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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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17 novembre 2013

KALININGRAD TOUR : Berlin, premier et second plans (Allemagne)

Il ne restait pas moins de 4000 km à parcourir pour rejoindre l'Isthme de Courlande lorsque Maître Arnaud et Jénorme décidèrent de faire une halte à Berlin.
De fil en aiguille et de rues en ruelles, ce qui ne devait être qu'une pause de quelques heures se transformait très vite en véritable séjour. Il faut dire que la capitale allemande avait plus d'une curiosité dans son sac et qu'il était très difficile d'en cerner toutes les subtilités en ne restant que trois heures.

Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Après le Mur, après le Mémorial du Mur, après le musée du Mur, après le parc du Mur, après le Mur fait du ski, après Autant en emporte le Mur, après Il était une fois dans le Mur, après Spidermur, après...

Mais qu'est-ce que j'raconte, moi ?!

Après le Jüdischer Friedhof Weißensee, après le Markthalle Neun, après le Hackesche Höfe, après l'Oberbaumbrücke, après tout ça quoi !, nous atteignons la sculpturale gare de Berlin récemment rénovée.

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C'est lumineux, mais c'est tout en verre ! Il ne faudrait pas qu'il y ait un tremblement de terre ou une violente détonation car celle-ci perdrait peut être un peu de sa récente superbe. Enfin, moi, je dis ça, je dis rien !
Nous nous préparons maintenant à suivre le chemin des grands monuments historiques de la ville. C'est le quartier de Tiergraten.
Dans un premier temps, nous traversons une sorte de grande esplanade qui enjambe la Spree. La circulation automobile a complètement disparu. Plus une voiture, d'un coup, comme ça, HOP ! Et c'est le plus naturellement du monde  -enfin, je crois- que nous atteignons le Bundeskanzleramt (Chancellerie fédérale), lieu hautement politique où officie depuis 2005 la Chancelière fédérale Angela Merkel.
Nous tournons un peu dans le lieu, mais pas trop. C'est vide.  et pas très intéressant. Un peu plus loin, des gens se photographient devant l'édifice, conçu par les architectes berlinois Axel Schultes et Charlotte Frank sous le mandat d'Helmut Kohl (1982–1998).

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Cela m'amuse de prendre en photo les gens qui se prennent en photo. Il y a toujours des postures décalées, entre le sérieux et l'euphorie, la vitesse et la retenue, la spontanéité et le cliché. Je le cite souvent dans ce blog, mais le photographe Martin Parr a peut être réalisé les photos les plus incongrues de ce genre de phénomène.

 

MARTIN PARR
Tourisme et photos

  Martin Parr Martin Parr 1

Martin Parr 2  martin Parr 3
 martin Parr 4  martin Parr 5
Photos : Martin Parr

"Le tourisme de masse est l'un des sujets que j'ai photographiés régulièrement au fil des ans. J'ai documenté de nombreux sites touristiques les plus connus dans le monde, y compris Machu Picchu, Angkor Wat et la plage de Copacabana. Le tourisme est l'industrie la plus importante dans le monde et le touriste dépense est toujours en croissance, malgré le ralentissement actuel de l'économie mondiale. (...)
Maintenant, il est presque impossible pour moi de prendre une photo lorsque quelqu'un n'est pas en train de prendre une photo ou en train de poser pour une."  MARTIN PARR

 

Bon, eh, oh, on le fait tous plus ou moins, hein ? Tout cela pour notre souvenir personnel et aussi pour prouver à nos familles et à nos amis que nous étions bien à cet endroit ! Pour ce genre de photo, tout est dans la pause : absurde, rigide, figée, inadéquate, pour frimer, pour le souvenir...

              
                                                           Jénorme en voyage - diaporamas

Nous traversons à nouveau une grande esplanade, sur laquelle figurent un bel alignement d'arbres nains et des fontaines jaillissantes. Toujours dans de grands espaces très aérés.

Siegessäule

Nous traversons une grande avenue, la Straße des 17. Juni (la rue du 17 juin) d'où l'on peut voir au loin la célèbre Siegessäule (« colonne de la victoire »), sur laquelle trône Victoria, déesse grecque de la victoire, une statue dorée de 8,30 m pour un poids de 35 tonnes.
Sur la photo ci-contre, on la voit très bien en second plan.
(Photo : Online Focus)

 

 


Sous le Troisième Reich, la Straße des 17. Juni fut incorporée au Ost-West-Achse (« axe est-ouest »), avenue triomphale bordée de drapeaux à croix gammée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, peu avant la chute de Berlin, elle servit de piste d'atterrissage, les aéroports berlinois ayant été rendus inutilisables. Son nom fait référence à la journée du 17 juin 1953, qui fut la plus sanglante des journées d'émeutes en Allemagne de l'Est durant cette année-là. Une cinquantaine d'ouvriers manifestant contre la politique économique du gouvernement communiste de la République démocratique allemande tombèrent sous les balles de l'Armée rouge, appelée en renfort par le pouvoir pour réprimer le soulèvement.

Une fois cette grande avenue historique traversée, nous arrivons devant...

 

LE REICHSTAG

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Et là, tu me dis : "- Ta photo est nulle, il n'y a pas de touristes qui se prennent en photo devant ?
Et je te réponds : "- Eh oh, tu t'calmes ! Tiens !"

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Nous arrivons sur les lieux au moment même où un car de touristes russes marquait l'arrêt pendant quelques minutes le temps que les voyageurs puissent se prendre en photo devant ce monument emblématique de Berlin, dont on retient une photo historique, réalisée le 30 avril 1945 lors de la prise du Reichstag par l'armée rouge par le photographe ukrainien Evgueni Khaldeï.

reichstag_flag

"Le 2 Mai 1945 l’Armée Rouge prend Berlin et précipite la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe. Mandaté par le régime communiste pour immortaliser ce fait historique, Evgueni Khaldeï, photographe à l’agence de presse soviétique TASS, cherche le meilleur cadrage possible pour son cliché, avec un arrière-plan impressionnant. Il finit par trouver son bonheur sur le toit de la façade Est du Reichstag.
Kaldeï se souvient :
«J’ai sorti le drapeau que j’avais sur moi et j’ai dit à trois jeunes soldats : grimpons sur le toit et hissons-y le drapeau. Nous montâmes jusqu’à la coupole. Sous nos pieds, l’incendie du Reichstag n’était pas maîtrisé et il était impossible de poursuivre notre ascension à cause des épaisses volutes de fumée.»

Lorsque Kaldeï montre ses clichés à son agence pour en faire la photo officielle de la prise de Berlin, il y a un problème: l’officier soviétique qui soutient son camarade perché sur le pilier porte une montre à chaque bras. Ce qui est la preuve que l’Armée Rouge s’est livrée au pillage… Kaldeï est alors sommé de faire disparaître l’une des montres. Ainsi, ce cliché qui est devenu une véritable icône a non seulement été soigneusement mis en scène, mais en plus retouché.
Arrivée la première à Berlin – comme l’atteste ce cliché aux yeux du monde – l’Armée Rouge provoque la chute du nazisme et précipite déjà le monde vers la Guerre Froide."  PANDORA VOX

Peut être que cette omnibililation que nous avons tous (mais si, nous l'avons tous cette obsession !) à nous faire prendre en photo devant les monuments historiques vient de là...
Que dire d'autre sur le Reichstag qui trône ici tel un monstre solennel, scrutant la ville du haut de toute son existence qui a traversé tant de choses et d'évènements heureux et dramatiques ?

"La première pierre de ce bâtiment emblématique de Berlin et de l'Allemagne fut posée le 9 juin 1884. L'empereur Guillaume Ier ne voulait pas du Reichstag. Il n'avait approuvé les plans de l'architecte Paul Wallot qu'à contre-cœur, et avait carrément refusé d'autoriser la lourde coupole de pierre prévue par Wallot. Car l'édifice aurait alors été plus haut que le château de la ville.
En 1894, après dix ans de constructions, le Reichstag est prêt, et la coupole dépasse le château. L'empereur, désormais l'oncle de Guillaume, Guillaume II, fulmine contre ce « comble du mauvais goût ». Mais que doit-il faire ? Tout simplement, il discrédite l'architecte, baptise le Reichstag « la cage des singes impériaux » et empêche la dédicace « Au peuple allemand » - qui ne fut apposée qu'en 1916.
Les quatre imposantes tours d'angle symbolisent les quatre royaumes de l'empire allemand : Bavière, Saxe, Prusse, Wurtenberg. Synthèse du style Renaissance tardive et d’éléments classiques tels une façade avec des portiques à colonnes, la solennité du bâtiment était accentuée par une entrée imposante à colonnes corinthiennes supportant un pignon triangulaire et un grand escalier devant être franchi pour accéder au portail d’entrée principal. Ironiquement, l’emplacement du bâtiment était considéré comme un peu malheureux à cette époque, car orienté du mauvais côté – l’Ouest –, tournant le dos au Palais impérial et au centre ville du XIXème siècle.

Reichstag coupolePhoto : © Scholvien

Cependant, le bâtiment du parlement demeure et son existence reflète les turbulences de l'Histoire allemande.
Le 9 novembre 1918, le député Philipp Scheidemann proclame la République.
Le 27 février 1933, un incendie aux causes encore non élucidées se déclare dans l'édifice, et la salle de réunion et la coupole s'embrasent. L'incendie du Reichstag est exploité par les nazis pour justifier la répression d'opposants politiques.
Détruit durant la Seconde guerre mondiale, le Reichstag est reconstruit entre 1961 et 1971 d'après les plans de l'architecte Paul Baumgarten, sous une forme simplifiée, et sans la coupole bombardée en 1945.
Après la Réunification allemande, le Bundestag décide d'utiliser de nouveau le bâtiment en tant que Parlement. Sur le modèle des impressionnantes dimensions historiques, l'architecte Sir Norman Foster remanie le Reichstag pour en faire un parlement moderne.
Depuis 1999, le bâtiment du Reichstag est de nouveau le siège du Bundestag allemand."
(Ref :
VISITBERLIN et BERLIN DE)

Quelques années plus tard, en 1995, les artistes Christo et Jeanne-Claude se sont livrés à une expérience de LandArt en emballant le monument.

 

Reichstag par Christo et Jeanne Claude 1

Reichstag par Christo et Jeanne Claude Reichstag par Christo et Jeanne Claude 2
Photos : Christo et Jeanne-Claude

 

Nous quittons le Reichstag pour regagner une autre grande avenue. En levant les yeux au ciel, un autre monument berlinois se détache...

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Non, pas cette jeune fille en scooter devant, mais plutôt le char avec un machin ailé derrière !
Nous nous approchons. Non chalamment, comme blasés, t'sais, les mecs qui veulent pas y aller parce que tout le monde y va, mais qui y vont quand même parce que tu ne peux pas être à Berlin sans faire un p'tit détour, comme ça, vite fait, par ce monument.
Nous marchons, peinards, mains dans les poches, le regard qui se perd un peu à gauche, à droite, en l'air, faisant sembler de montrer quelque chose d'inintéressant. La démarche non chalante, entre celle de DSK et celle des Monty Python dans leur sketch "Le ministère des démarches à la con"...

En même temps, cela tombe plutôt bien puisque nous sommes dans le quartier dit "gouvernemental" ou encore le quartier de Mitte ("du milieu"), qui est le cœur historique de la cité.
BREF ! Après quelques minutes de route parcouru entièrement à pieds, nous arrivons devant ce fameux monument.

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Non, pas le truc devant là, regarde derrière !
Oui, tu as raison : c'est la Brandenburger Tor, et plus précisément en français...

 

LA PORTE DE BRANDEBOURG

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A ne pas confondre avec Brandenbourg, dont Wikipedia nous parle très magnifiquement ici, en cliquant sur ce lien : BRANDENBOURG.
Elle doit son nom à d'anciens seigneurs de la ville. Elle fut construite de 1788 à 1791 dans le style néoclassique, en s'inspirant du Propylée de l'Acropole d'Athènes. Elle est la dernière porte encore debout de la quinzaine qui entouraient la ville jusqu'en 1860 environ. Ces portes servaient essentiellement à percevoir une taxe sur les marchandises qui entraient dans la ville.

Alors non, les funambules situés devant ne font partie de l'édifice-symbole de la ville.

Et puisque nous parlons de "stature", nous pouvons préférer porter notre attention sur cette statue qui orne la Porte de Brandebourg, appelée le Quadrige (char antique) qui n'est autre qu'une statue de Joahnn Gottfried Schadow, représentant la déesse de la victoire tirée par quatre chevaux.

 

quadrige Brandebourg

La statuaire symbole de Berlin était initialement orientée vers la ville en signe de Paix dont elle incarne le triomphe.
Après l'entrée de Napoléon à Berlin, l'Empereur français s'empara de la statue pour l'exposer à Paris. L'oeuvre reviendra en Allemagne après la chute du premier empire napoléonien. C'est après le retour de la sculpture à Berlin, en 1814, que Frédéric-Guillaume III y fit ajouter des éléments plus guerriers, dessinés par Schinkel : l'aigle et la croix de fer.

Le fait qu'Hitler fit tourner le Quadrige vers l'ouest, pour exprimer ses désirs de puissance et de conquête, est une légende toujours tenace.
Après la Seconde Guerre mondiale, le quadrige détruit fut refait tout d'abord en plâtre, mais sans la Croix de fer ni l'Aigle de Prusse, de manière à renouer avec ses intentions pacifiques originelles.
Il retrouva sa place lors de la réunification.

 

Brandenbourg et mur

Aujourd'hui symbole de la ville, elle fut pendant presque trois décennies le symbole de la division de la ville : le monument faisait partie intégrante du Mur de Berlin. C'est ici que fut posée la première brique de béton du Mur, le 13 août 1961.
À la partition de la ville, la porte de Brandebourg se situe dans la Zone Est. Avec la construction du mur de Berlin, celle-ci se retrouve au milieu du No Man's Land gardé par les soldats de RDA et ne peut donc plus être traversée ni à l'est ni à l'ouest.

La Porte de Brandenbourg fut également le premier lieu de chute du Mur de Berlin.


Quand nous voyons cette agitation, ces cons de mimes, ces balades proposées à cheval, en trottinette, en vélo trois roues, en segway, en pouss-pouss, ces musiciens divers et variés, ces multiples activités touristiques, ces mouvements incessants et vivants,... tu ne peux t'empêcher de constater UNE CHOSE :

Ben oui, hein, quand même ! La place faisant face à la Porte de Brandenbourg porte le doux nom de Pariser Platz ("Place de Paris") depuis l'entrée de Napoléon dans la ville le 27 octobre 1806. Aujourd'hui, une petite exposition dévoile quelques photos prises lorsque le régime nazi se réunissait ici pour parader dans ses suprêmes uniformes.

PARISER PLATZ

Brandebourg napoléon  Brandebourg nazis

Brandebourg kennedy  brandebourg reagan
Photos : Brandenburg gate


Heures sombres européennes et mondiales. Le 30 janvier 1933, le président du Reich, le maréchal Paul von Hindenburg, nomme Adolf Hitler chancelier du Reich le chef du Parti ouvrier allemand national-socialiste (NSDAP). Le soir, quelque 25 000 nazis en uniformes fêtent la prise du pouvoir (Machtergreifung) dans un impressionnant défilé aux flambeaux qui passe, au pas et au rythme de marches militaires, sous la Porte de Brandenbourg.
Plusieurs décennies plus tard, c'est ici que John Fitgerrald Kennedy, puis Ronald Reagan prononceront leurs discours. D'ailleurs un musée est dédié à l'homme qui fut président des États-Unis de 1961 à 1963. Organisé comme un album de famille, ce musée intime et non politique, met à l'honneur JFK, qui tient une place spécial dans les coeurs allemands depuis son discours de soutien en 1963, dont nous avons déjà parlé. En plus des photos, on trouve diverses reliques, dont la toque en astrakan de Jackie et un album de Superman désopilant où le président figure en vedette.
Aujourd'hui, la Pariser Platz est considérée comme « le site d'accueil » de Berlin et en même temps comme l'une des plus belles places de la capitale. Tout autour de la place, on construisit d'élégantes résidences, des ambassades et l'hôtel le plus réputé, l'hôtel Adlon.
Réplique presque identique à l'original de 1907, l'Adlon est l'hôtel le plus luxueux de Berlin.

Garbo-Greta-Grand-Hotel_06

C'est ici que fut tourné en 1932 le film Grand Hôtel d'Edmund Goulding,
avec Greta Garbo en ballerine désabusée.
Le film montre un lieu clos où se mêlent la séduction,
la négociation, l'amour, l'ambition, la recherche des plaisirs,
la fugacité, la rivalité, l'amitié et la mort.
Il est en cela le grand précurseur des films choral.

 

 

Désormais appelé Adlon Kempinski, l'hôtel est toujours le repaire favori des célébrités, des gouvernantes et des excentriques. 

 

michael-jackson-dangling

Michael Jackson brandissant son bébé à un balcon...
c'était ici aussi. 

En novembre 2002, du balcon de sa chambre,
au quatrième étage,

il présentait Prince Michael II dit Blanket, son fils,
à des photographes et à ses fans.

 

 

 


Et d'ailleurs, depuis, nous nous posons tous la question : "Mais qu'est devenu Blanket ?"
Eh bien, il a aujourd'hui 12 ans. Nous l'avons retrouvé dans une rue de Berlin. Il n'a pas changé comme le prouve cette photo.

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Nous avons échangé quelques mots avec lui, comme ça, tranquille, au milieu de la foule. On n'a pas trop compris ce qu'il disait et nous avons continué.

Nous quittons la Pariser Platz animée et mouvante pour rejoindre Wilhelmstraße, plus confinée et discrète. C'est un peu, si tu veux, l'équivalent du quai d'Orsay parisien ; sauf qu'il n'y a pas de berges. Et hop, nous tournons à droite pour nous retrouver dans la Behrenstraße, qui n'est pas très intéressante. Nous ne croisons que de hauts immeubles administratifs ou des banques ou des ambassades.

Quand, tout à coup, là, devant nos yeux, ceci :

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Ben oui. De prime abord, avec des yeux non-experts et une certaine ignorance du patrimoine de Berlin, on pourrait dire que c'est pas banal et pas trop utile, voire même que c'est complètement austère d'avoir foutu tous ces blocs de béton en plein milieu de la cité. Mais... j'entends déjà la population juive et les grands historiens entrer en révolte face à ces propos.
Nous faisons quelques pas et nous découvrons que nous sommes tout simplement face au mémorial de l'Holocauste, l'Holocaust-Mahnmal.
Et à ce moment précis, tu me dis, toi lectrice/teur...
TOI LECTRICE/TEUR : "- Ok, d'accord, mais je ne vois aucun touriste dans la photo ci-dessus.
Et je te réponds :
JENORME : "- Ah oui certes !"
Réparations.

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Bon allez, sérieusement, que nous présente ce Mémorial ?

 

LE MÉMORIAL DE L'HOLOCAUSTE

Mémorial holocauste vue du cielPhoto : Wikimapia

En 1995, le projet retenu à l'issue d'un premier concours ne fut finalement pas réalisé. Le mémorial avait à l'origine pour but de rendre leurs noms aux victimes de la Shoah et le projet de Christine Jacob-Marks - une immense dalle de béton de cent mètres sur cent mètres avec les noms gravés des millions de victimes identifiées par la fondation Yad Vashem à Jérusalem – avait été choisi. L’idée avait été rejetée par le chancelier Kohl car l’artiste souhaitait utiliser des blocs de pierre de Massada, la forteresse où les Hébreux se suicidèrent collectivement plutôt que de se rendre aux Romains.
En octobre 1997, un second projet est finalement retenu. En 1999, le Bundestag accepte la décision de consacrer un mémorial aux victimes de la Shoah. Une fondation vit le jour et devint maître d'ouvrage de la réalisation du mémorial. En août 2000, Avner Shalev remit la liste des noms des victimes de l'Holocauste aux initiateurs du projet du mémorial. Alors que le chantier était bien avancé, un scandale éclate en 2004. Le fournisseur du revêtement antigraffiti appliqué sur les stèles n'est autre que la société Degussa qui avait produit le Zyklon B, gaz utilisé dans les camps d'extermination nazis.
Finalement, après 17 ans de discussions, de préparations et de travaux, le mémorial aux Juifs assassinés d'Europe a enfin été inauguré le 10 mai 2005, soixante ans après la capitulation de l'Allemagne nazie.
Communément appelé Mémorial de l'Holocauste, c'est le plus important mémorial allemand dédié aux victimes du génocide perpétré par les nazis durant le IIIème Reich. Sa construction a débuté le 1er avril 2003 et s'est achevée le 15 décembre 2004.

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Sur une surface 19 073 m2, l'architecte new yorkais Peter Eisenmann a élevé 2711 stèles en béton aux allures de sarcophages qui sortent du sol ondulant dans un sombre silence. Celles-ci font 2,42 m de long, 0,95 m de large, et alternent des hauteurs de 0 m à 4,7 m de haut.
Nous pouvons pénétrer dans ce dédale labyrinthique à tout moment, de n'importe quel endroit et le parcourir comme nous le souhaitons.
Ces stèles sont censées produire une atmosphère de malaise, de confusion, de désorientation et de claustrophobie, représentant un système supposé ordonné qui a perdu le contact avec la raison humaine.

Sous ce terrain de stèles se trouve le centre d'informations levant le voile de l'anonymat sur les six millions de victimes de l'Holocauste. Une frise chronologique des persécutions des Juifs sous le IIIème Reich est suivie de plusieurs salles où sont relatés les destins d'individus et de familles. La salle des noms est sans doute la plus émouvante e la plus prenante. Dans l'obscurité, les noms ainsi que les dates de naissance et de morts des victimes juives sont projetés sur les quatre murs de la pièce pendant qu'une voix solennelle lit de brèves biographies. Il faudrait presque sept ans pour commémorer ainsi toutes les victimes connues.

 

Bon, eh, on va pas se mentir plus longtemps ! Il y a quand même autre chose qui intrigue à Berlin, un autre lieu où on n'aime pas faire savoir que l'on est allé, mais on ne peut s'empêcher de faire un détour pour aller voir quand même... C'est le Führerbunker, l'ancien bunker d'Adolf Hitler, là où l'ancien chancelier fachisto-nazi se serait donné la mort le 30 avril 1945 et qui se trouve à moins de 300 mètres du Mémorial de l'Holocauste.
Nous ne savons pas ce que nous allons trouver, ni comment se présente ce site ténébreux. Est-ce qu'il y aurait des restes de fondations ? Y'aurait-il un périmètre "sauvegardé ? Une marque de la présence de l'ancien dictateur, un peu comme devant sa maison natale à Braunau-sur-Inn, en Autriche, où je m'étais rendu quelques années auparavant ?

Branau sur InnPierre de l'ancien camps de Mauthausen posée devant la maison natale d'Adolf Hitler


Nous faisons quelques pas pour atteindre un quartier résidentiel. Pas d'agitation, le calme règne. Pas un signe à l'horizon, juste un pan du Mur tagué tout d'abord...

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Puis, un peu plus loin, un panneau explicatif.

 

 L'ANCIEN BUNKER D'HITLER

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Berlin brûlait et subissait le feu soviétique lorsqu'Hitler se suicida dans son bunker le 30 avril 1945 aux côtés d'Eva Braun, sa compagne.
Le site est désormais occupé par un parking. Aucun autre signe. La vie a repris son cours. Les habitants de ces immeubles franchissent une barrière pour venir se garer. Le quotidien. Un endroit rendu banal.
Il y avait ici, sous ce parking, tout un réseau de salles souterraines. Le Führerbunker était situé à environ 8,2 mètres sous le jardin de la Neue Reichskanzlei (nouvelle Chancellerie du Reich). Le complexe était protégé par une couche de béton d'environ quatre mètres d'épaisseur. Il comprenait environ trente petites pièces sur deux niveaux. Il possédait des sorties menant aux bâtiments principaux et une sortie d'urgence donnant sur le jardin. Les pièces occupées par Hitler se trouvaient dans la nouvelle section, plus profonde, et en février 1945 elles étaient garnies de meubles luxueux pillés ou récupérés à la Chancellerie, ainsi que de plusieurs œuvres d'art.

LES DERNIERS JOURS
Le 16 janvier 1945, Hitler emménage au Führerbunker. Il y est rejoint par les plus importants de ses officiers ou collaborateurs : d'abord Martin Bormann, puis Eva Braun, Joseph et Magda Goebbels avec leurs enfants, qui occupèrent le Vorbunker. Il y avait aussi du personnel auxiliaire, environ deux ou trois douzaines de personnes affectées au service médical ou administratif.

 

Fuhrerbunker plan

 

Cet effectif inclut les secrétaires de Hitler, dont Traudl Junge, ainsi qu'une infirmière, Erna Flegel, le chargé des communications téléphoniques, Rochus Misch, son aide de camp Otto Günsche ou bien aussi son officier d'ordonnance Heinz Linge. La chienne de Hitler, Blondi, y était également ; Hitler la promenait souvent dans le jardin de la Chancellerie jusqu'au début des bombardements soviétiques en mars 1945.

derniere-sortie Hitler

Le 20 avril, jour d'anniversaire de Hitler, celui-ci remonte pour la dernière fois à la surface pour distribuer des Croix de fer à quelques enfants soldats des Jeunesses hitlériennes. Le jour suivant, il donna des ordres qui montrent qu'il avait perdu toute compréhension de la réalité militaire.
À 4h00 du matin le 29 avril, le général Burgdorf, Goebbels, Von Below et Bormann assistent à la rédaction du dernier testament de Hitler et le signent en qualité de témoins. Hitler dicta le document à Traudl Junge peu après avoir épousé Eva Braun.
Dans l'après-midi du 30 avril, Adolf Hitler et Eva Braun se suicidèrent, le premier en se tirant une balle et la seconde en absorbant une capsule de cyanure. Conformément aux instructions laissées par Hitler, leurs corps furent incinérés dans le jardin de la Chancellerie. Aussi en accord avec le dernier testament de Hitler, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, devint le nouveau chef du gouvernement et Chancelier du Reich (Reichskanzler). À 3h15, Goebbels et Bormann envoyèrent un message radio à l'amiral Karl Dönitz pour l'informer de la mort du Führer, et le nommer, comme le voulait Hitler, nouveau « Président de l'Allemagne » (Reichspräsident).
Vers la fin de l'après-midi du 1er mai, Magda Goebbels tue leurs six enfants au cyanure. Magda et Joseph quittent le bunker vers 20h00 ; près de l'entrée de celui-ci, ils mordent tous les deux des capsules de cyanure et, soit se suicident par balle en même temps, soit reçoivent le coup de grâce par les soins du garde SS désigné pour incinérer leurs dépouilles.
Les SS français sont les « derniers défenseurs » du bunker, le Bataillon Charlemagne étant la seule unité encore présente jusqu'au 2 mai, afin d'empêcher les Soviétiques de le prendre pour la fête du 1er mai.

DETRUIRE LE BUNKER

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Les ruines des deux Chancelleries, l'ancienne et la nouvelle, furent démolies par les Soviétiques entre 1945 et 1949, mais le bunker lui-même resta plus ou moins intact, quoique certaines sections en soient inondées. En 1947, les Soviétiques tentèrent de faire sauter le bunker, mais cela ne fit qu'endommager les murs de séparation. En fait seules les parties apparentes des bunkers furent détruites (tours d'aération et sortie de secours vers le jardin). De nombreuses photos montrent les blocs basculés au sol. En 1959, le gouvernement de la République démocratique allemande essaya à nouveau de détruire l'édifice, apparemment sans beaucoup d'effet. Laissé en friche en raison de sa proximité avec le mur de Berlin, le site fut délaissé jusqu'à la réunification de l'Allemagne. La construction de résidences et d'autres bâtiments, entreprise en 1988-1989, fit redécouvrir plusieurs sections souterraines du vieux bunker par des ouvriers, en particulier l'ancien garage souterrain de la chancellerie, et la plupart furent détruites.

Depuis 1945, les autorités redoutent que le site ne devienne un lieu de pèlerinage néo-nazi. L'attitude généralement adoptée pour conjurer ce risque a été de s'assurer que les lieux soient aussi anonymes que possible. Toutefois, beaucoup de monde considère que cela revient tout simplement à « faire du passé table-rase » en ignorant le fait incontournable qu'il s'agit du bunker le plus célèbre de l'histoire.

En 1990, la mise à jour de quelques restes du bunker d'Hitler et, surtout, d'un abri attenant pour ses chauffeurs et gardes du corps doit tout au hasard: les services municipaux inspectaient le terrain vague avant un concert des Pink Floyd lorsqu'ils sont tombés sur ce repaire souterrain de 150 m2, divisé en huit petites pièces, décorées de fresques naïves presque parfaitement conservées. «Un témoignage unique de l'intérieur du pouvoir nazi, des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de la platitude de l'idéologie de ces SS, qu'on voulait l'élite de la nation et qui dessinaient sur les murs des scènes d'un orgueil et d'une mièvrerie d'adolescents tout juste pubères», insiste l'archéologue Kernd'l, montrant les photos de quelques-unes des fresques: athlètes à l'entraînement, torses gonflés sous le regard admiratif de jeunes filles blondes, Zeus lançant des éclairs en forme de runes sur des soldats en uniforme britannique, levant les bras pour se rendre, SS étendant leur bouclier protecteur sur une femme endormie nue... (Cf : Libération du 6 mai 1995)
Suite à cette découverte, le groupe vert (écologistes) demanda que les bunkers, toujours fermés au public cinq ans après leur redécouverte, soient classés monuments historiques et leurs peintures rendues visibles. Mais leur requête faisait craindre que les vestiges ressortis de terre ne deviennent un lieu de culte pour tous les nostalgiques du IIIe Reich.
En 2005, l'emplacement du bunker n'était pas du tout identifié : ses environs immédiats étaient occupés par un petit restaurant chinois et un centre commercial ; l'endroit où se trouvait la sortie d'urgence du bunker (qui menait autrefois au jardin de la Chancellerie) était occupé par un parking.
Le 8 juin 2006 un petit panneau y a été installé ; il représente un schéma du bunker situant son emplacement exact. Le panneau peut se voir au carrefour de In den Ministergärten et Gertrud-Kolmar-Strasse, deux petites rues situées à environ trois minutes de marche de Potsdamerplatz. Le téléphoniste Rochus Misch, un des derniers résidents du bunker encore en vie à l'époque, assista à la cérémonie d'inauguration de ce panneau.

fuhrerbunker chambre

Pourtant, à huit mètres sous le bitume, le refuge ultime du dictateur gît toujours. Tous les efforts pour détruire totalement la casemate ont été vains. L'Armée rouge l'a en partie dynamitée en décembre 1947. Quand le régime est-allemand a décidé, en 1988, d'y ériger des immeubles d'habitation à l'ombre du mur qui allait tomber un an plus tard, il n'a toujours pas réussi à réduire en poussière les plaques de béton armé de 2,5 mètres d'épaisseur.

 

LES PROJETS D'HITLER
Ce bunker enfouis sous Berlin a permis également de mettre à jour l'une des autres utopies du Führer. Hitler avait un autre rêve qui l’obnubilait, celui de construire une cité idéale, véritable démonstration de la puissance allemande. Cette cité devait s’appeler Germania.

Si la guerre a mis en pause le projet pharaonique de la nouvelle Berlin, les ingénieurs et ouvriers n’ont pas pour autant chômé. Berlin étant devenue la cible privilégiée des bombardements alliés, il a fallu créer en urgence un nombre incalculable de bunkers où la population de plus de 4 millions de personnes au début de la guerre, pourrait venir trouver refuge pendant les attaques. De nouveaux bâtiments militaires quasiment indestructibles ont également vu le jour, d’autres bâtiments publics ont eu leurs fondations et leurs enceintes réaménagées.
Le plus impressionnant est la tour de la D.C.A, défense anti aérienne, réputée à travers le monde pour avoir notamment permis d’abattre un nombre impressionnant d’avions alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi en raison de son immense construction sur 7 niveaux de profondeur qui la rendait quasiment indestructible.
Pendant la guerre, Hitler avait commandé trois de ces tours qui sont devenues les lieux les plus sûrs de tout Berlin. Ce furent d’ailleurs les derniers bâtiments militaires à avoir capitulé.

 

Dire que sous tous ces lieux que nous avons parcourus à pieds dans cette ville se cachent des milliers de kilomètres de galeries et de tunnels.
Berlin, premier plan, second plan.
Nous avons déjà pu voir les nombreux contrastes qui animent la capitale allemande dans les précédents billets. Après les Berlin Est et Ouest, petit et grand, nous découvrons à présent qu'il existe un Berlin de surface et un Berlin souterrain. Par contre, nous n'avons pas pu avoir accès à ces lieux, ni prendre de touristes en photo devant.

Nous quittons ce parking et la Gertrud-Kolmar-Strasse, presque génés d'avoir troublé de notre présence touristique le quotidien des habitants des immeubles. Le quartier est quadrillé avec des rues en angle droit, un peu comme le Bronx ou Varennes-Vauzelles.
Nous arrivons dans la rue baptisée An der Kolonnade au bout de laquelle se trouve un monument original.

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Maître Arnaud est déjà loin, fuyant l'apparente apparence de l'objet. De mon côté, je décide d'approcher de la "sculpture" au pied de laquelle se trouve un panneau explicatif, peut être.
c'est écrit en allemand. J'entrave que dalle, mais apparemment c'est un hommage à un résistant allemand nommé Georg Elser, né en 1903 et mort au camps de Dachau en 1945.
Un peu plus tard, par le biais de recherches internétiennes simples, voici ce que j'ai trouvé sur l'homme en question.

GEORG ELSER

Georg elser

UNE VIE SIMPLE
"Fils d’un agriculteur et négociant en bois, Georg Elser est menuisier dans différents établissements d'Allemagne, chargés à la fabrication de charpentes et de meubles. A partir de 1925, il travaille chez un horloger de Constance où il acquiert les connaissances spécifiques. A la même période, il devient membre du groupe folklorique Oberrheintaler de la ville, s’achète une cithare et devient membre du club de citharistes de Constance. Il est également membre de l’association des amis de la nature (Naturfreunde) et membre du groupe de choc Roter Frontkämpferbund du Parti communiste d'Allemagne (KPD).
Bien que d’une nature solitaire, il est très amical et apprécié. De 1929 à 1932, il travaille en Suisse comme menuisier avnat de revenir à Constance pour travailler dans l'entreprise familiale jusqu'en 1936 où il travaille comme ouvrier dans une fabrique d’armatures métalliques de Heidenheim. Son emploi lui fait découvrir les efforts de guerre des nazis.

L'ATTENTAT CONTRE HITLER
Convaincu qu’il faut agir avant qu’il ne soit trop tard, il décide de passer à l'acte après l’invasion de la Pologne, pour éviter « que plus de sang encore ne soit versé ». Il avait observé en 1938 que la Bürgerbräukeller, cette brasserie munichoise où Hitler commémore tous les 8 novembre son putsch manqué de 1923, n’est pas surveillée.

Préparation et mise en place
Un an avant l’événement, Elser décide de creuser un trou dans un pilier à côté du pupitre où Hitler prononce ses discours et d’y dissimuler une bombe. Pendant un mois, nuit après nuit, il prépare son attentat.
Ayant travaillé quatre ans dans une usine d’horlogerie, son savoir-faire lui est précieux pour fabriquer le mécanisme de mise à feu de l’explosif récupéré dans une carrière où il s’était fait embaucher. Au cours de l’été 1939, il déménage à Munich et y loue un petit atelier. Il se présente à ses voisins d’en-face comme inventeur et peut ainsi bricoler à son aise son mécanisme de mise à feu à retardement.
Au cours des semaines qui précèdent l’attentat, il va tous les soirs au Bürgerbräukeller prendre un « repas léger pour ouvrier » pour 60 pfennigs, attendant ensuite une occasion favorable pour se cacher dans un placard à balais. Il y reste parfois pendant des heures jusqu’à ce que la brasserie ferme. En trente nuits, il creuse la cache devant renfermer la minuterie, dissimulant les copeaux (ou éclats de pierre) dans un tapis enroulé.
Elser crée son mécanisme à partir de quatre ou cinq réveils et de deux pendules achetées à l’horloger. Il loue également les ateliers d’un serrurier, d’un mécanicien, d’un fabricant d’outils et d’un menuisier. Il expliquera que la difficulté à surmonter était la précision car il devait programmer l’explosion 140 heures à l’avance en n'utilisant qu’un mouvement d’horlogerie, constitué de douze pivots, trois leviers et trois roues dentées…
Pour l’installer il doit creuser une cavité dans une colonne. Il commence un peu plus d’un mois avant le 8 novembre et il lui faut trente-cinq nuits pour faire un trou assez grand (80 cm3) pour abriter sa bombe. Le 3 novembre, il place le mécanisme, le 4, il installe les explosifs et les détonateurs et enfin, la nuit du 5 au 6, il règle le mécanisme pour que la bombe explose le 8 novembre entre 21 h 15 et 21 h 30. Il ne revient au Bürgerbräukeller que dans la nuit du 7 au 8 pour voir si tout fonctionne bien.

Le soir de l'attentat
Le soir de l’attentat, la sécurité est assurée par la Ière division SS Leibstandarte Adolf Hitler sous le commandement du lieutenant colonel SS Christian Weber.
Le Führer fait son entrée dans la salle un peu avant 20 heures. Il monte à la tribune à 20 h 08 pour prendre la parole. Son discours se termine à 20 h 58, suivi du Horst-Wessel-Lied joué par l’orchestre. Hitler n’a parlé que 50 minutes soit 40 minutes de moins qu’à l’ordinaire. Il semble pressé, sombre et préoccupé. Il quitte la salle à 21 h 09 et se rend à la gare où son train pour Berlin part à 21 h 31. Au Bürgerbräukeller, la salle s’est vidée en quelques minutes, il ne reste plus que quelques membres du parti nazi, policiers et SS. Hitler voulait rentrer le plus vite possible à Berlin en raison des préparatifs de la guerre. Il avait auparavant évoqué l’idée de ne pas venir du tout à la fête organisée annuellement à Munich. Son pilote refusa de prendre la responsabilité d’un vol retour, en raison des conditions météo. Des wagons réservés pour lui et son état-major furent donc rajoutés à un train dont le trajet avait été soigneusement surveillé et protégé toute la journée. En raison de l’heure du départ du train, le Führer a donc raccourcis son discours de moitié environ, ce qui bouleversa le planning minutieux de Georg Elser.

Brasserie après explosion

L'explosion a lieu à 21 h 20 comme prévu et huit personnes (dont sept membres du parti nazi)
trouvent la mort dans l’attentat qui blesse également 63 personnes, dont 16 grièvement.

 

L'ENQUÊTE
Dans la nuit, vers 22 heures, l’adjoint de Himmler, Reinhard Heydrich, appelle le chef de la police criminelle Arthur Nebe, à Berlin, et lui ordonne de constituer une commission spéciale d’enquête. Les travaux dans le Bürgerbräukeller permettent de découvrir les restes d’une bombe artisanale dans une cavité creusée dans une colonne de la brasserie. Les explosifs sont ceux utilisés dans les mines et le mécanisme à retardement est celui d’une pendule. De plus, pour cacher la cavité dans la colonne, l'auteur du crime a utilisé des plaques de liège d’un modèle peu courant. Toutes ces informations facilitent les recherches et dans la journée du 9 novembre, tout est résolu.
La police interroge un horloger qui a vendu à un jeune Souabe deux pendules du type dont on s’est servi pour la bombe. Elle retrouve également le commerçant qui a vendu les plaques de liège. Finalement, elle découvre qu’un serrurier aurait prêté son atelier à un jeune homme souabe qui travaillait à une invention. La description faite par les trois hommes sur le jeune Souabe est identique. De plus, la police apprend qu’un jeune Souabe a été vu pendant de longues semaines au Bürgerbräukeller. Il a même été surpris dans les toilettes après la fermeture.
Müller reçoit un télégramme annonçant qu’on a capturé un certain Georg Elser, Souabe qui correspond à la description faite par les commerçants et qui semble être impliqué dans l’attentat, car il portait sur lui un insigne du Front rouge (ligue paracommuniste), un fragment de détonateur et une carte postale représentant le Bürgerbräukeller avec une colonne marquée d’une croix rouge. Il a été intercepté au poste de frontière de Loerrach, alors qu’il allait passer clandestinement en Suisse. Il est donc transféré à Munich pour être interrogé.

L'INTERROGATOIRE
Hitler est convaincu que le responsable de cet attentat manqué travaille pour une organisation secrète :
« Je voudrais savoir quel genre de personne est ce Elser. On doit bien pouvoir le classer quelque part. Faites-moi votre compte-rendu. Pour le reste, utilisez tous les moyens pour faire parler ce criminel. Faites-le hypnotiser, donnez-lui des drogues, employez tout ce que notre science actuelle a expérimenté dans cette direction. Je veux savoir qui sont les instigateurs, qui est là-derrière ».
Sous la torture des SS de Müller, dans la nuit du 12 au 13 novembre, il avoue tout. Il est le seul instigateur de l'attentat ; il s'est procuré des explosifs à son travail car il travaillait dans une armurerie à Heidenheim. Elser affirme à plusieurs reprises sous la pression des policiers qu'il a pris seul cette décision. On lui demande alors pourquoi il a commis cet attentat. Il répond avec simplicité qu'il a une aversion pour les dictateurs, surtout Hitler qui n'a pas tenu ses promesses envers la masse ouvrière et sur la hausse du pouvoir d'achat. Il n'accepte pas non plus que Hitler plonge le pays dans la guerre.
Les responsables nazis ont du mal à croire à cette version et restent persuadés que cet homme travaille pour les services secrets britanniques.

L'EMPRISONNEMENT
Georg Elser reste prisonnier à Berlin jusqu’en 1941. Après l’attaque de l’Allemagne contre l’URSS, il est transféré au camp d’internement d’Oranienburg avec des hommes politiques comme Édouard Herriot et Paul Reynaud. Paradoxalement, Elser est bien traité et on lui accorde ce qu’il demande, même à Dachau où il est transféré en 1944. Isolé tout de même des autres détenus sous le nom de « Eller », Georg Elser est surveillé jour et nuit par les SS qui l’abattent finalement le 9 avril 1945 « sur ordre supérieur ». Ernst Kaltenbrunner, chef du Sicherheitsdienst (SD) et de la Sicherheitspolizei (SIPO) ayant décrit à Hitler le 5 avril la situation désespérée de l'Allemagne, celui-ci a ordonné qu'on liquide le « prisonnier spécial » (ainsi que l'amiral Canaris). L'ordre, transmis le jour même au commandant de Dachau, Eduard Weiter, stipule qu'on déguise l'exécution en « accident mortel » survenu lors d'un bombardement.
La propagande nazie le présente comme un agent des services britanniques, alors même que la Gestapo et la SIPO ont bien vite acquis la certitude qu’il a agi en solitaire. Ceux qui disent déplorer son échec se retrouvent eux aussi devant les tribunaux spéciaux ou en camp de concentration. Sa famille, interrogée longuement, est relâchée à la condition de garder un silence absolu. Plusieurs personnes se sont interrogées sur les raisons qui ont retardé jusqu'à 1945 l'exécution d'Elser. La thèse la plus communément retenue est qu'il était gardé en réserve pour un grand procès qui aurait dû se tenir après la guerre, et qui aurait permis à Joseph Goebbels et Hitler de mettre en accusation les Britanniques.
Contrairement à d'autres figures souvent plus connues de la résistance allemande au nazisme, qui ont d'abord collaboré au régime avant de se décider à agir, cet ébéniste de profession rejette dès le départ l’hégémonie nazie, refusant par exemple de faire le salut hitlérien." WIKIPEDIA

 

Nous décidons de rejoindre l'auberge de jeunesse à pieds en passant par l'Île des musées, qui trouve l'origine de son nom au fait que cette parie de la ville située entre deux eaux, regroupent cinq grands musées. C'est également ici que Berlin naquit au XIIIème siècle.

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Aujourd'hui, c'est un peu une sorte de petite Venise, comme on dit par chez nous dès qu'il y a deux cours d'eau qui s'entrecroisent. Ici, en l'occurrence, la Spree se divise avec une partie fleuve et une partie canal.
La promenade est bucolique et change de ses grandes artères croisées auparavant. Des parcs côtoient les berges de canal auxquelles sont amarrés les bateaux de plaisance. Quelques terrasses bars exposent des tables au soleil, entre calme et verdure.

La nuit tombe peu à peu sur Berlin.
En même temps, il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre. Il n'allait pas faire jour pendant trois semaines non-stop non plus ! On n'est pas à Hammerfest en Norvège.

 

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Berlin le jour, c'est fait ! Mais Berlin la nuit, que se passe-t-il ?

 

 

Commentaires
H
... merci, bravo ! Félicitations & Encouragements*
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