MORAIRA, pourquoi pas ?! Calpe (Espagne)

Espagne, Mer Méditerranée, 24°C en octobre, eau translucide, villas et agrumes... Voici en quelques mots comment résumer l'ambiance à Moraira en cette fin de mois d'octobre 2014. Mais s'il n'y avait que ça à dire, je ne me décarcasserai pas à faire plusieurs billets sur cette région du moyen-Est ibérique espagnol.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Tout d'abord, avant de revenir à nos moutons, - parce que depuis le XVème siècle, il est très important de revenir à ses moutons-,  je voudrais te dire que j'ai longtemps hésité à utiliser dans le prologue de ce nouveau billet le verbe "Décarcasser". Eh oui, depuis quelques décennies déjà, quand ce mot apparaît dans un texte ou une discussion, nous, enfants des années 1980, nous pensons de suite à une publicité pour des herbes de Provence vantées par un gros moustachu. Ben oui, c'est comme ça, c'est la vie, y'a des trucs qui te font penser à des trucs et tu n'y peux rien, c'est ta vie, ton expérience, ton existence. Du coup, j'avais pensé utilisé l'expression "se casser la nénette", mais comme je trouvais cette seconde expression un peu "cucul la praline", j'ai choisi "décarcasser".
Pour continuer, et avant de reprendre notre sujet initial à base de moutons, je voudrais te dire que j'ai longtemps hésité à utiliser l'expression "Cucul la praline" qui peut faire penser à une chanson de Richard Gotainer ("poil_au_tableau", 1981). J'ai alors pensé à "Fleur bleue", mais je trouvais cette seconde expression un peu gnangnan, j'ai choisi "cucul la praline".

DONC : dans notre série "Moraira, pourquoi pas ?!" qui n'est pas sans nous faire penser à ces grandes sagas du style "Les oiseaux se cachent pour mourir", "Nord et Sud" ou encore "Star Wars". Tiens, j'ai d'ailleurs appris dernièrement, un peu par hasard, au coin d'une rue à Pau, que le mot saga provenait d'un genre littéraire, inventé par les Islandais aux XIIème et XIIIème siècles. Eh ouais, il n'y a pas que des îles, des fjords, des volcans, des geysers et un taux d'homicide le plus bas de l'OCDE, non ! En Islande, il y a eu aussi la naissance du mot saga. Qu'est-ce qu'on disait ?
AH OUI : dans notre série "Moraira, pourquoi pas ?!", aujourd'hui, nous allons prendre un peu d'altitude en nous rendant ici !

Non ! Ne t'attarde pas sur le premier plan qui expose une belle terrasse avec serviettes jetables dans la mer, cendrier mélaminé et chaises blanches des années 1980. Certes, l'ensemble donne une furieuse envie de se poser pour contempler l'immensité bleu turquoise de cette mer Méditerranée charmeuse qui nous tend ses bras volutés, comme pour nous dire "Allez, ne pense à rien, assieds-toi et prends une bière."
Non ! Regarde plutôt en fond-de-champ et perçois dès maintenant cette sorte de masse sombre qui semble flotter sur l'horizon...

Certains peuvent y voir le profil d'un visage féminin dont le menton se trouverait sous la flèche "ici". En même temps, le nez est trop fin pour que ce "profil de visage" soit comparable à celui de l'actrice Rossy de Palma. Mais pensons à... à... je sais pas... Jeanne Moreau ! Ou Juliette Binoche  ! Ou Catherine Deneuve ! Ou Isabelle Adjani ! Ou Virginie Efira... Ouais Ok on arrête !
BON BREF DONC !
Aujourd'hui : c'est escalade. Hein ? Oui, je sais : hier aussi, c'était escalade, mais pas pareil ! Et puis c'est pas parce qu'on est à la mer qu'on ne peut pas grimper une montagne, on un mont, ou un roc, ou un pic, ou un cap ! Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une péninsule !!!
Tiens, d'ailleurs en parlant de nez... de "montagne", arrêtons-nous un moment sur cette sage initiative purement française et qui ravira sans aucun doute montagnards et Landais.

FLASH INFO TOURISME

Face aux problèmes de surfréquentation,
la France décide de lancer “Mont Blanc 2” 

La plus haute montagne de France va avoir une sœur jumelle. Hier, dans l’après-midi, Sylvia Pinel, la ministre du Tourisme, a officiellement lancé le coup d’envoi du projet Mont Blanc 2. Une réplique en taille réelle du célèbre sommet situé dans le massif alpin. Ce projet, calqué sur celui de Lascaux 2, vise à faire face aux problèmes liés à l’exploitation touristique du site naturel. En effet, l’afflux croissant de randonneurs et autres skieurs au fil des années a considérablement ravagé ce trésor du patrimoine français.

Un projet contesté
«Ce chantier est de loin le plus ambitieux dans le domaine du tourisme depuis ces cinquante dernières années.» Sylvia Pinel était pleine de joie lorsqu’elle a annoncé la nouvelle ce matin. Puis, elle est très vite revenue sur les raisons du projet : «Le nombre de touristes qui affluent chaque année sur le mont Blanc détruit petit à petit ce bijou que la nature a offert à la France. Les randonneurs, par leurs piétinements incessants et les déchets de leurs pique-niques, asphyxient chaque jour un peu plus la faune et la flore qui y coexistent harmonieusement.»
La ministre enchaîne alors sur le cœur du projet Mont Blanc 2 : «À l’instar de Lascaux 2 et de ses reconstitutions de grottes préhistoriques, nous allons procéder à une copie exacte du mont Blanc. Ainsi, tous les touristes qui massacrent l’original depuis tant d’années pourront librement déchaîner leur folie touristique sur cette reconstitution. Pour ce faire, il nous fallait trouver un lieu suffisamment vaste pour accueillir Mont Blanc 2. Après une prospection et un appel d‘offre qui se sont déroulés sur deux ans, notre choix s’est arrêté sur la forêt des Landes et la région Aquitaine.»
Cette décision ne réjouit pas tout le monde. Pascal Cheylan est élu UMP de Haute-Savoie. Pour lui, ce projet rime avec catastrophe économique pour le département du mont Blanc historique : «Ouvrir Mont Blanc 2, c’est fermer le mont Blanc 1 ! Et ça, la ministre ne le mentionne jamais. On va perdre des dizaines de milliers d’emplois à cause de Mont Blanc 2. Alors, on parle des 600 salariés de Florange mais qui parle de tous les travailleurs de la région qui vont se retrouver sur le carreau ? Hein ?»
Les habitants des départements environnants se mettent également à signifier leur mécontentement. La famille Navier vit à Grenoble dans l’Isère, non loin du mont Blanc. Maryse, mère de famille, proteste : «Pour aller en voiture au vrai mont Blanc, d’habitude, on met moins de deux heures. Mais là, si on veut se rendre à Mont Blanc 2, on va mettre quatorze heures aller-retour. Autant vous dire que pour le week-end, c’est mort.»

Des Landais impatients
Si cette décision fait enrager les habitants des Alpes, elle apporte toutefois un souffle nouveau à ceux des Landes, qui verront bientôt s’élever dans leur contrée un nouveau mont Blanc landais. Paule habite près de Mont-de-Marsan où la montagne devrait être érigée. Elle raconte sa joie : «C’est une merveilleuse nouvelle. On aura enfin du relief dans le coin.» Un autre habitant y voit, lui, la perspective d’une reprise économique de la zone : «Ça va faire du bien à la région. J’imagine que ça va créer pas mal d’emplois pour la construction, sans parler de l’entretien. C’est tout bénef’ pour nous !»
Un bon présage pour les Landes et ses forêts puisque MB2, comme on l’appelle déjà, devrait être composé à 75 % de bois. Du bois issu des arbres abattus lors de la tempête Klaus en 2009 et qui avait mis la région à terre."
LE GORAFI

Une bien belle initiative en effet.
Pour revenir en Espagne, et plus précisément à Moraira, la montagne que nous avons décidé de gravir aujourd'hui n'est pas loin d'être le Mont Blanc espagnol ; non pas par la hauteur, mais plutôt pour la fréquentation. Et cette montagne se trouve à Calpe et porte le doux nom de Penyal d'Ifac, dont le sommet culmine à une hauteur vertigineuse de 332 mètres.

ALLEZ : ON SE MOTIVE !!!

Nous sommes mardi. Ou jeudi. Ou Vendredi. On s'en fout ! Comme tous les jours, le jour se lève sur El Portet.

Nous prenons un bon petit déjeuner bien copieux à base de seiches, de sardines, de tomates et de vin blanc.

Après cela, l'heure du départ pour Calpe se précise.
Mais il n'a pas fallu attendre longtemps pour assister à un premier abandon. Il s'agit de celui de Mélanie qui prétexte une envie incontrôlable de regarder toute la journée sa collection de Playmobils chinée la veille à Jalón (ou Xaló en valencien) et qu'elle a soigneusement déposé sur la table du salon.

Chacun son truc !
Les vacances, c'est fait pour ça aussi : faire ce qu'on veut. Certains veulent voyager, d'autres découvrir des trucs, d'autres lire, certains aller à la plage, ou encore faire du sport. Et puis d'autres, quand les vacances arrivent, n'ont qu'une envie : regarder des playmobils poser sur une table toute une journée. Chacun sa vie, sa passion, ses envies. Loin de moi l'idée de juger cela... M'enfin, eh, euh, quand même, non, hein... C'est pas normal, non ?

Je pars donc avec Fifou.
Vingt minutes et seize kilomètres plus tard, nous arrivons au pied de la Penyal d'Ifac.

PENYAL DEL IFAC

Lorsqu'on le voit de loin ou de profil ou de face ou du dessus, cette montagne - qui est plutôt un rocher-   est très impressionnante. Elle semble surgir de nulle part, à la limite de l'accessibilité. Grosse masse calcaire aux flancs escarpés se jetant dans la mer Méditerranée.
S'il y a bien quelque chose que j'aime étudier quand je me rends dans un lieu, c'est quelle légende plane autour du site à visiter. Pour le Penyal Del Ifac, j'en ai trouvé une après plus de 400 heures de recherches intensives dans les bibliothèques de Genève.

La voici :

"Il a la légende que vous Lejanas voyageur Atlas, fatigués d'une larga de rue, Llegaste une journée dans la baie de Calpe et decidiste quedarte le temps d'admirer la nature todas las cosas y ofrecían la culture du thé. Admiraste recogida sa géographie et protégé par la masse du rocher de Ifach. Conviviste conociste là et avec ses gens, qui sont d'une extrême Bondad, travailleurs de Duros et les pêcheurs et le sel de mer, mais noble et juste, malgré avoir été une attaque et sometidos continues asaltos des pirates barbaresques venidos de l'Afrique à la recherche de butin . Paseaste pour ses campos, avec sa variété de Frutos recueilli et qu'il ya Objet después de comercio y su puerto salé lejanos endroits pour marcher. Vous avez apprécié la qualité de Salinas sur la oro blanco il ya qu'ils prospèrent Poblacion y su tiempo en crezca.
Connectez-vous maintenant, voyageur, pour voir les secrets qui esconde le rocher de Ifach, sur les plantes et les animaux, et l'héritage de vues sur son histoire, une amende médiévale enterrée poco a poco pieds que resurgir ... Suivez l'histoire du monde, voyageur, que ceux qui, comme vous llegana ayudan ici et conserver ce lieu en tiempo "¡Buena rue!" OJU PELIGRU

Incroyable, non ?
Oui, moi aussi, j'ai rien compris car, apparemment, le traducteur Google ne fonctionne pas des masses pour ce site. Ou alors c'est Thamsanga Jantjie qui a traduit ce texte. Tu te souviens de Thamsanga Jantjie ? Mais si ! Le gars qui a traduit en langues des signes les discours des chefs d'Etat rendant hommage à Nelson Mandela lors de ses obsèques il y a un an...

SOUVENONS-NOUS !

BREF !
En résumé, le Penyal del Ifach est une énorme masse calcaire de près d'un kilomètre de long pour une hauteur de 332 mètres. Elle est séparée du continent par un isthme étroit et détritique. Géologiquement, cette masse calcaire trouverait ses origines il y a environ 30.000.000 ans ; ce qui ne nous rajeunit pas. La Cordillère Bétique, sur laquelle elle se trouve, a été soumise à un intense processus de compression et de détente, à la suite duquel le Rocher, énorme bloc de calcaire, s'est déplacé de la proximité de Sierra Bernie à plus de dix kilomètres de son emplacement actuel.
Nous avons beau la regarder dans tous les sens, nous ne voyons pas vraiment comment nous allons atteindre le sommet.

    

     

Après quelques assouplissements et de simples étirements, nous attaquons la pente. Et la grande interrogation qui se pose à nous là, maintenant, tout de suite et pas après est : "Mais qu'est-ce qu'on va trouver en haut ?"

Mon expérience de routard m'a amené à gravir des montagnes et des collines, et des buttes et des tas de sable. Chaque fois, la même émotion et le même suspense. Les entrailles et les muscles surbooster par une énergie venue d'ailleurs pour atteindre des sommets insoupçonnés d'où émergeaient finalement des vues, des positions, des choses incroyables, ou pas.

SOUVENONS-NOUS !

          

     

                   

       

              

   

               

           

     

       

On en a vu des trucs et des machins avec des bidules en guise de choses qui permettaient de se dire une fois le sommet atteint : "Ah ouais, ça valait l'coup d'en chier tiens ! T'as pensé au décapsuleur ?"

MAIS REVENONS À CALPE !

Cela ne faisait pas cinq minutes que nous marchions que, déjà, nous prenions une altitude certaine. Là, sous nos yeux pas si ébahis que ça parce que faut pas pousser non plus car y'a quand même du béton, de la tôle, du gasoil et des grosses tours vides en cette saison...
BREF : sous nos yeux pas si ébahis, une première vue un peu aérienne sur le port de Calp s'offre à nous. Enfin, quand je dis "à nous", je suis à présent tout seul car Fifou a déjà trois bornes d'avance. Il a foncé, casquette baissée, vers le sommet car la question "Mais que va-t-on trouver là-haut ?" le taraude plus que de regarder les paysages, urbains certes, mais changeants tout de même.

Que te dire sur la port de Calpe pour illustrer cette photo ?
Eh ben rien ! On peut préciser qu'ici, dans ce port de pêche, et plus précisément dans la halle située dans le même bâtiment que l'office du tourisme, ont lieu tous les jours des enchères. À cinq heures sans faute !!! Les poissons vendus proviennent directement des bateaux qui viennent d'amarrer au port. Cette vente aux enchères se fait à haute voix, mais depuis quelques années, tout est informatisé. C'est devenu moins attrayant pour les touristes mais beaucoup plus pratique pour les commerçants.

Voilà à quoi ressemblent
les étales de poissons dans la Halle de Calpe !

Ah ben oui ! C'est con de monter aussi haut pour parler de ce qu'il se passe en bas. Surtout que même plus tard, en redescendant, nous ne passerons pas en ces endroits, véritables paradis pour ceux qui veulent faire une cure de poissons.
C'est un premier paradoxe. Mais ne voilà-t-il pas qu'apparaît là, devant nous... devant moi, un premier contraste.

Sur le sentier conduisant au sommet,
nous croisons je croise des fouilles archéologiques.

           

Il semble que sur cette partie occidentale du rocher une population ibérique entre les IVème et IIIème siècles avant J.-C. se soit établie. À l'époque romaine, les habitants sont descendus sur l'isthme reliant le rocher au continent. Des restes de céramiques et des pièces de monnaie ont été retrouvées ici et permettent d'affirmer que les versants du rocher ont été habités pendant le Moyen Âge.
La photo ci-dessus nous montre les vestiges de l'église de Notre-Dame des Anges, de 30x10 mètres, construit en 1320 par la comtesse de Terre-Neuve, la fille de l'amiral Roger de Lauria, fondateur de la ville.
Par la suite, ces populations ont quitté le rocher pour rejoindre une terre plus ferme afin de se préserver et se défendre des attaques des nombreux contrebandiers et des pirates qui patrouillaient les mers qui l’entouraient.

                 

Autre contraste, c'est également à partir de cet endroit que nous nous rendons compte que nous évoluons dans un parc naturel préservé. Là, au milieu de ces immeubles et de tout ce béton, ce rocher calcaire, émergeant de l'eau pour atteindre une hauteur de 332 mètres, héberge de nombreux exemples rares de la flore locale, 300 espèces différentes d'animaux, et un site de nidification de nombreuses colonies d'oiseaux de mer. Avec ses 45 hectares, le parc naturel del Peñón de Ifach est l'un des plus petits en Europe. Cependant, ses caractéristiques bioclimatiques, la nature de ses sols basiques, sa situation et son orientation confèrent une grande singularité à sa faune et sa flore.

Continuons à prendre de l'altitude
afin de contempler l'isthme
séparant le Penyal d'Ifac de la ville de Calpe...

               

C'est peut être là la dernière vue urbaine que j'ai. En effet, là, à quelques mètres, un trou obscur creusé dans la roche affirme sa présence incontournable.

Un dernier selfie que j'envoie sur Facebook-Twitter-Machin-chose pour montrer que j'étais là à telle heure, tel jour, telle année...

Et je me lance !

A ce moment précis, je ne sais absolument pas ce qui m'attend à la sortie de ces 50 mètres de galerie souterraine datant de 1918. Cela ressemble à une sorte de Near Dark Experience. Non, c'est vrai : quand tu regardes les magazines ou les sites internet qui font un reportage sur ce sujet, ils prennent toujours ce genre d'image pour illustrer leurs propos. Peut être d'ailleurs que les photographes viennent tous ici lorsqu'un article sur ce sujet parait dans leurs magazines.

Oui, j'ai peur !
Le sol est roche. Une roche devenue glissante et tranchante de part les nombreux passages répétés des touristes ; 100 000 par an ! Roche nue. Difficile de trouver des appuis stables et rassurants. Une corde accrochée aux paroies peut éventuellement servir de soutient pour progresser dans cette obscurité.

Il faut à tout prix que je fasse un selfiequi sera peut être le dernier pour montrer-prouvercertifier au monde entier via Facebook-Twitter-Myspace-Netline-machin-bordel que j'étais là à telle heure, tel jour, tel mois, telle année !
C'est très important !

J'entends également des voix. Des voix croisées, avec des silhouettes passantes. Je ne comprends rien de ce qu'elles disent. Sont-ce des sirènes de tunnel ? Non. En fait, je suis en train de croiser un bus entier de jeunes Allemandes, là, dans cet endroit reculé et glissant. Elles doivent être une trentaine. Je te jure. Ça piaille, ça crie, ça parle fort, ça rigole, ça s'émeut, ça rigole, ça crie, ça galope, ça s'agite !

C'est à ce moment précis que je pense à la chanson de
Soviet Suprêm, "Eastern Western"...

Cinquante mètres plus tard, sortie de tunnel : je retrouve la lumière du jour.
A ma grande surprise, je découvre des peintures rupestres datant, peut être, de plusieurs millions d'années avant Jésus-Christ.

Je ne sais pas quel animal cela peut représenter. Un chien ? Un lézard ? Une taupe vue du ciel ? La bête du Gévaudan ? Un Carcajou géant ? Un smilodon ? Un dragon de Komodo ?
En tout cas, lorsque ce dessin a été effectué, le feu ne devait pas encore exister puisqu'il a été réalisé en dehors de la grotte-tunnel. Eh oui, sans feu, l'homme préhistorique ne pouvait pas voir ce qu'il dessinait ; d'où le fait de réaliser cette oeuvre au dehors.
La question se pose alors : à quel moment l'homme a-t-il su domestiquer le feu ?

SOUVENONS-NOUS !

Réalisée par l'Homo erectus, la domestication du feu est attestée à partir d’environ -350 000 ans, notamment dans les sites de Menez Dregan à Plouhinec en Bretagne, de Bilzingsleben en Allemagne ou de Vértesszőlős en Hongrie et plus récemment de Terra Amata près de Nice. Une équipe israélienne fait remonter les plus anciennes traces de la domestication du feu à -790 000 ans sur le site du Gesher Benot Ya'aqov au bord du Jourdain. Une équipe américaine fait remonter ces traces à un million d'années (ossements calcinés et cendres de végétaux dans la grotte de Wonderwerk (en)) mais l'étude ne permet pas de savoir si Homo erectus allumait lui-même un feu ou savait le conserver à partir d'incendies naturels (foudre, volcanisme).

A droite du tunnel, la falaise tombe dans la mer, laissant apparaître un panorama allant des immeubles bordant la grande plage de Calpe au Cap d'Or.

Le sentier est à présent orienté plein Sud-Est, c'est à dire face à la mer ; et ne compte pas sur moi pour laisser ici un extrait de la chanson de Calogéro et Passy. Le sentier assez large avant le tunnel s'est considérablement rétréci et progresse dans une flore méditerranéenne composée de nombreux arbustes, de lavande, de mastic, de troènes, de palmier, et autres cytises ou genévriers.

arbustes abondantes lavande, mastic, le troène, le rock, le palmier, cytise ou genévrier. - See more at: http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=ca&u=http://www.auntirdepedra.com/2010/12/el-penyal-difac.html&usg=ALkJrhhoY3lz40h2_tW-4vSoAT5VgyJyKw#sthash.2pFy7k4c.dpuf

arbustes abondantes lavande, mastic, le troène, le rock, le palmier, cytise ou genévrier. - See more at: http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=ca&u=http://www.auntirdepedra.com/2010/12/el-penyal-difac.html&usg=ALkJrhhoY3lz40h2_tW-4vSoAT5VgyJyKw#sthash.2pFy7k4c.dpuf

arbustes abondantes lavande, mastic, le troène, le rock, le palmier, cytise ou genévrier. - See more at: http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=ca&u=http://www.auntirdepedra.com/2010/12/el-penyal-difac.html&usg=ALkJrhhoY3lz40h2_tW-4vSoAT5VgyJyKw#sthash.2pFy7k4c.dpuf
J'évolue à flanc de falaise et plusieurs panneaux prévienne le touriste imprudent que le danger est réel.

La roche est glissante et coupante, policée par les nombreux passages de marcheurs. Le sentier doit faire à peine 20 cm de large. C'est assez vertigineux et pour les plus inquiets une corde de soutient est accroché à la paroi afin de faciliter l'évolution vers le sommet.
Cette configuration me rappelle un documentaire que j'avais vu sur le Mont Huashan, situé non loin de la ville de Xi’an, en Chine.

MONT HUASHAN

Photo : Chinevoyage

Cette randonnée dite de l'extrême, l'une des plus dangereuse du monde, s'étend sur 12 km et propose un dénivelé de 1000 mètres.
Chaque année de nombreuses chutes mortelles se produisent ce qui a poussé les autorités chinoises à réduire l'accès à ce site très périlleux.
Pour atteindre le sommet de cette montagne sacrée situé à 2200 mètres d'altitude, il faut tout d'abord gravir des escaliers en bois installés à flanc de montagne, puis gravir d'autres escaliers taillés dans la roche et que l'on appelle Heavenly Stairs (les marches du paradis).

Photo : Positivr

Puis, le reste du périple se déroule sur une ou deux planches clouées de manière très aléatoire. Il faut parfois même te contenter d'une chaîne et évoluer sur une corniche qui ne fait même pas la taille de ton pied.

Parmi les plus grosses difficultés de la randonnée, signalons le Pont Courbé du Faucon, un passage durant lequel tu ne peux t'attacher à aucun élément.
Le moindre déséquilibre et c'est la chute dans le vide qui se trouve des deux côtés de la passerelle de fortune.

La randonnée est considérée comme sacrée en Chine. Les Chinois espèrent trouver l'immortalité en atteignant le temple Taoïste situé au sommet de la montagne. Enfin... un temple... Oui, un temple, mais reconverti en salon de thé !

Voilà !

D'autres panneaux rappellent que nous sommes dans un site préservé, et ce depuis 1987.

       

47 hectares qui en font le plus petit parc naturel d'Europe.
La flore et la faune présentes ici sont caractéristiques des endroits rocheux, unique en Espagne et seulement comparable à Gibraltar.
Il existe ici quelque quatre-vingt espèces différentes d'oiseaux parmi lesquels des nicheurs, des migrateurs et des errants. A souligner la présence du faucon d'Eléonore, du cormoran huppé et d'étourneaux. Les oiseaux les plus présents sont le martinet pâle, le goéland leucophée et la crécelle.
Les rapaces et les nombreux goélands font leurs nids dans les creux de la face méridionale ensoleillée tandis que les cormorans et les mouettes font les leurs au pied du rocher.
Pour le moment, je ne vois qu'une seule espèce d'oiseau. Pire : je ne vois qu'un oiseau et il semble me suivre en me regardant méchamment.

Je fais comme si de rien n'était et je continue d'évoluer sur le sentier qui propose des vues typiquement méditerranéennes.

Plutôt que de rejoindre directement le sommet, et éventuellement Fifou, je décide de ne pas suivre les pancartes et de continuer tout droit en direction de la pointe Sud de la montagne, plus communément nommée Mirador des Carabiniers.
Cet autre chemin s'aventure au milieu de quelques pins éparses à travers lesquels Calpe se distingue encore pendant quelques minutes.

Et soudain, alors que je progressais
en savourant le silence de cette nature préservée
loin de toute présence humaine,
ceci...

Une nuée de mouettes ont pris leur envol à mon approche. Je pense être non loin de l'endroit où elles nichent et pondent. Apparemment, j'ai troublé leur quiétude en m'aventurant dans ce lieu éloigné des passages touristiques. Quelques mètres plus loin, le sentier s'arrête net.

Je suis à la pointe sud du Peñón de Ifach.

          

Vue panoramique et infinie sur cette sorte de baie de Calpe, sur les plages d'Altea, le Morro de Toix et le parc naturel Serra Gelada i seu Entorn Litoral.

Oui Ok, c'est pas faux : on voit surtout les immeubles de Benidorm, mais avec un peu d'imagination et de connaissances, nous pouvons facilement dépasser cette vision pour regarder à côté. Non ? Bon, tant pis.
C'est calme ici, à ce Mirador dels Carrabiners. Pas un cris, pas un bruit, pas une ou un Espagnol(e) qui parle en gueulant. C'est vrai ça : même en plein effort, en pleine ascension, ils ne peuvent pas s'empêcher de parler en gueulant. Parait-il que cela provient du tempérament ibérique, légèrement excentrique et exubérant.
Ici, en tout cas, pas d'Espagnols ! Rien que la mer et les oiseaux... Ou plutôt un oiseau ! Encore ! Le même !!! Il est là, derrière moi. Il m'observe !!!

Il me suit, j'en suis sûr !!!! Il a des yeux de tueur !!! Un bec ensanglanté !!! Son manque de bras ne fait qu'hatiser ma peur ! S'il en avait, je suis sûr qu'il se serait déjà jeté sur moi pour m'étrangler !!!!

Bon, allez, c'est pas l'tout de se foutre les boules, il faudrait quand même que je rejoigne Fifou (qui est peut être déjà redescendu au camion) et le sommet de cette magnifique montagne. Je fais demi-tour, repasse devant les supposés nids de mouettes et goélands qui, du coup, regueulent un peu.

Pause arbre magnifique !

Je prends à gauche pour attaquer la dernière montée. Abrupte, en contact direct avec la roche. Il faut y aller avec les mains et pousser fort avec les jambes pour pouvoir évoluer. C'est de l'escalade, quoi. Je passe à proximité des oiseaux qui ne bougent pas et me regardent d'un air dédaigneux, voire hautain.
Quelques minutes plus tard, j'atteins le sommet. Fifou est là, assis face au Cap d'Or.

Sans doute doit-il méditer à cette phrase de Reinhold Messner, alpiniste de son état :

"Moi j'aurais vaincu une montagne ?
En réalité, tout là haut nous sommes infiniment petits."

A moins que Fifou ne cherche à découvrir, en leur tournant le dos, la signification de tous ces tags sur le rocher.
Toujours est-il que  -, oui, aaaaaah, cruauté de la vie et en même temps pourquoi ne pas être cruelle ?-  c'est vrai que nous ne sommes pas grands. "Ooooh non !", comme aimait si bien le dire Jean Gabin de sa ferme normande à Moulins-la-Marche.
Et cela même si nous sommes au-dessus de tous ces immeubles, vides en cette saison, rappelons-le, mais qui ont hébergé tant d'âmes, tant de familles, tant de rires, tant de joie, tant d'histoires, tant...

              

À chaque fenêtre, une histoire.
Contes modernes.
(ouais, j'donne des titres à des photos comme ça, des fois, pour frimer et me la péter)

Un petit tour du propriétaire pour admirer le panorama sur les côtes.

                              Plage deu Levant et Cap d'Or

Plage de Puerto Blanco et Morro de Toix                         

Et... et... et : putain : encore elle !!!!

Non bon, qu'il y ait des mouettes ou des goélands, c'est normal. Par contre, chose plus étrange et sur laquelle nous restons dubitatifs : que font ces chats au sommet de cette montagne de 332 mètres sur laquelle il n'y a ni eau, ni nourriture ?

           

Ici, pas de salon de thé, pas de bar à Mojito, mais des chats ! Voici la réponse à notre question initiale : "Qu'allons-nous trouver au sommet ?"
Ces chats profitent du panorama, de la présence des touristes venus pique-niquer et laissant quelques restes de nourriture. Mais comment font-ils pour boire ? Et comment sont-ils parvenus jusqu'ici ? Se reproduisent-ils entre eux ? Et en hiver, est-ce qu'ils redescendent dans la vallée ? Questions sans réponses.

Un dernier regard sur la plage de Calpe...

...et nous redescendons.

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous nous promènerons dans la ville de Moraira afin de justifier le titre de cette saga touristique espagnole.