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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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23 mars 2008

La Bretagne du Sud, étape 3 : couleurs et sérénité

  Résumé des épisodes précédents
De l'océan, de la Niniche, du rhum, la lune, hôtel, dormir, moutons...

En rêve et en une image, cela donne à peu près ceci :
carte postale

Si tu vois Freud, dis-y de m'analyser tout ça !

Bref : il était grand temps de se réveiller pour reprendre la route.

 

  De nos jours, Bretagne, Quiberon
7 heures du matin. Je me lève. Je vais à la fenêtre pour tirer les rideaux de la chambre d'hôtel. Une vue s'offre alors à mon regard légèrement embrumé :

vue de l'hôtel

Pendant que l'horizon affiche des tranches de couleurs multiples (ça manque de vert quand même), un premier bateau part pour Belle-Île-en-Mer ; refuge de Sarah Bernhardt et des pousses-pieds.

 sarah bernardt      pousses pieds

Pour un peu, je me croirais marin, dis don' !

Après une douche rapide, je m'en vais rejoindre Port-Maria, dont l'ambiance évolue avec la progression du soleil dans le ciel.

progression du soleil  progression du soleil 1
progression du soleil 2

progression du soleil 3     progression du soleil 4

progression du soleil 5
Eh, ça manque toujours de vert quand même !!!

Là, tu vois, c'est dans des moments pareils, lorsque tous mes sens sont en éveil et que le monde offre de telles images, que je me dis que Dame Nature nous gâte ! Aaaaah, oui, tu nous gâtes, Dame Nature !
Je reste un peu pour profiter de l'ascension du soleil et puis je regagne la voiture pour consommer un peu de pétrole et évacuer du gaz carbonique dans cette atmosphère trop saine. Par la même occasion, cela permettra de bousiller un peu plus la couche d'ozone et d'amplifier l'effet de Serre car, bordel on a beau avoir une belle vue, ça caille c'matin !

Je quitte vaguement Quiberon en croisant le château Turpault...
chatea Turpault

...pour rejoindre la Côte Sauvage !

Oui, tu peux gueuler ! Je suis d'accord avec toi : il y a bien trop de Côtes Sauvages en France ! Ohla, ça mérite une manif ça ?!
Nous avons vu la Côte Sauvage qui s'étend du Croisic au Pouliguen ; mais il y aussi la Côte Sauvage de l'île de Batz, la Côte Sauvage de l'île d'Ouessant, de Belle-île, de l'île d'Yeu, d'Oléron et de la Palmyre. Et même encore plus bas, tu as la côte sauvage d'Hendaye, dans le Pays Basque !
J'ai envie de dire "Stop à la Côte Sauvage" ! Trop de Côte Sauvage tue la Côte Sauvage ! Trouvez d'autres noms, je sais pas, la Côte solitaire, la Côte éloignée, la Côte Cot, etc.

Ici, nous sommes dans le site Côte sauvage de Quiberon.

"Rattachée au continent  -et au département du Morbihan-  par un fin cordon sableux, la presqu'île de Quiberon se projette sur plus de 10 km dans les eaux de l'Océan Atlantique, face à Belle-Île. A la sérénité de son littoral oriental, que baignent les eaux de la baie de Quiberon, s'oppose la violence de sa façade ouest, véritable rempart de hautes falaises qui lui vaut le surnom de Côte Sauvage." ÉDITIONS ATLAS

Quelques photos :
côte sauvage 1

"Taillée dans le granit, la presqu'île de Quiberon est, comme les îles alentour (Belle-Île, Houat et Hoèdic), un vestige de l'ancienne chaîne de montagnes hercyniennes armoricaine. Elle-même était à l'origine une île et a été reliée au continent par une flèche alluviale qui s'est formée à la suite d'un déboisement intensif au XIème siècle.

côte sauvage 2  côte sauvage 3

côte sauvage 4  côte sauvage 5

Les falaises de la Côte Sauvage, qui culminent à près de 20 m, sont exposées sans relâche à la puissance des vents d'Ouest et aux assauts de l'océan. Les vagues qui, lors des tempêtes, se fracassent à la base des parois rocheuses sont naturellement à l'origine d'un processus d'érosion accéléré, qui creuse de nombreuses grottes et sculpte dans la roche des forme insolites. (...)

côte sauvage 6La Côte Sauvage marque l'extrémité du plus grand massif dunaire de France, qui s'étire le long de la côte depuis la pointe de Gâvres, qui ferme au sud la rade de Lorient, d'où l'existence de dunes fossiles au sommet des falaises. Elles abritent une flore ancienne, aujourd'hui très menacée. Le sable, réchauffé par un climat généreusement ensoleillé, se pare de magnifiques chardons bleus, d'ophrys (orchidées) et d'oyats, une graminée qui fixe le sable des dunes. Le silène et la bruyère maritime, quant à eux, trouvent refuge dans le moindre creux de roche ; tandis qu'à l'arrière des dunes la lande est le domaine de l'ajonc d'Europe, du genêt à balai et de la bruyère cendrée.

côte sauvage 7   côte sauvage 8

Les étendues sableuses que réserva la Côte Sauvage sont autant de points de départ pour de fabuleuses promenades subaquatiques. Les côtes sud de la Bretagne sont le siège d'une vie sous-marine intense. A proximité du littoral, le plongeur émérite croise des bars et des lieus. Plus au large, il est frôlé par des bancs d'aiguillettes et peut rencontrer raies-torpilles, soles, seiches et homards. L'environnement est superbe, rehaussé par des fonds tapissés d'algues, d'éponges et de moulières." EDITIONS ATLAS

 

On est bien tranquille sur la Côte Sauvage en cette heure matinale d'un dimanche matin de février. Le ronronnement sourd des vagues contre les falaises se mêlent aux cris aigus des oiseaux posés là, sur les rochers, le bec au vent.

côte sauvage 9

Je me fous le cul dans le sable, face à l'océan et je regarde les oiseaux.
A un moment, je me pose même des questions: "Mais qu'est-ce qu'ils foutent là ? Qu'est-ce qu'ils attendent ? Qu'est-ce qu'ils veulent ?Qu'est-ce qu'y s'passe dans leur tête ? A quoi ils pensent ? Et en me regardant qu'est-ce qu'ils se disent ?"
Puis, finalement, je me dis que c'est eux qui ont raison. Semblant profiter de l'évolution de la lumière douce et matinale, les oiseaux restent groupés, parfois silencieux.

 Quelques kilomètres plus loin, je sors de la Côte Sauvage pour entrer dans un supermarché de Plouharnel. J'achète Le Point, qui interpelle mon attention par sa couverture à deux titres.

couverture à deux titres

Bien entendu, je prend aussi quelques cartes postales.

carte postale

Je quitte le supermarché, puis Plouhamel, puis la D781 pour prendre la direction de Saint-Cado. En faisant mon itinéraire breton, des lectures m'avaient conseillé
d'aller voir ce qu'il s'y passe. Ce petit village est situé sur une île, dans la Ria d 'Etel, sorte de petite mer intérieure, réputée pour ses sables mouvants et sa navigation difficile.

 

LA RIA D'ÉTEL
le ria d'etel

"Paysages singuliers où terre, mer et cours d eau se mêlent dans un mouvement régulier. Ilôts, vasières, parcs à huîtres et boisements sauvages composent une mosaïque de milieux d'une grande beauté, douce transition entre la mer et la terre. (...)
La Ria d'Étel est née de la confluence de plusieurs rivières : Pont du roch, Landévois, Kergrois, rivière du Sac h... Ces cours d'eau extrêmement modestes convergeant dans une zone d'effondrement ont donné naissance à un estuaire aux multiples bras soumis aux mouvements des marées."
EDITIONS ATLAS


Je passe par Belz. Une petite route me dit de prendre à droite pour rejoindre Saint-Cado. Je traverse les rues étroites pour arriver à une étendue d'eau.

Au milieu de cette étendue d'eau, je vois ceci
saint cado 1

J'enlève le zoom...
saint cado 2

Ah ben ouais, ils t'ont ben foutu une baraque au milieu de la flotte ?!

J'ai cherché à savoir le pourquoi du comment, mais je n'ai rien trouvé. Je ne sais pas si quelqu'un habite cette maison. Je ne sais pas si elle a une fonction, une légende ; mais, en tout cas, elle est là ! Et l'ilôt sur lequel elle se trouve se prénomme Nichtarguer.

Je pose la voiture sur le parking jouxtant l'île de Saint-Cado. Le lieu est d'un calme, mais d'un calme ! Oh bordel, ça me donne envie de gueuler tellement c'est calme ! Non, je déconne. Profitons du silence.
Pour accéder au petit village, il faut emprunter la chaussée du Diable.

 

SAINT-CADO
saint cado 3

"Le saint qui donne son nom à ce petit bout de terre est à l'origine de nombreuses légendes. On dit qu'à son arrivée sur l'île, où il se fixa au VIème siècle pour évangéliser la région, il chassa les nombreux serpents habitants les lieux en récitant des prières. On dit aussi que la chaussée qui relie l'île à la terre fut bâtie en une nuit par le diable après que saint Cado lui eut promis l'âme du premier passant. Au matin, il jeta un chat sur le pont, ridiculisant le Malin.

IMG_0312 Le petit calvaire de Pen-er-Pont (1813) évoque un autre épisode de la légende : lorsque le démon se rendit compte de la supercherie, il voulut détruire dans sa rage le pont de Saint-Cado. Saint-Cado fit alors un geste brusque pour l'en empêcher mais son pied glissa, laissant une marque dans la roche à l'endroit où s'élève le calvaire." EDITIONS ATLAS

 

 

 

J'arrive à la chapelle, bâtie au XIIème siècle par les moines de Quimperlé.
A l'intérieur, une "décoration" simple où l'on retrouve, entre autre, l'ex-voto utilisé pour la procession du jour du pardon, le 3ème dimanche de juillet ; ainsi que des vitraux illustrant la légende de Saint-Cado et son lit de marbre qui aurait le pouvoir de soigner sourds et malentendants.

saint cado chapelle 2

saint cado chapelle 1    saint cado chapelle 3

Sur les murs, d'étranges phrases confirment la poésie mystérieuse du lieu.

étranges phrases

Je continue ma visite en me rendant à la fontaine située sur la grève.

ur la grève

Construite au XVIIIème siècle, elle protège la "source bouillonnante", submergée à marée haute.
Au loin, la brume matinale déposée sur cette mer intérieure ajoute au mystère de l'endroit. Ajoute à cela le fait divers qui se produisit en 1958 où Alain Bombard tenta de traverser la Barre d'Étel en canot pneumatique.

la barre d'étel 1        la barre d'étel 2

Je reprends la direction de la chaussée du Diable pour récupérer ma voiture. Ouah, la vache ! Dis don', ça m'a bien détendu Saint-Cado, là ! Je me sens tout chose.

Je quitte à présent la Bretagne du Sud pour pénétrer dans les terres. Ma prochaine destination est la ville de Kernascléden, située en pleine campagne.
Outre sa maison de la chauve-souris (ben oui, faut le savoir : y'a une maison de la chauve-souris à Kernascléden)...

maison de la chauve souris

...cette ville possède une église qui, elle-même, abrite en son antre quelques curiosités artistiques.

 

KERNASCLÉDEN

kernascleden

Alors non ! Je t'arrête de suite : ce n'est pas ici que Robert Dhéry a réalisé son film, Le petit baigneur, en 1968.

Si l'église de Kernascléden n'est pas le lieu de tournage du Petit baigneur, qu'est-ce qu'il peut donc y avoir à voir ?
Tout d'abord, une légende raconte que cette église et la chapelle de Saint-Fiacre (vers Le Faouet) ont été bâties par les mêmes ouvriers, qui auraient été transportés avec leurs outil d'un chantier à un autre par des anges. Ben tiens !
Nous restons dans le mystique pour découvrir qu'en son antre, l'église de Kernascléden abrite des fresques datant du XVème siècle.

Les fresques de
l'église de Kernacléden

kernascleden, fresques

kernascleden, fresques 1    kernascleden, fresques 2
kernascleden, fresques 3

Ces fresques situées dans les voûtes et les murailles de l'église
représentent les épisodes de la vie de la Vierge et du Christ.

Mais, je suis surtout venu pour voir les fresques, moins bien conservées, de la Danse Macabre et de la représentation de l'Enfer.
Plusieurs églises et lieux de culte français abritent des fragments de Danse macabre : Brianny (21), La Ferté-Loupière (89), Meslay-le-Grenet (28), Plouha (22), Preuilly-sur-Claise (36), Strasbourg (67) et La Chaise-Dieu (43). Etant donné que je n 'ai pas vu celle de La Chaise-Dieu, dans le Velay ; je suis donc venu ici pour me rattraper.
Peut être même qu'un jour, je ferai une grande tournée des Danses macabres à travers la France et l 'Europe entières.

En attendant,
voici la Danse macabre de Kernascléden

IMG_0342     IMG_0336
ça manque de vert un peu !

A côté de celle-ci, une autre fresque encore plus glauque !
IMG_0343

En se rapprochant un peu, on peut remarquer les petits détails de ces peintures qui s'avèrent être originales par la variété des supplices imaginées.

les petits détails

IMG_0337

Étonnant non ? Tu as vu l'expression des visages de ces gens qui sont en train de bouillir dans la marmite ? T'as vu qui c'est qui tient la cuillère ? Ah, ah, ah, ça fout les boules, hein ?

Oui, je sais, depuis l'horreur a progressé, évolué et est accessible partout et par tous. Mais, quand même, des squelettes qui dansent avec des êtres vivants pendant que le malin fait bouillir la soupe d'humains, c'était pas mal pour l'époque. Surtout sur des murs d'église.
Mais, bon, pourquoi au XVème siècle, réalisait-on de telles représentations ? Hein ? Hein ? Hein ?

 

Dans notre prochain épisode
Je l'ai déjà dit, mais cette fois,
c'est sûr,
on verra des rochers bizarres !

 

 

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