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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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6 octobre 2014

PLOUGRESCANT, De L'Enfer au Gouffre, épisode 2 (22)

Dans notre épisode précédent, Jénorme s'était lancé sur le sentier des Douaniers-GR34-du Littoral, mais cette fois ci non pas dans le Pays basque, mais bel et bien en Bretagne, du côté de Plougrescant, sur une parcelle de patrimoine appelée La Pointe du Château.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Comme disait Léo Ferré : "Pourtant que la Bretagne est belle !"... Ah non, c'est "Pourtant que la montagne est belle !" qu'il disait. Et pis ce n'était pas Léo Ferré, mais Jean Ferrat.
Bon, puisque nous parlons de Jean Ferré... non de Léo Ferrat... non de Léo Ferré,   - qui, dans les années 1960, avait habité la Bretagne, et plus précisément l'île du Guesclin, non loin de Saint-Malo, avec sa femelle chimpanzé Pépée,-   pourquoi ne pas évoquer les relations étranges et dévastatrices qui unissait le chanteur-poète à cet animal ? Hein ? Non, mais je te le demande : pourquoi ?
Allez, écoutons la merveilleuse histoire de cette sorte d'arche que s'était aménagée Noé... Loé... Léo Ferré et sa femme Madeleine dans le Lot.

 

UNE ARCHE DE LÉO
par Jean-Pierre Perrin
Pépée - Madeleine et Léo Ferré

Photo : Pépée Ferré

"Pépée, la chimpanzée aux oreilles de Gainsbourg, est à table et Léo Ferré la nourrit au biberon. Baba, le cochon gras et rose de 350 kg, regarde la télé dans le salon. Il y a également, dans l’une ou l’autre des pièces, la tribu des saint-bernards, qui, elle aussi, fait son poids. Et puis, l’extraordinaire famille des vaches - Charlotte, Titine et Fifine, prénoms ou surnoms des tantes du chanteur - dirigées par le taureau Arthur (en hommage à Rimbaud). Il faut ajouter une quarantaine de moutons, brebis, chèvres, le poney, le hibou, les autres chimpanzés, certains adoptés aux portes des cirques ambulants qui les maltraitaient, d’autres aux grilles des abattoirs. Tous entrent, sortent comme ils veulent dans les pièces du vieux château de Pechrigal, pissent et chient où bon leur semble, tombent malades, font sans cesse des conneries, exténuant les pauvres bonnes qui n’en peuvent plus.
Insolite cette arche de Noé enlisée dans le Lot ? Pittoresque cette bergerie du Bon Dieu avec Léo Ferré dans le rôle du bon pasteur ? Oui. Non. En fait, nous sommes dans le drame, et même dans une sorte de tragédie mi-ménagerie, mi-basse-cour, comme le raconte, dans une surprenante biographie («Comment voulez-vous que j’oublie… Madeleine et Léo Ferré, 1950-1973»), Annie Butor, avocate et fille de Madeleine Ferré, qui fut l’épouse du poète de 1952 à 1973. Un récit sur une famille obsédée par son amour des animaux au point de respecter la plus affreuse limace ou de ne pas vaporiser d’insecticide sur les mouches. Et qui est tombée sous l’emprise de Pépée, la chimpanzée démiurge, pour laquelle le chanteur et sa femme éprouvent une passion folle, donc destructrice, qui va les rendre esclaves et les consumer peu à peu.

Avertissement du dresseur

pépée FerréDes dizaines d’années plus tard, Anne Butor, cette fille adoptive de Léo, qu’il aima et pour laquelle il composa Jolie Môme, en garde encore un goût de cendres. Les relations de la famille avec les autres animaux, c’était déjà du délire. On peut en avoir un aperçu dans un récit, «Les mémoires d’un magnétophone», écrit cette fois par Madeleine Ferré, la femme du chanteur. Baba l’encombrant cochon campe en quasi-permanence au château : «On regarde ses jambonneaux qui demeureront sur pied à vie. On ne peut pratiquement plus manger de porc. Je lui nettoie les oreilles avec de l’huile d’olive. Il remue son tire-bouchon de queue et m’embrasse avec son groin plein de terre grasse.»
Avec Pépée, l’histoire n’est pas si rose. Gin, le dresseur de singes qui leur a vendu l’animal bébé, les avait pourtant prévenus : «J’ai divorcé trois fois à cause de mes chimpanzés, faites attention ! Plus qu’un autre animal, il faut qu’un chimpanzé sache qui est le maître sinon vous allez au désastre.» A l’âge adulte, il a en effet la force de sept ou huit hommes.

Au départ, tout va bien. «Pépée avait sa chambre, ses jouets, elle déjeunait avec nous, faisait la sieste, conduisait la voiture sur les genoux de Léo. Le soir, avant d’enfiler son pyjama, elle buvait gentiment sa tisane avant de nous serrer tendrement et très fort entre ses bras», raconte Anne Butor.
Bientôt, elle devient le personnage le plus important de la famille et la vie un enfer. Léo Ferré, qui se revendique anarchiste et a horreur des mots pouvoir et autorité, laisse à la chimpanzée une liberté totale qu’elle utilise pour martyriser son monde. Qu’importe ! Pour le poète et son épouse, elle est leur «seconde fille», traitée comme une enfant, surtout pas comme un animal. «Nous ne tolérons pas qu’on dise d’elle qu’elle est un singe […]. Nous ne dressons pas Pépée, nous l’élevons», écrit Léo sur la pochette d’un disque. «Chaque mot ou expression à son égard, rapporte Anne Butor, était analysé comme un sésame pour leur monde. Il fallait adhérer entièrement à leur mode de vie, faire allégeance, sinon on devenait un ennemi. Ils cataloguaient définitivement les gens selon leur approche de Pépée. Ils se sont comportés en tyrans. Avec un bel accord, ils ont, petit à petit, tout rejeté, famille, enfant, véritables amis. Ceux qui se rendaient compte de la folie ambiante et essayaient de les mettre en garde étaient écartés.»

pépée Ferré 1Parfois, les initiatives de Pépée sont jouissives. Elle roule de «fougueux patins» à l’écrivain Paul Guimard. Elle déshabille le préfet et Madame venus dîner. «Pépée fit une entrée fracassante, en un tour de paluche, ils étaient tous les deux quasiment à poil. Elle faucha tranquillement une petite tranche de gigot et s’en alla avec sous le bras, dans une main, manteau de fourrure, collier, bracelet et soutien-gorge, dans l’autre montre et nœud papillon. En un clin d’œil, tout était au-dessus du toit.» Parfois, les facéties tournent au drame. S’étant emparée d’un bébé dans une poussette, elle s’échappa avec lui sur le toit, insensible aux exhortations de Léo - «Papa n’est pas content, papa va tirer» -, qui la menaçait avec un pistolet en plastique. Les pompiers furent appelés.

Terreur des visiteurs
Le château devient bientôt le lieu du cauchemar. Couvertes de morsures, les domestiques s’enfuient. «Elle savait qu’elle ne risquait rien à faire sa loi, tout lui était permis […]. Elle voulait avant tout le pouvoir. Elle l’a eu. Vouloir n’est pas obtenir, mais Pépée obtenait tout ce qu’elle voulait.» Peu à peu, le vide se fait autour du couple du fait de «la véritable terreur qu’elle inspirait aux visiteurs» lorsqu’ils voient débouler «une forme noire d’environ un mètre vingt, qui fonçait sur vous et n’hésitait pas à vous renverser, en exhibant ses énormes canines, prête à vous mordre si vous ne lui étiez pas sympathique ! Vous deveniez sa chose. Au gré de ses humeurs, elle jouait avec vous ou vous agressait.»
Lasse d’être mordue cruellement par Pépée, qui se laisse aussi tomber de tout son poids sur sa tête et ne la laisse pas préparer ses examens, Anne Butor décampe pour se réfugier chez son vrai père. Même Léo finit par craquer, en mars 1968. «Il a fui l’univers qu’il s’était créé. C’était l’isolement complet, l’enfer. Il a quitté le Lot parce qu’il en avait assez de sa vie de fou», confie-t-elle." 
LIBÉRATION

 

Cette île du Guesclin peut être observée depuis le GR 34-Sentier des Douaniers du littoral entre Cancale et Saint-Malo. Quant à nous, revenons un peu plus à l'ouest, non loin de la Pointe du Château, entre Saint-Brieuc et Morlaix.
Dans le précédent épisode, ma tronche faisait face au bassin ostréicole de Plougrescant. Nous étions dans cette baie surnommée Baie de l'Enfer, qui accueillait en son antre les îles Loaven, Verte, Er ou encore "Petite île".

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La Petite île et île Verte                                                                                         Île Loaven        

Si l'île Loaven est aujourd'hui une propriété privée, avec quelques habitations de construction récente que se partagent plusieurs familles en résidences secondaires, l'île d'Er est connue pour avoir été un lieu de stockage des déchets pétroliers. En 1967, lors du naufrage du Torrey Canyon, des fosses ont été créées sur l'île pour stocker les déchets mazoutés issus de la marée noire. D'autres fosses ont été ajoutées après le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 ainsi que celui du Tanio en 1980. Dans l'urgence, et sur réquisition de l'État, les fosses ont été creusées pour recevoir le pétrole qui s'est solidifié depuis 42 ans. Ces déchets ont été "oubliés" jusqu'en août 2008. C'est aussi une réserve d'oiseaux migrateurs (Grand Corbeau, Hibou des Marais,...) et elle est en vente pour 2,28 millions d'Euros.
Et si tu n'as pas les moyens de t'acheter cette île, saches qu'il est toujours possible de passer quelques nuits sur un autre îlot, situé un peu plus loin, dans la baie de Morlaix.

île Louët

Il s'agit de l'île Louët.

ÎLE LOUËT
ile louet

Photo : Domaine de Mesquenau

Le phare de l’île Louët, situé sur un îlot rocheux à 350m des côtes de Carantec, fut construit en 1857 par l’ingénieur Fenoux. Ayant pour objectif de sécuriser l’accès des navires au port de Morlaix par son éclairage permanent, il fut habité par plusieurs gardiens et leur famille, qui se sont succédés jusque dans les années 60, époque de l’automatisation du phare.
En 2004, la ville de Carantec décide de remettre en état la maison du gardien en accord avec le service des Phares et Balises, propriétaire de la maison et du phare.
L’objectif était fixé de « rendre le lieu accessible à tous, de révéler son identité et de protéger ses ressources ». La rénovation de la maison et de ses dépendances dans un confort modeste, en concordance avec l’esprit de l’île, permet désormais d’ouvrir ce lieu magique à un large public.
L’île Louët est un lieu unique à l’équilibre fragile. Y séjourner, c’est vivre au cœur d’une nature préservée, mais c’est aussi accepter les contraintes liées à sa situation et à son environnement exceptionnel.
L’eau doit être utilisée avec modération, en raison du système de traitement des eaux usées. Les douches se font à eau froide. Seule la cuisine est équipée d’un système d’eau chaude. L’ampérage est faible. L’électricité est alimentée par des panneaux photovoltaïques situés dans le jardin. Fragiles, il convient d’y faire très attention. L’utilisation d’appareils électriques autres que ceux mis à disposition dans la maison est interdite (exceptée la recharge des portables). Il n’y a pas de chauffage. Cette maison-gîte peut accueillir 10 personnes et c'est 250 euros la nuit.
Informations : Morlaix Tourisme.

 

Une fois qu'un coup que ça c'est fait, je poursuis ma route toute la sainte journée sur le Sentier des Douaniers-GR34-du littoral. De belles plages de galets blancs se succèdent, accompagnées d'une eau turquoise sur laquelle se sont posés quelques bateaux éparses.

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Cette partie du sentier où je me trouve fait maintenant face à La Manche.

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Autrement dit : plus de baie, plus d'îles, mais un large panorama sur une étendue d'eau bleue dont l'horizon s'étend aux côtes anglaises. Pour peu que j'eusses un oeil bionique comme Steve Austin, je pourrais apercevoir l'horloge l'ancien hotel de la ville anglaise de Kingsbridge qui fait face à Plougrescant. Quand je dis qu'il n'y a plus d'île, il y a en fait plusieurs îlots ; sorte de rochers distribués de part et d'autres sur la Manche. Une côte morcelée et acérée, surréaliste et magnifique, qui semble avoir été découpée au scalpel.

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Sorte de mer de transition, La Manche sépare la Mer du Nord de l'Océan Atlantique, s'étendant entre le sud de la Grande-Bretagne et le Nord-Ouest de la France, de la pointe de l'île d'Ouessant jusqu'au Pas de Calais.

 

LA MANCHE
la manche

Superficie : 75 000 km2
Longueur : 500 km
Largeur maximale : 250 km (entre le Dorset et la baie du Mont Saint-Michel)
Profondeur maximale : 185 m (fosse centrale)

La Manche est un bassin sédimentaire  -occupé par les eaux de l'Atlantique-  qui unit ceux de Londres et de Paris. Sa forme en entonnoir lui vaut de forts courants. Ses tempêtes, dominées par des vents d'Ouest, sont violentes.
La Manche présente principalement des rivages sablonneux (golfe de Saint-Malo, baie de Seine, pas de Calais). Le littoral comporte aussi des vasières peu étendues, ainsi que quelques falaises crayeuses spectaculaires, tant du côté français que du côté anglais (pays de Caux, Étretat, Kent). Les îles de la Manche (îles anglo-normandes, île de Wight) sont localisées à proximité des côtes.
La Manche est également la principale voie maritime entre l'Océan Atlantique et l'Europe du Nord. Le trafic au long cours (300 000 navires par an) et les liaisons "transmanches" par ferry ou hydroglisseur représentent le quart du trafic maritime mondial. Autrement dit, c'est l'une des zones maritimes les plus fréquentées du globe.
Mais plus qu'un simple bras de mer dédiée au trafic maritime, la Manche a été, jusqu'à la moitié du XXème siècle, le théâtre de toutes les rivalités européennes. Son histoire est indissociable des grands évènements de l'Europe.

LES FLOTTES CONQUERANTES
Au IIème millénaire avant J.C., les Celtes occupent ses rivages, puis les Romains font de même (43 - 83 après J.C.) lorsqu'ils envahissent la Grande-Bretagne.
Du VIIIème au XIème siècle, la Manche connaît les expéditions des Normands (Vikings), venus de Scandinavie, poussés par la surpopulation, la recherche de débouchés commerciaux et l'attrait des butins. En 857, ils remontent la Seine. C'est de la Normandie qu'ils partiront, conduits par Guillaume le Conquérant, prendre l'Angleterre au XIème siècle.
La Manche a également servi de lieu d'affrontement aux grandes monarchies européennes. En 1588, l'Invincible Armada, envoyée par Philippe II, roi d'Espagne, pour détrôner la Reine d'Angleterre Elisabeth Ière, est vaincue par la tempête et par la supériorité tactique anglaise. Toutefois, la Manche est aussi une voie d'évasion pour ceux qui, en France, fuient les persécutions religieuses (les protestants, au XVIème siècle) ou idéologiques (représentants de la noblesse lors de la Révolution française)

PIRATERIE ET GUERRE SOUS-MARINE
Après la découverte du Nouveau Monde (1492) et l'exploration consommée des colonies (Inde), la Manche devient un passage obligé pour les navires des grandes puissances. Attirés par les richesses qui transitent dans ces eaux, flibustiers et pirates hantent le bras de mer (7000 épaves recensées à ce jour). Certains d'entre eux, tels Surcouf ou Duguay-Trouin, y trouveront la gloire et la reconnaissance officielle de leurs mérites.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, la Manche devient le théâtre de batailles navales entre les Alliés et les Allemands. Les premiers sous-marins nazis y font régner la terreur, tandis que dans les airs, la bataille d'Angleterre oppose les chasseurs britanniques aux bombardiers allemands. Le 6 juin 1944, les forces alliées s'y amassent et, dirigées par le Général Eisenhower, débarquent en Normandie.

LE TUNNEL SOUS LA MANCHE
Dès le XVIIIème siècle, le projet de franchissement du pas de Calais par une liaison sous-marine n'a eu de cesse de défrayer la chronique. Au XIXème siècle, il est soutenu par la Reine Victoria mais rejeté par les militaires britanniques et les ligues puritaines. Les atermoiements prennent fin en 1987 lorsque le groupe Eurotunnel entame le forage de trois tunnels (150 km de galeries). Le 6 mai 1994, le "Shuttle" relie la Grande-Bretagne et la France en parcourant 50,5 kilomètres dont 38 percés sous la mer.

D'après LES ÉDITIONS ATLAS

 

J'ai rejoint le petit port de Pors-Hir baignant dans une douce calmitude. Sa plage de sable fin et blanc permet aux quelques touristes et locaux présents de se poser en appréciant les rayons du soleil aux rythmes lancinants des sons passagers émis par quelques oiseaux de mer de passage dans le ciel et sur les eaux.
Je traverse le lieu pour me diriger toujours vers l'Ouest car c'est bien connu : à l'ouest, il y a toujours du nouveau.
Une digue en béton expose quelques barques colorées, prêtes à partir pour la pêche amateur.

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De gros blocs de granit, dans lesquels sont venus s'encastrer des maisons, séparent les deux plages de Pors Hir.

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C'est ici que commence la Pointe du Château.

 

LA POINTE DU CHÂTEAU

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Puissante avancée rocheuse, la Pointe du Château ne se contente pas d'être la plus septentrionale des terres bretonnes, elle offre aussi un remarquable aperçu du littoral granitique uniforme qui caractérise la région des Côtes-d'Armor, la superbe côte des Ajoncs, qui court de Plougrescant à Trélévern.
La côte des Ajoncs doit en partie sa renommée à ses maisons pittoresques, si proches des rochers que certains d'entre eux font office de murs. La plus célèbre de ces habitations est la maisonnette de Castel-Meur, que l'on croirait prisonnière des deux impressionnants blocs qui l'encadrent.

UN GOUFFRE GRANITIQUE
Pays rude et sauvage, la région de Plougrescant s'étend en bordure de l'estuaire du Jaudy, depuis l'intéieur des terres jusqu'au rivage de la Manche : cette "presqu'île de l'échappée belle", comme on la surnomme parfois, est un dédale de rochers et de galets où le sable ne trouve refuge que dans de petites criques. Parvenu à la cote, on découvre le Gouffre, deux vertigineuses parois de granite sur lesquelles les déferlantes se brisent avec violence.

DE SOMBRES COULÉES DE DOLÉRITES
Les affleurements granitiques littoraux commencent à émerger au début de l'ère quaternaire, à la faveur d'un léger soulèvement de l'ensemble d Massif armoricains, qui rajeunit les côtes bretonnes depuis la baie du Mont-Saint-Michel jusqu'à l'anse de Saint-Nazaire. Sur la côte des Ajoncs, les reliefs granitiques sont truffés de surprenants filons de dolérite noire : témoins de phénomènes volcaniques, ces roches basaltiques éruptives, pauvres en silice, contiennent du mica noir, et leur texture en cristaux est visible à l'oeil nu.

LES TOMBOLOS DE GALETS
Depuis cet épisode géologique, la côte des Ajoncs n'a cessé de se métamorphoser. Sous l'action de l'érosion  -le vent, la pluie et les embruns semblent ici plus agressifs qu'ailleurs- , des pans entiers de falaises se sont détachés. Des rochers à demi émergés composent d'impressionnants décors minéraux.
Au lieu-dit de Castel-Meur, la houle a accumulé suffisamment de galets pour façonner trois "tombolos", remparts naturels qui ont donné naissance à deux étangs d'eau saumâtre. Ce mélange d'eau douce et d'eau de mer s'est opéré naturellement, puisque la lagune se nourrit du milieu marin, avec lequel elle communique à travers les galets.

FLORE MARINE ET OISEAUX LIMICOLES
Dans les environs immédiats de la pointe du Château, la flore est parfaitement adaptée au milieu marin. Deux espèces prédominent : le pavot cornu à fleurs jaunes, hôte habituel des sols à tendance sableuse, et le chou marin, plante vivace qu s'accroche aux galets grâce à ses longues racines.
Par ailleurs, la présence d'eau saumâtre attire de nombreux oiseaux limicoles, comme l'huitrier-pie, le vanneau huppé, le bécasseau variable, le tournepierre à collier et le chevalier gambette.
D'après LES ÉDITIONS ATLAS

 

Mais que ces noms d'oiseaux sont beaux ! Ils me font penser à Édika nous parlant des fous de Bassan...

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Dessins : Édika

Petite explicatif géolo-historico-culturo-floro-fauno-architectural fait, me voici à présent de l'autre côté de la barrière rocheuse où est allée s'encastrer les 2, 3 maisons. Et là, mais qué ne vois-je, ô beauté divine ! Eh bien ceci :

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Oui, je sais ce que tu vas dire.
TU : "- Ben, c'est une plage quoi !"
Oui, tu as raison. C'est vrai : c'est une plage. Et j'ai envie de te dire : Pourquoi pas ? Hein ? Ah, ah, ah ! Tu t'y attendais pas à cette réponse, hein ?
Bon, qu'est-ce que j'raconte, moi ? Passons...
Cette plage est tout de même très belle : sable blanc, eaux turquoises, galets blancs, quelques algues vertes, quelques personnes en blanc, rochers gris, nuages blancs, ciel bleu viennent colorer le tout.

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C'est paradisiaque !
Sauf que...

Enfin quoi, merde : c'est pas compliqué ! Trois planches, deux tabourets, un peu de rhum, des artichauts... de la menthe, de la glace pillée, du sucre... vous avez du sucre ? Eh ben du sucre, de l'eau gazeuse et voilà !

BREF !
Je continue en suivant un sentier fléché avec de drôles de dessins qui foutent les boules.

sentier du littoral, panneau 1

Je ne sais pas ce que c'est que cet animal là, mais apparemment il en a gros à dire sur la faune et la flore locales que je croise d'ailleurs par endroits et de façon complètement imprévue.

sentier du littoral, panneau          sentier du littoral, flore

Sur la photo ci haut, à droite, on voit bien qu'il s'agit de crambe maritime, encore appelée choux marin, plante appartenant à la famille des Brassicacées (ou Crucifères) et qui est cultivée pour l'ornement et la consommation. Eh oui, elle se consomme ! Et là, tu me dis :
TU : "- Mais que peut-on donc faire comme plat avec cet aliment de prime abord assez bordélique d'apparence ?"
Bonne question et pour te répondre, je renvoie cette interrogation à José qui nous livre quelques secrets de préparation culinaire au sujet de ce légume pas banal.

JOSÉ : "- Le crambé peut se consommer cru ou cuit. Comme il est très riche en vitamines C - que la cuisson détruit - j'ai personnellement tendance à le préférer cru pour préserver cet apport. Mais j'apprécie cependant les feuilles et les pétioles cuits au jus ou en sauce blanche.
Ce légume du bord de mer est riche en oligo-éléments, parmi lesquels de l'iode, indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde. Il contient également un hétéroside soufré - perceptible à l'odorat - qui marque nettement sa saveur. On  attribue aujourd'hui à cette substance un grand pouvoir anticancérigène, ce qui est une propriété tout à fait appréciable.
Une salade de feuilles et de pétioles ciselés est un délice.  Mais ce qui est - à mon avis - le plus extraordinaire dans les salades, ce sont les  fruits encore verts - utilisés comme de petites olives -  et les fleurs. très mellifères. Ce sont des ingrédients d'une délicatesse insoupçonnée qui combinent les saveurs de l'asperge, du chou-fleur et du cardon à petit goût noisetté extrêmement subtil."   LES JARDINS DE POMONE

 

Tout ceci, bien sûr, ne répond pas à notre question : mais qu'est-ce que c'est que cet "animal" qui orne le sentier du littoral et qui ressemble à une moufle avec des yeux ? Quel est son nom ? Mouflos ? Et pourquoi choisir une moufle avec des yeux et des bras pour nous parler du littoral breton à hauteur de la Pointe du Château ? Et José : nous avait-il tout dit au sujet du choux maritime ? Est-ce que ce légume de mer fortement iodé ne serait-il pas aussi un p'tit peu hallucinogène sur les bords ? Hein ?
Tant pis, continuons.

Après avoir croisé d'un regard lointain quelques propriétés privées bien placées, je traverse une mini forêt d'où s'échappent quelques chants de cigales discrètes d'apparence. Quelques mètres plus tard, je me trouve face à une... face à une... face à une... PLAGE !!! Ouaaaaaiiissss !

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Ah ben tu m'fais marrer : c'est le Sentier du littoral des Douaniers-GR34 ! On ne va pas croiser des églises, des cathédrales, un aéroport, des vignes, des supermarchés, des autoroutes, des immeubles (encore que, sur la Côte Blanche en Espagne, il y en a), des terrains de foot, hein !
Nous sommes au bord de la mer DONC nous croisons des plages qui ont chacune un aspect différent, une contenance variée. Ici, il n'y a pas de sable blanc, mais de beaux galets uniformes et une forme de coquille à couper au couteau. De plus, cette plage qui n'en ai pas vraiment une  -, mais qui en décide réellement de ce qui peut être une plage ou non ,-  revêt un tout autre visage suivant les heures de marée.
Je m'étais rendu à cet endroit la veille, mais à une heure différente. L'endroit avait alors une toute autre apparence.

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Marée basse, marée haute. Soleil, pluie. Jour, nuit. Printemps, hiver. C'est aussi cela qui fait le charme de la Bretagne : un même endroit n'a jamais la même lumière ni la même apparence suivant les heures, la météo, le temps les saisons...
Autre exemple avec ce lieu un peu plus loin, vu à deux heures différentes

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                                   Marée haute

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Marée basse                                     

Oui : tu n'as pas intérêt à te planter d'horaire si tu veux plonger de ce rocher.
Je ne sais pas pourquoi, mais quand je vois des paysages comme ça, j'ai envie de danser sur du Johnny Clegg. Ca n'a pas grand chose à voir avec le lieu, mais il y a une sorte d'euphorie qui me prend quant au fait de savoir que tu pourras revenir le nombre de fois que tu veux à un endroit, il sera toujours différent. Déjà que nous n'avons pas assez d'une vie pour découvrir tous les lieux, tous les départements, toutes les régions, tous les pays, tous les continents... C'est euphorisant, et frustrant aussi un peu. Bof, on fait ce qu'on peut. Et en méditant sur ce sujet tout en murmurant dans mes pensées quelques mots d'Alain Bashung avec ses "grands voyageurs" ou Jules Vernes avec son "tour du monde en 80 jours" (mais pourquoi aller vite ?!), je regarde ce rocher qui me face et qui tire une drôle de tête.

355Un dindon... Le rocher du dindon... Touristiquement parlant, cela ne sonne peut être pas très bien. Le rocher du coq. Mieux. Oui, il a un oeil et un bec de coq ce rocher ! Il faudrait ajouter une action, ou une métaphore, ou une étrangeté qui donnerait aux touristes l'envie de venir voir cette "falaise" taillée par le vent, la mer et le temps. "Le coq taillé" ? "Le coq en pâte" ?  D'où vient cette expression d'ailleurs ? 
"Être comme un coq en pâte" : (xixème  siècle) Les plus beaux coqs des fermes étaient particulièrement bien traités dans le but de les présenter à des concours agricoles. Certains étaient même recouverts d’une pâte qui rendait leurs plumes plus brillantes, d’où l’expression.
Sache qu'en République Tchécoslovaque, on dit plutôt "Vivre comme un cochon dans le seigle" ; en Angleterre : "Être autant à son aise qu'une punaise dans un tapis", en Espagne : "Avoir les reins bien couverts", en Roumanie : "Vivre comme dans le sein d'Abraham"...

 

Ou sinon, on pourrait également nommé ce rocher original "Le coq en roche" pour les naturistes ? "Le coq à Hïn" pour les dépendants ? "Le coq Pitt" pour les aviateurs-admirateurs de l'acteur américain ? "Le coq taïl" pour les alcoolos ? "Le coq aux fesses" pour ceux qui aiment les noix exotiques ? "Le coq à Trix" pour les Bobos parisiens ? "Le coq Hard" pour les fans de métal ? "Le coq si grue" pour les littéraires ? "Le coq six" pour les rhumatologues ? "Le Coq Asse" pour les nostalgiques de foot stéphanois ? "Le Coq tel Molo tof" pour les révolutionnaires ?
Ou encore adopter un expression pour caractériser ce rocher en "Sautant du coq à l'âne" pour "Sauter du coq à Kola" afin de lui donner une dimension américaine ? Ouais, bon, j'arrête, c'est nul.

 

Et voici qu'après quelques jours de marche... non n'exagérons pas...
Et voici qu'après quelques heures de marche sur ce Sentier 34 du GR des Douaniers du littoral, j'arrive à cet endroit que tous les guides touristiques bretons reprennent pour mettre en évidence la beauté et la nature sauvage de leur région. Nous sommes maintenant à Castel Meur.

 

CASTEL MEUR

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Qu'on se le dise : Castel Meur en Breton veut dire grand château. En voyant l'édifice, faut quand même pas exagérer. Mais écoutons un peu l'histoire de cette demeure privée qui, fut un temps pas si lointain encore, figurait sur les affiches de publicité touristique pour la Bretagne, sur les cartes postales et autres brochures, avant que...
"Castel Meur est le nom de cette maison surprenante. Elle tourne le dos à la mer depuis 1861, année de sa construction, pour se protéger des vents violents qui soufflent lors des tempêtes, fréquentes à cet endroit. Cette demeure minuscule fut érigée à une époque où les permis de bâtir n'existaient pas, où chacun pouvait construire à sa guise et laisser libre cours à sa fantaisie. Il fallait par ailleurs avoir un amour immodéré pour la mer et ses caprices pour vivre en un tel endroit, surtout en hiver. Son bâtisseur était de cette trempe et vivra ici de nombreuses années, creusant presqu'entièrement de ses mains la lande pour y aménager deux étangs.
Ses héritiers ne l'occuperont qu'épisodiquement, les jours de beau temps. Elle sera une résidence secondaire pendant plusieurs décennies, paraissant même parfois abandonnée car ouverte seulement une fois tous les deux ou trois ans depuis la fin du 20ème siècle. L'occupante actuelle, en effet, petite-fille du premier maître des lieux, quittera Tréguier où elle était née, pour aller faire fortune en Amérique. Après avoir cédé son affaire, elle revint s'installer ici en 2004.
Entre temps, les édiles locaux, soucieux de développer la vague déferlante du tourisme côtier, se seront emparés de l'image de Castel Meur pour en faire l'emblème de la Pointe de Plougrescant...

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Elle fera le tour du monde, générant un engouement tel qu'elle n'était plus considérée par le visiteur de passage comme une propriété privée mais comme un site ouvert à toutes les curiosités. La désinvolture ira à son comble un beau jour d'été où un autocar de touristes japonais aura la mauvaise idée de s'arrêter là : ses passagers voulant à tout prix un souvenir original iront jusqu'à grimper sur le toit de la maisonnette afin de s'y faire photographier ! Les dégâts qu'ils auront occasionné pousseront la propriétaire à protéger son bien : elle intentera une action en justice afin de faire valoir sa "propriété à l'image" et, depuis lors, toute représentation commerciale de Castel Meur est désormais interdite. Tu ne trouveras donc plus dans les boutiques de souvenirs de cartes postales représentant cette maison : elles ont toutes disparu.
Une barrière interdit l'accès au site bien au delà des limites de la propriété mais elle a une autre raison d'être. Construite à l'instigation de la LPO, elle est destinée à éviter le passage des hordes de touristes peu soucieux de l'intégrité des espaces naturels. Un oiseau se faisant rare sur ces côtes y niche à la belle saison, déposant un ou deux oeufs entre les galets : le gravelot. Il n'est pas le seul à devoir être protégé : le site entier menaçait d'être inondé aux grandes marées tant les galets y étaient emportés par des visiteurs indélicats. Jusqu'au milieu du 20ème siècle, ce furent les résidents de la région, plus tard, ce furent les touristes de passage voulant emporter un souvenir."  DOCARMOR

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C'est vrai que c'est pas banal, à la limite du poétique. je me mets à penser à ce que peuvent vivre ses habitants lors des jours de grandes tempêtes. Le souffle des vents forts, le vacarme des vagues qui viennent se fracasser contre les côtes toutes proches. Les lumières de la maison qui vibrent, les craquements du bois mis à l'épreuve. Pas un son humain, urbain, ni même la moindre présence sonore d'un oiseau. C'est la tempête. On ne sait pas quand elle s'arrêtera. Une seule chose à faire : rester à l'abris et attendre.
Mais quand il fait beau comme aujourd'hui, cet endroit te donne envie de courir, de chanter, de crier, d'humer l'iode, de bouffer des fleurs, de... Ô joie ! Ô Allégresse ! Allez, courons dans cette pampa bretonne, le bonheur au ventre et la rigolade alerte !

 Une fois (ou deux fois, c'est comme tu veux) passé ce lieu très touristique tout de même, je poursuis le Sentier GR34 - du littoral des Douaniers. Un chemin bétonné et très bien délimité dans les roches écartelées me fait parvenir au lieu-dit Le Gouffre car, ne l'oublions pas, ces deux billets de randonnée bretonne portent le titre "De l'Enfer au Gouffre". Tout s'explique !
Dans ma tête de gars qui transforme chaque mot en des images figées, le gouffre devait être un site incroyable, dangereux, inquiétant. Peut être y'avait-il ici d'étranges petits hommes, sorte de trolls, qui poussaient les gens dans la mer en chantant du Michel Sardou. Une mer-Manche alors devenue un seul et étroit trou sans fin, dont personne ne connaissait l'issue. Car personne n'était ressorti de là vivant, ni mort d'ailleurs.

Suspense...
                                  Méfiance...
                                                                            Voici...

LE GOUFFRE

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J'ai eu un peu de mal à le trouver, mais, finalement, il était là... Le Gouffre !
Il s'agit d'une grosse brèche dans une haute roche et dans laquelle viennent se mêler mer, vagues et vents.

372"Situé à l'autre extrémité de la plage, s'enfonçant un peu plus dans la mer devant un amas chaotique, le "vrai" Gouffre ouvre sa gueule tel un dragon tapis dans les entrailles du granit rose qui caractérise la côte. Surnommé gouffre de la Baie d'Enfer, il est formé d'un enchevêtrement de pans de falaise écroulés il y a bien longtemps. Les jours de tempêtes font vibrer les rochers où le vent et les éléments déchaînés hurlent alors avec une rare intensité la force d'un océan tout proche.
Le panorama qui s'y déroule semble ne plus vouloir s'arrêter à l'horizon d'une côte parsemée de pointes et de rochers rivalisant de sauvagerie.
Ce site remarquable, mais surtout impressionnant par la rudesse du paysage, décuple l'impression d'être en enfer lors des coups de vent. A ce moment, les déferlantes se ruent avec une violence décuplée entre les énormes blocs de granit, soulevant des gerbes d'écume soufflées sur des centaines de mètres !

Certains jours, le déchaînement des éléments prend des proportions extraordinaires, comme en mars 2008 où des vagues gigantesques faillirent emporter Castel Meur. D'une hauteur et d'une violence extrême, elles soulevèrent des tonnes de galets, arrachant également les pierres du muret d'enceinte édifié il y a 150 ans, pour les déposer plus loin, sur près d'un mètre de hauteur !" DOCARMOR

 

Autant de pierres, de rochers, de vents, de douleurs qui me rappellent en mémoire la citation de Mohamed Ali - Cassius Clay avant son combat contre George Foreman, le 30 octobre 1974 à Kinshasa, et baptisé "The Rumble in the Jungle".

   Ali Foreman Photo : AFP archive
"J'ai lutté avec un alligator, je me suis battu avec une baleine, j'ai passé les menottes à un éclair et emprisonné la foudre. La semaine dernière encore, j'ai tué une rocher, blessé une pierre, fait hospitaliser une brique. Je suis si méchant que je rends la médecine malade."

Je reste un peu dans le lieu. Des gens passent, s'arrêtent, hument l'air du large. Il y a beaucoup de vent. L'air est vif.
Sur le versant Nord du lieu, j'ai une belle vue sur ces côtes déchirées arrosées par une belle lumière de juillet, peu à peu descendante.

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Le même payage, mais avec un rocher devant.

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Des rochers partout :
sur terre, devant, derrière, en mer.

MAIS...

Eh oui : pas de Mojitos ! Pas de cidre ! Pas de Chouchen ! Pas d'hydromel ! Pas de Muscadet ! Pas de poiré ! Pas de Pommeau ! Pas de babeurre ! Pas de Beuk Cola ! Pas de Breizh Cola ! Rien !
Il n'y a que la nature, la Manche et des rochers sur lequel le soleil vient déposer ses derniers rayons fiévreux de la journée ; une côte parsemée de pointes et de rochers rivalisant de sauvagerie. Je me pose face à ce paysage en repensant à ces images sépias du même lieu tournées quelques années auparavant par Jean-Pierre Jeunet pour son film "Un long dimanche de fiançaille". Je n'ai pas trouvé la maison qui figure dans le film et où le facteur vient faire quelques dérapages dans le gravier. Mais il me semble être face à ce paysage qui réapparaît souvent lors des pérégrinations de Mathilde, faites de pensées, d'espoirs et de défis, accompagnées par la musique d'Angelo Badalamenti.

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En attendant que la petite famille me rejoigne pour contempler le coucher du soleil, je regarde un peu les infos locales. La coïncidence veut que là-bas au loin, se trouve Pors Scaff. 
Pors (ou Porz) Scaff n'est pas une région, ni département, nu une ville, ni un bar. C'est un ensemble, un lieu au large des côtes bretonnes, mais pas tant que ça. Ce lieu se divise en deux parties principales : d'un côté l'ile aux Pins, de l'autre un ilôt privé, dit Yvinec.
C'est sur l'île au Pins que se cacha durant de nombreux jours l'Abbé Loas, fuyant les persécutions de la Terreur. Il se réfugia dans une grotte encore existante aujourd'hui et qui porte le nom de 'Toul ar C´horandonet'. Il fut soutenu dans son exil par les habitants de Plougrescant qui lui apportèrent de quoi survivre dans ce refuge de fortune.
La petite île Yvinec, quelque part au milieu des multiples îlots de pierres, désertés ou habités, s'étend sur une surface d''un peu moins d'un hectare. Propriété privée depuis maintes générations, elle possède depuis peu une éolienne.
Les deux îles sont raccordées par un banc de galets. Les jours de tempête, l´assaut des vagues permet, parait-il, d´entendre de la terre ferme, le roulement des galets. Cela me rappelle ces heures nocturnes que j'avais passées à Étretat, sur cette plage de galets faisant face à la Grande Aiguille refuge d'Arsène Lupin, d'après Maurice Leblanc.
Dans l'obscurité, à une heure tardive de septembre il y a quelques années, ni l'Aiguille, ni l'Arche, ni la Manneporte, ni l'Eléphant n'apparaissaient. En belle compagnie, après quelques bières bues au Pub local, nous écoutions embrumés la mer venir se déposer sur les galets, puis se retirer, puis revenir, puis repartir, et revenir. Sans cesse. Lentement. Rapidement. Son sourd. Son plus strident. Chaque ressac nous semblait différent, mais tellement reposant et méditatif. C'est con, hein ? Non, c'est simple. Quelques bières accompagnées de musiques et de discussions variées ; puis le silence nocturne de la nature inattendue. C'était un son nouveau dont nous avons eu du mal à nous défaire. Il était pourtant répétitif, mais incroyablement apaisant.

Toujours est-il que, là, aujourd'hui, dans ces dernières heures de la journée, la petite île d'Yvinec montrait à peine sa présence. "Le Télégramme", journal local breton, annonçait ce jour que c'était cette petite île que Guirec Soudée habitait avant de se lancer dans un Tour du Monde à la voile avec sa poule Monique.

 

UN TOUR DU MONDE AVEC MONIQUE, LA POULE

guirec-et-monique-dans-le-vent-du-grand-large-photo-guirec_2088801_566x405Faire le tour du monde à la voile. Pour Guirec Soudée, qui habite une île à Plougrescant (22), ce n'est pas un rêve. C'est son quotidien qu'il partage avec Monique, sa poule, embarquée aux Canaries.

 

En quittant le plancher des vaches, Monique allait-elle avoir le mal de mer ? « Elle n'a peur de rien », s'amuse Guirec Soudée. C'est aux Canaries que le jeune aventurier l'a embarquée sur son bateau. Qui est Monique ? Sa poule. « Mes amis me disaient qu'elle allait être stressée, qu'elle ne pondrait pas... ». Ils avaient apparemment tort. Monique plus forte que les embruns ? Ce n'est pas une poule mouillée, cette gallinacée. « Quand on avait des tempêtes, elle se promenait sur le pont », se rappelle Guirec. Début septembre, il a laissé Monique et son dériveur lestés aux Antilles. Premier canot à 7 ans Sur l'île d'Yvinec, en face de Plougrescant, il a fait, début septembre, une escale de quelques jours dans la maison familiale. Puis, il a repris l'avion pour poursuivre son tour du monde à la voile. « J'y pense depuis longtemps. C'est un rêve que j'ai depuis toujours », témoigne le jeune homme du haut de ses 22 ans. Entre lui et la mer, c'est une histoire qui dure depuis toujours : « J'ai eu mon premier canot à 7 ans. À 8 ans, j'allais poser mes casiers ». Pour les études, c'est une autre histoire. Ce n'est pas vraiment sa tasse de thé. Après avoir navigué dans treize écoles différentes, il coupe les amarres avec le grand navire de l'Éducation nationale à 18 ans. À l'époque, il vend sa moto pour se payer un billet pour l'Australie. « J'ai débarqué là-bas sans parler un mot d'anglais, avec 200 € en poche ». Après avoir dormi deux jours dans la rue, le jeune Breton rebondit. Il pédale 1.700 km et embarque sur un chalutier. « On pouvait gagner 1.000 € ou 50 € à la journée ». C'est sur ce chalutier que Guirec va gagner de quoi rendre possible son rêve de tour du monde à la voile. Après avoir écumé les mers australiennes pendant deux ans et demi, il regagne son port d'origine. Puis, dans le Sud de la France, il déniche le bateau de ses rêves. Le 26 décembre 2012, il prend la mer pour le ramener à Plougrescant. Entre avaries et tempêtes, une halte forcée de quelques mois s'impose en Espagne. En mai 2013, il arrive, enfin, à quitter le port espagnol. Il profite de l'été 2013 pour préparer son dériveur. Fin novembre, l'heure du grand départ sonne. L'aventure peut enfin commencer. Au Groenland avec un husky ? Du cap Finisterre en Espagne au Portugal, Guirec tient bon la barre. En accostant aux Canaries, il donne des cours de kitesurf pour renflouer ses caisses. L'aventure le conduira ensuite jusqu'aux Antilles avec une poule embarquée. Aujourd'hui, Guirec veut se faire un nouvel ami : un husky. « Il me préviendra quand les ours approcheront ». Durant l'hiver 2015, Guirec va se retrouver piégé huit mois dans les glaces du Groenland. « Ça ne me fait pas peur. C'est une expérience unique », conclut le jeune homme."
LE TELEGRAMME

 

Nous avons commencé ce billet avec Pépé, le chimpanzé de Léo Ferré. Nous finissons avec Monique, la poule de Guirec. De son côté, le soleil tire sa révérence pour aujourd'hui. Peu à peu, la côte s'assombrit. Dernières photos.

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La petite famille m'a rejoint et nous regardons l'horizon, plein Ouest.
Là-bas, en face, sur le même méridien, c'est Saint-Pierre-et-Miquelon, le Labrador, le Québec, Winnipeg. Oui : Winnipeg, où se tient l'un des plus grands marchés aux grains du monde et d'où sont originaires les Crash Test Dummies.
Par contre, dans le dos, et dans le noir, c'est Paris, Bar-le-Duc, Kosice, Luhansk, Volgograd, ou encore Oulan-Bator, capitale de la Mongolie et deuxième ville la plus polluée au monde, où l'on trouve, entre autres, un bar nazi (?).

 

Le soleil se couche.

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Les oiseaux ont disparu. Il ne reste qu'une faible lueur sur le paysage avant la nuit définitive...

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Il est donc l'heure de regagner la ville et d'errer quelque peu dans les bars.
Nous commençons avec un petit passage au Ar Vag, situé à l'entrée nord de Plougrescant. Ce soir, et comme souvent d'ailleurs, il y a concert. Un groupe venu de Lille et nommé Noumène Tobar a pris possession de la petite scène situé à l'arrière du lieu.

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Un peu plus loin, entre Plougrescant et la côte, un petit arrêt au bar décalé Le Gavroche pour faire quelques baby-foot et siroter quelques Mojitos !!!!

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 Eh oui !!!!

 

 

 

 

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