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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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6 décembre 2018

BAYONNE, à la recherche des fresques du festival Street Art Point de Vue, périple n°2 (64)

Dans l'épisode précédent, nous avons commencé à parcourir les avenues, rues et ruelles de Bayonne à la recherche des fresques réalisées lors de la seconde édition du festival Street Art Point-de-vue organisé par le centre d'art Spacejunk. Après bien avoir arpenté le quai Resplendy, le Petit et Grand Bayonne, nous allons prendre un peu plus large vers des contrées moins connues de la ville basque.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 
Et nous poursuivons cette aventure urbaine originale à la recherche des oeuvres créées ici et là dans les différents quartiers et sites de la ville bayonnaise.

Toujours muni de mon plan...
plan
...je quitte le parking des Allées Boufflers,
situé sur les rives de l'Adour,
pour prendre la direction de la place du Polo Beyris.
plan


Quatre kilomètres plus tard, j'arrive sur la place.
Quelques magasins forment un carré commerçant. Un fond de façade d'immeuble, c'est là que l'artiste Remy Uno a composé sa fresque.

QUARTIER POLO BEYRIS

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Place du Polo Beyris, par Remy Uno              Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Place du Polo Beyris, par Remy Uno

"Peintre marseillais, street artiste et skateur, ayant débuté dans les années 1990 avec le graffiti, il raconte aujourd'hui des histoires, des moments de vie intime mettant en scène des corps, des visages, colorés et saccadés." POINT DE VUE FESTIVAL
Son travail s’articule essentiellement autour du portrait et de l’intime, à travers des visages et des corps colorés et saccadés.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Place du Polo Beyris, par Remy Uno (64)

D'un point de vue géographique, le quartier du Beyris est situé à l'extrémité ouest de Bayonne, sur un coteau qui descend du plateau de Parme vers l'Adour. C'est un point culminant entre Bayonne et l'océan. Le coteau est riche en sources et en ruisseaux. Ces derniers convergent vers l'Adour en empruntant les parties basses à l'est et à l'ouest du quartier où se trouvent les barthes.
Polo Beyris a connu plusieurs visages et son Histoire est multiple, comme nous le raconte le site MVC Polo Beyris.
Quelques extraits.

POLO BEYRIS, UNE HISTOIRE DE QUARTIER
"En basque, Ibai une veut dire zone de rivière. Ce serait l'origine du nom de Bayonne.
Au Moyen Age, les hauteurs de Beyris sont couvertes de bois et de landes, mais il existe déjà quelques fermes. (...)
Aux XVème et XVIème siècles, on raconte que les bois du coteau du Beyris sont plutôt mal famés. Des bandits armés d'arquebuses s'y cachent. Plusieurs meurtres sont signalés dans le secteur du moulin d'Aritxague. (...)
Au XVIIème siècle, Beyris se partage entre zones boisiées et parcelles cultivées sur le coteau avec des vergers dans les barthes. Une grande maison est construite près de la tour de guet. Elle est appelée Maison Beyris (aujourd'hui Villa Pia). Pour certains, Jean de Béris était Maitre des Hautes oeuvres à Bayonne, c'est à dire qu'il exerçait la fonction de bourreau. (...)
Au XVIIIème siècle, plusieurs fermes occupent l'espace du coteau. Les bois sont encore nombreux, mais ils reculent progressivement devant les paturages, les cultures et les vignes. La tour de guet est détruite et la maison Beyris devient une très belle demeure appelée Chateau Beyris. Un château que choisit Napoléon en 1808 pour accueillir Godoy, le premier Ministre du Roi d'Espagne. (...)
Vers 1850, Beyris est toujours habité par des paysans qui vivent toujours d'élevage et de cultures. Quelques grosses maisons bourgeoises appartenant à des notables bayonnais apparaissent. Et sous Napoléon III, le développement de Biarritz va entraîner la contrée de Beyris dans l'aventure urbaine. A partir de 1879, le tout nouveau tramway à vapeur "Bayonne lycée Biarritz" favorise la formation de noyaux de peuplement. Idéalement placé entre Bayonne et Biarritz, l'Histoire de Beyris va s'accélerer. (...)
L'urbanisation commence vraiment au début du XXème siècle avec l'arrivée d'Etienne Balsan. Aristocrate fortuné, ancien officier de cavalerie, grand amateur de chevaux, amant de Coco Chanel et surtout grand affairiste, il s'installe dans la région où il peut accroître sa fortune en pratiquant la spéculation financière.
Etienne Balsan sait que l'armée lâche son emprise sur les terrains qu'elle possède tout autour des remparts de Bayonne. La ville les achète pour aménager des lotissements destinés à des gens fortunés. Balsan décide de réaliser lui aussi un lotissement pour ce même public et achète pour cela des terres sur le coteau de Beyris. (...)
C'est ainsi qu'au début du XXème siècle naît le quartier du Beyris entre la RN10 et l'avenue des Platanes (actuelle avenue du Dr Gaudeul). Mais ses résidents se plaindront assez vite de sa mauvaise gestion (voirie dégradée, éclairage insuffisant, ramassage des ordures inexistant,...). Pour remédier à ce problème, la ville lui attribuera régulièrement des subventions. C'est le début de l'avneture des spéculateurs fonciers ! De plus en plus de maisons aux styles imposants et de grandes villas néo-basques s'implantent sur la partie haute de Beyris. En 1922, Balsan achète un terrain pour créer un jeu de polo qui va attirer les riches touristes en villégiature à Biarritz. Le Duc de Windsor et le roi d'Espagne Alphonse XIII viennent à Beyris pour s'entraîner au polo. En 1925, Balsan crée un autre lotissement en bas du coteau, en empiétant sur les barthes : c'est le bas-Beyris. En revanche, le Petit Beyris entre Villa Pia et l'Aritxague est considéré alors comme un "quartier déshérité peuplé de petites gens et de petits ouvriers". (...)
En 1937, la ville achète le terrain de polo à Balsan pour édifier le Collège de Jeunes Filles dont le projet date de 1923. Mais le terrain ets réquisitionné en 1938.
Beyris semblait promis à un avenir comparable à celui des quartiers nouveaux de Bayonne, mais les évènements dramatiques de la Guerre Civile en Espagne et de la Seconde Guerre Mondiale vont changer cette destinée. (...)

De 1939 à 1947, Beyris devient synonyme de drames et de souffrances pour des milliers de personnes.
Début 1939, la chute de Barcelone entraîne la fuite d'un demi-million de républicains espagnols qui tentent de trouver refuge en France. Peu enclin à accueillir de nouveaux 'étrangers', la France parque les hommes dans des camps alors que les femmes, enfants, vieillards et invalides sont envoyés aux quatre coins du pays. (...)
En 1939, les box à chevaux du terrain de jeu de polo sont réquisitionnés pour héberger des réfugiés républicains espagnols entrés en France par les Pyrénées Orientales. Ces femmes, enfants, vieillards et invalides sont entassés par centaines, couchés à même la paille, sans possibilité d'aller hors de l'enceinte.
Fin septembre 1939, "le centre d'hébergement" est fermé. Les 260 femmes et enfants sont ramenés de force à la frontière espagnole.
Après la défaite de mai-juin 1940  -qui se solde par la signature de l'Armistice et le début de la Collaboration- , un million et demi de soldats sont faits prisonniers, dont 80000 provenant de l'empire colonial (Maghreb, Afrique, Indochine, Antilles, Madagascar,...). Ils sont emmenés en Allemagne, répartis dans les stalags, mais, très vite, les autorités nazies décident de renvoyer les prisonniers coloniaux en France où sont construits en hâte des "frontstalags" dans toute la zone occupée.
En 1941, les Allemands construisent les baraquements du Frontstalag 222 destiné à la détention des soldats maghrébins et africains enrôlés dans l'armée française ("Les Indigènes").
En 1944, le Camp du Polo reçoit des prisonniers politiques français accusés de collaboration. A partir de 1945, le camp entier est utilisé pour recevoir entre 500 et 1000 prisonniers allemands, répartis sur différents chantiers de déminage de la Côte Basque et Landaise, et ce jusqu'en 1947.
En 1946, la ville tente de récupérer le terrain du Polo pour aménager soit un quartier résidentiel destiné à de "belles villas" soit un cimetière. Face à la crise du logement, elle choisit d'utiliser les baraquements du camp pour loger des habitants. Mais, après démantèlement du camp, le terrain est finalement loué à un centre équestre. (...)
En 1951, dans le secteur Saint Amand, on assiste à la naissance d'un quartier entièrement construit par les habitants eux-mêmes : les Castors.
Puis, en 1959, répondant à une forte demande, la ville décide de construire un ensemble de logements HLM pour les personnes qui viennent du Pays Basque ou qui vivent dans des taudis du centre-ville. Un an plus tard est posée la première pierre de ce quartier neuf portant le nom du Polo et qui réunit immeubles et petites maisons. Une autre façon de vivre la ville est née. Le génie des architectes a été d'organiser ce quartier neuf autour d'un grand espace vert et de mixer les types d'habitat collectifs et individuels de façon à éviter l'effet de masse qui, ailleurs et à la même époque, a créé des cités inhumaines à la périphérie de plusieurs villes. (...)
Très vite après l'inauguration, les habitants du Polo vont s'activer pour mettre en place une société basée sur la solidarité et le partage. (...)"  MVC POLO BEYRIS

 

Je reprends la route.
Prochaine destination : la rue Georges Bergès. Plus au nord, non loin du quartier des arènes.
C'est ici que Landroïd a laissé son empreinte.

RUE GEORGES BERGES

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Poste électrique revisité par Landroid (64)

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Poste électrique revisité par Landroid, (64)           Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Poste électrique revisité par Landroid,

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Poste électrique revisité par Landroid,

Graffeur bordelais, Landroïd, de son vrai nom Landry Munoz, détourne le mobilier urbain et développe des oeuvres en trois dimensions.
Né à Sarlat en 1988, il découvre le graffiti à son arrivée à Bordeaux à 13 ans. Il s’oriente ensuite vers le graphisme. Soucieux du détail, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, ses recherches portent sur les fractales et les mécanismes de l’univers.
Il se passionne également pour les maquettes interactives. Sa production s’inspire pour beaucoup de la culture américaine des années 80 et 90 qu’il "consommait" insatiablement durant son enfance. Il fait partie des Vivres de l'art, la résidence artistique des Bassins à flot basée à Bordeaux.
Ici, pour le festival Street Art Point de vue, il s'est approprié un poste électrique pour en faire un petit chalet aux effigies basques (croix et paillasson). Étonnante présence au milieu des immeubles blancs de ce quartier.

 

Je traverse à présent l'Adour par le pont rouge Henri Grenet, puis je suis le fleuve par le quai de Lesseps. Je me gare dans la rue Sainte Ursule, séparée du quai par de grands bâtiments abandonnés autrefois occupés par le CCAS. Une petite ruelle étroite permet de rejoindre le quai. A son entrée, un graf d'araignée domine.

Bayonne, quai de Lesseps, ruelle, graf (64)

Bayonne, quai de Lesseps, ruelle, graf

A quelques mètres, un dessin énigmatique...
Bayonne, quai de Lesseps, ruelle, dessin (64)

 Mais c'est au bout du quai que se trouvent deux fresques qui m'intéressent et qui ont été réalisées par Deuz.

 

QUAIS DE LESSEPS

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, quai de Lesseps, ancien CCAS, par Deuz

"Originaire de Marseille, Deuz se passionne très tôt pour le dessin et découvre avec lui, le graffiti et la bande dessinée. Influencé par ces deux univers, il commencera par faire du graffiti dans les rues de Marseille au milieu des années 90. A l’âge de 17 ans, il visite le musée Picasso à Paris et son désir de devenir artiste s’installe définitivement. Déterminé, il passe donc une Maîtrise en arts appliqués, ainsi qu’un BTS design et un DEUG d’arts plastiques, afin de faire de sa passion son métier. Deuz enseigne ainsi les arts appliqués depuis 2004 et s’épanouit parallèlement en tant qu’artiste. Il développe au fil des années un style purement figuratif. A l’aide du crayon, du stylo à bille, de l’aquarelle, de la bombe aérosol et de marqueurs Posca, il réalise des portraits, d’africains pour la plupart, inspirés de la culture Hip-hop et qu’il appelle familièrement ses "tronches".
Plus qu’une référence musicale, le hip-hop est pour lui une source d’inspiration culturelle et un compagnon de dessin à part entière. La musique fait partie intégrante de sa démarche créative : elle stimule l’artiste lorsqu’il dessine et lui soumet les titres de ses œuvres. Travailler le portrait est pour lui une évidence, car celui-ci s’adresse directement au spectateur, il communique avec lui. Chacun de ces visages est réalisé à partir d’une photographie et choisi pour son originalité, sa beauté, sa laideur ou son expressivité, puis c’est un véritable dialogue graphique qui s’installe entre Deuz et son modèle. Plutôt que de rechercher la ressemblance absolue, l’artiste essaie de capter le caractère et les émotions du personnage qu’il dessine pour les retranscrire avec sa propre sensibilité, laissant une ride, une expression, un regard, percer le mystère de ces "tronches". Touché par les thèmes de la discrimination sous toutes ses formes, l’artiste crée d’abord par plaisir, même s’il apprécie l’idée que chacun puisse interpréter différemment son travail, y lire une histoire ou y comprendre un message. Depuis maintenant plusieurs années, l’effervescence de sa créativité ne cesse de le porter vers de nombreuses expositions et collaborations, et ce, à l’échelle nationale et internationale." DEUZ

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, quai de Lesseps, ancien CCAS, par Deuz (64)

Le choix de telles fresques à cet endroit n'est pas fortuit.
En effet, depuis le 29 octobre 2018, les anciens locaux vides du CCAS servent de lieu d'accueil pour les migrants en transit. Ces locaux sont mis à la disposition de l'association Diakité qui s'organise pour permettre à ces jeunes hommes, à ces jeunes femmes parfois avec enfants de s'abriter, manger, récupérer un peu avant de continuer la route vers le nord de l'Europe.
Il y a quelques années, il était prévu d'aménager une partie des quais à hauteur de l'ancien cinéma "L'autre cinéma" pour en faire un pôle culturel et artistique. Pas de nouvelles.

 

"Il n’y a aucun thème imposé. J’invite des artistes pour ce qu’ils ont à nous proposer. Nous recevons beaucoup d’étrangers alors je leur parle systématiquement du territoire, son histoire, pour les sensibiliser à la culture locale. Ils sont libres ensuite d’interagir avec les habitants, le quartier, etc." ALBAN MORLOT, directeur du Spacejunk Art Center de Bayonne

 


Et puisque nous parlons de cinéma, je prends maintenant la direction du cinéma L'Atalante.
Je longe un peu l'Adour, puis passe devant les multiples travaux occasionnés par la mise en place du trambus à hauteur de la gare Saint-Esprit pour ensuite aller me poser vers l'école Jules Ferry, rue de L'Esté.

RUE DE L'ESTE
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Ecole Jules Ferry, rue de l'Esté, par Untay (64)

Réalisée par Untay, cette fresque s'inspire de la chanson Wonderful Life de Black.
Basé à Tel Aviv, Untay, de son vrai nom Boaz Side, est né en 1985. Tatoueur-muraliste-illustrateur, il se détermine comme répandant l’amour dans le monde. Il s’inspire de la musique, du graffiti, du design, de la scène grunge, et aussi de l’environnement naturel dans lequel il vit mais également des artistes expressionnistes comme Egon Schiele et Gustav Klimt.

Juste en face de la rue et de la fresque
en suivant les empreintes blanches
d'un mystérieux chien invisible...
Bayonne, rue de l'Esté, pattes (64)
...la belle devanture du cinéma L'Atalante
s'affiche.
Bayonne, rue Denis Etcheverry, l'Atalante (64)

Deux très bons films sont présentés : Heureux comme Lazzaro d'Alice Rohrwacher et En liberté ! de Pierre Salvadori.

HEUREUX COMME LAZZARO
L'HISTOIRE : Lazzaro, un jeune paysan d’une bonté exceptionnelle vit à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna. La vie des paysans est inchangée depuis toujours, ils sont exploités, et à leur tour, ils abusent de la bonté de Lazzaro. Un été, il se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise. Une amitié si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et mènera Lazzaro au monde moderne.

 

EN LIBERTE !
L'HISTOIRE : Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.

 

Direction à présent la rue du Brigadier Muscar, située à quelques mètres d'ici.
J'y vais à pied et j'en profite pour aller jeter un oeil sur les trois autres grandes fresques présentes dans ce quartier très actif culturellement, non loin de l'ecclecltique rue Sainte Catherine où se côtoient commerces de proximité, galeries d'arts, associations, restaurants et bars.

plan
Carte : Google maps

DSCN3815           DSCN3826
                                Sebas Velasco et Xabier Anunzibai, place d'Albret                               RNST, boulevard Jean d'Amou                                

DSCN3829
DEIH, rue Ulysse Darracq

Réflexion sur la société occidentale hyper connectée et son rapport dépendant à la technologie, la fresque de DEIH réalisée l'année dernière a pris la première place du classement des plus fresques du monde sur le site Widewalls sur 55 oeuvres sélectionnées.

Je quitte le quartier Sainte-Catherine pour me retrouver dans des rues en perpendiculaire où trônent de grandes maisons blanches. Tout est calme ici.

Bayonne, rue du Capitane Pellot, maison (64)             Bayonne, rue du général Bourbaki, tag (64)


J'arrive dans la rue du Brigadier Muscard. La fresque que je recherche se trouve au bout de la rue, à l'angle du boulevard Jean Jaurès. Elle a été réalisée par Koralie.

RUE DU BRIGADIER MUSCAR
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Rue du Brigadier Muscar, par Koralie (64)
Attends :
on va la refaire sans la voiture garée devant
car elle ne fait pas partie du tableau.

 

RUE DU BRIGADIER MUSCAR
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Rue du Brigadier Muscar, par Koralie

Née en 1977, Koralie est originaire de Montpellier, puis a vécu à New York et Paris.
Elle se définit comme "créative addictive symétricophile , maniaco-harmonic". Elle puise son inspiration dans l'illustration japonaise, de l'estampe du XIIIème siècle au manga. Son travail se caractérise par un foisonnement de motifs ultraprécis. Harmonie des couleurs, équilibre parfait de la composition et recherche constante d’une perfection graphique.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Rue du Brigadier Muscar, par Koralie

"Je souhaite rendre hommage à la nature, à son âme, lui donner le respect qu'elle mérite. Sans mysticisme, je suis inspirée par des notions telles que l'animisme, la spiritualité et l'occultisme. J'extrais de la poésie et de l'esthétique pour créer mon propre langage, mélangeant symboles, éléments, traditions et rituels d'origines différentes, et proposant une harmonie multiculturelle." KORALIE

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Rue du Brigadier Muscar, par Koralie

 

Je retourne à la voiture.
Direction l'avenue Henri Grenet qui se trouve sur les hauteurs nord de Bayonne. D'après le programme, ici, c'est un château d'eau qui a été investi pour la création d'une fresque réalisée par Lorcolors. Je trouve très vite l'édifice, mais il y a un problème.

AVENUE HENRI GRENET
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, avenue Henri Grenet, chateau d'eau (64)

De prime abord, il n'y a aucune fresque dessus.

Par contre,
les panneaux placés devant me font bien marrer.
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, avenue Henri Grenet, chateau d'eau

Je fais le tour du carrefour. peut être que je me suis trompé. Je reprends la voiture, parcourt l'avenue Henri Grenet de haut en bas, de traverse. Mais non, pas de fresque si ce n'est celle réalisée par Jon Fox l'année dernière, non loin de cette imposante statue de l'aigle impérial napoléonien.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2017, Avenue de lattre de tassigny (64)

Bayonne, squre de l'aigle impérial          Bayonne, squre de l'aigle impérial

J'apprendrais plus tard que le travail de Lorcolors a finalement été déplacé sur la salle Albizia, avenue de Plantoun.

Bon, ben, je repars pour un trajet d'un peu plus d'un kilomètre.
De l'avenue Henri Grenet à l'avenue Pinatel qui se trouve dans la résidence Habas La plaine, toujours sur les hauteurs nord de Bayonne. La fresque réalisée par Fermin Moreno se trouve sur un immeuble en plein quartier. Il y a là des allées et des routes bordées d'arbres colorés par l'automne. C'est très aéré et calme. Avant de rejoindre l'avenue Pinatel, je vois un petit commerce au loin, sur le chemin du Moulin Habas. Journaux, tabac, épicerie, charcuterie à la coupe. L'établissement a des allures de saloon dans un western. Je tourne à gauche pour remonter l'avenue du Général Lafont, puis trouver l'avenue Pinatel.
Il y a quelques années encore, Habas la Plaine était une sorte de zone où l'on ne s'aventurait pas. Et puis, le quartier a été rénové, de nouveaux logements sont apparus il y a une dizaine d'années. Très vite. D'autres se construisent encore tous les cinq ans. Une certaine mixité sociale existe grace à la présence de logements locatifs sociaux et des accessions sociales à la propriété. Je roule lentement et suis surpris par la diversité des immeubles. C'est parfois coloré, original. D'autres plus classiques, ou encore de la verdure mêlés à du bois.

Bayonne, avenue Pinatel, immeubles              Habas la plaine

Ici, les immeubles n'ont pas de taille démentielle ; ce qui laisse entrer la lumière. L’architecture a été pensée pour s’intégrer dans cet environnement, de même que les vastes espaces qui aèrent la cité ou le mobilier urbain.
Je pose la voiture dans une sorte d'impasse pour me rendre sur le terrain de basket se trouvant au centre d'un carré d'immeubles.

 

AVENUE PINATEL
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Habas La Plaine, avenue Pinatel, par Fermin Moreno (64)

La fresque abstraite de Fermin Moreno, natif de Bilbao, est composée de formes géométriques superposées colorées.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Habas La Plaine, avenue Pinatel, par Fermin Moreno

"À chaque fois, pour les artistes, peindre un mur c’est un nouveau challenge. Ils ne savent jamais à l’avance comment cela va se dérouler. Il y a beaucoup de choses qui peuvent venir perturber la résidence, alors il faut attaquer le plus vite possible pour déstresser à la fin du festival et être sûr de laisser derrière soi une œuvre réussie. Une vraie perf !" ALBAN MORLOT, directeur du Spacejunk Art Center de Bayonne


On continue.
Direction les impressionnants immeubles des Hauts-de-Sainte-Croix, situés à deux kilomètres.
Depuis quelques années, on ne dit plus la ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité), mais "la cité Breuer" ou "Les Hauts de Bayonne"...du moins pour les autorités politiques. Pour beaucoup d'habitants, on reste fidèle aux trois lettres. Un Bayonnais sur dix habite ici.

Bayonne, les Hauts de Sainte-Croix, habitations (64)

Situés sur les hauteurs de la ville, les sept bâtiments de treize étages chacun donne l'impression d'un énorme mur de fenêtres lorsque l'on se retrouve face à eux. Vue du ciel, c'est une autre impression. L'architecte hongrois Marcel Breuer a voulu composer une vague...de béton certes, mais une vague.

Bayonne vue du ciel
Photo : Mappy


Mais qui était Marcel Breuer ?

MARCEL BREUER
marcel_breuer_portraitNé en 1902 et décédé en 1981, Marcel Breuer fut un architecte et designer de mobilier, moderniste influent, intéressé par les constructions modulables et les formes simples. Élève de l'école Bauhaus de Weimar en Allemagne, il est notamment le créateur de la  "chaise B3" plus connue sous le nom de Wassily Chair la première chaise en tubes d’acier pliés créée en 1925 pour Wassily Kandinsky, inspirée en partie par un guidon de vélo. Les années suivantes, il exerce à Berlin, où il crée des maisons et des espaces commerciaux, ainsi que de nombreux meubles tubulaires en métal, encore produits aujourd’hui. En 1935, il part à Londres pour fuir les persécutions des personnes juives par les nazis. Il travaille pour l’entreprise Isokon, l’une des premières manufactures qui introduisit le design moderne au Royaume-Uni. Il crée sa chaise longue et expérimente le contreplaqué moulé avant d'émmigrer aux États-Unis en 1937. Il établit sa propre entreprise à New York en 1941 où il réalise des maisons et des villas avant de revenir en Europe dès 1953. On lui doit des constructiosn diverses, telles que le siège de l'UNESCO à Paris, le siège de la société IBM à La Gaude, la station de sports d'hiver à Flaine,...
Pour lui, "Si l'architecture doit être le reflet de la vie et l'aider ,elle doit se préoccuper des différences provoquées par des besoins contradictoires,des contrastes d'échelle,de conditions et de personnalités".
Il est l’une des figures incontournables du design grâce à des œuvres mythiques et intemporelles.


Face à un tel "monument", on ne peut pas ne pas s'interroger sur son origine, son histoire, sa gestation, ses raisons.

"L´architecture résidentielle des années soixante, constitue le plus fidèle témoignage de l´époque de la croissance, vécue en Europe lors du dernier tiers du XXème siècle. La révolution dont fut objet le logement collectif s´étendit à l´urbanisme, la typologie et la construction en général, apportant une telle nouveauté que cela demanda à la société bien du temps avant de la comprendre et de l´accepter. Dans la France de l’après-guerre, pendant la reconstruction du Pays (1945-1960), les architectes et les ingénieurs, avec le soutien de l´État ont mis en place de nouveaux procédés de préfabrication à grande échelle. Les toutes premières entreprises de la construction, unirent leurs efforts à ceux des architectes du Mouvement Moderne pour que l´architecture et la construction partagent les mêmes idéaux. Ce travail en commun, apporta l´utilisation de nouveaux systèmes et de nouvelles techniques constructives qui permirent de répondre de façon beaucoup plus efficace aux demandes urgentes de reconstruction.(...)
Bayonne, capitale administrative du Pays Basque, une fois rétablie la croissance après les deux guerres, fut l´objet d´un essor démographique important et similaire à celui de l´ensemble des villes françaises.
Entre le début des années cinquante et le milieu des années soixante-dix, la population augmente de 30%, jusqu´à atteindre les 43.000 habitants. Nous voulons parler des logements de la ZUP (Zone à urbaniser en priorité) de Bayonne, construits il y a 50 ans, sur les hauteurs de Sainte Croix, au nord est de la ville. Ce complexe résidentiel, qui associe aux logements toutes sortes d´installations, est une promotion de l´État français, répondant à une demande de la ville de Bayonne.
Le projet, est conçu par l´architecte de renommée mondiale, Marcel Breuer, en 1964, qui à l´époque installa son agence de New York à Paris. Breuer, adopta en partie, le concept architectural de l´Unité d´Habitation que l´architecte Suisse Le Corbusier mit au point à la fin des années quarante et début des années cinquante.
Cet ensemble qui se compose de sept imposants immeubles, fit éruption comme toile de fond de la ville historique. Pour les immeubles de 13 étages, Breuer reprit des concepts que lui même avait proposé dans les années vingt: des logements en duplex, l´accès aux appartements au moyen d´ascenseurs centralisés et de longs couloirs disposés tous les trois étages. Il fallait assurer un accès pratique aux appartements et prévoir des voies d´évacuation efficaces, le souvenir des bombardements et des incendies soufferts pendant la guerre hantaient encore les esprits. (...)
Le cas de la Z.U.P. de Bayonne vient à démontrer que la réponse aux besoins pressants de logements de la France après la fin de la deuxième guerre, put voir le jour grâce aux progrès techniques, qui ont trait à la conception typologique du logement collectif mais aussi au développement manifeste de la technologie."  RESEARCHGATE


C'est sur le mur du bâtiment 1 de la résidence Breuer que l'artiste portugais Pantonio a réalisé sa fresque.

 

HAUTS DE SAINTE-CROIX
Résidence Breuer
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Breuer, Hauts de Sainte-Croix, par Pantonio

Né en 1975 sur l’île de Terceira aux Açores, Pantonio, de son vrai nom Antonio Correia, est l'un des artistes les plus influents et prolifiques de son pays. Il conçoit de gigantesques créatures marines, souvent bleues et noires, représentées en mouvement grâce à un effet de cordage ; référence au monde de la mer et de la pêche. Pour le festival, c'est qui qui a "hérité" du plus haut mur à peindre : 40 mètres de haut !
"En 2014, il réalise la plus grande fresque d’Europe dans le cadre de Street Art 13. La même année, il est invité à peindre en Tunisie pour le projet Djerbahood. En 2015, il participe à la transformation temporaire du Pont des Arts à Paris. Depuis 2015, il réalise de nombreuses fresques à travers le monde, dans plus d’une dizaine de pays tels que le Portugal, la France, l’Italie, l’Ukraine, la Pologne, la Tunisie, le Maroc, le Brésil, le Canada et les États-Unis." ITINERRANCE

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Breuer, Hauts de Sainte-Croix, par Pantonio

"C’est dans la rue que l’artiste choisi d’exposer son travail et de développer son univers. Ses peintures représentent généralement des créatures animales : oiseaux, poissons, lapins, chevaux, etc. On reconnaît immédiatement le style de Pantónio aux volumes qu’il retranscrit par une multitude de lignes souples et lumineuses par dessus des silhouettes noires. Des formes fluides, douces, toujours en mouvement, apparentent son travail à une danse urbaine.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Breuer, Hauts de Sainte-Croix, par PantonioLa pratique de Pantónio est avant tout contextuelle. Lorsqu’il intervient dans la rue, il s’imprègne d’abord de l’environnement local, rencontre les gens et s’imbibe de l’ambiance dans laquelle il baigne. Cette interaction avec le lieu dans lequel il peint lui donne le ton pour la fresque qu’il va y réaliser. Ses animaux, en mouvement et connectés les uns aux autres, traduisent les rapport humains dont l’artiste a pu être témoin." ITINERRANCE

 

 

 

 

 

 

 

Quelques mètres plus bas, en allant vers le sud pendant 200 mètres, un autre artiste s'est produit sur la façade côté d'un autre immeuble. Il s'agit de Koz Dos.

 

HAUTS DE SAINTE-CROIX
Résidence Mounédé
Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Mounédé, par Koz Dos, insta (64)

Très intrigant !
Né en 1986 au Vénézuela, Koz Dos est diplômé en peinture à l'Université des Arts de Caracas. Par la suite, il a développé un style original de graffiti figuratif et représentatif, dans lequel il crée des personnages imaginaires qui harmonisent les images réalistes avec des lignes triangulaires et des points.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Mounédé, par Koz Dos (64)

Dans son travail, il peint des portraits de gens mélangés avec des animaux, présentant généralement des visages réalistes à l'intérieur de la bouche des animaux. Ils montrent la confrontation entre l'homme et l'animal dans la lutte pour la survie, ainsi qu'un certain niveau d'harmonie et de coexistence entre eux.

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Résidence Mounédé, par Koz Dos

 

Et je repars.
Il ne me reste plus qu'une fresque à aller voir.
J'ai loupé la grande fresque réalisée par Zeklo sur le quai Galuperie et les différents travaux de Petite Poissone, notamment sur les poubelles de la ville. Tant pis. Direction le sud, mais pas trop. Le Grand Basque, on l'appelle, avec ses hauts bâtiments de l'avenue du Bourrous. C'est sur l'un de ces murs que l'artiste Pixel Pancho a officié.

 

AVENUE DU BOURROUS
Le Grand Basque

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Grand Basque, avenue de Bourroua, par Pixel Pancho

Magnifique fresque réalisée par cet artiste italien né à Turin en 1984. C’est au contact de son grand-père, peintre qu’il a appris les couleurs et les formes avant de suivre des études d’art classique à l’Académie des Beaux Arts d’Albertina à Turin avant de clore son cursus à Valence en Espagne.
"Pixel Pancho s’est rapidement démarqué de ses camarades des beaux-arts où il étudiait en Italie et en Espagne, en intégrant des techniques de peinture issues de la rue (bombes et marqueurs) et en créant un univers coloré, bien à lui,  autour de robots qu’il décline maintenant sur d’immenses surfaces.
Son travail est sur les murs des grandes villes Européennes mais aussi aux États-Unis jusque dans le désert de l’Arizona, au Mexique, à Porto Rico, en Turquie et en Russie."  POINTS DE VUE

Bayonne, festival Street art Point de vue 2018, Grand Basque, avenue de Bourroua, par Pixel PanchoL'artiste puise son inspiration de plusieurs courants artistiques, comme le surréalisme de Salvador Dali, la peinture classique de Joaquin Sorolla et l’expression du groupe d’artistes politiques El Equipo Cronica. Mais ce sont les robots qui prennent une place prédominante dans son oeuvre. Corps mi-ferrailles mi-humains, ces créatures robotiques prennent un aspect étrange et inquiétant de part la grandeur de leur représentation dans les sites urbains. (Plus d'infos sur STRIPART)

 

 

 

 

 

 

 

Voici une vidéo où on le retrouve
peignant une fresque sur un mur de Londres.

 

Ce périple original dans Bayonne se termine.
Grâce au festival Street art-Points de vue organisé par Spacejunk Bayonne, nous avons pu découvrir des quartiers différents, des histoires, une Histoire. Riche en couleurs et en découvertes, c'est une façon original et instructive de découvrir une ville, de son centre-ville touristique à ses périphéries. Une véritable randonnée urbaine de plus de 14 kilomètres.
Je reprends une dernière fois la voiture pour regagner la campagne basque. Ce midi, pour le déjeuner, c'est assiette fond de frigo. Une touche artistique s'est ajoutée à l'élaboration du plat.

Cherchebruit, assiette (64)

 

 

 

 

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