Tu vas à Cannes cette année ? (Episode 2)
RÉSUMÉ DE L'ÉPISODE PRÉCÉDENT
Ah, c'est un peu nuageux, mais ça ne devrait pas durer.
DE NOS JOURS, MAIS AVANT
Imagine !
C'est le matin, tu ouvres les yeux et tu vois ça :
Tu tournes la tête et, là, PAF, y'a ça :
Eh bien, si tu vois de tels paysages, ce n'est pas parce que tu es dans les environs de Guérande en Bretagne ou du côté des Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue. Non, si tu vois ces paysages, c'est que tu es sur la presqu'île de Giens.
Et là, tu me dis : "Ben eh oh, Cannes alors ?"
Et je te dis : "Ouais ben, eh, hein !"
Eh oui, je me suis réveillé en ce matin de la semaine dernière sur ce bout de terre en mer.
Au loin, Hyères se mire dans ce marais des Pesquiers. Ce dernier n'est plus exploité depuis 1995 après avoir fourni jusqu'à 150 000 tonnes de sel par an pendant 150 ans (de 1848 à 1995). Alors t'as qu'à voir ?! Tout ce sel dans ton assiette de rôti-haricots et tu vas comprendre ce que c'est que la soif !!!
Cet endroit est le seul terrain plat de la Côte d'Azur que les entrepreneurs ne peuvent pas exploiter pour leurs constructions bétonnées. Eh oui, le lieu n'est pas viable. La nature garde ses droits et sur cette Côte d'Azur hyperbétonnée, recouverte d'immeubles et de villas, c'est rassurant. Si, si, c'est chouette de voir que l'Homme ne peut plus, quelques fois, rivaliser avec la Nature.
Depuis le panorama offert par la ville de Giens,
nous pouvons voir cette séparation.
A part ça, que voir sur la Presqu'île de Giens ?
L'église
Ah ben oui, y'a une église quand même.
La tombe de Saint-John Perse
...qui, un jour
-je crois que c'était un vendredi- ,
a dit :
"J'ai pris la marche vers la Mer comme une illustration
de cette quête errante de l'esprit moderne,
aimanté toujours par l'attrait même de son insoumission."
Saint-John Perse
Et puisque Saint ou John, - je sais pas comment on dit-, en parle :
Car si tu vas à Giens, c'est aussi pour embarquer sur l'un de ces bateaux qui peut t'envoyer sur les îles d'Hyères.
Tu as le choix entre trois destinations (sauf en cette saison) :
- Port-Cros, "véritable éden avec une parure de verdure sans rivale" (Guide Michelin du pneu), mais aux falaises escarpées ; le tout sans parler de son parc national possédant plus de 410 mérous. Si tu ne sais pas ce qu'est un mérou, tu peux te rendre sur Le blog de Matthieu ou cliquer là-d'ssus.
- Le Levant, se partageant entre militaires et naturistes ; facilement identifiables à leurs tenues.
- Porquerolles, avec ses criques, ses plages... et c'est la seule accessible en cette saison.
Par déduction, mon choix se porte sur l'Ile de Porquerolles.
C'est un nom qui chante, Porquerolles... et, en même temps... non !
C'est pas facile à prononcer, y'a le mot Porc dedans et ça fait penser à P'tite vérolle. Pourtant...
J'embarque sur le bateau de 10 heures...
...pour 20 minutes de traversée.
Et dire que cela n'aurait pas été possible il y a 18 000 ans puisque les Îles d'Or (ou Îles d'Hyères) étaient encore rattachées au continent. T'y penses ça, des fois, au bordel que ça a foutu la fonte des glaciers quaternaires ?! Les gens gueulent quand il pleut trois gouttes d'eau en juin, mais la fonte des glaciers il y a 18 000 ans, c'était aut'chose !
Elle a provoqué une remontée des eaux, isolant du même coup ces collines qui devinrent des îles. Cela permet aux quelques compagnies assurant les trajets entre le continent et ses bouts de terre de se faire un peu de tune (16 euros aller-retour pour Giens-Porquerolles) et consommer un peu de gasoil.
DONC merci la fonte des glaciers quaternaires.
Dès les premiers mètres en eau parcourus,
les rétines des yeux s'affolent...
Un paysage unique :
gerbe d'eau laissée par le bateau
Un peu plus tard, la terre est en vue
Pour l'instant,
ça ressemble à la terre
que l'on vient de quitter.
Entrée au port
Ouais ben, c'est un port quoi ?!
Pied à terre
OK : palmiers, bateaux, bon...
Et après ?
Ah non de diou, ça fait pas deux minutes que je suis arrivé que, déjà, je suis déçu ! Merde alors !
Mais où sont ces paysages paradisiaques ? Où sont ces mers translucides ? Et le sable fin ? Où sont ces sirènes aux écailles dorées ? Où est le magot bordel ?
Je passe à l'office de tourisme pour prendre quelques nouvelles et un plan. Comme il n'y a pas beaucoup de monde, la charmante hôtesse (dont je ne me rappelle pas le nom car je ne lui ai pas demandé) me briffe un peu sur l'île et tout ça.
Charmante hôtesse (ressemblant à Juliette Binoche, mais avec un T-shirt) :
" -Vous avez deux paysages principaux sur l'Île de Porquerolles. Au nord, tournées vers le continent, deux grandes baies séparées par des promontoires rocheux. Vous pourrez voir des criques aux eaux limpides dans lesquelles, sous l'effet du soleil, des paillettes de mica mettent des reflets scintillants.
Au Sud, tournées vers la mer et le large, ce sont les falaises. Abruptes ! Atteignant parfois 80 mètres de haut ! Vous y trouverez également quelques calanques. Escarpées ! Surveillées en permanence par quelques mouettes qui planeront avec une ombre inquiétante au-dessus de votre tête ! Il faut dire qu'il y a quelques siècles encore, cette île était un repaire de pirates."
Je vois bien qu'elle se prend au jeu de ses indications. Pas de doute : elle est compétente et semble avoir envie de partager tout son savoir. Je le sens dans son oeil qui devient de plus en plus inquiétant.
Elle passe alors de l'autre côté de son comptoir et vient poser sa main gauche sur mon épaule. Tout en me regardant amoureusement, nous faisons quelques pas dans l'enceinte de l'établissement.
Plus de doute possible : elle a décidé de me raconter l'Histoire de l'Ile de Porquerolles.
"Lorsque vous irez prendre un bain de soleil sur l'une des magnifiques plages de l'île, ou quand vous parcourrez ses chemins chargés d'exquises senteurs, vous aurez sûrement du mal à imaginer que cet endroit béni des dieux fut pendant des siècles une terre de meurtres et de violences.
Au Vème siècle, les îles d'Hyères appartenaient aux moines de Saint-Honorat. Mais elles ne tardèrent pas à attirer les pirates sarrasins, barbaresques et mayorquais, qui en chassèrent définitivement les religieux au XIIème siècle pour y régner en maitres, malgré la présence d'une garnison française, jusqu'au XVIème siècle.
Vers le milieu du XVIème siècle, dans l'espoir d'en accroitre la population pour pouvoir en chasser les corsaires, le roi Henri II décida de faire de ces îles une terre d'asile pour les criminels. Mais le résultat ne fut pas celui qu'il avait espéré : affluant en masse, les voleurs et les assassins se transformèrent bientôt eux-mêmes en pirates, attaquant la flotte française jusque dans le port de Toulon, et ils ne furent chassés des îles que sous le règne de Louis XIV.
Et puis, au XIXème siècle, l'île de Porquerolles est devenue un havre de paix pour les soldats rapatriés des guerres coloniales.
C'est ainsi que le village de Porquerolles est sorti de terre lorsque l'administration concéda des terrains à bâtir à des prix dérisoires. Deux obligations pour les habitants : que leurs maisons soient basses et qu'ils plantent un arbre devant leur porte. Porquerolles s'est alors développée autour de la place d'Armes et abrite aujourd'hui près de 400 habitants.
Voici votre plan, bonne promenade et surtout : méfiez-vous !"
Bon ! J'ai pas tout compris, mais j'ai un plan.
Je prends la direction du phare.
Un premier paysage s'offre à mes yeux
Pour l'instant, on ne peut pas vraiment dire que ça ressemble aux paysages dont m'a parlé l'hôtesse.
Après une demi-heure de marche à travers les plantes diverses, dégageant des odeurs variées... D'ailleurs, c'est marrant comme les plantes diverses dégagent souvent des odeurs variées. Ou l'inverse... Bref, j'arrive au phare.
Présent depuis 1830, constitué d'une tour de 21 mètres de hauteur culminant à 140 m d'altitude, ce phare est l'un des plus puissants de la côte méditerranéenne puisque son éclat est visible jusqu'à 50 km. Par contre, tu ne peux pas y grimper, ni même t'approcher à moins de 60 mètres.
Je passe mon chemin en longeant les falaises par un petit chemin interdit aux vélos.
Et là, t'as du beau !
Eau claire, falaises, criques et oiseaux
Les mouettes s'amusent à planer juste au-dessus de moi
pendant que des vagues souples viennent se poser sur les rochers.
Je traverse ensuite le vignoble de Porquerolles
(attention : AOC !)...
...pour atteindre le versant Nord de l'île.
C'est sur cette partie que se succèdent les plages de sable fin
Plage de la Courtade
Tu as beau avoir lu des articles certifiant que ces plages ressemblaient aux plages d'îles lointaines...
Tu as beau avoir vu des photos de cette eau transparente qui prend une couleur émeraude à l'horizon...
Quand je me suis retrouvé sur cette plage de sable fin, je n'ai pu m'empêcher de faire tomber le fûtal, le T-Shirt et les pompes pour aller me jeter dans la flotte ; tout de slip vêtu et sans serviette.
Le temps de sécher un peu et je repars.
Le chemin emprunté surplombe le port de Porquerolles...
... jusqu 'à ce que je rejoigne les quais.
L'idée est maintenant de se rendre sur la plus belle et la plus connue des plages de la Méditerranée.
LA PLAGE D'ARGENT
Et là, je dis : "Silence !"
DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE
Mais il y va ou pas à Cannes ?