Sacré Marcel !

    Résumé de l 'épisode précédent

La vache : le concert électro d'hier, c'était zarbe ! Enfin, je sais pas, j'y connais rien d't'façon ! Mais ça t'emmène de t 'ces coups dans les profondeurs d'interrogations vides par moment.
Le premier groupe, First Nation, trois meufs venues de New York ; une qui tape sur un synthé, une qui tape sur une caisse claire et une qui crie dans un micro en touchant les cordes de sa basse. Voilà ce que disait le programme :

"Nouvel ovni musical, Nina, Kate et Melissa jouent avec innocence et économie de moyens une musique évoquant les plus douces flâneries d'Animal Collective. Elles développent l'air de rien un son unique et hybride entre pop, rock déstructuré et musique primitive. L'univers de First Nation nous replonge dans les voyages d'enfance, parsemés d'étrange et de dangers, que l'on effectuait avec délice dans le calme molletonné de sa chambre."

J'y connais rien, mais venir des States pour faire un truc pareil...
Arrivent ensuite Fennesz et Patton avec une heure de retard. Programme :

"Rencontre exceptionnelle de deux grandes figures contemporaines : Mike Patton, musicien producteur américain, chanteur hyper actif, est aussi à l'aise avec ses formations métal qu'avec Massive Attack ou Amon Tobin ou encore le musicien avant-gardiste John Zorn avec lequel il collabore régulièrement. L'Autrichien Christian Fennesz construit l'une des oeuvres essentielles des musiques électroniques d'avant-garde, en mixant laptop et guitare filtrée."

Comme Patton a eu des problèmes d 'avion, il commence le set par les seuls mots qu'il prononcera de la soirée "Fuck Air France !" Après ça, des bruits, des sons et même un coup de pipeau pour imiter le pinson à la fin. C'est spécial et puis, finalement, ça fatigue aussi. Mais bon, j'y connais rien, moi ! Quant au dernier groupe qui est, parait-il, le groupe phare de l'électro des années 1970, eh ben... on s 'est cassé au bout de deux minutes. Oui, eh oh, ça va aller les conneries !

        De nos jours, aujourd'hui

C'est samedi et c'est reparti ! Direction la Normandie ! Et plus précisément l'Eure ! Sophie et Yannick ont comme dans l'idée d'aller sur les traces de Pagnol. Ah ouais, je sais, je sais : quand on dit Pagnol, on pense Provence, Aubagne, cigale, pétanque, oliviers, pastis, La gloire de mon père, Le château de ma mère, La culotte de ma soeur,..."

Mais il y a aussi le Pagnol de l'Eure ! Là où il a écrit "Jean de Florette" et "Manon des sources" ! Eh ouais ! Il ne l'a ps écrit au milieu des cigales et des relans de vagues méditerranéennes avec l'odeur du Ricard dans le nez !
Par contre, j'ai eu beau regarder sur les biographies, les sites Web, les machins, les trucs... on ne peut pas dire qu'on parle beaucoup de cet épisode normand.
Bref récapitulatif choppé sur le site officiel de Marcel sans son orchestre :

Marcel Pagnol naît à Aubagne, au 16 cours Barthélémy, à quelques kilomètres de Marseille où il part bientôt habiter avec ses parents. Il y passe toute son enfance et son adolescence et fait ses études au lycée Thiers. Pendant les vacances, son père loue, avec l'oncle Jules, une maison dans les collines, la fameuse "Bastide Neuves" au-delà du petit village de La Treille. Marcel demeure un Marseillais dans l'âme. Nommé enseignant à Paris, quelques années plus tard, il y écrit ses premières pièces à succès. "Exilé" ainsi dans la capitale, il va retrouver et décrire Marseille dans "MARIUS". Marcel Pagnol vécut à Paris à plusieurs reprises. Mais le cinéma va le ramener vers le midi et vers ses "chères collines". Dès les années trente, il crée, à Marseille, ses laboratoires puis ses studios de cinéma. En 1941, il veut faire une Cité du Cinéma dans la région et achète le Château de la Buzine. Il va y reconnaître le château de "l'effroi" qu' il évoquera plus tard dans le deuxième tome de ses "Souvenirs d'Enfance", "Le Château de ma Mère". Il va aussi acheter le domaine de l'Étoile, à la Gaude, près de Cagnes pour se lancer en 1941 dans "la culture intensive des œillets" et éviter le STO (Servive du Travail Obligatoire) aux techniciens de ses studios revendus à la Gaumont. Par la suite, il y passera la plupart de ses vacances avec sa famille. À la fin de la guerre, il se retire un temps dans sa propriété de la Sarthe, au moulin d'Ignières qu'il revendra vers la fin des années cinquante. Pour tourner "La Belle Meunière" avec Jacqueline Pagnol et Tino Rossi, Pagnol fera l'acquisition d 'un vieux moulin à "La Colle-sur-Loup" dans l'arrière-pays niçois. Dès 1926, Marcel s'est pris d'affection pour la principauté de Monaco. En 1951, il décide de s'installer à Monte-Carlo auprès de son ami le prince Rainier. Il achète "La Lestra", magnifique villa du XIXe siècle située près de la baie. Marcel, Jacqueline, Frédéric et Estelle y vivent heureux jusqu'au début 1954. "C'est le plus beau temps de notre vie" écrira Pagnol. Puis, rappelé par l'Académie, Pagnol revient vers Paris et ouvre des bureaux rue Fortuny. Il habite alors rue Jean Goujon, puis va bientôt acquérir un hôtel particulier au square de l'avenue Foch. C'est là qu'il va demeurer, auprès de Jacqueline, jusqu'à la fin de sa vie.

Pourtant, le bouquin de balades de Sophie en parle
et en fait même un itinéraire de 4 heures :

Bon, allez ! On fait le plein de jambon, d'abricots secs, de figues, de flotte, avec une bouteille de rouge sans oublier les chips ! Tout ça dans les sacs ! On lace les godasses et nous voilà partis en bagnole pour 4 heures de marche. Normalement !
Puisque l'on parle de "voiture", savais-tu que Pagnol était aussi un inventeur ?
Eh ouais, on lui doit notamment la création de la Topazette, conçue sur le chiffre 3 : 3 places, 3 roues, 3 cylindres, 3 000 francs.

Toutefois, elle dépassa à peine la porte de ses studios marseillais...

Pour se rendre sur le lieu de la promenade de l'écrivain, la coïncidence veut que nous passions par un lieu dit au nom à faire fuir un écrivain...

Et puisque nous parlons de coïncidence, notons au passage que Marcel Pagnol est né le 28 février 1895 à Aubagne, le jour même où les frères Lumières projetaient le premier film de cinématographe. Par contre, il est mort le 18 avril 1974, soit quelques jours avant le début de la Révolution des Oeillets au Portugal (25 avril).
Eh ouais, les oeillets... T'sais : Jean de Florette, Manon des Sources... Les oeillets... Hein...
Mes oeillets, papé !!! Ouais bon !
Le 18 avril 1974, c'est également la date de naissance d'Olivier Besancenot. Hé : oeillets, Révolution, Besancenot !!!
Ouah, la vache, toutes ces coïncidences, merde ; ça m'fait mal au crâne !

Arrivés à Cailly-sur-Eure
(village départ de la Promenade Pagnol),
nous posons la voiture
dans une impasse du petit village,
comme l'indique ce panneau.

Les sacs à dos sur le dos -, d'où leur nom,-  et nous voici partis pour 4 heures de marche. Normalement. Hein ? Oui, je sais, je l 'ai déjà dit !

Après avoir traversé le village en parcourant la rue de l'église...
                    
...nous empruntons un chemin qui nous emmène à travers les champs de blé.

D'un côté, le blé mûr ;
de l'autre, le blé vert :

C'est calme, c'est beau, ça sent bon. Les chants des oiseaux me rappellent une citation de Pagnol :

"Ce n'est pas en ouvrant la gorge d'un rossignol que l'on découvrira le secret de son chant."

Et paf, dans ta gueule ! On continue notre marche à travers la campagne à perte de vue...

Pendant que Yannick marche seul devant et d'un pas alerte en chantant Gershwin and Fire à travers ses étendues dépeuplées de centres commerciaux, Sophie et moi même nous interrogeons sur la présence de ces "tâches bleues" dans le paysage.

Regarde de plus près :

Eh ouais ! Y'a une tâche bleue, là !

Alors, comme dirait France Gall (oui parce qu'il n'y a pas que Pagnol qu'a dit des trucs !) :

"C'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup !"

Et ça voulait surtout dire qu'on ne savait pas ce que c'était ! Peut être un champ de plantes empoisonneuses puisqu'en France, on aime tout de suite trouver la chose dramatique correspondant à la chose que l'on ne connait pas ou que l'on ne comprend pas ?
Un début de Crip Circle coloré ? Tu vas voir que ces merdes, ça va être à la mode d'ici peu puisque c'est le sujet de la nouvelle saga de l'été de TF1 et c'est pas du Pagnol non plus ?

Une invasion d'animaux inconnus qui vont ensuite prendre notre identité comme dans "L'invasion des profanateurs" ?

Aaaah, quel mystère ! Quelle tension !
On n'y tenait plus !!!

Bon, et puis finalement, on s'est dit que c'était peut être du lin ou des bleuets en masse.

Pour découvrir la réponse, il faut tout simplement prendre le temps de quitter le superficiel pour se rapprocher des choses.
Tiens, regardes ce que l'on voit en allant au plus près de tous ces champs :

Plus près encore !

Aaah, ce soucis du détail et surtout cette évolution du point de vue me rappelait une citation de Pagnol :

"Il faut se méfier des ingénieurs ; ça commence par la machine à coudre
et ça finit par la bombe atomique."

Allez, on casse une dalle, le cul posé dans l 'herbe, à la lisère d 'un bois !
Et nous reprenons notre périple pour apercevoir au loin le village, La Croix-Saint-Leufroy, où Pagnol "acheta en 1956 un moulin pour venir s'y reposer avec sa femme Jacqueline et son fils Frédéric.
Il y aménagea son atelier car le célèbre auteur de Marius, Fanny et de La femme du boulanger (pour ne citer que ceux-là) adorait passer ses journées à bricoler, mettant au point de petites inventions : voiture, sonde à eau,...
Les villageois appréciaient fort sa bonhomie et sa convivialité. Marcel a écrit entre autres sur son bureau normand Jean de Florette et Manon des Sources.

L'écrivain est décédé en 1974. En 1995, à l 'occasion du centenaire de sa naissance, une  plaque a été posée sur le mur du moulin pour rappeler qu'il a vécu ici." dixit le livre de balades.

Bon ben... Où qu'c'est qu'il est ce moulin que je photographie la plaque ?
Nous errons un peu dans le village à la recherche d'un quelconque indice, mais, à part un âne, un cheval, un commerce au nom bizarre et une église...

 

   

...point de Pagnol !

Et c'est à partir de là que l'on n 'a pas trop compris ce qui s'est passé !
Plus de balisage ! Une carte approximative ! Pas de Pagnol ! Et la vague impression que le gars qui avait conçu cet itinéraire avait un peu lâché l'affaire en cours de route. Il devait être de Beauvais celui-là, tiens !
En attendant, il me faisait penser à cette citation de... de... oui, oui : de Marcel Pagnol :

"Tu n'es pas bon à rien, tu es mauvais à tout."

On ne peut pas dire que l'on se soit vraiment perdus, mais, à un moment donné, on était quand même un peu franchement égarés. On se raccrochait comme on pouvait aux quelques panneaux qui nous indiquaient des sales monuments à voir, comme celui du 5ème hussard...

Bon, c'est bien ce qu'ils ont fait les gars, mais nous, c'est le moulin de Pagnol qu 'on veut voir, merde !
Et vas-y qu'on grimpe une grosse côte ! Et vas-y qu'on marche sur la route ! Et vas-y qu'on sort de l'itinéraire prévu à tel point que la route que l'on prend n'est même pas sur la carte... On avait tout fait bien pourtant ! Saligot d'écrivain, tiens ! Nous ne nous énervons pas, même si Yannick semblait marcher de plus en plus vite.
Ah, cette situation me faisait penser aux nombreuses correspondances outrancières que Pagnol adressaient à ses amis.

Lettre à Raimu :
"Mon cher Jules, il faut que tu sois bougrement fâché avec moi pour ne pas répondre à une lettre injurieuse qui n'avait d autre but que de commencer une dispute..."
Lettre à Fernandel :
"Mon cher Fernand, hier dans un accès de colère, je t'ai traité de pitre et de grimacier ! Mais tu sais que quelques fois dans l agacement, on dit des choses irréfléchies ! ... Alors, aujourd hui que le calme est revenu et que j'ai pu réfléchir... je te confirme que tu n'es qu'un pitre et un grimacier."

On a du louper un croisement à un moment donné ! Enfin, là, on était à Dardez sur la route de Reuilly, non loin de Saint Vigor. Et aucun de ces bleds ne figuraient sur la carte. Sans panique, nous fîmes le point et après quelques kilomètres d'errance, nous retombîmes (ou "bâmes") sur nos pattes, et plus précisément à Irreville !

Et qu'y-a-t-il de beau à voir à Irreville ?
Eh bien, tout d'abord, ce panneau :

Il y a également une belle petite mairie...

Un beau Jésus qui lève les bras tel un repris de justice...

Ce qui nous rappelait cette croix que nous avions croisée dans les bois
juste avant de pique-niquer :

Nous sortons du village pour traverser un bois et retrouver finalement Cailly-sur-Eure non sans passer par un ancien lieu de culture de cresson.
Tu sais ce que c'est, toi, le cresson ? Ben pas moi ! J'ai du chercher ! Si  toi aussi tu te demandes, cliques don' là-dessus : cresson !

Pour infos complémentaires et pas forcément utiles, j'ai également lu que des écrits anciens lui attribuaient des vertus magiques et le faisaient entrer dans la préparation des filtres. Les Romains, eux, croyaient que cette plante pouvait prévenir la calvitie et qu'elle stimulait l'activité de l'esprit. Les Grecs affirmaient que le cresson pouvait "redonner raison aux esprits dérangés" et atténuer les effets de l 'ivresse. Au Ier siècle, Dioscoride lui trouve des vertus aphrodisiaques. Toujours selon la croyance populaire, en Grande-Bretagne, une jeune fille, qui sème le 24 mars une ligne de cresson et une ligne de laitue, peut connaître le caractère de son futur mari : il sera doux et conciliant si la laitue pousse en premier, mais si c 'est le cresson, il sera exigent et parfois violent...

C'est des coups à vous foutre des couples en l'air, le cresson !
C'est peut être pour ça que l'exploitant de cette culture de Cailly-sur-Eure a arrêté. Oui, le panneau de vente est resté, mais on ne peut pas rentrer dans la propriété, fermée par un gros cadenas. De plus, un peu plus loin, une chaise vide tapissée de merde de pigeons nous a fait penser que cela faisait très longtemps que le gars n'était pas venu....

Il devait être bien le gars, là.... Au bord de l'Eure, peinard... à rien foutre... Peut être seulement à se demander où pouvait bien se trouver cet saloperie de moulin où Pagnol résidait. Ben oui parce qu 'avec tout ça, on ne l'a pas trouvé le moulin de Pagnol !

Tant pis ! Il était pas loin de 20 heures et il pouvait se le garder son moulin à la con, tiens ! En plus, écrire une histoire provençale en plein coeur de l'Eure, c'est vraiment se foutre de la gueule du monde. Tiens, ça me faisait justement penser à une de ses citations dont il avait le secret :

"Quand on fera danser les couillons, tu seras pas à l'orchestre !"

Enfin, c'était une belle balade quand même ! 6 heures de marche ! On avait bien mérité notre bière en terrasse du seul bar du village, qui héberge également des hirondelles sous ses gouttières.

Comments

[Jénorme]

Merci pour ces précisions et la rpochaine fois, on dfera c 'te balade en gros 4x4 qui pue !
Et je viendrai même en 4x4 chez vous avec Johnny et Savuka ! En vous remerçiant !

[aurel]

c'était pas la saison des balises, c'est tout mon gars!
Restriction budgetaire chez M. IGN : on refait les balises sur 5% du territoire au printemps seulement. Fô emmener madame boussole avec vous (c'était mon surnom avant )
Et rien à voir mais Johnny C. et toi, et tous ceux qui veulent sont hébergés chez nous pendant le concert, et même avant, et même après !

[nICK cANON]

AH BEN!
C'EST TOI QUI A RAISON!
PAGNOL, Y FAIT CHIER DANS SES LIVRES, DANS SES FILMS ET DANS SES BALLADES!!!
AMEN
nICK