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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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27 janvier 2015

NOCITO, la Sierra de Guara (Espagne)

Lors de notre précédent épisode, nous avons pu voir que Jénorme avait décidé de prendre la direction de Nocito en compagnie de Maître Arnaud afin de s'éloigner des infos ambiantes. Après quelques heures de route à travers des paysages qu'ils ne pouvaient voir car il faisait nuit, ils arrivaient enfin au lieu L au jour J à l'heure H pour faire des trucs T.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Le jour se lève paisiblement sur la campagne aragonaise, et plus précisément sur la Sierra de Guara, et plus précisément sur les environs de Nocito, et plus précisément sur le gîte de San Urbez. La vache, j'ai fait un de ces rêves à la con, moi.

Cela donnait à peu près ceci :

Ça change des moutons, mais ce n'est pas complètement reposant.

Il n'est pas loin de 8h16 du matin. Pas de grasse matinée prévue ! Certes, c'est le week-end, mais nous sommes à Nocito dit, Nocito fait  - je refais mon jeu de mots de l'épisode précédent au cas où certains l'auraient loupé-  et Nocito, c'est aussi rando !
Quelques timides oiseaux curieux passent rapidement en silence devant la fenêtre de la chambre d'où l'on découvre une magnifique vue sur le Tozal de Guara...

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Ah ben non, merde ! Ce matin, le Tozal a mis son béret, comme on dirait dans le Béarn à propos d'un Pic du Midi d'Ossau dans les nuages. Enfin, ici, devant nous, le béret ressemble plutôt à une cagoule. Dommage, c'est la randonnée que nous avions prévu de faire aujourd'hui : partir à l'assaut de cette montagne dont le sommet culmine à une altitude de 2077 mètres. C'est la plus haute montagne de la région, dominant magistralement la plaine de Huesca et proposant une vue allant jusqu'au Mont Perdu et à la Brèche de Roland ! Pas plus, pas moins ! Pour rejoindre ce point élevé, il nous fallait faire 16 km de marche sur un dénivelé de 1238 m. parmi une faune et une flore mêlant influences océaniques, méditerranéennes et montagnardes.
Eh ben non !
Pas aujourd'hui. On va quand même pas se taper huit heures de marche pour avoir une vue imprenable sur du brouillard !
Tout le monde se retrouve dans la grande salle à manger du gite, chauffée par un bon gros poêle. Le petit déjeuner collectif composé de 4x4, de café Grand mère, de confiture et autres fruits tonifiants. Ce moment de rassemblement permet également de mettre au point un plan B dans la joie et la bonne humeur.

Une fois que ça c'est fait, que faire alors et surtout que faire ailleurs ? Ah, ah ! Eh, hein, Hop, jeux de mots, faire ailleurs, ferrailleur, hein, ben ouais, c'est comme ça, Nocito dit, Nocito fait ! Ah, ah, ah ! Eh, moi, je suis pas venu ici pour pas faire de blagues, j'te l'dis ! Bon...
Avec Maître Arnaud, dans un premier temps, nous décidons de nous rendre à Nocito... Oui, je sais ce que tu es en train de te dire, lectrice/teur :
TOI : "- Mais ils sont cons ou quoi ?! Ils y sont à Nocito ?! Comment peut-on se rendre à un endroit où on est déjà ?"

Alors je t'arrête tout de suite : nous ne sommes pas complètement à Nocito même. En fait, notre refuge se trouve à deux kilomètres du petit village aragonais ; un refuge qui jouxte un monastère nommé ermitage de San Urbez. Et cela tombe bien qu'il se prénomme comme ça puisque c'est ici que repose la dépouille (ou momie) de San Urbez.

ERMITAGE SAN URBEZ
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Photo de l'ermitage prise de très loin car j'ai oublié d'en prendre une de près

Il faut savoir que cet ermite était vénéré par les Aragonais car ils lui attribuaient/attribuent  le pouvoir de faire venir la pluie, élément très précieux dans ces contrées arides. Une anecdote raconte que surpris par une crue, il est coincé sur une berge son troupeau sur l’autre. Il pose sa houlette de berger en travers du rio et traverse à pied sec. Une autre histoire prétend que lorsqu’il gardait ses troupeaux, un nuage sur la tête le protégeait du soleil. On lui accordait aussi le pouvoir de tenir en respect les bêtes sauvages.

On peut parler de lui un peu plus longuement si tu veux... Tu veux ? Ok, c'est parti !

 

SAN URBEZSAN URBEZ
"Né à Bordeaux en 702, San Urbez est ensuite réduit en esclavage par les galiciens, puis les Maures, suite à un rezzou sur la ville.
Libéré du joug de la servitude, il s’en va sur les chemins d’Espagne, délivrer les reliques de Saint Juste et Saint Pasteur, deux enfants martyrisés à Alcalá de Henares prés de Madrid. Le danger est grand, l’Espagne d’alors est aux mains des maures. Jusqu’à sa mort, il ne se défera jamais de ses saintes reliques, les transportant avec lui dans tous ces déplacements. Bien longtemps après son décès à Nocito, elles sont volées par des habitants du village voisin d’Used, pour terminer leur périple à Narbonne après avoir transité par Huesca. Humble de surcroît, il fuit comme la peste la célébrité et les honneurs. Que quelqu’un se doute de ses connivences divines, il prend ses cliques ses claques et déménage ses pénates, ses reliques sous le bras.
Il meurt à Nocito à l'âge canonique de 100 ans, en odeur de sainteté. Comme il sied à des saints de grande piété, sa momie est restée intacte, exempte de toute trace de putréfaction. Elle est à genoux car la mort l’a cueilli en position de prière. Les témoins parlent d’une peau parcheminée mais restée souple.
Chaque année, jusqu’au 17 octobre 1936, jour funeste où elle a été brûlée par les républicains, elle était sortie du sanctuaire et promenée en procession lors d’une spectaculaire romeria. Aujourd’hui la cérémonie perdure, mais seuls les os calcinés ont droit à la promenade. Elle a lieu le dernier dimanche de Juin.
Une traduction abusive ne doit conduire à confondre San Urbez avec son homonyme Urbain 1°, évêque de Rome en l’an 230 patron des vendangeurs et par extension des ivrognes."
RANDONNEES PYRENEES

 

ermitage san Urbez trogloErmitage de San Urbez qu'il ne faut pas le confondre avec un autre monument du même nom, l'ermitage San Urbez, construit dans la roche, mais qui se trouve, lui, du côté de Madrid ; soit à 520 km d'ici. Et avoue que ce serait un peu con de louer un gite pour trois jours dans la Sierra de Guara si c'est pour aller visiter un monastère qui se trouve à 520 bornes.

 

 

 

DONC : notre refuge jouxte ce bel ermitage de San Urbez, également appelé monastère. Pour mieux se rendre compte de la beauté de l'endroit, regardons cette photo ci-dessous :

REFUGE SAN URBEZ
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Photo du refuge prise d'encore plus loin car j'ai oublié d'en prendre une de près

Pour parler rapidement de ce lieu chaleureux qu'est le refuge San Urbez, il faut savoir que c’est dans les années 80 qu’un groupe de français s'est regroupé pour acheter les terres de la ferme de San Urbez, située à 1000 m d'altitude, à 2 km du village de Nocito. Tonio et Geneviève, ont choisi de vivre là bas, avec leurs filles, Lila et Amanda. C’est avec beaucoup de goût qu’ils ont transformé une maison aragonaise en un refuge douillet, adapté à son milieu, fonctionnant à l’énergie solaire, chauffage central à bois, alimenté en eau de source. Ils ont ouvert les portes en 1996 et l'ont mis en gérance depuis 2007. La maison peut accueillir 28 personnes, dans 5 chambres de 4 à 6 lits, de caractère douillet et coquet, tout en respectant l’esprit d’un refuge en montagne.

Nous quittons le refuge. Nous montons dans la voiture. Non, on n'y va pas à pied ! Nous démarrons. Nous prenons la direction de Nocito. Après avoir emprunté deux kilomètres de piste à présent goudronnée, nous arrivons.

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Un bien beau panneau nous accueille. Original et de belle facture, il fait penser à ces panneaux de villages perdus que l'on peut croiser dans l'Ouest des États-Unis. En même temps, je dis ça, mais je n'y suis jamais allé. Enfin, bon, quoi, tu vois, le genre de village fantôme, comme Bodie...

Bodie_State_Historic_Park
Photo : Bodie.com

En même temps, Bodie n'est plus un village fantôme, mais une escapade touristique pour... OH MAIS OH !...on s'en fout là, revenons à Nocito.
Nous posons la voiture à l'entrée du village à la recherche de... de... Ben, on ne sait pas trop. Un bar, un resto, un truc, un machin incongru, une étrangeté, une curiosité. Nous errons au hasard des rues, qui ne sont pas si nombreuses, pour nous attarder devant certains éléments.

 

NOCITO

Nocito est bien calme en cette période de l'année. Un temps pluvieux pèse sur le petit village, partagé entre deux quartiers (San Juan et San Pedro) qui s'observent de part et d'autre d'un pont médiéval sous lequel coule le Rio Guatizamala.

LE PONT
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Les activités dominicales sont au point mort...

            LE TERRAIN DE FOOT                              UNE BAIGNOIRE                  
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EN ATTENDANT LE FACTEUR...
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         LE VILLAGE VU DE LOIN              UN BIDON DEVANT LE TOZAL EMBRUMÉ
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Tiens, la présence inattendue de ce bidon me fait penser que le nouveau spectacle-concert des Tambours du Bronx commence maintenant !

Voici la bande annonce :

Nocito est un bon point de départ pour diverses randonnées dans la sierra. C'est d'ici que tu peux rejoindre l'un des plus beaux sentiers te menant au sommet du Tozal, toujours encagoulé pour le moment. C'est également du village que tu peux rejoindre les nombreux canyons de la région pour t'adonner aux joies du canyoning.

UN CHEMIN DE RANDONNEE                UNE ANCIENNE MAISON         
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Des monnaies romaines et une tête sculptée en marbre ont été retrouvées ici aux Ier et IIIème siècles après J.C.
Durant les années 1950, comme dans beaucoup d'autres villages de la région (et même d'autres lieux reculés en, Espagne), Nocito fut touché par l'exode. Les jeunes partaient tenter leur chance à la ville. Les conditions de vie dans ces endroits isolés leur paraissaient trop rudimentaires et difficiles. De plus, les instances dirigeantes espagnoles, gouvernées par Franco voyaient dans ces lieux reculés des foyers de contestation difficiles à contrôler. Rien ne fut fait alors pour aider ces populations rurales à subsister sur leurs terres. La population est ainsi passée de 300 à une dizaine d'habitants. Certains visiteurs de passage à l'époque n'hésitaient pas à dégrader et piller une partie du patrimoine de ces villages presqu'abandonnés.

 UNE CHEMINÉE TYPIQUE
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Aujourd'hui, comme le rappelle Jean-Paul Dugène sur son site très instructif ("En route avec Jean-Paul"), grâce à quelques personnes continuant à vivre sur ces terres, la vie est revenue dans les villages, soutenue par l'attrait touristique de la Sierra de Guara et de son parc national. C'est seulement depuis 1998 que l'électricité est revenue dans le village.
On remarque toutefois que si quelques Français, avides de randonnée, sont venus s'installer ici pour ouvrir gîte et restaurant, cela provoque le réveil de quelques Aragonais du passé. En effet, voyant ce retour à la vie sur des terres qu'ils avaient abandonné il y a quelques décennies, certains Espagnols sembleraient vouloir peu à peu chasser cette "population étrangère" qui aurait acquis ces domaines à des prix cassés...

UNE FONTAINE
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Une unique allée traverse la village de part en part et il faut en général attendre les beaux jours du printemps pour voir enfin cette "rambla" s'animer de quelques badauds.

 DES BARS
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L'église romane San Pedro et les maisons à armoireries de Nocito, témoins d'une richesse fondée jadis sur une plaine bordant les rives de l'Alcanadre, au seuil des grandioses "Gargas Negras", feraient presque oublier que seule une famille y vit encore à l'année.

L'ÉGLISE
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Bon ben voilà. Nous n'avons pas eu le coup de foudre, ni l'apparition utiles au fait de vouloir rester. Cela provient très certainement de la météo ambiante.
CONCLUSION : Maître Arnaud et moi-même décidons alors de reprendre la voiture car nous n'avons pas trouvé ce que nous ne cherchions pas.

Nous quittons Nocito...
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...pour aller nous aventurer au hasard, toujours,
dans la Sierra de Guara.

Nous prenons la direction plein Ouest à la recherche d'un plus grand village, susceptible de posséder un bar pas banal dans lequel, éventuellement, il y aurait quelques tapas pas piqués des hannetons pour se faire un petit déjeuner de 11 heures.
Cette quête ne doit cependant pas nous empêcher de nous poser la question : qu'est-ce que la Sierra de Guara ?

 

 LA SIERRA DE GUARA
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Oui, la Sierra de Guara, ce sont des vaches que tu découvres entre deux canyons ou vallées. Elles sont là sur un mini plateau à ruminer et à bouffer des ronces d'acacia avec un air placide et interrogateur pour peu qe tu t'arrêtes à leur hauteur afin de leur demander si c'est bon. J'aime bien m'arrêter en voiture à hauteur des vaches. C'est toujours sympa de les prendre en photo. Je me souviens d'ailleurs d'une virée que j'avais faite dans le Limousin pendant laquelle j'avais croisé de ces magnifiques bovines marron aux yeux de biches...

Limousin et vaches       Limousin et vaches 1
Je n'avais pas pu m'empêcher de poser à côté d'elles d'ailleurs...
jénorme et vaches du Limousin

Cela me rappelle aussi ces vaches que j'avais croisées dans le Jura, à la frontière franco-suisse lors de mon périple en Croatie, en 2009... Périple dont je n'ai toujours pas parlé dans ce blog, tiens, d'ailleurs !?

Tu entends ce son pur de cloches multiples. C'est beau, hein ? C'est doux, c'est enivrant, à la limite de la contemplation acoustique. D'ailleurs, après avoir entendu cette mélodie bovine, je me demandais si cela valait encore le coup d'aller en Croatie. Est-ce que finalement, ici, dans le Jura, tout n'était pas dit ? Tout n'était pas là ?

 

MAIS DE QUOI
ON PARLAIT
AU DÉBUT LÀ ?!

 

Ah ouais, là, je suis parti loin ! On parlait de la Sierra de Guara et de vaches.
DONC : il faut savoir que quand tu t'arrêtes en voiture pour prendre en photo les vaches de la Sierra de Guara, eh bien elles te foncent dessus !!!!

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Si bien qu'avec Maître Arnaud, nous avons hésité à aller plus loin. C'est vrai quoi : s'il y a des troupeaux de vaches qui attaquent tous les kilomètres, est-ce qu'on va sortir vivants de c't'affaire ? Et finalement tous ces villages d'Aragon abandonnés, n'était-ce pas le fait d'une race supérieure de vaches qui attaque à tout va ?
Mais, vache que vache... vaille que vaille, notre courage ne faisant qu'un (je sais pas si ça se dit et on s'en fout), nous avons poursuivi notre route... Dégueulasse la route d'ailleurs ! Ce ne sont pas des nids de poules dans lesquels les pneus de la 207 viennent buter, mais de véritables nids de vaches !
REPRENONS !

 

LA SIERRA DE GUARA
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Située dans le Nord Est de l’Espagne, en Haut Aragon, à 60 km au sud des Pyrénées, la Sierra de Guara est une formation géologique qui offre une variété de paysages alternant hauts plateaux, canyons époustouflants, vallées et villages désertés, témoignant d’une grande richesse architecturale et culturelle.

DSCN4234Plus précisément, le parc naturel de la Sierra de Guara couvre une superficie d'environ 47 450 hectares, sans compter la zone périphérique de protection qui couvre 33 775 hectares. Le paysage est de caractère karstique, comprenant de nombreuses dolines, gouffres, collines, avens et canyons.

 

 

 

Cinq rivières traversent le parc, créant les canyons caractéristiques : l'Alcanadre, le Flumen, le Guatizalema, le Vero et le Mascún. En raison de sa géologie, c'est un lieu privilégié pour la pratique du canyonisme et de l'escalade. Les bassins versants sont très pauvres et la végétation quasi inexistante, ce qui rend la Sierra, en cas de fortes pluies, très dangereuse pour le canyon.
Cette région, conquise par les Maures, a abrité des minorités chrétiennes, les Mozarabes, qui ont participé à la Reconquista en construisant des monastères forteresses. Sur ces terres, longtemps oubliées, vécurent ensuite des familles de bergers vivant en autarcie. Désertés à partir des années 50, ces villages, sont aujourd’hui en ruine et recouverts par la végétation mais ils restent les témoins d’un riche passé culturel.
Les récits de Lucien Briet, ou ceux, plus récents, de Pierre Minvielle dressent de la Sierra de Guara un portrait de pays oublié, condamné à l'abandon.

"Mais cette représentation se trouve aujourd'hui brouillée par certaines formes de renaissance, liées au tourisme mais aussi à la proximité d'agglomérations en plein essor telles que Huesca et Barbastro.
Le nord de la Sierra, plus éloigné des villes et moins pratique comme porte d'entrée des fameux canyons, reste néanmoins fidèle à ces ambiances du bout du monde, marques de fabrique d'un certain imaginaire de l'Aragon. (...)
Dans les montagnes règne une nature envahissante, venue à bout de micro-sociétés séculaires et de hameaux désormais à l'état de ruines. Mais il s'y cache aussi plusieurs trésors, dominés par la face du Tozal de Guara ou bien effleurés par les GR1 et 15. Ces deux chemins recyclent aujourd'hui les voies ancestrales unissant naguère les villages et assurant leur subsistance économique ; l'un d'entre eux file jusqu'à Bara, cul-de-sac singulier, presque anachronique, que dessert également une piste en impasse qu'une imagination funeste laissera bien un jour se prolonger jusqu'à Las Bellostas." CHARLES PUJOS

 

Après cette rencontre bovine, nous entamons une longue descente à faible dénivelé, mais fournie en virages, rasant des falaises abruptes. La roche est étrange, coloré par plusieurs couches sédimentaires. Le Parc de la Sierra et des Canyons de Guara possède d'étonnantes falaises rocheuses sculptées par l'eau qui abritent des plantes uniques qui ne poussent que sur les rochers de ces ravins. La sierra de Guara s’étend sur un important massif calcaire qui est le fruit d'un véritable bouleversement géologique et de phénomènes d'érosion formant un réseau hydrographique de plus d'une centaine de canyons, ravins, et gorges.

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Nous sortons des gorges de l’Estrecho de la Carruaca pour atteindre un panorama sur la plaine de Belsué.

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Un village bien perché et isolé domine le tout. C'est Lusera, où, seules deux maisons sont habitées.

 

LUSERA
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Inutile de s'approcher au plus près s'il n'y a pas de bar distribuant à tire-l'arigôt quelques tapas agrémentés d'un peu de vin de Rioja.

L'idée est d'aller voir le lac de Belsué (Embalse de Santa Maria de Belsué). Une étendue d'eau nous changera des longs champs arides.
Malheureusement, lorsque nous arrivons à hauteur du lac, force est de constater qu'il est à sec. Après les villages fantômes, voici le lac fantôme !

 

LAC DE BELSUÉ
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Ouais, forcément, c'est un peu moins beau peut être. Et puis les activités nautiques sont différentes du coup : ski terrien, pédalterre, plongeon inversé, planche à voile statique, earth-polo ; ou bien encore l'accro-surf, mélange subtil et dangereux de surf et d'accro-branches.
Nous continuons à rouler dans l'espoir de trouver un bar typique. Prochaine étape imprévue : Belsué. Oui, Belsué parce que c'est la seule ville indiquée dans les parages, parce qu'il semble y avoir une activité touristique avec des commerces, parce qu'on n'a pas le choix. Le village nous apparaît depuis la route. Il ressemble à ces villages perché du Luberon ou encore à Cordes-sur-Ciel dans le Tarn... mais en beaucoup plus petit.
Nous quittons la route principale, censée aller jusqu'à la Nationale 330, séparant Huesca de Sabinanigo. Nous entrons dans Belsué. Pas un chat, pas un être humain, pas un café, pas une mobylette, rien !
Par contre, il y a une église, un cimetière et apparemment un gîte (Casa Lo Ferrero).

 

BELSUÉ
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Une rue commerçante du village

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Une autre rue commerçante du village avec son cimetière

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En errant un peu plus dans le village en pente, nous remarquons qu'il y a quelques habitants. Une grande maison dominant le plateau de Belsué a été complètement retapée. Un peu plus haut, des fenêtres ouvertes d'où sortent quelques notes de musique font penser qu'il est possible de rencontrer des gens. Mais pas de bar, pas de resto.

Nous repartons en direction du gîte de San Urbez. C'est vraiment une sensation étrange de croiser tous ces villages abandonnés. Il y en a beaucoup dans la région, comme le montre cette carte qui les recense :

carte villages abandonnés
Carte : Pueblosabandonados.com

Posés là par les humains qui les ont ensuite délaissés. Ce n'est pas polluant, mais c'est tout de même présent dans le paysage. Peu à peu, la nature reprend ses droits sur ces murs en ruines, ces édifices rongés par le temps. Cela me fait penser à cette curieuse initiative américaine qui consiste à balancer des rames de métro entières dans l'océan afin de contribuer à la protection de l'écosystème des fonds marins...

Le métro new-yorkais finit dans l'océan...
pour le bien de la nature

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ART - "Et si larguer des rames de métro dans l'océan contribuait à l'écosytème des fonds marins? C'est un projet écologique de la ville de New-York que le photographe Stephen Mallon a suivi durant trois ans. Avec son appareil, il a pu immortaliser la chute de ces carcasses métalliques au fond de l'Atlantique dans une série de photos insolites baptisée Next Stop, Atlantic (Prochain arrêt, l'Atlantique).
Balancée par dessus bord le long de la côté américaine, entre le Delaware et la Caroline du Sud, ces wagons entiers sont voués à devenir l'habitat artificiel de millions de poissons, afin de les protéger des prédateurs et de leur fournir une source de nourriture. L'objectif final est d'aider à reconstruire les récifs du fond marin de la côte Est américaine.

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Photos : Stéphane Mallon

2500 rames pour plus d'attractivité
Selon le DailyMail, la Metropolitan Transit Authority (gestion des transports publics de New York) est derrière ce programme qui a rassemblé à peu près 2500 métros. Toujours selon le site, environ 95% des fonds marins au large des côtes atlantiques américaines sont composés de sable nu, peu attractif pour le poisson.

Les responsables du projet espèrent voir le retour d'espèces marines telles que le bar noir ou le tautoga. Celles-ci devraient, à leur tour, attirer des prédateurs comme le marlin, le thon ou encore le dauphin.
D'après le Hufington Post Québec, le travail de Stephen Mallon sera représenté par une de ses photographies à l'exposition Patterns of Interest entre le 6 février et le 15 mars aux Kimmel Galleries de l'université de New York."  LE HUFFINGTON POST

 

Nous voici de retour au gîte où tout est calme aussi.
Certains font la sieste. D'autres sont partis faire une petite balade dans les alentours. D'autres lisent. D'autres discutent. D'autres font et refont leur sac de randonnée en espérant que la météo soit plus clémente demain. D'autres encore sont allés faire des courses, suite à un manque de Ricard imprévu...

Un chien de passage nous invite à regarder à nouveau le sommet du Tozal...
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...toujours encagoulé !

Finalement, une petite randonnée se met en place pour aller furter dans les alentours du gîte. C'est parti. Nous sommes une bonne dizaine à aller nous aventurer sur un petit chemin qui part du bas du monastère. Après quelques minutes de marche, nous arrivons à un petit village où quelques chasseurs préparent leurs chiens et leur matériel. Pour ce qui est du reste, là aussi, l'endroit est quelque peu abandonné. C'est Buenté de Nocito.

 

BUENTÉ DE NOCITO
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Fontaine crapaud et maison abandonnée

DSCN4217         Buenté de Nocito, église, entrée (Espagne)
Pas grand monde à la messe cet après-midi

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Cimetière, clocher et fleurs artificielles

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Ici, pas de bar, pas de Mojito, pas de Carrefour Market, pas de cinoche proposant Exodus en 3 D !
Juste une église en ruines avec un cimetière discret où, sur certaines pierres tombales, ont été posées des fleurs colorées et artificielles, détonant sur cet univers gris.
Je comprends mieux pourquoi Antoine de Maximy n'est jamais venu par ici pour réaliser un épisode de sa série "J'irai dormir chez vous". C'est déjà compliqué de trouver quelques habitants, mais alors ensuite, où et comment dormir ? Seuls les cimetières semblent encore intacts. Peut être faut-il alors ouvrir un autre concept d'émission dont le titre serait "J'irai dormir sur vos tombes", mélange étrange de voyages Maximiens et de littérature à la Boris Vian.
Gauche

Nous poursuivons notre chemin en constatant une impressionnante superposition de couches rocheuses. Puis nous atteignons une ligne de crête de faible altitude, mais qui nous permet d'avoir une belle vue sur la plaine (ou plateau) de Nocito, toujours dominé par ce Tozal dénudé.

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Arbre dénudé devant Tozal dénudé aussi

C'est à partir de ce moment précis que tout se complique. Alors que nous sommes tous sur cette butte qui nous permet d'avoir une vue dégagée sur les alentours, ne voilà-t-il pas que nous nous rendons compte que nous ne savons pas où aller, par où passer et, finalement, où nous nous trouvons réellement en regardant les cartes.

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Photo exprimant le fait que nous sommes perdus

Alors, dans ces cas là, il y a plusieurs possibilités :
1) On panique
2) On garde son sac avec soi de peur que quelqu'un se mette à piquer toute la bouffe et la flotte que tu as dedans.
3) On fait demi-tour
4) On avance au pif en prenant un point de repère au loin.

C'est vers la dernière proposition que nous tendons. De là où nous sommes, nous pouvons voir en face de nous le Tozal, certes, - mais ce n'est pas l'objectif du jour-  , mais aussi un autre village abandonné, répondant au doux nom d'Used ; ce qui veut dire "Usé" en anglais ; même lorsqu'on ne parle que l'espagnol.

UsedC'est l'un des villages abandonnés les plus connus de la région. La première mention écrite mentionnant ce village date de 1218. En 1495, six habitations étaient recensées. Mais durant les années 1950, comme tous les autres villages environnants, Used fut touché par l'exode. Aujourd'hui, quelques maisons commencent à être restaurées, dont l'une appartient à des Français.
Photo : J.P. Dugène

 

 


Toutefois pourtant cependant encore que quand bien même cela dit : pour atteindre ce village où il doit y avoir une église en ruines, il nous faut monter, descendre, remonter, re-descendre, re-monter... BREF : à vol d'oiseau, il doit y en avoir pour dix minutes. Mais vu que nous ne sommes pas des oiseaux  -et cela même si certains d'entre nous parlent espagnol (oui, je sais, ça n'a rien à voir mais j'avais envie de le dire !) -, eh bien nous allons en chier... nous allons marcher !
Comme prévu, nous descendons à travers la pampa jonché de coussins de belle-mère, de

De part sa situation, la Sierra de Guara subit les influences climatiques à la fois méditerranéennes, Atlantiques, continentales et montagnardes. Ces derniers mêlées aux reliefs accidentés et karstiques que nous traversons au hasard, ainsi qu'à la présence ou non de rivières et canyons, ont peu à peu donner naissance à des écosystèmes particuliers et changeant selon les zones de la Sierra de Guara. Par ailleurs, du fait des sols rocailleux, la présence d'espèces animales et végétales rupicoles (vivant sur des rochers) est très marquée.
J'aurais bien aimer en prendre quelques exemples en photos, mais :
1) nous sommes en hiver et il n'y a pas grand faune ni grand flore.
2) je n'ai plus de batterie pour mon appareil-photo DONC je ne peux plus prendre de photos.

C'est donc avec le peu de batterie qui reste effective pour mon I-Phone que je vais continuer à distribuer quelques photso sur ce blog afin, cher lectrice/teur, de te faire vivre au mieux et visuellement notre épopée.
Nous sommes descendus au plus profond de ces entrailles terrestres que l'on appelle également gorges. Le Rio qui abreuve ce coin géographique reculé n'est pas très virulent. Nous pouvons juste penser que quand il fait beau, quand il fait chaud, juste après une bonne grosse giboulée de printemps, cela doit être un plaisir de s'adonner aux joies du canyoning dans cette partie.

HOP PAUSE CONTEMPLATION !
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IMG_6193Après moult descentes et remontées aléatoires, il semble que nous soyons sur un vrai sentier de randonnée. Du moins on peut le penser grâce à ces saloperies de cairns qui nous ont déjà induit en erreur quatre fois !!!!

 

 

 

 

Oui, c'est ici que commence un très beau sentier qui s'en va déambuler le long d'un ruisseau dégoulinant de cascades en vasques. Un air de paradis si nous n'étions pas en hiver sous une fine pluie...

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Massif calcaire creusé par l'érosion la Sierra de Guara présente des paysages déchiquetés où nichent des colonies de vautours, des grands canyons aux falaises abruptes de couleur pourpre au fond desquels coulent des eaux cristallines avec des panoramas enchanteurs dignes des paysages du Colorado.
Haut lieu des descentes en canyon, la Sierra de Guara est un petit paradis pour le randonneur.
Afin de mieux s'en rendre compte, regardons quelques photos prises par d'autres personnes, un autre jour, en une autre saison...

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Photos : Gites.com et Randonnées Pyrénées

Après avoir longé des ruisseaux asséchés, traversé des canyons insoupçonnés, tourné en rond dans des forêts secrètes, escaladé des parois glissantes, nous arrivons dans un autre village abandonné. Apparemment, ce serait Abellada. Situé sur une butte dominante, il ne reste que des murs renversés. Pas une âme qui vive. Tout le monde est parti. Mais en tournant un peu au milieu des ruines, on peut deviner une vie paysanne en ces lieux. Une grande maison avec étable au rez-de-chaussé, une cuisine avec du carrelage bleu au premier, puis les chambres peut être au second étage. Impossible de faire des photos ! Plus de batterie du tout ! Juste un dernier souffle pour retenir ceci :

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Étranges bâtons venus d'un autre temps et semblant retenir cet énorme rocher afin que ce dernier ne s'écrase sur le banc situé juste en dessous...
Mais cela ne doit pas faire oublier qu'en plus de la variété de ces paysages et de ces lieux, la Sierra de Guara possède une étonnante densité de villages abandonnés. Oui, je sais : je l'ai déjà dit, mais quand même !
Ces ruines vénérables ont fait la réputation de la région dans les années 80. Faute de maintien, et de mesure de sauvegarde, beaucoup sont livrés aux ronces et s’écroulent peu à peu. Une atmosphère de civilisation perdue plane sur ces hauts plateaux. Elle laisse perplexe.
Les causes de cet abandon sont à rechercher dans les vagues successives d’exode qui ont frappé la Sierra de Guara tout au long du XX° siècle.
Seuls les villages de la périphérie ont miraculeusement échappé à ce destin tragique et retrouvé une seconde vie grâce au tourisme et aux subsides européens.
Aujourd’hui, Alquezar, Nocito, Rodellar sont habités toute l’année.
Un remarquable réseau de sentiers réunit tous les villages. Ils témoignent d’un temps pas si lointain où, en Sierra de guara, on ne se déplaçait qu’à pied et à dos de mulet. Les chemins empierrés et bordés de mur en pierre sèche constituaient alors de véritables artères économiques. On ne peut qu’être admiratif devant le travail de titan nécessité par leur construction.
Il n’existe aucun coin de la Sierra qui ne soit desservi. Ainsi, au beau milieu de l’Alcanadre, un sentier permettait d’accéder à la Pardina de San Cristobal. Les vieux se souviennent qu’un gisement de gypse y était exploité pour la production de plâtre. On fabriquait du charbon de bois à la Pardina de los Carboneros dans le Barcés.
(Cf : RANDONNÉES PYRENEES)

Tout ceci me fait penser à cette curieuse initiative thaïlandaise qui consiste à balancer des tanks dans la mer de Chine afin de contribuer à la protection de l'écosystème des fonds marins...

Des tanks jetés à la mer
pour protéger les poissons

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"En Thaïlande, des chars ont été jetés dans la mer afin de créer un récif artificiel. Ce sont 25 carcasses de chars d'assaut T69, modèle phare de la guerre froide et achetés à moitié prix à la Chine en 1987, qui ont été immergés dans le golfe de Thaïlande dans le but de sauvegarder l'écosystème. Comme la pêche est une activité importante en Thaïlande, le cycle de reproduction des espèces est menacé par la surpêche. La démarche permet alors de créer un environnement qui imite un récif de corail pour accueillir les poissons.
De plus, le gouvernement s'est lancé depuis 10 ans dans une politique de protection et de repeuplement du littoral en immergeant 273 wagons de train ainsi que 198 camion poubelles. Expliquant que chaque engin a été soigneusement vidé de toutes substances nocives qui pourrait venir perturber les fonds marins. Le golfe de Thaïlande est peu profond, avec une profondeur moyenne de 45 mètres et un maximum de 80 mètres.
Ce sauvetage de l'écosystème a été réalisé en août 2010. Aujourd'hui les résultats ont révélés la présence de 400 fois plus de poissons au mètre carré qu'avant et au même endroit, grâce à la création de ces récifs artificiels."  SPION.COM

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 Nous prenons le chemin du retour. Enfin, on espère... Une pente assez raide nous amène à un promontoire sur lequel broutent tranquillos quelques vaches.

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Toute dernière photo avant extinction totale de la batterie

Retour au gîte. Cette fois-ci, le Tozal est dégagé. Mais...

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Il est enneigé. De toute façon, il est 17h46 très précise. Il est donc hors de question que l'on commence une ascension à cette heure tardive et en cette saison. C'est bien ce que semble vouloir nous dire ce chien de passage, toujours présent sur la murette dominant la plaine de Nocito.

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Je pense que par sa stoïcité, il veut tout simplement nous dire : "Eh oh, les mecs là, c'est l'heure de l'apéro !"
Oui, c'est bien ça qu'il veut nous dire et il a raison.
Tout le monde entre dans le gîte.
Au programme : Ti-Punch et tapenade, avant d'attaquer le super menu que nous a concocté Gaby.

 

 

 

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