CONFINEMENT VOTRE, billet 1 (64)

J'étais bien décidé d'arrêter de parler du coronacovid-19virus, mais quand soudain, ne voilà-t-il pas...

A y est : on est confinés !
Afin de réduire à néant le nombre de nouvelles victimes de ce terrible virus planant au-dessus de nos têtes et dans nos poumons, le confinement général a été décrété...
Enfin, général, non, pas tout à fait.
Les gens peuvent continuer à aller bosser s'ils ont une attestation de leur employeur à partir du moment où ce travail n'est pas en rapport avec un commerce non-essentiel. Les services médicaux sont réquisitionnés et indispensables à la survie de notre espèce. Les militaires-policiers-gendarmes doivent sortir eux-aussi pour contrôler les attestations de mouvement. Les journalistes peuvent sortir pour nous dire qu'il n'y a personne dans les rues. Les conductrices/teurs de transports en commun eux aussi autorisés à travailler. Le personnel des magasins alimentaires et les transporteurs routiers restent opérant afin que l'on puisse s'approvisionner pour bouffer, même si certains ont déjà fait un stock de pâtes suffisant pour survivre pendant plus de 6 mois dans leur cuisine à condition qu'on ne leur coupe pas l'eau pour in-sociabilité et égoïsme primaire. Mon voisin peut également tondre la pelouse pendant des heures sans être inquiété et tailler ses arbres ensuite...
BON BREF : en ce qui me concerne, je suis confiné et je ne peux sortir qu'avec cette attestation de déplacement dérogatoire proposant les seuls mouvements possibles en dehors de chez soi :

Extrait de :Topito

Ah non, merde, ça, c'est celle qui court en Russie. Voilà ce qu'il te faut pour pouvoir sortir de chez toi en France, et ce jusqu'au 7 avril 2020 minimum.

Comme tu peux le voir, seuls les animaux et animaux de compagnie peuvent sortir sans autorisation.
Et je peux te dire que certains ne se gênent pas !

Tout d'abord, ce petit pingouin qui profite de la fermeture au public d'un aquarium pour, enfin, le visiter.

Source : Huffingtonpost

On remarque également que depuis le confinement italien, les eaux de Venise redeviennent claires et les poissons refont leur apparition dans les canaux.

Source : Sciencepost

Et puis, en Thaïlande, des singes ont décidé de prendre le pouvoir d'une ville, voyant que celle-ci était désertée par les humains.

Source : Métro

 Ce n'est plus "L'armée des 12 singes", mais "L'armée des 12 000 singes".

"Nous sommes en l'an 2035. Les quelques milliers d'habitants qui restent sur notre planète sont contraints de vivre sous terre. La surface du globe est devenue inhabitable à la suite d'un virus ayant décimé 99% de la population. Les survivants mettent tous leurs espoirs dans un voyage à travers le temps pour découvrir les causes de la catastrophe et la prévenir. C'est James Cole, hanté depuis des années par une image incompréhensible, qui est désigné pour cette mission."

En clair, depuis le confinement dans certains pays et sur certains continents, la nature et les animaux sauvages revivent. Donc l'humain est de trop. Et l'humain se fait chier !
Mais oui : finis les achats de meubles inutiles dans les magasins spécialisés, finis de tester les parfums hors de prix dans les salons bourgeois,
Mais aussi fermés les cinoches, les bars, les restos. Reportés les matchs de foot, rugby, tennis et autres compétitions sportives.
Aller en Espagne acheter des clops, de l'essence et du Ricard moins chers, c'est fini aussi ! Les frontières sont fermés, tu n'a rien à foutre à l'étranger ! Tu ne peux pas non plus te rendre à des obsèques ; d'ailleurs, tu n'as pas vraiment le droit de mourir puisque personne ne peut assurer ta crémation. Belote, tarot, rifles, loto, bal, country, bière-pong sind verboten ! Même les promenades et randonnées dans les montagnes et sur les plages sont interdites !

Argh !
           

Nous n'en sommes qu'au second jour de confinement et, déjà, je tourne en rond.
Je me souviens de ces dernières sorties dans les villes et sur les plages du sud-ouest. C'était il y a une éternité il me semble... Ouais, bon, y'a une semaine... Il ne faisait pas très beau, mais n'en pouvant plus de rester enfermer pour raisons météorologiques, j'avais tout de même décidé de sortir... en restant dans la bagnole. Les paysages défilaient aux sons des musiques aléatoires de ma playlist Spotify. C'était le bon temps.

Ce jour là,  -le dernier jour avant confinement- , j'avais prévu un itinéraire aléatoire. Hein ? Mais si possible de prévoir un itinéraire aléatoire ?! Mais si. Il faut juste se reposer un peu sur le hasard.
Dans un premier temps, je me suis donc laissé porter sur la côte basque, et plus précisément sur la corniche séparant Socoa d'Hendaye.
C'était marée basse avec fort coèf ; ce qui permettait d'observer au mieux les impressionnantes strates marquées des falaises.

LES FALAISES DE SOCOA

Ici, la Côte Basque prend l'aspect de falaises sauvages travaillées par les déferlantes de l'océan devenu Mer Cantabrique, de l'embouchure de l'Adour jusqu'à l'Estaca de Bares, en Galice.
Dominant les vagues de près de 80 mètres de haut, les falaises de Socoa, au nord de la célèbre Corniche basque, constituent un belvédère magistral et une incroyable leçon de géologie. Elles mettent fin à des centaines de kilomètres de plages de sable plate et régulières au nord. Véritables murailles déchiquetées en feuilletés de roches aux plissements énigmatiques, la roche plonge en oblique dans les eaux turquoises. Ces strates se sont formées au tertiaire, alors qu'elles constituaient le socle sous-marin d'une mer chaude et peu profonde. Des couches successives de sédiments calcaires (blancs) et argileux (gris) se sont empilés à la manière d'un millefeuilles avant d'être projetée au quaternaire, alors que les Pyrénées connaissaient un ultime mouvement de surrection.

              

Si l'orientation en oblique des strates participe à la force du paysage, elle confère également sa fragilité au site. L'eau s'infiltre et creuse aisément les parties tendres de la roche, fragilisant progressivement le socle même de la falaise. Ces plis étonnants des roches est une illustration parfaite des mouvements tectoniques. À voir les angles pris par les différentes couches géologiques, on devine sans mal les contraintes que le sous-sol a subi au cours de la formation des Pyrénées. La formation de ce massif et de celui de la Corniche Basque résulte de la collision de la plaque Ibérie et de la plaque Eurasie, ou pour simplifier de l'Espagne et de la France, il y a environ 65 millions d'années, 3 jours, deux heure et 56 minutes. (D'après les Éditions Atlas)
Peu à peu, l'océan grignote ce paysage, mais il te reste encore quelques décennies pour aller l'admirer en parcourant l'une des belles routes de France, la Départementale 912, reliant Saint-Jean-de-Luz à Hendaye.
J'arrivais à hauteur de la Corniche Basque, dont l'entrée est marquée par un blockhaus. Je stoppais pour faire quelques photos afin de les ajouter à mon album "Il y a le ciel, le soleil et les blockhaus".

LE BLOCKHAUS
DE LA CORNICHE BASQUE

"Les troupes allemandes arrivent sur la côte basque le 27 juin 1940, cinq jours après la signature de l’armistice de Rethondes du 22 juin 1940. De là, ils vont fortifier leurs positions en zone occupée entre l'Adour et la frontière espagnole.
Ainsi, une batterie allemande portant l'appelation de BA 59, 59ème installation du secteur de Bayonne, sera installée à Urrugne dés février 1941.
Surplombant les falaises de la Corniche, une casemate de flanquement à 2 niveaux reste le seul vestige en bon état d'un vaste campement.
Cette position fut intégrée en 1942 au mur de l'Atlantique.
A la fin de la guerre les autres casemates seront détruites, mais il est possible d'en voir des vestiges à marée basse en contrebas des falaises." TERRE ET COTE BASQUE

Aujourd'hui, c'est une autre "guerre" qui s'est installée sur le béton de cette casemate : la guerre des fresques. Parfois victime de slogans nationalistes et autres, ce sont cette fois-ci, depuis le 31 juillet 2019, le collectif de femmes artistes de rue, les Tatatagueuses, qui ont recouvert le blockhaus de couleurs sur l'œuvre d'Emmanuel Bayon, dit le chirurgien urbain, un autre artiste de rue qui avait lui même recouvert la première œuvre du collectif en rouge sur le blockhaus de la route de la Corniche à Urrugne.

               

Je poursuivais ma route.
Après avoir traversé Hendaye, je passais la frontière franco-espagnole pour rejoindre Hondarribia-Fontarrabie-Fuenterrabía.
Oui, je sais : j'y étais déjà allé au mois de décembre (cf : Une éclaircie), mais je ne m'étais pas rendu dans l'ancien quartier des pêcheurs situé hors de l'enceinte de la vieille ville et où, d'après les guides touristiques, on découvre une architecture à caractère populaire avec des maisons traditionnelles de pêcheurs de couleurs vives.

HONDARRIBIA
              

"L'ancien quartier des pêcheurs se déploie autour de la calle San Pedro, la calle Santiago, et la confrérie des pêcheurs de San Pedro fondée en 1361. Le matin comme le soir, il est toujours animé ! Les murs blanchis à la chaux, les volets colorés des maisons et les balcons chargés de fleurs composent un décor des plus pittoresques. Ici, on déambule parmi la foule en s’arrêtant tous les cinquante mètres pour tomar un pintxo et un verre de vin sur une terrasse de la Calle San Pedro." LE PETIT FUTÉ

Bon, là, c'était le matin DONC c'était calme et plutôt fermé. Je suis entré dans l'église Parroquia de la Marina. Sobre, colorée et silencieuse.

            

J'ai repris la route pour prendre un peu de hauteur, direction Jaizkibel , la montagne Jaizkibel (haitz gibel, "derrière le rocher" en basque).

 JAIZKIBEL

Oui, c'est vrai que vu comme ça, le sommet ne semble pas très intéressant et avenant, mais ses alentours sont magnifiques et peuplés d'animaux répartis de façon éparses dans les champs (vaches, chevaux, pottoks et... vautours).

          

Montagne la plus occidentale des Pyrénées, son point culminant est modeste avec 543 mètres, mais il permet d'avoir un magnifique panorama sur les alentours, dominant les villes d'Irun, de Fontarrabie et d'Hendaye à l'est et celles de Saint-Sébastien, de Pasaia, d'Errenteria et de Lezo à l'ouest.

La seule route qui parcourt cette "petite montagne" est la GI3440 et offre de très belles vues sur les côtes et criques sauvages de la mer Cantabrique.

Un sentier permet de longer le littoral en 9h00, reliant Hondarribvia à Pasaia. Mais il convient d'avoir un bon niveau de marcheur car le dénivelé est de plus de 1300 mètres sur 23 kilomètres (cf : Randonnée Fontarrabie-Pasaia, par Mariano). En parcourant ce sentier, on découvre de multiples facettes de l'histoire locale et plusieurs marques de ces époques ; du sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, construit au XVIème siècle, au dolmen et sépultures datant de la Préhistoire ainsi que plusieurs tours datant de l'époque des guerres caristes.
Ce sera pour un autre jour. Quand ?

Après cette belle montée, j'entamais la redescente sur Pasaia.

Ouais ben, j'avais pas de photo pour illustrer la redescente.

Toujours est-il qu'après 23 kilomètres de route sinueuse, j'arrivais à...

PASAIA

Ici, c'est la Santiago Plaza ; le lieu central de Pasaia, côté Pasaia Donibane.
Là aussi, en ce lundi matin, les restaurants et bars n'avaient pas sorti leur terrasse, laissant apparaître plus spontanément les façades des maisons hautes d'architecture populaire et marinière aux couleurs variées.

Située sur la côte orientale de Gipuzkoa, tout près de San Sebastián, la ville de Pasaia est formée par quatre agglomérations: Donibane et San Pedro, des quartiers marins en plein contraste avec les quartiers plus urbains, Pasai Antxo et Trintxerpe. (Plan : Oarsoaldea)

Ce jour-là, j'avais déambulé dans ce quartier que l'on parcourt en empruntant la seule rue qui parcourt la rive orientale de la baie, passant parfois au-dessus des maisons, à travers des passages.

Impression étrange de confinement avant l'heure, rappelant des décors de films de pirates et autres corsaires. Un autre temps, une autre époque.
Je passais tour à tour devant les maisons où vécurent Victor Hugo et le Marquis de la Fayette pendant quelques jours ou quelques mois.

Le 26 avril 1777, le jeune Marquis de La Fayette
embarqua sur le navire "La victoire"
depuis le port de Pasaia
en direction des États-Unis,
pour son premier séjour en Amérique
où il devait mener la guerre d’Indépendance américaine.
(Cf : Baskulture)

Victor Hugo résida à Pasaia en 1843. Depuis n'importe lequel des balcons des trois étages du bâtiment, on peut admirer la même baie qui inspira Victor Hugo dans les écrits et les gravures qu'il réalisa pendant son séjour à Pasaia. Cette localité surprit l'écrivain, qui en tomba complètement amoureux. Aujourd'hui, une exposition permanente est consacrée à l'écrivain, "Voyage vers la mémoire", avec un échantillon de plusieurs éléments qui ont appartenu à différentes collections de la maison de Victor Hugo tout au long des années, depuis qu'il serait inauguré pour la première fois comme maison de Victor Hugo en 1902. En plus, nous trouverons l'audiovisuel interactif « Un Guide Touristique qui s´appelle Victor Hugo » dans lequel à travers leurs impressions nous connaîtrons le Pasaia du XIXe, et la récréation de la chambre dans laquelle il s'est logé où l'auteur lui-même nous compte le type de vie qu'il a ici porté.

Une fois au bout de la rue et du quartier, que faire ?
Eh ben, demi-tour. Et je redécouvrais alors la ville sous un autre angle.

Comme il pleuvait toujours et que les commerces étaient toujours fermés alors que l'état de confinement n'était pas encore décrété, je décidais d'aller m'autoconfiner de mon propre chef.
Je repartais en direction de la France. Le ciel se dégageait, du bleu apparaissait ainsi que quelques rayons de soleil discrets. Arrivé à la hauteur d'Anglet, je prenais alors la direction de La Chambre d'Amour ; histoire de voir l'océan avec un peu de couleur dessus.

ANGLET
CHAMBRE D'AMOUR

Tête à tête entre soleil et phare de Biarritz.
Puis, petit à petit, le soleil disparaissait.

Voilà.
Bon confinement à toutes et à tous.

Comments

[FANFG]

Un grand merci de nous faire voyager!!!Je me suis régalée , moi qui ne bouge plus!!bien sur, tu dois être malheureux d'être confiné mais il y a le jardin!!(embête aussi le voisin!!)hihi Attention, prudence quand même!!!Bisous Fan