Objectif Soulac, partie 1

Comme disait le grand poète Fernando Framshake : 
"C 'est l 'hiver. Il fait froid. Aglagla !"
C 'est à ce moment précis que je me suis dit : "Mais quel serait le meilleur endroit pour voir Metropolis de Fritz Lang qui passait ce soir-là même sur Arte ?"

Non parce qu 'on te parle d ' Avatar...
                                                             
OK d 'accord, ouais, plein les yeux, un nouveau pas en avant de l 'homme vers un truc qu 'il ne va plus pouvoir maitriser, progrès, tout ça !
Mais, bordel, je me suis tapé un putain de mal de pif avec ces lunettes qui pèsent deux kilos, là, merde ! Si c 'est ça le cinéma de demain, je peux te dire que je vais tranquillement attendre que ces putains de blockbusters passent sur TF1 le dimanche soir que ça va pas trainer !!! En attendant, retrouve une critique du film plus approfondie mais pas trop sur le site du Nouveau Cinéma Mondial.

Mais, je me souviens, du temps de Métropolis, c 'était pas comme ça, hein...
Et puis, quand tu regardes bien (en 3D ou pas), finalement, le film de Fritz Lang est un peu
l 'ancêtre de la 3D, mais pour les oreilles puisque sur Arte, le film est accompagné par des musiciens qui jouent en direct sur les images. Une sorte de ciné-concert comme on dit dans le milieu du ciné-concert d 'ailleurs.
De plus, la version diffusée est LA version restaurée, enrichie de 26 minutes que l 'on croyait disparues à jamais. Il fallait donc un lieu adéquate pour apprécier pleinement le film surtout lorsque tu prends en compte le travail de restauration effectué et l 'aventure qui en découla...

METROPOLIS
Un futur surgi du passé

Photo cinémathèque allemande

"Tout commence en janvier 1927, à Berlin. La UFA, le grand studio de l'Allemagne de Weimar, sort sa superproduction la plus ambitieuse – et la plus coûteuse. Metropolis est un film-monstre : Fritz Lang a tourné pendant 310 jours et mobilisé 36 000 figurants pour livrer sa vision du futur, une ville aux décors pharaoniques et ultramodernes, où une armée d'ouvriers exploités en sous-sol travaille pour le bien-être des riches oisifs qui vivent dans les gratte-ciel. Le grand spectacle annoncé est bien là, mais pas le public. Au bout de quatre mois, le film quitte l'affiche avant de ressortir dans un montage réduit de trente minutes. (...) Le négatif des scènes coupées est détruit, et le scénario original disparaît...
         

L'historien allemand Enno Patalas ne s'est jamais résigné à ce massacre. Dans les années 60, le directeur de la cinémathèque de Munich part à la recherche des meilleures copies de Metropolis. Sa quête le conduit du musée d'Art moderne de New York à Melbourne en passant par Londres et Moscou. Mais aucune bobine ne contient les scènes manquantes... Cet archéologue de la pellicule va alors remonter plusieurs pistes : la musique originale de Gottfried Huppertz, dont la partition comporte de nombreuses allusions aux images disparues ; et, surtout, le visa de censure allemand établi en novembre 1926 qui va être retrouvé par hasard... dans un carton de l'Institut du cinéma suédois, à Stockholm ! Grâce à ce document, qui contient le texte complet des intertitres originaux, Patalas va pouvoir reconstituer virtuellement l'ordre initial des scènes, faute de mieux. La Cinémathèque française s'en mêle en 1983, quand elle ressort de ses archives trois albums que lui avait confiés Fritz Lang. Ils contiennent un trésor : les photos des scènes coupées... Elles seront intégrées telles quelles, en plans fixes, dans le nouveau montage. Après des années d'ef­fort et une restauration numé­rique colossale, Metropolis peut ressortir en salles en 2001 dans une version de 117 minutes con­sidérée comme définitive.
                            

Mais, en 2008, nouveau coup de théâtre. A Buenos Aires, la conservatrice du museo del Cine découvre dans son fonds des bobines de Metropolis. Mira­cle, le film dure près de 150 minutes. Comment cette version longue a-t-elle pu se retrouver en Amérique du Sud ? En 1927, le distributeur Adolfo Z. Wilson avait acquis le premier montage du film pour l'exploiter en Argentine. La copie était ensuite passée entre les mains d'un critique de cinéma qui l'a projetée dans des ciné-clubs puis léguée au musée à la fin des années 60. Seul problème : le film est dans un état épouvan­table. Tellement rayé qu'on a l'impression qu'une pluie diluvienne tombe en permanence sur les images...
         

Après un nettoyage numérique de fortune, les scènes manquantes ont pu être intégrées à la version techniquement parfaite de 2001. La différence de qualité entre les images sera donc visible. Mais c'est le prix à payer pour retrouver un classique du cinéma au plus près de ce que souhaitait son créateur."  SAMUEL DOUHAIRE

Sacrée aventure, non ?! Oh ben, écoutes, merde, quand même !
Il fallait donc honorer ces recherches en se rendant quelque part. Dans un lieu complètement hors norme, décalé, unique, incroyable, démentiel !!!
Et c 'est là que je me suis dit, par déduction :
Jénorme à lui-même : " - Hiver, froid, neige, raclette, forfait, fondue,
                                             tire-cul, vin chaud !
                                             Allez hop : tous à Soulac-sur-Mer !"

Alors, pourquoi là et pas ailleurs ? Quel rapport avec Métropolis ? Et pourquoi pas aller à Biganos par exemple ? Qu 'est-ce qu 'il y avait-il de si spécial à Soulac-sur-Mer ? ET dans combien de temps ? L 'avenir c 'est devant, le passé c 'est derrière et sur les côtés c 'est quoi ? Les Balance ascendant Sagittaire sont-elles pires que les Cancer ascendant Gémeaux ? Choucroute ou cassoulet ?
Oui, oui : que de bonnes questions, mais ce sera Soulac-sur-Mer quand même.

Non, en fait, j 'avais un vague souvenir de cette ville de bord de mer où je m 'étais rendu il y a quelques années comme ça pour rien.
J 'ai en tête des murs de maisons blancs et bleus, une douceur printanière et un calme dans lequel s 'ébattaient avec respect quelques mouettes virvoltantes. Là-bas, au loin, le phare de Cordouan dans la brume iodée gardait tout son mystère de Versaille de la mer, comme on le nomme parfois, avec ses 311 marches pour atteindre une hauteur de 68 mètres. Oui, Soulac-sur-Mer inspirait.

  Mais je n 'avais qu 'une photo de ce lieu...

Ben oui ! On ne se rend pas bien compte...

Me voici donc embarquant dans la voiture pour prendre, depuis Villefranque, la direction de Biarritz ; ce qui n 'est absolument pas la route, mais j 'avais dit à Mélanie que je passerais la voir à sa nouvelle boutique où il y avait en ce beau matin d 'hiver un magnifique tableau de chien...

...ainsi qu 'un authentique chien imperméabilisé...
             

...propriété de Janine, qui me parla sans transition aucune de chiens, Soulac, huîtres creuses, son mari, Paris, fourrure, coquillages, les gens, armoire qui tombe sur chien, pluie, devises, brocantes, rôti de veau,...

Bref : il était grand temps d 'y aller !

Je retraversais Biarritz pour constater que
Corinne Touzet s 'était lancée
dans la vente d 'amortisseurs...
    

... tandis qu 'une rue très en retrait
de cette bourgade bourgeoise emperlousée
portait le nom de...
            
    

J 'ai d 'abord cru que c 'était la date à laquelle le Maréchal Pétain avait pris le pouvoir du gouvernement de collaboration vichyste. En même temps, ça ne m 'étonnait pas que Biarritz ait une rue commémorant cette date. Et puis, en me replongeant dans les livres d 'histoire de ma tête, bon sang mais c 'est bien sûr : le 18 juin 1940, c 'était plus De Gaulle, Londres et la flamme de la résistance qui ne s 'éteindra jamais même après 22 heures,...

Bref : après avoir traversé des interminables forêts de pins
entre Tarnos et Bordeaux, me voici à...

Ville amie des enfants de l 'Unicef, possédant un lieu dit appelé "Facture" où se trouve une usine qui pue.
                     
Etrangement, cette odeur de choux cuit mal essorés me rappelait les vacances que je venais passer dans la région, chez ma tante et mon oncle, lorsque j 'avais de 6 à 14 ans.
Ils habitaient Le Haillan (lieu d 'entrainement des Girondins de Bordeaux) et quand nous allions à Arcachon ou au lac de Biscarosse, nous passions par Facture qui dégageait déjà ses odeurs putrides. Avec ma soeur, nous nous disions alors : "Aaaaah super, on va passer la journée à la plage !"
De retrouver ce parfum aujourd 'hui me fait replonger en enfance. Va comprendre le principe des odeurs parfois.

Je continue ma route girondine avec ici, à ma gauche, une maison recouverte d 'alu :
               
A peine le temps de me demander pourquoi que PAF ! Ici, un rond-point de belle facture... merde répétition !
Ici, un rond-point comme on n 'en fait plus...
          

Et voici que j 'atteins à présent ce lieu étrange et reculé dont parlait ce livre incontournable des "Plus belles routes de France" :

AUDENGE

"Endigué et transformé en marais salants au XVIIIème siècle, le domaine de Certes a été remodelé au XIXème siècle pour abriter des rservoirs à poissons. Le sentier du littoral, qui emprunte la digue principale, réserve un dépaysement total entre les réservoirs au dessin géométrique et le Bassin d 'Arcachon qui peut tout aussi bien se réduire à quelques chenaux au milieu des vasières, à marée basse, que prendre l 'allure d 'une mer déchaînée par la tempête.
Un vrai bout du monde que rien ne laisse deviner l 'entrée du village." 
                                                LES PLUS BELLES ROUTES DE FRANCE

Et le Bout du Monde en images qui bougent, ça donne quoi ?
Eh bien ceci !

                                                              Audenge (33)

Eh oui, au Bout du Monde, il y a aussi des canards.
Mais ne nous arrêtons pas à cette basse remarque ! N 'importe quel touriste en short ne voyant pas un seul camion à gauffres dans ce coin reculé s 'écrirait de suite : "Oooooh, mais qu 'est-ce que c 'est que cette merde de bout du monde de mes fesses ?!"
Et il a bien tort ce touriste en short dont je tairais le nom pour ne pas l 'appeler Hans.
Car lorsque nous regardons de plus près ce petit village de bord de bassin d 'Arcachon, plusieurs ambiances se mêlent là où notre regard se pose au hasard avec dans les oreilles une bien étrange musique altérant les cris d 'oiseaux au repos ou autres déhanchements furtifs
d 'oiseaux migrateurs de passage dans ces petites étendues d 'eau marécageuses...

Un air de Normandie
   

Un air de Camargue   
    

  Un air de Bretagne
   

Un soupçon de Roumanie aussi
            

Un air d 'Afrique

Un air de Mississippi
   

Un air de delta du Nil
   

Un air d 'Ouganda

Un air de rien vers l 'infini

Si, si !

Déstabilisant Audenge ! Mais cela manque d 'air oriental.

 
Continuons et passons par Andernos-les-Bains ! 

Ici, et comme chaque année, se tient à cette période le...

Et qu 'est-ce que quoi que ce concours de sculpture sur glace hydrique ?
Eh bien, c 'est pas compliqué : chaque participant-concurrent se voit attribuer une place numérotée sur un podium, reçoit un bloc de glace hydrique (matière transparente) de 200 kg et dispose de trois heures chrono pour réaliser le chef-d'oeuvre de sa vie. Tailler, tronçonner, meuler, découper, et coller au fer à repasser la froide matière afin d'obtenir LE chef d 'oeuvre.
Voici ce que cela donne une fois terminé.
   (Attention, la sculpture se distingue du sculpteur par le fait qu 'elle ne porte pas de blouson)
         
                                        Photos : Andernos-les-Bains, site officiel

Maaaaiiiissss, attends ! Andernos-les-Bains, ce n 'est pas que ça !
Eh ouais, la station de bord de bassin a également son port qui, par cette lumière laiteuse, grise et calme à la fois, revêtissait la plus particulière des sérénités...

... aux allures d 'infinies reposantes là aussi !

Aaah, comme les odeurs de Facture, ces ouvertures vers le bassin, qui font se confondre mer et ciel, ont actuellement sur moi une emprise mystérieuse. je me retrouve là, devant ce paysage, à regarder, stoïque et sans aucune pensée. C 'est pas désagréable.

Mais il était grand temps de s 'attaquer à la route de l 'huître...

DANS NOTRE PROCHAINE EPISODE

Il sera grand temps de s 'attaquer à la route de l 'huître... Ah merde, je l 'ai déjà dit.
Mais que nous prépare cette route longeant le bassin d 'Arcachon. Vers quelle autre rencontre Jénorme va-t-il se diriger ? Dans quel village étrange va-t-il aller se perdre ? Quelle manifestation va-t-il croiser ? Et, ô question cruciale, arrivera-t-il vraiment à Soulac-sur-Mer pour voir Metropolis ?

Comments

[nICK cANON]

eT bEN mES cADETS...!