Petite promenade digeostive, chap 2 (64)

Fait beau DONC on sort.
C'est ainsi que Jénorme a décidé d'aller quelque part sur la Côte Basque pour divaguer tranquille non loin des légers tumultes océaniques.
Son choix aléatoire s'est porté sur un départ de balade à Bidart, et plus précisément à Erretegia, ce lieu magnifique, véritable ouverture sur l'océan au milieu d'une verdure retrouvée.
Suivant ce qu'il reste du Sentier du Littoral (soumis aux aléas des éboulements), il fait une première pause non loin de son point de départ -au centre de Bidart- afin de boire une bière en regardant un chien courir après des vagues.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Euh...
Où on en était ?
Attends, tranquille...

Oui,
petit récap'.

 J'aurais pu simplement marcher sur le trottoir de la rue Erretegia jusqu'au centre-ville de Bidart, mais la vue n'est pas super.

Imposant ce mur blanc. On a envie d'y déposer des fresques et des grafs, comme sur les restes du mur de Berlin rebaptisés "East Side Gallery", la plus grande galerie permanente en plein air du monde avec 1,3 kilomètre de long.

Aaah Berlin ! Quelle ville passionnante ! Avec Maitre Arnaud, nous nous y étions rendus en 2013  : KALININGRAD TOUR : BERLIN, LE MUR.
Mais revenons au Sentier du Littoral et à cette balade improvisée quelque part sur la Côte Basque.

DONC j'ai suivi le sentier du Littoral. Pauvre Sentier du Littoral qui, par endroits, est coupé par mesure de sécurité, face aux écroulements dont est victime la falaise basque.

          

Reprenons le fil de cette errance aléatoire pour revenir au snack Anaia, à Bidart, face à la plage du Centre.

Derrière le snack-bar-restaurant, on attaque une petite montée d'escaliers...
      
...pour rejoindre le parking Lafargenia (d'un côté payant, de l'autre privé).
     

Eh oui, tout devient payant ou privé sur la Côte Basque.
Tiens, autre exemple : les parkings gratos de bord de mer à Anglet !
           
Ces endroits où les parkings ont toujours été gratuits pour que l'on puisse profiter des plages océaniques seront désormais payants du 1er juillet au 31 octobre cette année !!! (source : France bleu)
Le Pays Basque, victime de son succès ? D'autres lieux très fréquentés deviendront également payants, comme le parking de Bious-Artigues pour la randonnée des lacs d'Ayous (Sources : FFrandonnées).
      

On remarque ainsi que même les loisirs les plus simples, comme la marche et la baignade, deviennent payants... en période d'inflation. Faut-il rester chez soi ?
Autre question : où va aller cet "excès" de fréquentation sur certains lieux ?

Bon... En attendant... Reprenons notre promenade... pendant que l'on peut encore... Peut être qu'unn jour, on nous foutra un podomètre au cul pour nous faire payer le nombre de pas que l'on aura fait dans la journée !?

Juste avant, après la montée des escaliers allant de la plage du Centre au parking, il y a un beau point de vue aménagé, panoramique sur le sud de la Côte Basque française et espagnole, de Guéthary à Fontarrabie.       

       

Je longe ensuite la plage de l'Uhabia pour remonter en direction de Parlementia. Eh oui, eh oui : on monte, on descend, on monte, on descend !
Si c'est trop pour toi, avant d'attaquer la montée sur Parlementia, tu peux faire une pause à la terrasse de ce sympathique bar de plage, "Bleu Blanc Jaune"...

Sinon, tu continues en empruntant un petit chemin montant vers la route du chemin de Parlementia et atteindre un point de vue panoramique sur la plage de l'Uhabia depuis le toit d'un ancien blockhaus.

Comme on peut le voir, Bidart, c'est une colline complètement recouverte de maisons et de villas. Ce qui contraste avec cette belle étendue verte d'Erretegia.

Je suis la route goudronnée, chemin Parlementia, en passant devant la Villa Emak Bakia.

Un petit écriteau rappelle que "dans cette maison l'artiste américain Man Ray tourna en 1926 un film qu'il intitula du nom de la maison : "Emak Bakia", une ancienne expression basque qui signifie "Fiche-moi la paix".
C'est un film optique, sans fil narratif, à mi-chemin entre le dadaïsme et le surréalisme.
Avec cette oeuvre, Man Ray posa les bases de son cinéma avant-gardiste, fondé sur une liberté de création absolue, sans interférence aucune." (cf : le film Emak Bakia)

Construite au début du XXe siècle pour une riche famille princière roumaine, cette villa connut plusieurs vies : occupée par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, puis incendiée, puis rénovée pour, enfin, devenir depuis 1951 une maison de vacances pour le compte de Daher Aérospace Tarbes.

Je continue et j'arrive à la chapelle Saint Joseph.

Le sentier du Littoral réapparait derrière la chapelle sous la forme d'un chemin en descente vers l'océan par des escaliers de bois, puis de pierres.

         

Ce chemin pentu déboule sur la promenade Barognenia. J'aime bien connaitre l'origine du nom d'une rue ou d'une promenade, mais là, je n'ai rien trouvé.
Toujours est-il que la promenade Barognenia quitte l'urbanisation bidartare pour rejoindre les rives océaniques de la plage Parlementia, entre Bidart et Guéthary.

Plage la plus au sud de Bidart et donc la plus au nord de Guéthary. Elle doit justement son nom "Parlementia" à cette confrontation entre chasseurs de baleine Bidartars et chasseurs de baleine Getariars qui se disputaient les eaux de pêche au XVIIème siècle jusqu'à ce qu'ils règlent leurs différents en parlementant au sommet de la colline séparant Bidart de Guéthary. C'set la chapelle Saint-Joseph -devant laquelle nous sommes passés avant de descendre vers la plage-  qui servit de parlement entre les habitants de Guéthary et Bidart.
"Une sorte de conseil d'agglomération avant l'heure, même si certains écrits racontent qu'on s'y réunissait aussi tout simplement pour deviser." SUD-OUEST

La plage Parlementia disparait quelque peu à marée haute. Elle arbore beaucoup de rochers parmi lesquels les cueilleurs aiment chercher quelques mollusques et crustacés à marée basses.

Elle est très prisée des surfeurs pour sa "droite interminable", vague à fond rocheux qui ne sature quasiment jamais grâce à la houle.
Des sanitaires et des douches sont à disposition...
On peut apprendre ainsi à dire "urinoir" en basque.
    

En cette fin de mois de mai, le lieu est encore calme, mais d'ici quelques jours, cela va changer.
Nous allons entrer dans la saison estivale.
    

Pour le moment  -et en ce milieu d'après-midi, on ne peine encore pas à trouver une petite table tranquille au bord de l'océan pour boire une bière à l'Iluna Bar.

Au dessus de L'Iluna Bar, un sentier nous conduit vers l'intrigante tour de guet Koskenia, qui "aurait" donné son nom à la commune (guet, guetaria).

Un petit panneau nous rappelle sa fonction d'antan :
"La Tour de Guet Koskenia témoigne de l'époque où l'on chassait la baleine à Bidart. Les baleines de l'Atlantique nord recherchaient pour se reproduire des eaux plus chaudes comme dans le Golfe de Gascogne. Il existait sur la Côte Basque plusieurs tours de guet destinées à prévenir la confrérie des marins-pêcheurs de la présence d'un cétacé et de sa situation en allumant un feu au sommet et en sonnant la cloche.
Koskenia aurait fonctionné pour cet usage jusqu'au XVIème siècle. Dans les années 1950, elle fut transformée en feu d'alignement. Sa hauteur fut réduite et la baie rectangulaire permettant d'observer l'océan fut supprimée. La tour de guet Koskenia est ainsi l'unique témoin de la pratique de la chasse à al baleine sur l'ensemble de la Côte Basque. Elle a été inscrite au titre des monuments Historiques en décembre 1993."

On peut se poser sur un des bancs faisant face à l'océan et regarder les falaises de Bidart au nord.

         

Je repars par le chemin du phare en direction du centre ville de Guéthary, plus petite commune de la côte basque.
    

Après être passé sur la Terrasse qui propose une vue panoramique sur la côte et l'océan, je redescends ensuite par le chemin du Port en passant devant la majestueuse résidence Guetharia.

Ancien hôtel devenu résidence, Guetharia est parfait exemple d'architecture art déco. Construit en 1926  par l’architecte basque Joseph Hiriart, nombreuses furent les célébrités à venir y séjourner, de Maurice Chevalier à Charlie Chaplin. Plus tard, pendant la Seconde Guerre Mondiale, c'est la Wehrmacht qui y installa ses bureaux.
A la fin de la guerre, l'hôtel est démantelé et vendu sous forme de résidence en 37 lots devenus appartements ultra côtés. Comptes environ 900 euros la semaine de location.
Sept niveaux sur la port et sur le charmant port du village auquel on ajoute la beauté des vitraux du maître-verrier Jacques Gruber (restaurés en 2017) sont autant de détails marquants qui font de ce bâtiment un lieu unique ; même si pour certains, sa hauteur est vraiment "trop" imposante.

Photo : Le Guérafy

C'est vrai qu'il en impose le bougre ! On en oublierait presque le petit port qui est à ses fondations.

      

Autre lieu incontournable de Guéthary, le petit port.
Pour y accéder, je suis le sentier des baleines en passant sous la magnifique passerelle Itsasoan, elle aussi d'influence art déco.

           

La passerelle Itsasoan, dessinée par l'architecte français Henri Godbarge (grand théoricien du style néo-basque), a été inaugurée en 1926 en même temps que l'Hôtel Casino.

Quelques mètres plus loin,
j'emprunte le petit escalier qui sépare le dessous de la passerelle
de l'entrée du petit port de Guéthary.

Une fois le passage passé... oui, oui "le passage passé", la conception du port interpelle avec son grand plan bétonné incliné.

La chasse à la baleine a débuté sur la côte basque dès le IXème siècle. Elle a permis aux Basques de s’enrichir en développant un commerce lié à la graisse de baleine qui était alors transformée en huile.
La chasse à la baleine a pris fin au XVIIIème siècle lorsque les cétacés commencèrent à se raréfier, mais sardines et thons continuèrent à faire vivre les pêcvheurs de Guétahry jusqu'au début du XXème siècle, quand un terme fut mis à l'activité du port.
A cette époque, le village est en pleine mutation avec le développement du tourisme balnéaire né au XIXème siècle dans la région. Avec cette nouvelle perspective économique, Guéthary voit s'élever au coeur même de la commune de luxueux hôtels et de nouveaux commerces. Riches familles et artistes se font alors bâtir des villas Art déco et, surtout, d'immenses demeures néobasques avec façades blanches et faux colombages souvent peints dans le fameux rouge du pays à l'image de la ferme traditionnelle basque l'Etxea.
Les couleurs basques ont une signification : le rouge (gorri en basque) correspond au sang de boeuf et permettait d'empêcher que le bois pourrisse et en soit attaqué par les insectes, le vert (berde en basque) viendrait de l'extraction du minerai de fer, très présent sur le sol basque, le bleu (urdin en basque) trouve ses origines dans le passé maritime de la région.
Mais revenons sur le port.

        

Aujourd'hui, on ne chasse plus la baleine. Le port abrite aujourd'hui une vingtaine de barques colorées et solidement amarrées aux 29 anneaux de la cale. Ces canots sont utilisés surtout pour la pêche de loisir : chipirons, merlus …

Je progresse à présent sur la route en impasse de la jetée des Alcyons, qui doit son nom à la mythologie grecque et à un oiseau fabuleux.
"Ses plumes étaient considérées comme des ingrédients dans des philtres d'amour, et on prétendait qu'il fallait conserver son cadavre près des vêtements pour épargner à ceux-ci les outrages des vers."

Un petit détour par le bout de la jetée, permettant de couper la venue des vagues sur le port.

Petit passage devant la terrasse du Txamara...

...elle aussi bien exposée et pas encore remplie.
par contre, je n'ai pas compris le choix du nom de ce restaurant : Txamara veut dire veste en basque.

La route en impasse de la Jetée des Alcyons nous amène à la plage Harotz Costa, petite plage souvent inaccessible à marais haute.
A marée basse, la côte striée apparait avec ses nombreux rochers mis à nu.

Un panneau nous explique la formation de cette côte au fil des siècles.

1) Il y a 300 millions d'années les continents que nous connaissons actuellement sont réunis en un seul : la Pangée, formant une chaine de montagnes.
2) Il y a 220 millions d'années, la Pangée se fracture produisant des sédiments grossiers (grès de la Rhune). Il y a 180 millions d'années, une mer peu profonde recouvre la région et dépose ses calcaires (calcaire des grottes d'Oxocelaya et des Arbailles).
3) Il y a 100 millions d'années les blocs ibérique et européen se séparent. Entre les deux, un sillon marin de plus de mille mètres de profondeur s'ouvre. Des avalanches sous-marines y déposent des sédiments appelées flysch.
4) Il y a 75 millions d'années, le mouvement des blocs change. La plaque ibérique entre en collision avec la plaque européenne. Le sillon se referme et finira par se combler.
5) Il y a 40 millions d'années, la poussée compresse les roches, les déforme, les pile et les soulève pour former les Pyrénées.
6) Il y a 20 millions d'années, le Pays Basque est maintenant émergé. Le climat chaud et humide altère le flysch formant une roche : l'altérite. Le réseau fluviatile s'installe progressivement et dépose de vastes étendues de sédiments grossiers issus de l'érosion des Pyrénées.
7) Il y a 2 millions d'années, la terre rentre dans une période glaciaire. Le Pays Basque est soumis à un climat froid. Il y a 20 000 ans, le niveau de la mer est 120 mètres plus bas qu'à l'heure actuelle. Il remonte à partir de -15000 ans car le climat se réchauffe (période interglaciaire). L'érosion sculpte le littoral actuel. Les séismes régionaux témoignent de la poursuite des mouvements pyrénéens.

Et voici le paysage qui est apparu
lors des grandes marées de 2015.

        

Je quitte la jetée des Alcyons pour retrouver le sentier du Littoral. Ce dernier s'aventure sur les hauteurs des bords d'océan de Guéthary en me faisant passer sous quelques arbres battus par l'air marin.

         

Cette portion de sentier est fermée dans le sens de la descente, mais dans le sens de la montée (???).
Je rejoins la route du chemin des falaises. Je passe devant de belles propriétés et de beaux jardins ouverts sur l'océan.
    

Au bout de la route du chemin de la Falaise, c'est le chemin de Cenitz qui déboule sur la plage du même nom.
   

Ouais, bon, ben là aussi, c'set marée haute donc on ne voit pas bien la plage, surtout sur sa partie nord, bordée par des falaises quelque peu... fragilisée et dont l'accès est également interdit par mesures de sécurité.
Je reprends donc le sentier du Littoral qui s'en va monter sur les hauteurs de Cenitz.
Quelques petites fleurs au milieu des arbustes.

        

Là aussi, on y croise des arbres penchés, battus par les vents du large.

       

Cette arbre marque aussi notre sortie de Guéthary pour entrer en territoire de Saint-Jean-de-Luz, et plus précisément dans le quartier appelé Acotz.
On a encore une belle vue panoramique sur la plage de Cenitz, côté sud.

Après avoir déambulé entre verdure et bleu océanique, j'emprunte des escaliers... eh oui encore !

Le sentier du Littoral n'en finit pas de monter et de descendre pour être tour à tour proche et éloigné de l'océan. 
Tiens d'ailleurs, une fois sur la plage, on remonte direct vers la route du chemin de Cenitz qui nous amène dans le centre touristique d'Acotz.

Le centre touristique de ce quartier éloigné de Saint-Jean-de-Luz, ce sont des campings, des commerces de plage, des restaurants et des bars. Et là, bien sûr, j'aurais pu aller au Miam (très sympa) ou au Ti'Cabanon (très bien aussi face à la plage de Mayarco), mais, une fois de plus, c'est vers le Bibam que je me dirige pour aller boire... non pas une bière... mais... mais...

Ben oui.
J'ai vu chaque année son prix augmenter,
mais chaque fois, je reviens quand même.
Pour la vie, pour l'endroit,
pour la tranquillité entre deux services.
Dans la jungle.

        

Alors, bien sûr, on pourrait poursuivre cette déambulation sur le sentier alternatif du Littoral en passant par Erromardie, la pointe Sainte-Barbe, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Socoa...

       
       

Mais si tu te souviens bien, nous avons déjà fait ce parcours en octobre dernier avec cette BALADE URBAINE, DE SOCOA A MAYARCO.
Alors, bon, eh, on n'set pas bien là, à regarder l'océan en silence.
Et puis, de toute façon, il faut encore revenir à Erretegia...

Comments

[FANFG]

Tu as oublié de parler de Georges Guétary!!hihi Merci pour la balade, c'était superbe!!Bisous Fan