée vers le large et scrutant l’horizon, le petit phare de Pontusval s’est allumé pour la première fois le 15 septembre 1869. Construit pour alerter de la dangerosité des récifs qui bordent la Côte des Légendes, il fait le relai entre le phare de l’Île Vierge et celui de l’Île de Batz. Un calcul rapide : 1869/2019... le phare porte fièrement ses 150 ans ! Il est classé aux Monuments historiques depuis 2011 et les Phares et Balises, propriétaires de l’édifice, se doivent aujourd’hui d’en assurer l’entretien. Situé à la pointe de Beg-Pol, au nord du port de Brignogan-Plages, il est un des rares édifices de ce type à avoir été épargné par les destructions de la Seconde Guerre Mondiale. Il a été le témoin de nombreux naufrages et en 1882, une station de sauvetage a été construite à proximité.
Du haut de ses 14,5 mètres et 18,3 mètres au-dessus du niveau de la mer, ses trois éclats blancs et rouges toutes les deux secondes sur 10 milles, 52 marches pour atteindre la lanterne.
Ce lieu est magique et les plages de sables fin bordées de ces rochers sculptés par les vents, la mer et le temps, accentuent encore l’émerveillement. On dit aujourd’hui qu’il est le phare le plus photographié d’Europe !" COTE DES LEGENDES

Ouais ben, surtout si tu essaies de trouver la bonne distance photographique pour capter l'environnement de cet édifice qui n'est pas visitable, ni même approchable puisque propriété privée.

Après, attention ! Tu peux ne pas aimer les rochers, mais aimer les plages et les phares.
Et alors là, tu peux te poser devant ce genre de panoramas.

       

Eh oui, il y en a pour tous les goûts... surtout si tu aimes les phares, la plage et les rochers.
Cela ne se voit peut être pas sur les photos, mais ici, à Brignogan-Plages, nous sommes à 15 mètres d'altitude ; ce qui résulte d'une platitude remarquable qui permet justement d'avoir ses belles perspectives sur la Manche et ses plages de sable fin (oui, j'insiste sur le sable fin car il est vraiment fin).
Avec de telles paysages, on peut se demander si Brignogan-plages peut faire office de station balnéaire. Hein ? Hein ? On se demande...
Eh bien la réponse est oui.
Brignogan se développe à la fin du XIXème siècle avec la mode des bains de mer. La station balnéaire prend alors son essor et se démocratise avec l'arrivée du chemin de fer. Cet âge d'or du tourisme balnéaire à Brignogan correspond à la période d'entre deux guerres et au début des Trente Glorieuses. Une dizaine d'hôtels accueillent toursites parisiens et étrangers, ainsi que les villas et chambres particulières.
Mais à partir des années 1960, la commune souffre de son orientation plein nord, face à la Manche, ainsi que de son éloignement des grands axes de communication.
Aujourd'hui, Brignogan-Plages ne possède plus qu'un camping et un hôtel... L'hôtel de la Mer.

Tiens, puisqu'on en parle, allons-y ! Enfin.

Voici la vue que nous avons depuis notre chambre, orientée pleine mer... et terrasse.

Et quand on descend pour boire un verre sur la terrasse, voici le panorama.

      

Les heures passent. La lumière baisse. Le ciel prend des couelurs orangées.

        

Tiens, on va aller voir ce beau coucher de soleil sur la plage du phare.

Le bruit des vagues qui vont et viennent sur la sable fin. Le ciel qui change de couleurs. La silhouette du phare de Pontusval. Et l'idée qu'il y a quelques siècles ici, les pilleurs d'épaves attendaient leurs potentielles futures victimes en agitant des lanternes.
Et puis il y a aussi ces oiseaux. On est entre chien et loup, mais aussi entre oiseaux et vagues.

Ils suivent le rythme des vagues sur le sable, cherchant quelques coquillages ou autres algues. Ils font des allers-retours incessants, comme la mer, avec de petits cris enjouées.

Nous retournons à l'Hôtel de la Mer pour apprécier les dernières lueurs du jour depuis la chambre sur la plage des Chardons bleus et du sémaphore.