Lac d 'Estaens, partie 2

Dans l'épisode précédent, Maître Arnaud et moi-même partions pour le lac d'Estaens. Mais, sur la route, quelques détours s'imposèrent pour emplir notre crâne de quelques éruditions régionales.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Oui, nous avions vu...

La vallée d'Aspe et ses vaches qui se prennent pour les Beatles !
                                 
D'ailleurs, ce champs typiquement pyrénéen n'est pas loin de devenir un lieu de pélerinage aussi incontournable que le célèbre passage piéton d'Abbey Road.

Oui, nous avions vu...

Le chemin de la Mature et ses précipices en 3D !

Oui, nous avions vu...

Le Fort du Portalet
dans lequel Pétain suivait une cure de désintoxication aux mojitos !

Nous pouvions à présent attaquer sereinement
le sentier menant au lac d'Estaens.

Et là, à ce moment précis du récit qui n'en ai pas un, toi lecteur qui lit, tu te dis :
"- Bordel, qu'est-ce que quoi que ce lac d'Estaens ? Enfin merde, à quoi bon aller là-bas alors que le dimanche, tous les magasins Gifi de France et de Navarre sont ouverts pour nous proposer ces merveilleusetées venues des quatres coins du globe asiatique ???!!!"

Et là, je te réponds :
"- Oh eh dis, eh, hein, euh s'il te plait, quitte un peu ton monde de consommation fait de aisling, ouvre tes yeux, regarde ces quelques photos et ferme un peu ta grande gueule... euh... hein... s'il te plait."

Et là, tu me réponds :
"- Aisling ?! Qu 'est-ce que tu m'causes là ? C'est quoi aisling ?? Tu t'prends pour qui ?"

Et là, les plus aguerris s 'empresseront dans un réflexe typiquement internètien d 'aller sur Wikipedia pour constater que le aisling est "un genre poétique qui se serait développé durant les XVII-XVIIIème siècles dans la poésie irlandaise de langue irlandaise." (Wikipédia)

Et là, je te réponds :
"- Ouais OK mais non !"

Lisons ensemble veux-tu cette merveilleuse histoire créée de toute pièce par notre extravagante société de consommation à la con....

IL ETAIT UNE FOIS...
(ou UNE FOIS IL ETAIT pour nos amis belges)
"De nos jours, le aisling est également un sport qui ne se pratique pas dans un stade, mais dans les allées (aisles) d 'un supermarché. Cette activité consiste en effet à faire ses courses de la façon la plus créative possible. Des points sont discernés pour les chorégraphies, l'originalité des costumes et de la décoration du chariot, la technique... Bref : tous les délires sont permis, tant qu'on franchisse la ligne d'arrivée avec les quinze articles marqués sur la liste, et sans rien faire tomber.
C'est évidemment un Ricain, Jonathan Sawyer, qui a inventé en 2005 cette discipline étrange et qui a organisé le premier championnat national à Columbia, dans le Missouri.
Si le prix de 10 000 dollars est un emotivation non négligeable, ce n'est pas la seule. pendant quelques heures, les concurrents, qui prennent l'affaire très au sérieux, échappent au quotidien routinier de l'Amérique profonde, révélant leur personnalité, 'se sentant libérés', comme l'affirme l'un des juges du championnat que l'on peut retrouver dans un documentaire faisant fi de cette discipline à la con, intitulé American Shopper de Tamas Bojtor."

Bon bref merde !
Retournons en pleine nature !!!

C'est bien connu : pour atteindre la pleine nature, il faut déjà rejoindre le plein parking afin d'y garer la bagnole qui te consomme du 112 litres aux cent.
Et c'est sur celui du Sansanet que notre choix se portassiasses puisque c'était le plus proche du but à atteindre.
C'est à ce moment précis. Là, maintenant, au parking de Sansanet que nous décidiamassiames de nous lancer sur les sentiers sauvages, peuplés d'Espagnolaises à talons. Le tout pour rejoindre le fameux...

LAC D'ESTAENS

Tout commence par un beau panneau positionné
en plein milieu des montagnes.
   
Mais attends, c'est pas fini !

Ensuite, tu montes ! Et puis tu montes !
Et puis tu montes aussi un peu !
Attention, là, à un moment, ça monte un peu plus !
Doucement !
Prends soin d'humer les différents parfums
de ces montagnes, hésitantes, entre Espagne et France.
      
Mélange d'odeurs de pierres chaudes brûlées par le soleil
et de... et de... Non, c'est tout, en fait.

Et tu montes ! Et tu montes encore !
Et puis, tiens, allez, tu touches, n 'est-ce pas,
cette terre étrangement rouge, n 'est-ce pas...
   
... qui fait précipiter en toi tout un tas de questions essentielles, comme :
"Putain, mais comment vais-je nettoyer mes chaussures de marche ? Quel programme choisir ? A quelle température les laver ? Quelle lessive utiliser ? Et quel était le plus beau cadeau Bonux ?"
Corde à sauter, locomotive, billes, dé à coudre, couteau à beurre, puzzle ? On se souvient tous de l’impatience du retour des courses, la permission d’ouvrir le paquet, plonger la main dans la lessive, pour enfin découvrir la surprise qui s’y cache !
Et Dieu sait si la surprise était parfois grande...

Oui,
ce petit coin de nature semblait être
l'endroit idéal pour se rappeler...

BREF !

Nous continuons notre évolution. ET tu montes ! ET tu montes ! De plus en plus haut !
De toute façon, si tu montes, c'est pas pour redescendre, heeeiiinnn !
Au départ du sentier, il était bien indiqué qu'il fallait 1h30 pour atteindre le lac tant convoité. Et nous, cela faisait maintenant près de trois heures que l'on errait tels des fantômes livides dans ces alpages pyrénéens, le regard prompt à s'émerveiller de la moindre inhabitude, comme ces étranges tas de pierres façonnés par l'être humain randonneur.
                                                  
...que le stress du but non atteint donnait envie de détruire, par réflexe d'homme urbanisé.
                                                    

Mais non ! Nous reprenons le sentier.
Et on monte ! Et on monte !
Maître Arnaud semble peu à peu perdre espoir.

Maître Arnaud : "- Jamais, jamais on n'atteindra ce putain de lac !!!", dit-il, recroquevillé sur lui-même pour tenter de reprendre son souffle alors que c'était bien là la position la plus inefficace pour ce genre de chose.

Maître Arnaud : "- C'est un mythe, c'est un cri, c'est un chant !
C'est...", commença-t-il à chantonner sur l'air de "Musulmanes" par Michel Sardou en reprenant péniblement le sentier.

C'est à ce moment précis que je comprenais qu'il n 'était pas bien du tout.
Oui, tous les plus grands spécialistes de la basse montagne te le diront : chanter du Sardou à 1700 mètres d 'altitude, ce n'est jamais bon signe ! Surtout cette chanson précisément, en pleine période de risques d'attentats parisiens.

Mais il s'accrochait le bougre !
Et nous continuâssâmes notre chemin.

ET tu montes ! ET tu montes !
Peut être que finalement, nous aurions du aller à Tchernobyl, comme cela était prévu au départ.

                                                           
"Cité parmi les destinations de voyage «les plus exceptionnelles du monde» par le magazine américain Forbes , Tchernobyl, théâtre en 1986 de la pire catastrophe nucléaire de l’Histoire, attire chaque année des milliers de touristes occidentaux qui n’hésitent pas à débourser 160 dollars par personne pour une journée dans la zone accidentée, constate Ania Tsoukanova de l’AFP. L’an dernier, ils étaient environ 7.500 visiteurs, selon les chiffres officiels.
"Un petit bus amène des touristes vers la zone interdite", raconte Ania Tsoukanova. À l’entrée, chacun signe un papier, s’engageant à respecter les règles censées éviter la contamination: ne pas manger et fumer en plein air, ne toucher à rien, ne pas s’asseoir à même le sol et ne pas y poser ses affaires…
Ils signent avec de petits rires nerveux. Une jeune psychologue belge, Davinia Schoutteten, avoue avoir «un petit peu peur» des radiations et ajoute qu’elle va jeter ses chaussures après la visite.
Elle poursuit tout de même son voyage avec d’autres touristes, se dirigeant vers le réacteur accidenté recouvert d’une chape de béton fissurée.
C’est la que le dosimètre du guide affiche le taux de radiation le plus élevé de tout le voyage: 3,9 microsievert (µSv) contre un niveau naturel de 0,12 µSv.
Après avoir pris des photos, le groupe part pour la ville de Pripiat, construite à seulement trois kilomètres de la centrale pour son personnel et dont 50.000 d’habitants avaient été évacués au lendemain de la catastrophe.
Le temps s’y est arrêté. Des panneaux de l’époque soviétique sont toujours accrochés à des bâtiments, près d’un parc d’attraction rouillé. Des livres et pièces de jouets traînent dans un appartement abandonné. Une cantine d’école est jonchée de centaines de masques à gaz.
«C’est très triste», dit Bobby Harrington, une touriste australienne. Elle se sent gênée de visiter ces habitations abandonnées. «C’est peut-être trop tôt. Beaucoup de ces gens sont toujours vivants. C’est le côté voyeuriste qui me met mal à l’aise», confie la jeune femme.” LE MONDE

MAIS LAAAAA,
TOUT A COUP SUBITEMENT !!!!

Devant nous, ou presque, enfin pas loin quoi :
une présence animale inattendue.

Incongrue, surprenante !
Voici des chevaux sauvages avec cloches !
Ben ouais, sauvages... avec cloches. D'après les dires de Maître Arnaud, régional de l'étape,
c'est comme ça ! Ces chevaux naissent dans la montagne avec une cloche autour du cou,
voilà, c'est tout !

C'était peut être aussi là la rencontre de trop pour lui, qui venait tout juste de finir de chanter tout le répertoire des années 1985-1986-1987 de Michel Sardou.
Maitre Arnaud : "- Et tu vas voir, un peu plus loin, et surtout un peu plus haut, il y aura des lamas avec un bonnet péruvien qui chantent du Manu Chao ! Meeeerrrdddee ! On va tous creuver !!!!!! C'est pas possible !"

Et il repartait tout de même d'un bon train pour,
finalement, quelques mètres plus tard, ENFIN...

MAIS LAAAAA,
TOUT A COUP SUBITEMENT !!!!

Atteindre le fameux lac aux multiples couleurs !

LE LAC D'ESTAENS

Pas grand chose à dire devant ce spectacle doué d'un non urbanisme évident.

Une ancienne légende anime aussi ce lieu… On dit qu’avant d’être un lac, Estaëns était un pâturage. Mais un soir de la Saint Jean, un mendiant s’arrêta demander l’hospitalité aux bergers qui gardaient leurs troupeaux là-haut. Il fut renvoyé par tous sauf un qui lui accorda de partager sa maigre pitance et son toit fragile. Au petit matin, le mendiant était parti mais en lieu et place du pâturage, des cabanes et brebis des autres bergers, se trouvait un lac… Qui était cet homme doté d’un tel pouvoir ?   

Oui, il n'y avait pas de doute possible ! C'était l 'endroit idéal pour s'adonner à de multiples activités saines et emprises d'un naturalisme des plus développés ; bien que l'envie soit forte de consulter les fluctuations de la bourse via l'I-phone 4. Mais comme, il n'y avait aucun réseau disponible dans cette foutue... dans cet endroit ô combien délicieux de part sa virginité, oui, adonnons-nous à des activités saines !
Tiens, par exemple...

ACTIVITé N° 1
Envisager l'éventuelle possibilité de construire l'Ikéa Bayonne sur ce terrain.

ACTIVITé N°2
Déboucher une bonne bouteille de rosé en slip !

ACTIVITé N°3
Se lancer dans un concours de battage de record de ricochets.

ACTIVITé N°4
Regarder cette étendue d 'eau d'altitude
en se disant qu'elle est vraiment trop froide pour se baquer.

ACTIVITé N°5
Et puis se baquer quand même tiens !

ACTIVITé N°6
Ecouter sereinement les sanglots longs de ces cloches d'automne
Blessant mon coeur d'une langueur monotone
Tout suffocant et blème, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens des jours anciens
Et je pleure !
Aaah nature, tu es si imprévisible
Que, parfois, en instant invisible
Tu répands là ton venin implacable
Nous rendant soudainement vulnérables !
Aaaah, tiens ! Sacrée toi, nature !

ACTIVITé N°7
Se taper une bonne vieille sieste peinarde !

ACTIVITé N°8
Prendre conscience de tout le chemin qui reste à faire pour retourner à la bagnole.

Oui, cela ne faisait pas dix minutes que nous étions là que, déjà, il nous fallait repartir pour d'autres horizons plus civilisés... peut être...      

DANS UN EPISODE PROCHAIN

Après cet incroyable moment de détente en pleine nature, nos deux héros iront s'aventurer dans les méandres de la post-urbanisation en se rendant à l'ancienne gare de Canfranc ; lieu fantomatique où Stanley Kubrick aurait très bien pu tourner Shining 2 s 'il n'était point mort...

Comments

[nICK cANON]

eT bEN mES cADETS...!