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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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28 décembre 2019

HÉRISSON (03)

T'es là, tranquille, en train de surfer sur le net et PAF ! Un titre : Hérisson.
Alors, de suite, on s'affole, on s'interroge. Mais qu'est-ce que c'est que ce titre ? Qu'est-ce qui lui prend à Jénorme de faire des titres aussi courts ? Faut-il voir par l'emploi de ce mot-titre une volonté de réduire au maximum une discussion, un propos ou un texte ? Et à quoi peut bien alors se rapporter ce mot Hérisson ? Qu'est-ce que Jénorme cherche à nous dire par ce condensé de phrases, d'idées et de mot en un seul ? Pourquoi ne pas avoir utiliser un autre mot, comme poule ou deltaplane ? Le hérisson est-il l'animal de l'année 2020 ? A-t-on découvert des facultés incroyables chez ce petit mammifère insectivore ? Saura-t-il guérir tous les maux dont souffrent l'humain et la Terre ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Eh ben non ! Rien à voir !
Comme tu peux le voir, à côté de Hérisson, j'ai ajouté un chiffre entre parenthèse : 03. Et si tu connais bien tes départements, tu sauras que le 03 correspond au département de l'Allier, bien blotti dans le centre de la France entre la Creuse, le Cher, la Nièvre, la Saone-et-Loire, la Loire et le Puy-de-Dôme. On y retrouve des villes comme Moulins, Lapalisse, Ganat, Commentry, Avermes, Noyant d'Allier, Saint-Yorre ou encore Vichy. D'ailleurs, cela m'a toujours interpellé que Vichy, ville anciennement collaborationniste, se trouve dans l'Allier.... Tu comprends ? Collabo, nazi, Allier, Seconde Guerre Mondiale,... Hein, hein, hein... Bon.
Si j'ai choisi le mot "Hérisson" pour titre, c'est pour parler de ce petit village du Bourbonnais, situé entre Reugny, Bizeneuille, Tortezais et Le Brethon, dans l'Allier. Pour plus de précisions, revenons sur l'itinéraire que j'ai suivi la semaine dernière afin de rallier Bayonne à Nevers.
C'était la première fois que je faisais ce trajet, dans ce sens, avec ma nouvelle voiture. J'ai donc tenu à inaugurer le GPS fourni avec.

Là, par exemple,
je suis en train de traverser le département des Landes.
Les Landes, sur la route, insta (40)

J'ai demandé au GPS de calculer l'itinéraire le plus court. Pas le plus rapide, le plus court.

Et voilà !
Itinéraire rapide

Trois itinéraires dévoilés, mais pas un qui me plaît. Je décide donc de composer mon propre périple.

Et voilà !
Itinéraire Bayonne Nevers

Et regarde bien : c'est effectivement l'itinéraire le plus court avec 665 kilomètres. Par contre, niveau temps, c'est le plus long avec plus de 8h35 de trajet !
C'est parti quand même !

BAYONNE → BORDEAUX → ANGOULÊME → CHASSENEUIL-SUR-BONNIEURE...
Et oh, sur la droite, en suivant la D951, un panneau indiquant un lieu rigolo.

Jénorme est Chez Dieu (16)

Étrange, non ? Pourquoi un tel nom ? Est-ce que Dieu habite réellement ici ? Et si ce n'est pas le cas, pourquoi avoir donné ce nom à ce lieu-dit ? Y'a-t-il quelqu'un qui s'appelle Dieu dans l'une des quelques maisons qui composent cet endroit ? Et finalement, est-ce le paradis d'habiter chez Dieu ?
Je tourne un peu dans les parages, je ne vois aucun habitant. Et en même temps, à quoi pourrait bien ressembler Dieu si je le croisais ? c'est vrai : autant Jésus, on a de multiples représentations. Marie, Joseph, tout ça aussi ! Mais Dieu ?!
Cela me rappelle cette histoire.
Dans une classe primaire, l'instituteur demande à ses élèves de dessiner qui ils veulent. Après quelques minutes, l'instituteur va voir la petite Typhanie. Il prend son dessin, le regarde et lui demande :
L'INSTITUTEUR : "- Mais qui as-tu dessiné Typhanie ?
TYPHANIE : "- C'est Dieu !
L'INSTITUTEUR : "- Mais tu sais, personne n'a jamais vu Dieu. On ne sait pas à quoi il ressemble...
TYPHANIE : "- Eh bien maintenant, on saura !"

D'après quelques informations glanées ici et là, le hameau "Chez Dieu" est peuplé par 70 personnes. Je ne sais pas comment on appelle le gentilé ici. Toutes revendiquent habiter chez Dieu. Cependant, ici, pas une église, pas une chapelle, pas un calvaire, pas une croix. Chez Dieu, serait-on athée ? En tout cas, pas d'explication quant au nom de ce lieu-dit.
Je reprends ma route. Le GPS m'indique la direction de Lussac. En chemin, je croise d'autres panneaux indiquant "Chez Michaud", "Chez Pelade", "Chez Gadeau", "Chez Gervais", "Chez Chadiat", "Chez Robinet",...

LUSSAC → SAINT-CLAUD → CONFOLENS → BELLAC...

La route suivie est la Nationale 145. Plusieurs monuments commémoratifs se trouvent sur cet itinéraire pour que le passant se souvienne qu'en différents endroits, ici, le 8 juillet 1944, eurent lieu plusieurs exécutions.

Magnac-Laval, mémorial (87)"(...) Le 7 juillet 1944, deux miliciens du 2e bureau arrêtèrent deux femmes de gendarmes à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne), Mme Parisot (née Didelot) et madame Yvonne Martin (née Mourlon), dont les maris étaient passés avec toute leur brigade à la Résistance. Les miliciens les emmenèrent avec Paul Hory, arrêté à La Jonchère le 5 juillet, à Magnac-Laval où d’autres otages furent raflés par les Allemands et les miliciens arrivés en force le 8 à 14h, arrestations opérées sur les informations transmises par des agents français de la Sipo-SD. À 18h, les 21 prisonniers – des juifs, des personnes soupçonnées d’être des résistants ou de les aider - furent emmenés en camion sous la garde des miliciens.
Alors que les otages devaient être conduits à Limoges, 16 otages - 18 selon Xavier Laroudie (op. cit.) - furent abattus en cours de route sur l’ordre du chef milicien Jean Chardenot, ivre. Selon Laroudie, celui-ci fit stopper un camion à la Croix-du-Curé et ordonna d’abattre 3 hommes, puis, deux kilomètres plus loin eut lieu une nouvelle exécution de 12 hommes et de 3 femmes abattues par Chardenot lui-même selon Laroudie. (...)" LE MAITRON

 

BELLAC → LA SOUTERRAINE → GUERET → MONTLUÇON...

Ah Montluçon ! À partir de là, l'itinéraire se complique un peu. Trois itinéraires possibles. Je choisis le plus long et le moins rapide pour rejoindre Nevers ; soit 106 kilomètres pour 1h38 de trajet.

Itinéraire Bayonne Nevers

C'est de la petite route comme on aime avec des villes et des villages à traverser. Et notamment, celui-ci, au nom qui interpelle l'attention...

Itinéraire Bayonne Nevers a


MONTLUÇON → SAINT-VICTOR → ESTIVAREILLES → HÉRISSON

Hérisson. Eh oui ! Comme ce petit animal que l'on retrouve écrasé sur les routes... Ah non, un peu de poésie. Comme ce petit mammifères insectivores disposant de poils agglomérés, durs, hérissés et piquants qui se met en boule dès qu'il sent un danger.
Hérisson, oui. À ne pas confondre avec la rivière jurassienne aux multiples cascades, où je m'étais rendu il y a... ohlalalalala, au moins !

Cascades du Hérisson, le chaudron (39)          Cascades du Hérisson, le grand saut (39)

Cascades du Hérisson, l'éventail (39)            Cascades du Hérisson, petites cascades (39)

Non, là, c'est le hérisson du Bourbonnais. J'aime bien ce mot "Bourbonnais", ça me fait penser à Bourbon. Ouais.... voilà... C'est bien...

Avant l'entrée dans le village, la Départementale 3 nous invite à prendre un peu de hauteur pour contempler le beau panorama sur l'ensemble de la commune.

Comme ceci :
Hérisson, panorama (03)

Une vue des plus avenantes avec ces imposantes ruines dominant les toits des habitations.
Rapprochons-nous et entrons dans Hérisson.

 

HÉRISSON
Hérisson, château, entrée

Oui alors, bon, ce n'est pas la meilleur photo à choisir pour présenter ce charmant village du Bourbonnais.
Recommençons avec une autre vue.

HÉRISSON
Hérisson, ruines et Aumance (03)

Oui OK d'accord, on voit l'Aumance, la rivière qui traverse le village. Mais il y a encore la dominance de ces ruines.
Recommençons !

HÉRISSON
Hérisson, château, vue sur le village (03)

Il y a peut être un peu trop de toits là... Bon, allez, hein ?!

Ce qui a provoqué ma halte dans le village, ce ne sont pas les ruines, ni le nom, mais la vitrine d'un commerce situé sur le bord de la route principale, au sud.

Hérisson, commerce tabacs (03)

Je gare la voiture juste en face et je descends pour voir ceci d'un peu plus près. J'aime bien la typographie des lettres "Tabacs journaux" sur une planche en bois quelque peu défraîchie par le temps et la météo changeants. Et puis, il y a ce fil électrique qui pend entre la prise et le panneau rouge Tabac ; juste au-dessus d'un sapin de Noël isolé.

Hérisson, commerce tabacs

Nous sommes dimanche et je ne parviens pas à savoir si ce commerce est ouvert les autres jours. Sur la vitrine, quelques publicités et le menu de la Saint Sylvestre sont affichés. Foie gras mi-cuit, filet de sandre sauce omandine, trou normand, magret de canard à la Bourbonnaise et sa garniture de légumes, salade et ses deux fromages, assiette norvégienne, café, soupe à l'oignon. Voilà ! 50 euros sans le pinard !
Juste à côté du tabacs-journaux, une autre vitrine de commerce apparaît discrètement dans la petite rue perpendiculaire.

Hérisson, commerce buvetteMalheureusement, ce commerce est fermé définitivement.
J'aime bien le mot "Buvette" ; cela appelle d'autres mots comme comptoir, convivialité, petit restaurant, petit bar, convivialité, rencontres, comptoir,... ah non merde, je l'ai déjà dit.
Qu'est-ce que l'on pouvait y servir comme spécialités bourbonnaises ?
Le pâté de pommes de terre, la pompe aux grattons, le piquenchâgne (gâteau aux poires, aux coings ou aux pommes macérée dans un mélange de sucre, de crème et d'alcool, dont les fruits sont piqués droits dans la pâte comme on « pique un chêne en terre », d'où son nom), la Gouère bourbonnaise, le poulet bourbonnais à la moutarde de Charroux, sauté de porc à la Duchambais, gaufre de blé noir, célestine de fraises aux pastilles de Vichy, nems de poulet bourbonnais,...

 
Hérisson, ancienne boucherie (03)Juste en face de cette buvette fermée,
les traces d'une ancienne boucherie reconvertie en sèche-linge de sèche-linge...

 

 

 

 

 

Celle-ci jouxte la porte de Gateuil juste au-dessus de laquelle on peut remarquer une ancienne publicité du Petit Journal, quotidien parisien républicain et conservateur qui parut de 1863 à 1944.

Hérisson, porte de Gateuil (03)              Hérisson, porte de Gateuil, pub (03)

J'emprunte la rue Gateuil, parallèle à l'Aumance. Celle-ci passe également sous les ruines imposantes, peut être d'un ancien château. Pour l'instant, je ne sais pas à quoi elles se rapportent.

Hérisson, rue Gateuil (03)             Hérisson, ruines vues depuis la rue Gateuil (03)

Tout est calme. Peu de monde dans les rues. Hérisson interpelle, Hérisson interroge, Hérisson capte l'attention. Je décide donc de passer un peu plus de temps dans ce village aux multiples curiosités, peut être.
Je vais me garer vers le centre-ville où trône un bâtiment aux noms colorés. Une enseigne est venue se poser sur une publicité peinte sur mur pour Le centre Républicain (ancien journal régional qui parut de 1930 à 1936). Le "Hérisson Social Club"... qu'est-ce donc que cela ?

Hérisson, rue Gambetta, façade pub et social club (03)

Hérisson, Hérisson social club               Hérisson, Hérisson social club, menu (03)

Un nom qui interpelle. Est-ce un hommage au groupe cubain Buena Vista Social Club ou au documentaire de Win Wenders sur le même groupe ? Ou simplement le nom d'un local à dimension sociale ?
"Depuis 2014, Le Hérisson Social Club a été conçu comme un lieu de rencontres, de convivialité ouvert aux habitants de Hérisson et de ses environs. A partir du café, de nombreuses activités culturelles sont organisées : concerts, théâtre, cinéma, expositions, ateliers… Ces événements se déroulent au café mais aussi « hors les murs » dans des lieux divers – des fermes, des salles des fêtes, des lieux artistiques avoisinants.
Le Social Club est aussi un lieu où s’expérimente un mode d’organisation collectif. Ce sont les bénévoles qui sont à l’initiative des actions mises en place et qui prennent en charge l’organisation. Une trentaine de personnes assure ainsi à tour de rôle les activités du bar, mais aussi les travaux, l’aménagement, l’administration…
L’idée est que ce café soit un lieu où les énergies se croisent et où les projets, à Hérisson et sur le territoire, se rencontrent."
HÉRISSON SOCIAL CLUB

Comme l'indique l'ardoise-programme à côté de l'entrée, le 21 décembre, c'était huitres à gogo !

Hérisson, rue Gambetta, social club et musée (03)Juste à côté de ce bar aux multiples activités, il y a un petit musée discret. Celui-ci expose des objets traditionnels de la vie domestique, agricole et artisanale aux XVIIIème et XIXème siècles. On y retrouve également quelques tableaux de la collection "École de l'Aumance" et une collection d'archéologie locale, de la préhistoire au Moyen Âge, notamment le résultat de fouilles de l'antique oppidum de Cordes ruiné par les Goths.
C'est également de ce petit musée que partent trois petites randonnées à la découverte d'Hérisson.

Juste à côté du musée, l'un des monuments incontournables du village : l'église Saint-Sauveur.

Hérisson, église Saint-Sauveur (03)Bon, il ne reste plus que le clocher-porche, datant du XIIème siècle. Au-dessous, les ouvertures, en particulier le portail, ont été remaniées. Du côté est, subsiste l'arc brisé qui donnait sur la nef. Les murs en grès rose prennent une couleur différente suivant les heures de la journée.
Les chanoines ont du quitté l'édifice en 1651 en raison de son mauvais état.

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est maintenant temps de se plonger dans l'Histoire du village. Si, si. Et cela grâce à un panneau touristique exposant les grandes lignes de l'évolution historique d'Hérisson.

 

VINGT SIÈCLES D'HISTOIRE
"Vous êtes dans l'un des hauts lieux du Bourbonnais, qui fut habité dès la préhistoire, avant même la période gallo-romaine où Cordes (Chateloy) devint l'un des principaux oppidums de notre région.
Après les invasions barbares qui détruisirent cette citadelle du Vème siècle, les habitants se réfugièrent dans une boucle de l'Aumance, sur un éperon rocheux, où ils se retranchèrent avant d'édifier un premier donjon au IXème siècle. La forteresse était alors ceinturée d'une épaisse muraille flanquée de 22 tours.
Au Moyen-Âge, Hérisson a pour rôle de défendre la frontière avec l'Aquitaine.

Les chanoines de l'église Saint-Sauveur, qui exerçaient leur juridiction sur 48 paroisses, passèrent au XIIIème siècle sous l'autorité des Sires de Bourbons qui érigèrent à leur tour un imposant château fort pour défendre la face ouest de leur domaine.
Régnant alors sur 33 communes et jouissant de franchise, de libertés communales importantes, Hérisson connut un réel essor et une prospérité certaine.
La Guerre de Cent-Ans, puis celle du Bien Public, au cours de laquelle Louis XI s'empara en 1465 de notre cité, et enfin les guerres de religion, au XVIème siècle, troublèrent profondément la prospérité de notre ville.
Les Frondeurs du Prince de Condé occupèrent cette place au XVIIème siècle, avant que les troupes royales ne la reprennent. Le cardinal de Mazarin ordonna alors le démantèlement du château, qui fournit une partie importante des matériaux des demeures bourgeoises édifiées à cette époque. La forteresse était devenue une carrière.
Au XVIIIème siècle, une nouvelle période de prospérité, interrompue seulement quelque temps par la révolution, s'installa dans cette vallée. Hérisson abandonna alors son titre de chatellenie en échange de celui de chef-lieu de canton et retrouva sa place de marché agricole, de lieu de négoces et de centre administratif.
La révolution industrielle d'après-guerre et l'éloignement des voies de communication bouleversèrent le rôle de notre cité qui, cependant, grâce à son riche patrimoine et à son caractère enchanteur, devint un centre touristique attrayant."


Mais ce panneau historico-touristique ne nous parle de l'origine du nom du village : Hérisson.
Rien à voir avec le petit mammifère. Hérisson vient du vieux français Ericani Castella qui veut dire... j'en sais rien. Quant aux noms des quelques 630 habitants du village, on les appelle les... les... les... les Hérissonnais et les Hérissonnaises. Tout simplement.
Un autre fait marquant quant au rayonnement, cette fois artistique, du village intervient en 1869.
Le peintre Henri-Joseph Harpignies, peintre reconnu et apprécié par la bourgeoisie, s'égare dans la forêt de Tronçais lors d'une chasse à courre. Cherchant son chemin, il se retrouve par hasard à Hérisson et découvre, subjugué, le spectacle des hautes tours dominant le vieux bourg.
L'année suivante, il plante son chevalet dans le village le temps d'un long séjour. Durant neuf années consécutives, il revient avec ses amis de l'École de Barbizon qui, souvent logés chez l'habitant, animent joyeusement les lieux.

Hérisson, peintre          harpignies chateau herisson
Ruines du château de Hérisson, Harpignies

"Harpignies se consacra à la peinture assez tard, après avoir été voyageur de commerce, et connut un succès indéniable.
Ce paysagiste exerça son talent à travers toutes les régions de France, avec une prédilection particulière pour la Nièvre, l'Allier et l'Yonne, dépeignant aussi bien la forêt, la ville et les rivières que la mer. Très attiré par les travaux des peintres de Barbizon et plus particulièrement par Corot, il resta toujours fidèle à sa propre interprétation de la nature. Harpignies est à l'origine d'un regroupement de peintres dans le village pittoresque de Hérisson, parfois qualifié d' "école de l'Aumance"." CULTURE ALLIER


Promenons-nous dans Hérisson.
J'aime ces petits villages labyrinthiques aux multiples rues, ruelles et passages, qui fourmillent de petits détails.

Les routes...
Hérisson, rue Gambetta, façade pub et social club (03)

...deviennent des rues...
Hérisson, maison aux volets verts (03)

...qui deviennent des passages...
Hérisson, rue Saint Jean (03)

...de plus en plus étroits parfois...
Hérisson, passage étroit (03)

...avant de devenir chemin.
Hérisson, passage (03)
             Hérisson, passage


Des chemins, des passages, des ruelles, des rues, des routes au détour desquelles on tombe nez à nez avec des commerces aux devantures d'un autre temps ou des "sculptures" improvisées.

Hérisson, ancienne façade de café (03)

Hérisson, commerce boulangerie (03)             Hérisson, commerce la petite bouquinerie (03)

Hérisson, dans la rue (03)            Hérisson, dans la rue

Hérisson, passage, encadrement (03)

Hérisson, panneau commerces (03)            Hérisson, restaurant auberge le Médiéval (03)

Parfois, on tombe sur des vitrines étranges...
Hérisson, place de la République, vitrine (03)

Mais aussi sur quelques façades colorées...
Hérisson, façade colorée

En face de l'auberge-restaurant-bar Le Médiéval, le magasin de la distillerie de Monsieur Balthazar propose du "Hedgehog", un straight whisky bourbonnais ainsi qu'un ensemble de liqueurs élaborées à partir du distillat de whisky Hedgehog et obtenues par macération aux épices, aux baies et aux fruits.
Au bout de la rue d'Enfer, on découvre l'une des dernières portes du village encore debout. Celle-ci est ornementée d'une petite statue.

Hérisson, porte de l'enfer (03)               Hérisson, porte de l'enfer, détail (03)

Après avoir franchi la porte de l'Enfer, je me retrouve rue Marcellin Simonnet qui, en remontant vers le Nord-Est, passe devant l'église Notre-Dame et son escalier en fer à cheval.

Hérisson, église Notre Dame (03)

Après la démolition de la collégiale Saint-Sauveur et l'abandon de l'ancienne église Notre-Dame, le conseil décide de construire une nouvelle église. Les travaux commencent en 1854 pour s'achever en 1869. De style néogothique, c'est surtout son intérieur qui m'a interpellé.
Le mobilier liturgique et les vitraux installés en 1996 amènent de la couleur et des formes dans un espace blanc.

Hérisson, église Notre Dame, vitrail (03)  Hérisson, église Notre Dame, vitrail et gisant (03)  Hérisson, église Notre Dame, vitrail
Hérisson, église Notre Dame, vitrail
       Hérisson, église Notre Dame, vitrail

Avec, quand même,
une petite interrogation pour ce verset :
Hérisson, église Notre Dame, vitrail

Hérisson, église Notre Dame, autel (03)         Hérisson, église Notre Dame, autel

Je sors de l'église pour me rendre au monument le plus visible du village : les ruines du château (ou de la forteresse).

Hérisson, église Notre Dame, vue sur les ruines (03)

Hérisson, château, entrée, panneau (03)Un panneau sur le bord de la route indique que l'on peut entrer sur le site et se promener dans les ruines. Celles-ci semblent avoir été restaurées il y a peu. Un panneau explicatif avec les plans du château dans son ensemble retrace l'histoire du village et du monument.
Entrons.

Hérisson, château, entrée (03)

Attention : ne pas confondre le château avec la Xantia garée devant.


LE CHÂTEAU

DSCN5488

"Avant le château actuel existait au Xème et XIème siècles un donjon qui était le fief des Comtes de Champagne. On en retrouve les fondations dans la partie sud de la cour-haute.
Le château, qui se présente devant vous, a été érigé au XIIème siècle par Archambaud II de Bourbon, qui a construit les deux enceintes (cour basse et cour haute) et le petit donjon.
Le Duc Louis II a considérablement amélioré la forteresse à la fin du XIVème et au début du XVème siècles, érigeant le grand donjon (les deux tiers de ce dernier se sont  écoulés en 1890), et renforçant les courtines et les défenses de l'entrée.

Hérisson, château (03)              Hérisson, château, tour de la chapelle, petit donjon, tour de la Chapelle (03)

Hérisson, château, tour Saint Martin (03)Le château a fait l'objet de plusieurs sièges :
- vers 1363, par les Anglais (Guerre de Cent-ans)
- en 1465, par Louis XI (Guerre du Bien Public)
Puis, après l'annexion du Bourbonnais par la Couronne de France (1527) :
- en 1568, par les protestants (échec)
- en 1650 par les Frondeurs qui échouent, mais réussissent en 1651
Enfin, la même année, reprise par les troupes royales.
La forteresse fut alors démantelée par ordre de Mazarin, et servit de carrière aux habitants de la région jusqu'à la fin du XIXème siècle.

Pour bien découvrir les ruines d'Hérisson, il est nécessaire de savoir que, si ces bâtiments ont servi épisodiquement de résidence aux Bourbons, ils furent essentiellement une forteresse, élément très important de la ceinture de protection du duché, tourné surtout contre les Anglais qui occupaient le Poitou et la Marche (notre Creuse actuelle), pendant la Guerre de Cent-Ans.
La reconstitution présentée ici est basée sur l'étude approfondie des parties subsistantes et sur deux textes précis datant l'un de 1569, l'autre de 1651.

Hérisson, château, allée couverte, meurtrière (03)             Hérisson, château, allée couverte (03)

Hérisson, château, donjon (03)
Allée couverte et meurtrière

Lors du siège de 1651, La Gazette de France écrit ces quelques mots sur la forteresse :
"Le château d'Hérisson situé sur un roc vif dominant la rivière d'Oeil (ancien nom de l'Aumance) est composé d'un grand et d'un petit donjons de pierre de taille à l'antique, en pointes de diamant dont les murs font plus de 3,5 mètres d'épaisseur.

Ces donjons sont unis par un escalier de communication de 200 marches, et couverts de terrasse et plateformes. Ils commandent à toutes les éminences et montagnes voisines.
Au devant de ces donjons, il y a une enceinte de même structure flanquée par cinq grosses tours, entre les deux plus grandes desquelles est l'entrée de cette enceinte couronnée de mâchicoulis et très bien flanquée.
Pour arriver à cette entrée, il faut passer sous une voûte d'une vingtaine de mètres de long, percée sur les flancs, ayant au-dessus une terrasse de même longueur pareillement percée et flanquée.
Au bout de la voûte est le pont-levis, avec son fossé de six mètres de profondeur, couvert par un boulevard de pierres de taille (disparu).
L'entrée est encore défendue par une tour à pointes de diamant qui, avec un vieux mur et des terrasses, forment la première enceinte."

J'arrive au "sommet" du château. Les ruines y sont impressionnantes. Les tours et donjons dominent la place.

Hérisson, château, grand donjon (03)

Hérisson, château, tour jumelle (03)

 Hérisson, château, ruines, insta (03)

 De là, nous avons également une belle vue sur les toits du village, serrés les uns contre les autres.

Hérisson, château, vue sur les toits (03)         Hérisson, château, vue sur les toits

Hérisson, château, vue sur les toits

Je regagne la voiture après cette charmante errance.
Je passe devant un panneau intrigant,
indiquant la direction d'un monument prénommé la Maison Mousse.

Hérisson, maison Mousse, panneau (03)
Alors, comme son nom ne l'indique pas, il ne s'agit pas d'une maison toute en mousse, ou encore de la maison de Mickey Mouse.
Non, la maison Mousse est un hôtel particulier de la fin du XIVème siècle ayant appartenu aux ducs de Bourbons, inscrit aux Monuments historiques depuis 1995. Elle doit son nom au fait que l'immeuble fut donné, en 1353 par le Duc Louis II à la famille Mousse, en échange d’un autre nuisant à la défense du château.
Aujourd'hui, c'est devenu un gite qui, parfois, organise des expositions.

 

Je retrouve ma voiture garée en face du clocher-porche de l'église Saint-Sauveur. Je reprends la route en direction de Nevers ; toujours en suivant l'itinéraire proposé par le GPS. Petit problème : il ne parvient pas à me faire sortir du village et me faire tourner en rond de la rue de Fougières de Nicolaï à la rue Gambetta. Je sors de ce cercle infernal par la D3 en direction de Saint Caprais.
La forêt de Tronçais est à quelques kilomètres de cette route. Elle fut la propriété des Ducs de Bourbon jusqu'en 1528, date à laquelle elle devient la propriété du roi de France, elle fut aménagée par Colbert en 1670 pour assurer la production du bois destiné aux charpentiers de la marine royale. Ses 10 594 hectares de forêt domaniale compose la plus belle futaie de chênes d'Europe, abritant une faune et une flore diversifiée ; ainsi que cinq étangs, 40 sources, des fontaines et une multitude de légendes. La plus connue est celle de la fontaine de Viljot.
"La légende de la fontaine de Viljot raconte que les jeunes filles venaient consulter l'eau de la source pour découvrir si elles seraient bientôt mariées. Elles laissaient tomber une épingle, qui, si elle se piquait droite au fond, annonçait que la jeune fille avait « piqué un cœur » et trouverait un époux dans l'année." LÉGENDE EN PAYS TRONÇAIS

Quelques kilomètres plus loin, un panneau indique que j'entre dans le village de...

Jénorme est à Le Vilhain (03)

...avec une petite pensée pour le film d'Albert Dupontel.

Et comment s'appellent les habitants du Vilhain ? Eh bien ce n'est pas communiqué sur le site de la mairie du village.
Je poursuis ma route en direction de Cérilly, capitale du pays tronçais et connue pour sa célèbre vente de coupe de bois qui attire ici tous les ans de nombreux ébénistes français et étrangers. C'est également la ville natale de l'écrivain Charles-Louis Philippe, auteur de Marie Donadieu, Bubu de Montparnasse ou Le Père Perdrix. Sa maison natale est aujourd'hui devenue un musée à sa mémoire.
On continue. Un peu plus loin, je traverse le village de Couleuvre. "Où Couleuvre tombera, Pays sera. Porcelaine naîtra. Art vivra." C'est une des étapes de la route de la porcelaine. L'histoire de la manufacture de porcelaine commence en 1788 au château de Levis, propriété du marquis de Sinety.Ce dernier fit ouvrir une manufacture de porcelaine dans le château même. Les ateliers seront transférés à Couleuvre en 1850 suite au fait que le nouveau propriétaire du château désirait l'habiter.
La qualité du kaolin extrait sur la commune et la'rt des porcelainiers lui ont assuré une renommée mondiale. Un musée installé dans une maison du XIVème siècle lui est consacré. La manufacture, elle, a fermé ses portes en 1997.

Tiens, ben justement, puisque nous parlions du château de Lévis, le v'là ! Imposant, il en jette avec ses murs blancs. Mais... il semble quelque peu abandonné. Je me rapproche.

CHÂTEAU DE LEVIS
Lurcy-Lévis, Château de Lévis

Il est interdit d'entrer. Cette belle et grande bâtisse avec grand jardin semble être laissée à l'abandon. Quelques fenêtres sont ouvertes, des vitres cassées, quelques ronces ici et là.

Lurcy-Lévis, Château de Lévis                Lurcy-Lévis, Château de Lévis

Construit dans les débuts du règne de Louis XIV, il rappelle l'architecture du château de Fontainebleau. Il doit son nom à l'un des ses propriétaires, Charles Eugène de Lévis, qui l'acquit en 1723.
Même s'il est inscrit à l'Inventaire des monuments historiques depuis 1945, il est effectivement abandonné depuis une dizaine d'années. Vandalisé, il est actuellement en grand péril. Une campagne a été lancée en 2018 pour obtenir son classement comme Monument historique.

Je quitte le parvis du château pour reprendre la route. D3, puis D978A en direction de Lurcy-Levis. Mais un peu avant la ville, je vois un panneau sur la droite indiquant une direction originale : "Street art city". Qu'est-ce que c'est ? Je tourne pour suivre la direction indiquée. Quelques mètres plus tard...

STREET ART CITY
Street art City, panneau (03)

C'est rigolo. Ici, en pleine campagne bourbonnaise, un lieu unique dédié au Street Art. Malheureusement, à cette époque de l'année, le complexe est fermé.
Cela ne nous empêche pas de nous demander pourquoi un tel complexe existe ici, en plein milieu rural. Ce sont Gilles et Sylvie Iniesta qui sont à l'origine de ce projet génial.
"Ils ont revendu leur société de marketing direct, fondée en Espagne à la fin des années 90. Ils sont arrivés à Lurcy-Lévis après avoir acheté et réhabilité, le château de Béguin, depuis revendu à un groupe hôtelier. La propriété comprenait le centre des PTT auquel ils cherchaient à "redonner une âme"." MON BOURBONNAIS

Lurcy-Lévis, Street art city, entréeStreet art City, c'est une résidence d’artistes dédiée au street art, unique au monde. Elle permet aux visiteurs une découverte visuelle inattendue au cours d'une promenade artistique en immersion totale.
Depuis 2016, avec une ouverture au public en avril 2017, plus de 200 artistes sont venus du monde entier pour déposer leur art sur les 22 500 m2 de murs, autrefois propriétés d'un centre de formation des PTT.
Street Art City, c'est 13 bâtiments, 9600 litres de peintures et 46 000 bombes.
Street Art City, c'est 93 fresques extérieures auxquelles s'ajoutent des espaces intérieurs d'exposition. L'Hotel 128 est, par exemple, un grand bâtiment de quatre étages, 14 mètres de haut, 11 mètres de large. Il abrite 128 chambres des oeuvres-cellules.
Plus d'infos sur le site : STREET ART CITY.

Bon ben, vu que le lieu ne réouvrira ses portes que le 28 mars 2020, je vais rester derrière les barrières et observer ce que je peux voir.

Lurcy-Lévis, Street art city, derrière le mur

Lurcy-Lévis, Street art city, derrière le mur        Lurcy-Lévis, Street art city, entrée, derrière les grilles (03)

Lurcy-Lévis, Street art city, parc          Lurcy-Lévis, Street art city, parc

Lurcy-Lévis, Street art city, parc

Je repars. Pour traverser la ville de Lurcy-Lévis. Le grand boulevard Gambetta est impressionnant avec ces arbres dénudés un peu glauques qui semblent plonger leurs branches devenues griffes sur la route.

LURCY-LEVIS
Lurcy-Lévis, boulevard Gambetta (03)

Appelée Lurcy-la-Sauvage cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795) de par sa situation géographique au milieu des bois et marécages, Lurcu-Lévis est connue pour ses rues typiques, son ancienne salle de dégrisement appelée le violon, l'église romane, la machine à sabot Baudin, son circuit automobile et son vélodrome (l'un des plus vieux de France). Voilà.
On continue.

LURCY-LEVIS →  NUERE LA VEURDRE...

Ah, ils ont décoré pour les fêtes à la Veurdre...

Le Veurdre, déco de Noël (03)           Le Veurdre, déco de Noël

Et puis...
LE VEURDRE LIVRY SAINT-PIERRE-LE-MOUTIER MAGNY-COURS NEVERS.


Voilà.

 

 

Commentaires
L
je suis impressionné par la densité de tes billets, moi qui fais, en général bien plus court. Et sinon, je les connais ces fameuses cascades
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