Tournée des festivals d 'été : EHZ, Hélette

EHZ... ça sonne comme un nom de carburant hyper polluant et pourtant, c 'est le nom d 'un festival, situé en plein coeur du pays Basque, à Hélette, les 3,4,5 juillet...

Ah oui,
Hélette et son festival EHZ
(Euskal Herria Zuzenean... Hein ?
Ouais, ouais, moi non plus je ne sais pas ce que ça veut dire),
tiens !

Parlons-en !

Alors, nous, on se disait : "Ouais, c 'est sympa, ils investissent un village pour en faire un lieu de festivités avec des concerts, des bars, des buvettes, des machins, des trucs..."
Le dépliant touristique était lui aussi très bien foutu, mêlant patrimoine et mystère...

HELETTE

Français, espagnol, basque...
Hélette serait-elle trilingue ?

"Patrie de Michel Etcheverry,
sorte d 'Oncle Sam de la chanson basque
    

Hélette est situé en plein pays Basque,
au pied du mont Baïgura,
sur la terre des pottocks...
      
...mais de toute façon,
comme nous l 'avons déjà vu,
il y en a partout d 'ces bêtes là !

Jadis, le village accueillait les pèlerins en route vers Compostelle.
Aujourd 'hui, cette tradition d 'hospitalité se perpétue à travers ses fêtes...
                   

Toutefois, la façade de la mairie présente une inscription en basque
relatant que le sieur Garra de Salagoïty, abbé et hydrologue,
purifia, en son temps, cette 'caverne de voleurs'.
                  

Les historiens ne savent toujours pas de quel malheur Hélette dut être purifié."
                                                                                     EDITIONS ATLAS

Et puis, ben... comment dire... A peine était-on arrivé sur le lieu des festivités que, déjà, ça sentait pas bon !
Résumons rapidement...

     L 'ARRIVEE
Après quelques détours entre Hasparren et Irissary pour constater que ce n 'était pas du tout la bonne route, nous arrivons devant le village d 'Hélette dans lequel se tient tout le bordel. Comme tout bon festival qui se respecte, tu penses pouvoir te garer peinard dans le fossé, ou , à la rigueur, dans un champ aménagé juste à côté du lieu phare du festival... MAIS NON !!!!
On te dit de rejoindre le parking officiel, situé à trois bornes des concerts.

Une fois arrivé et garé, tu as une file d 'attente d '1h30 pour pouvoir monter dans une navette à la con qui te ramène là où tu étais si bien garé, bordel de merde !

Bon, pas de soucis, on se calme ! On va pas faire une queue de 500 mètres de long pour prendre un car qui pue.
Deux bornes, on va y aller à pied. La marche, c 'est bon ; ça ouvre l 'appétit, ça donne soif et quelle joie de traverser ces verts paysages typiquement basques tout en se musclant les mollets et le mental.
Oui, oui, oui... ça va bien se passer !
 

     L 'ENTREE
On arrive à l 'entrée du festival. On fait un peu de queue peinard pour récupérer les places... Normal. Puis on passe les barrières.
Et c 'est là que le vrai bordel de merde à la con commence !
 

     LE PREMIER BAR
Nous avançons dans les allées de la ville. Sur la droite, dans un endroit quelque peu reculé, un premier bar, équipé d 'un comptoir vide. Nous nous pointons en nous disant : "Putain, c 'est cool, y 'a personne et on va pouvoir se boire une bonne bière tranquillos parce que merde, on l 'a bien méritée la garce !"
Et là, la tenancière nous annonce désespérée : "Ah ben non, on prend pas d 'argent, faut aller chercher des jetons !"
Bon, pas de soucis.
"Où qu 'c 'est ?", qu 'on lui demande, incrédules.
"Vous pouvez pas vous tromper... Vous verrez... Au centre du village...", dit-elle avec plein de mots sous-entendus qui sentent bons le gros traquenard qui pue ; même si elle garde le sourire et semble aussi génée que nous.
 

     LE CENTRE DU VILLAGE
Et là, effectivement, au centre du village... OUOUOUOUOUOU PUTAIN DE BORDEL DE MERDE, c 'est parti les conneries !
Une série de queues interminables commence...
Queue pour retirer un verre en plastique recyclable (30 mn) !
Queue pour retirer des jetons (3 h) !
Queue pour retirer à bouffer !
Queue pour retirer à boire (25 mn) !
Queue pour accéder à l 'enceinte de la grande scène (20 mn) !
                                         De la queue, de la queue, DE LA QUEUE !!!
Un bordel de queues ! Un merdier de queues ! A gauche, à droite ! De traviole ! De face ! De profil ! Queue ! Queue ! QUEUE !!!
 
Et ça se mélange ! Et tu ne sais même plus pour quel truc tu attends !
"Et suis-je dans la bonne queue ? Et vous, vous attendez pour quoi ? Et ça fait combien de temps que vous êtes dans la queue ? Et vous avez avancé de combien de mètres depuis hier ? Vous avez prévu un sac de couchage ? Vous venez de loin pour participer à un bordel de queues pareil ? Vous avez déjà vu ça ? Et la santé ? Je vais vous passer devant, tiens, comme ça pour déconner..." OHLALALALA !!! LA MEEEERRRDDDEEEEE !!!
"Et elle est où la fin de queue ?! Et elle commence où ? Et on est où ?"
AAAAAAAAAAHHHHH !!!!

     TOUTE SORTIE EST DEFINITIVE
Quand nous voyons ça, nous nous disons : "Bon, on va aller manger et boire un coup ailleurs !"
MAIS NNNOOOOONNNN !!!
Pas moyen de ressortir de l 'enceinte du village : toute sortie étant définitive !!!!
C 'est à ce moment précis que nous ressentons la désagréable sensation d 'être pris au piège ; condamnés à mourir de faim et de soif dans ce village où ça ne parlait que basque ! Pas français, pas espagnol ! Non : BASQUE !
La file d 'attente pour le verre vide, en basque !
La file d 'attente pour les jetons boisson, en basque !
Les chiottes, en basque !
La scène, en basque !
Le parking, en basque !
La mairie, en basque !
On se surprenait même à faire la queue devant un écriteau écrit en basque, dont on ignorait la signification. Cela aurait pu être écrit : "Queue des cons" qu 'on y serait resté une heure quand même, rien que pour l 'accoutumance à attendre pour rien !

C 'est bien simple, par moment,
je me sentais aussi perdu que ce pauvre gars
dont j 'avais lu l 'histoire quelques jours plus tôt :

Sauf que lui, au moins, il avait à bouffer, merde !!!

Ici, à Hélette, au festival EHZ, non seulement, nous ne pouvions pas manger mais, en plus, on se tapait toutes les odeurs de ventrèche, de lomo et autres machins bien gras ruisselant dans des mares d 'huile ! Et ça, quand tu as faim... Même l 'huile bouillante, on l 'aurait bu, bordel !

L 'horreur, j 'te dis ! L 'horreur !
Pire : le chao.

     LES CONCERTS
Et ça tombait bien car c 'était le p'tit Manu qui tenait la tête d 'affiche de ce premier festival à Hélette ! Hopla, mine de rien, t 'as vu l 'enchainement là ? Chao-Chao... La classe !
Oui, oui, Manu Chao n 'était pas à l 'affiche du festival, mais il était là !

                                 Le Chao !

Il a joué. Il a très peu dansé. Il avait la voix légèrement cassée, emplissant toutes ces queues
d 'une certaine amertume désabusée...
On entendait des pleurs au loin... C 'est pas compliqué : toute la tristesse que dégageait sa voix, par moment, on aurait cru qu 'il savait ce que nous vivions dans cet enfer de queues.
On avait l 'impression qu 'il nous parlait ; non pas pour nous dire de tenir bon, mais simplement pour chanter le fait que lui, il avait bien bouffé et bien bu juste avant de monter sur scène.

Et puis il s 'est barré pour laisser place à un Kusturica No Smoking orchestra pas tellement plus inspiré. Le groupe en a même oublié de venir faire un rappel.

Le Kusturica No Smoking Orchestra    

     L 'APRES-CONCERT
On est tous d 'accord : même s 'il est deux heures du mat, tout bon festivalier que tu es, tu as faim ! C 'est comme ça !
Dans un festival normal et bien organisé, même si tu as bu quelques canons toute la soirée, après les concerts, tu aimes bien pérorer sur les musiques que tu viens d 'entendre en bouffant un vieux casse-dale à la con avec un bon demi même pourri sans bulles...
Eh ben, là : PAS MOYEN DE TROUVER A BOUFFER !!!!
Ils ont tout plié les cons ! Même pas ils veulent te filer un bout de pain alors qu 'il y en a plein derrière les comptoirs ?!!
Tu t 'es fait chier à trouver des jetons à 1 h du mat ; et voilà qu 'à 2 h, tu ne peux plus rien acheter !

     LE CAMPING
Pendant que la musique techno lancé par un DJ caché sous une toile en haut du champ dominant la grande scène asperge amèrement les derniers festivaliers dansant tels des zombis frustrés, nous regagnons le camping.
Sympathique ambiance, rythmée par un joueur de guitare criant le refrain des Cranberries à 6 heures du mat pendant qu 'un dénommé Coccinelle se bat avec un voisin pour une vague histoire de... de... on sait pas quoi... Tiens, là-bas, une fille qui est en train de poser un renard dans l 'herbe fraiche ! Et, ô, ici, un jeune homme qui pousse de grands "Meeeeerrrdddeeee !" car il ne trouve plus sa tente....
                   AAAAAAAHHHH, qu 'est-ce que c 'est ?!
Boh, tiens... Y 'a un mec un peu avoiné du foie qui vient de me tomber dessus alors que je dormais peinardement à la belle étoile...
Enfin : à la belle étoile... Cela ressemble plus aux beaux nuages car ça se couvre méchamment au-dessus de nos têtes...
Ah oui, ça y est : il pleut... Bon, ben... On va pas tarder de se casser...

     LE DEPART
Nous quittons le camping sous un crachin typiquement breton. Le but est maintenant de rejoindre ce carrefour où les navettes viennent récupérer les festivaliers voulant se rendre au parking situé, rappelons-le, à trois bornes d 'ici.
Trois jeunes femmes de l 'organisation et vétues d 'un gilet jaune du plus effet nous certifient que la prochaine navette arrive à 9h00.
Nous nous asseyons sur un bout de trottoir... Attente !
9h05... 9h15... 9h30... 9h45...
RIEN !!!! PAS LA QUEUE D 'UNE NAVETTE A LA CON !!!
Par contre, une petite file d 'attente commence sérieusement à prendre forme, rappelant les grandes heures de la soirée de la veille.
9h55... Nous prenons le taureau par les deux bouts afin de ménager notre monture qui ne fait pas le moine car, là, franchement, ça casse les couilles le festival EHZ de merde !
Nous prenons nos sacs et nos jambes pour nous diriger vers ce putain de parking à pinces ! MERDE ! Jusqu 'au bout, hein ?!

La question du festival se pose alors : "Mais comment ont-ils fait pour se viander à ce point sur l 'organisation ?"

Peut être une amorce de réponse,
rappelons-le,
avec ce panneau situé à l 'entrée du village :

Eh oui, si y 'en a pas un qui parle la même langue,
comment veux-tu que ça marche au niveau de la logistique !

En bref,
EHZ Bali bala machin,
c 'était ça :

File d 'attente pour les jetons
allant de la scène à deux misérables algeccos.
La même file se tenait sur la place du village.

La grande scène,
photo floue exprimant le ras-le-bol de queue 

Les verres recyclables, ça marche...
Y 'en a pas un par terre !
Par contre, y 'a tout le reste...

Ambiance camping sympathique,
mais pluvieuse le matin

Voilà ; ça, c 'était fait !
Pour leur première édition, il ne restait plus qu 'à faire beaucoup mieux l 'année prochaine. A commencer par virer ce putain de système de jetons à la con !

                                 DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Prochain rendez-vous : le festival Pirineos ; situé à Lanuza, frontière espagnole, avec sa scène sur un lac de montagne.

Comments

[Jénorme]

Chère FRançoise. Félicitations pour tes références littéraires. Moi, les files d 'attente à rallonge, ça me fait chier ! Chacun son point de vue. Ecris tes impressions sur un blog afin d 'ajouter quelques mots à ta simpliste analyse : "Très intéressante". J 'ai fait la thèse, fais l 'antithèse.

[panxika v.]

ouh là !!!!! malgré cette description Dantesque, ben, moi je me suis bien marrée et j'ai trouvé cette nuit totalement... intéressante...! The blog ou l'art de transformer un super souvenir en vieux truc de merde.!! Bah...bien le bonjour à Dante, sinon.

[Coccinelle]

Merci pour votre soutien de tout instant. Je m 'en vais prochainement casser la gueule à mon voisin de tente dans des contrées plus douces en espérant qu 'il pleuvra beaucoup et qu 'il y aura plein de files d 'attente. Encore merci et bravo.

[endivojambon]

Toujours pas de nouvelles de Coccinelle....suis vraiment très très inquiet.....

[nICK cANON]

eT bEN mON cADET...!!!