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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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23 août 2012

LA LOIRE à VéLO, épisode 3 (18)

Dans nos épisodes précédents, nous avions vu que Jénorme cherchait à fuir les publicités radio vantant les mérites fraîcheur de boissons alcoolisées en tout genre. Pour se faire, il avait alors troqué sa voiture contre un vélo afin de se lancer à l'assaut d'un nouvel itinéraire touristique baptisé "La Loire à vélo", reliant par piste cyclable la ville de Cuffy, dans le Cher, à celle de Saint-Nazaire, en Loire Atlantique.
Malheureusement, au bout de quelques kilomètres, Jénorme s'apercevait avec stupeur que l'on avait volé la Loire.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Ben oui !
Et si nous rebaptisions cet itinéraire :"Sans la Loire mais à vélo quand même" ?
C'est un peu long, on ne comprend pas vraiment ce que cela veut dire, mais pourquoi pas ?
Ah pardon, excusez-moi, afin de faciliter un enchaînement qui ne sera pas évident, on me coupe afin de laisser place à une information primordiale à diffuser de suite sans plus attendre...

 

FLASH INFO PRIMORDIAL
à DIFFUSER DE SUITE
SANS PLUS ATTENDRE

Flambée aux enchères pour un vieux toast
du mariage du Prince Charles

                                      vIEUX TOAST
Une tartine grillée servie au petit déjeuner du Prince Charles le jour de son mariage avec Lady Diana a été vendue jeudi aux enchères 230 livres (295 euros) à un Britannique. Il s'agit d'un prix record pour de la nourriture, même si rien ne prouve que le toast a bel et bien été servi le jour de la noce.
Une ancienne employée du palais affirme avoir soigneusement conservé ce modeste souvenir du mariage célébré le 29 juillet 1981 et suivi par 750 millions de personnes à travers le monde.
Rosemarie Smith, dont la fille a travaillé pour la famille royale pendant près de trois décennies, a expliqué comment la tartine a fini en sa possession après une visite au palais. "A l'époque, ma fille était domestique au palais et l'une de ses tâches consistait à retirer le plateau du petit déjeuner du Prince Charles de sa chambre", a-t-elle déclaré dans un communiqué. "J'étais avec elle dans le couloir et j'ai vu que le Prince Charles avait laissé une tartine sur le plateau. J'avais pensé conservé un souvenir du mariage, j'ai vu le toast et je me suis dit: 'Pourquoi pas'?"


Merci.


Revenons à nos vélos !

Je viens de quitter Marseilles-les-Aubigny pour reprendre la piste cyclable qui s'enfonce dans de longs champs lointains.
Sur ma gauche, la ville de Beffes s'éloigne peu à peu sans que je n'y passe. De là où je suis, je ne saurais te dire si ce village possède une église, une mairie, un ancien cloître, un lavoir du XIIème siècle, une épicerie de proximité, un pressing et un rond-point.
Par contre, je vois très bien la cimenterie qui donne à ce lieu des airs de parc d'attractions inattendu...

Beffesland

Oui, toi et moi lecteur, imaginons un instant ce que pourrait être ce parc si toutes ses activités étaient concentrées autour du ciment.
Apprenons aux enfants à aimer le ciment en inventant des attractions qui touchent à cette matière pulvérulente.
Par exemple, Chappenchantée, le monde magique de la chappe enfin dévoilé !
Cimentos, la mascotte du parc qui se déplace comme un golgoth car il est composé uniquement de ciment ! 
PanoramaCiment, un parcours historique et ludique qui retracerait toute l'histoire du ciment, des Egyptiens à nos jours !
CimentBall, un jeu d'action pour toute la famille où tu te tires dessus avec des boules de ciment frais !
PoumonParadise : quand le ciment donne de la poussière dans une pièce fermée de 5 m2, cela procure une sensation d'étouffement incroyable ! Viens la découvrir !
Etc.

Bon, ceci étant dit -,et c'était important de le mentionner,-  je continue.
Il commence à faire chaud. Pas d'ombre. Le soleil lance ses multiples rayons UV sur l'asphalte pour ensuite arroser mon visage de ces chaleurs goudronnées.
A ma droite, des champs. A ma gauche, des hautes herbes. Étroite piste en longue ligne s'enfuyant vers un horizon sympathique indiscernable.
Tu l'auras compris : il n'y a pas grand chose à dire sur cette partie de parcours, si ce n'est que nous sommes en contact direct avec les herbes hautes... la nature. Pas de voiture, pas de civilisation, pas de bruit si ce n'est celui de quelques oiseaux parsemés de ci-de là... quand soudain ne voilà-t-il pas une ville !
Et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de...

 

LA CHARITé-SUR-LOIRE

IMG_2590

Hein ? Ah oui, c'est vrai, tu as raison : on voit d'avantage mon vélo et la Loire que cette charmante ville nivernaise aux toits multiples.
On recommence.

 

LA CHARITé-SUR-LOIRE

La Charité-sur-Loire, gelée (58)

Oui, alors, bon, OK, d'accord : nous voyons très bien que cette photo a été prise un autre jour puisqu'il ne peut pas y avoir de plaques de glace sur le fleuve en plein mois d'août. Mais, notons tout de même que le plus important, ce n'est pas ça...
Non ! Le plus important, c'est que...

La Charité-sur-Loire est connue pour être la seule ville que ne put prendre Jeanne d'Arc lors de la Guerre de Cent ans face au redoutable Périnnet Gressard. Cette seule défaite lui sera d'ailleurs reprochée lors de son jugement : « Une envoyée de Dieu n’aurait connu aucune défaite ».
Maaaaaaaaiiiiisssss parlons aussi un peu de cette ville en nous posant une première question : pourquoi un tel nom ?
La réponse trouverait son origine vers 700. Il existe alors un petite bourgade dénommée "Seyr" où un sous-diacre dénommé Lioup fonde une église dédie à la Vierge et un monastère soumis à la règle de Saint-Basile.
Hein ? Oui, sur ce coup là, je suis un peu comme toi : j'entrave pas grand chose. Qui était Basile ? Pourquoi était-il devenu Saint ? Et quelle était sa règle ? Buvait-il de la Suze avec son couscous ?
Oui, bon, Saint Basile était plus connu sous le nom de Basile de Césarée et aimait à dire à qui voulait l'entendre que :
"Le monde a été créé. Il nous fait bien connaître la puissance et la sagesse du Créateur, mais non son essence. La puissance du Créateur ne s'y révèle pas nécessairement tout entière. Il se peut que le bras de l'Artiste divin n'y déploie pas toute sa force... En tout cas, le dilemme d'Eunomius ne saurait nous étreindre. Si nous ne connaissons pas l'essence de Dieu, nous ne connaissons rien de Lui. Si, pour être vraie, la connaissance devait être la pleine compréhension, que saurions-nous des choses finies elles-mêmes, qui par tant de côtés, nous échappent. Et il s'agit de l'infini ! Connaître l'essence divine, c'est avant tout connaître l'incompréhensibilité de Dieu."

Tout ça pour dire que si cette ville nivernaise se prénomme ainsi, c'est parce qu'un peu plus tard les moines de la ville firent preuve de charité envers les pauvres de passage. Car oui, Mesdames, Messieurs, bousculons ce cliché qui repose sur le fait que "Faire la charité" consisterait à tendre la main assis en tailleur sur un trottoir afin de récolter quelques pièces en chantant du Julien Clerc.
NON ! La charité est une vertu qui porte à désirer et à faire le bien du prochain ; un acte inspiré par l'amour !
Oui, Mesdames, Messieurs, vous ne rêvez pas : L'AMOUR ! Qui en veut de l'amour ? Qui ? Toi ? Toi ? Toi ? Hein ? QUIIII ???
Ohla, faut qu'j'me calme...

 

ON SE RETROUVE APRES
 CETTE PETITE SIESTE
SUR LA ROUTE DES VACANCES

 

BREF : ceci n'empêchera la ville d'être détruite par les Gascons à deux reprises.
Maaaaaaaaiiiisss, tu l'auras compris, cher lecteur : tout ceci n'est qu'une affaire de mot. Et ça tombe plutôt pas mal puisqu'il se trouve que, mine de rien, La Charité-sur-Loire s'est imposée comme étant LA cité du Mot.
Eh oui ! 
Ah ben moi non plus, je ne sais pas trop ce que cela veut dire, mais toujours est-il que sur divers murs et monuments de la ville, nous pouvons voir des mots.

       Comme ceci...
La_Charit__sur_silo

Ou encore comme cela...           
La_Charit__sur_Loire__tag_et_banc__58_
Photo entièrement prise un autre jour

Alors, là, tu te dis :
TOI : "- Bon OK, La Charité-sur-Loire, cité du mot, c'est sympa, mais ça casse pas trois pattes à un canard ton truc !"
Et là, dans la foulée, je te réponds :
MOI : "- Ah non, mais attends, c'est pas fini !"
Car La Charité-sur-Loire est également LA ville du Livre !
Eh ouais !
Et une fois que l'on a dit cela, on peut se demander :
ON : "- Mais où s'arrêtera-t-elle ?" ou encore "Mais comment cela est-il possible ?"
Oui, comment une ville peut comme ça, du jour au lendemain, se décrêter "Ville du Livre et Cité du Mot" ? Est-ce qu'une commune peut, comme elle le veut s'affirmer et se proclamer - je sais pas moi- euh... "Ville du foie de veau et de la pantoufle" ou "Cité du plat en céramique blanc ébrèché parce qu'il est tombé de la commode alors que les enfants revenaient de l'école à pied car il y avait une grève des bus" ? Hein ?
Alors, oui, interrogeons-nous : pourquoi La Charité-sur-Loire, ville du livre...Un semblant de réponse :

HISTORIQUE DE LA VILLE DU LIVRE
En 1995, Christian Vallériaux, libraire parisien venu s’installer à La Charité-sur-Loire, crée la foire aux livres anciens et vieux papiers. Dès sa première édition, elle connaît un véritable succès. Petit à petit l’idée d’une organisation plus importante se développe et plusieurs libraires  viennent s’installer dans la cité historique. Une petite révolution est en marche, des libraires achètent ou louent des pas de portes abandonnés et font revivre un quartier en déclin dans le bas de la ville, entre le prieuré et la Loire. La Charité-sur-Loire est baptisée « Ville du livre », le 22 avril 2000 par les personnalités du monde de la presse et de la littérature.

Voilà !
Nevers, ville de la faïence ! Toulouse, cité de la saucisse ! Saint-Claude, village de la pipe ! Bézier, la Séville française ! La blanquette de Limoux ! Le régime de Vichy ! Et La Charité-sur-Loire, ville du Livre !
Et il faut bien l'admettre, cela tombe une fois de plus plutôt bien car cela permet à cette belle ville d'organiser chaque année le Festival du Mot qui, en cette année de grâce 2012, fut "Twitter". Un choix qu'explique Alain Rey, observateur de l'évolution de la langue française et président du Jury du festival.
« En choisissant « TWITTER » comme si c’était un verbe français, les jurés mettent en valeur un nouveau modèle de communication qui favorise la brièveté (140 signes maximum), la rapidité (on dit peu, mais on dit vite), et le partage (Les « Twittos » forment des communautés). Si cette technologie ne favorise pas forcément la subtilité ou la nuance, elle valorise l’émetteur qui a parfois plus d’importance que le message qu’il délivre ! En « gazouillant » (en anglais, les tweets sont des gazouillis…), je peux chuchoter et murmurer pour rappeler que j’existe et que je peux même produire du…buzz. Et, en même temps, si j’écoute les gazouillements, je sais ce qui se passe chez les personnes et les organisations qui me tiennent à cœur… »

Intrigant mélange d'époques et de temps avec cet imposant prieuré clunisien, accompagné de deux églises venant faire face aux autres édifices phare du lieu, mêlant Moyen-Âge (ville fortifiée) et Renaissance (le Vieux pont).
Oui, La Charité-sur-Loire, tu es bien mystérieuse. Il me semble entendre, au lointain supposé, dans tes multiples étroites ruelles les pas des chevaux battant le pavé pour amener de ci de là ces quelques maîtres avides de passer la nuit dans ces quelques hôtels et bars aujourd'hui disparus ; leurs façades tout juste éclairées par la lumière de réverbères jaunâtres, cruellement amère par temps de pluie automnale.

Tu l'auras bien compris : toutes ces questions sont très intéressantes, mais il me restait de la route de Loire à vélo à faire.
C'est ainsi que je remontassiasses sur mon biclou avec quelques airs de Tom Waits dans la tête (c'était mieux que la publicité radio "Bordeaux roséééééééééé")...

 

Je repassassiasses le Vieux Pont afin de rejoindre l'itinéraire initial, non sans jeter un regard au loin sur les vignobles revigorés des Côteaux Charitois qui furent au milieu du XIXème siècle ravager par le phylloxéra. Ces vignes reprenaient de la vigueur et donnaient déjà quelques bonnes bouteilles avec deux cépages exploités : Chardonnay pour le blanc et Pinot noir pour le rouge.
Et puisque nous parlons de vin, la prochaine "grande ville" à rencontrer était très attirante puisqu'il s'agissait de Pouilly-sur-Loire.

Mais avant cela, je traverse quelques lieux-dits berrichons...

 

CARTES POSTALES

IMG_2641

La cafarderie

C'est étrange. La Loire à Vélo ne passe jamais par la Nièvre. C'est pourtant dans ce département que les villes de proximité les plus intéressantes à visiter se trouvent. Attention : je n'ai rien contre le Cher et le Berry, mais force est de constater qu'il n'y a pas de communes à teneur culturelle et historique comme celle que je peux voir de l'autre côté du fleuve.
Un peu avant le village de Couargues, je croise des gens qui, apparemment, ne veulent pas prendre part au débat...

 

Je me trouve à présent au lieu-dit Les Vallées, sur la Départementale 59.
Sur ma droite, un pont ressemblant à celui croisé à Fourchambault enjambe le fleuve pour rejoindre Pouilly-sur-Loire, situé à trois kilomètres. Je décide d'emprunter ce détour imprévu puisque nous ne sommes pas très loin de l'heure de l'apéro...

 

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Mais que pouvait-il bien se passer de l'autre côté de ce pont ?

 

 

 

 

 

 

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