Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
Visiteurs
Depuis la création 1 073 377
Archives
12 février 2020

Balade en voiture en Haute-Soule (64)

C'est l'hiver, c'est février.
Et si on allait skier.
Mais bien sûûûûûûûr !!!!

Quand soudain, ne voilà-t-il pas...


Cela fait maintenant plusieurs semaines que le débat sur la réforme des retraites bat son plein... en plein Dry January ! C'est une brève de comptoir de Jean-Marie Gouriot qui le disait : "Quand on tient pas l'alcool, on fait pas de débat !".
Bon, bref : avec siensienne Nisca, nous avons débattu toute une soirée sur le sujet "Pour ou contre la réforme des retraites" et on en est venu à la conclusion suivante : il faut à tout prix réduire le taux de sel dans les Knackis.
                                débat avec Nisca

Mais le débat continuait pour les autres. Et c'est à ce moment précis, devant un certain épuisement du sujet, que le Coronavirus a fait son apparition. Une information chasse l'autre. Tout le monde s'émeuvait devant les incendies en Australie qui tuaient des millions d'animaux, puis tout le monde avait son mot à dire sur la réforme des retraites, et maintenant voici qu'intervient le coronavirus.
Tout le monde s'affole, tout le monde a peur, achète des masques, dénigre les asiatiques, s'enferme chez soi,... Mais qu'est-ce que c'est que ce nouveau truc dont les médias n'arrêtent pas de parler ?

Ah oui, on est bien avancé là.
Quand on creuse un peu plus, parait-il que le virus sous sa forme actuelle est apparu en décembre 2019 chez des clients et des commerçants sur le marché aux poissons de Huanan à Wuhan (Chine). "On suppose que la source était des animaux vendus dans ce marché et qu'il y a eu passage chez l'homme", indique le Professeur Fontanet, bien qu'on ne sache pas encore lequel. Des chercheurs ont évoqué la piste du serpent. On a également parlé de soupe à la chauve-souris et dernièrement, c'est le pangolin qui est en ligne de mire quant à l'origine du virus. Je ne connaissais pas cet animal, le pangolin. C'est au moins le mérite du coronavirus, c'est de nous découvrir des animaux. La première fois que j'ai entendu son nom, je croyais que c'était un mélange de pingouin et de panda ; tu vois le genre d'animal hypermignon que le zoo de Beauval aurait de suite envie de recueillir pour le foutre sous serre. Mais non, le pangolin, ce n'est absolument pas cela. Non, le pangolin a un corps brunâtre et allongé en partie recouvert d'écailles ainsi qu'une longue langue collante pouvant mesurer jusqu'à 30 centimètres. Il est aujourd'hui en voie d'instinction. En effet, l'animal fait l'objet d'un braconnage intensif, à la fois pour ses écailles et pour sa viande jugée savoureuse.

En tout cas, comme d'habitude, on parle beaucoup et plus la réponse est extravagante, plus elle a des possibilités d'être prise au sérieux. En France  -pays qui n'est pas le dernier à s'embourber dans les méandres racoleurs et hypothétiques-, on observe plusieurs cas de discriminations envers la communauté chinoise (regards méfiants, remarques déplacées, craintes injustifiées). Cela a toujours été latent en France ; que ce soit pour ce racisme anti-asiatique et un certain antisémitisme silencieux revenant à chaque fait divers ou autre.
Toujours est-il qu'à la bourse, les premières conséquences de ce nouveau virus se font ressentir sur... le prix du pétrole.

coronapétrole
Sources : Les échos

Ceci s'explique en grande partie par la baisse de la production chinoise puisque le pays incite ses habitants à rester chez eux afin de ne pas propager d'avantage le virus. On peut craindre alors le jour où le coronavirus sera vaincu et qu'il faudra relancer la production quotidienne tout en rattrapant le retard engrangé durant toutes ces semaines.
La question cruciale se pose alors : pour ou contre le coronavirus ?
Sachant que si il perdure, le prix du baril va continuer de baisser. Nous roulerons alors en bagnole pour moins cher et nous polluerons d'avantage car nous utiliserons beaucoup plus  la voiture.
Sachant que s'il est éradiqué, la population chinoise pourra ressortir de chez elle et se remettre à produire d'avantage pour rattraper le retard de production. Cela créera alors une surpollution due à l'utilisation à outrance du pétrole provoquant une accélération du réchauffement climatique et de la pollution.
En somme, dans les deux cas, on va tous crever !

Le coronavirus a également complètement foutu en l'air les festivités prévues chaque année pour le Nouvel An chinois.

La preuve !

Et puis, comme les choses prenaient un peu trop d'ampleur, que les médias ne parlaient que de ça et que les gens étaient terrorisés-paranoïaques, les autorités ont décidé de prendre une mesure à la hauteur de cet évènement dramatique : ils ont changé le nom du virus. On ne dit donc plus coronavirus, mais Covid-19.
Voilà. Merci.

BREF : comme d'habitude, quand l'information devient aussi redondante, j'ai envie de me barrer loin de la civilisation et de l'urbanisation. Il faut partir, tout plaquer, aller dans un endroit où les ondes ne passent plus. Et cette fois-ci, j'ai décidé de partir skier. Oui, c'est bien le ski pour ne rien entendre des informations. T'es là, au sommet d'une montagne enneigée, t'as des morceaux de bois aux pieds et t'as juste à descendre en bas en glissant sur de la neige.

Et quand on habite dans les environs de Bayonne, la station de ski la plus proche est... est... est... La Pierre-Saint-Martin.
Eeeh oui, La Pierre-Saint-Martin, à la fois station de sports d'hiver et massif montagneux.
Le village a ouvert ses pistes pour la première fois en 1962 et propose aujourd'hui un domaine skiable de plus de 75 hectares pour le ski alpin et 25 km de pistes de ski de fond, entre 1527 et 2153 mètres d'altitude. Skier à La Pierre-Saint-Martin, c'est alterner les pistes, du Boulevard des Pyrénées offrant un panorama unique sur les plaines béarnaise et basque au boulevard des Myrtilles traversant la forêt de Braca avec le pic de l'Arlas en toile de fond.

La Pierre Saint-Martin, vue du Soum CouyLa Pierre-Saint-Martin (5)La Pierre-Saint-Martin (7)La Pierre-Saint-Martin, vue sur le Pic d'Anie depuis bld des Pyrénées

La Pierre-Saint-Martin, c'est un massif, un karst de 140 km², à cheval sur la frontière franco-espagnole. Il regorge de gouffres parmi les plus profonds du monde. Le seul accessible au public est la Salle de la Verna, mesurant 245 mètres de diamètre pour 194 mètres de hauteur. On pourrait y faire entrer six cathédrales Notre-Dame de Paris (avec la flèche). Bon, en même temps, je ne vois pas trop l'intéret de foutre six cathédrales dans une grotte, mais bon, il faut le savoir : c'est possible de faire entrer six Notre-Dame-de-Paris dans la grotte de la Verna.

Saint-Engrâce, La Verna, plafondLa Pierre-Saint-Martin, roches panorama (64)La Pierre-Saint-Martin, panneau (64)La Pierre-Saint-Martin, roches (64)



ET MAINTENANT : LA ROUTE !

C'est parti pour 147 kilomètres !

BAYONNE → A64 → SALIES-DE-BEARN → SAUVETERRE-DE-BEARN → NAVARRENX → OLORON-SAINTE-MARIE → ARAMITS → ARETTE → LA PIERRE-SAINT-MARTIN

J'ai tout prévu pour le ski : les lunettes, la combi, les gants, le bonnet. Par contre, je n'avais pas prévu qu'il y aurait aussi peu de neige. Eh ben ouais, eh ben ouais ! Alors, on nous parle du coronavirus, mais le réchauffement climatique tout le monde s'en fout maintenant ! Et quand est-ce que je skie moi, merde ?!

Ooooh, pas de panique, on se calme !
Puisque je ne peux pas skier, je vais quand même boire un coup ; histoire de ne pas être venu pour rien. Je me pose à la seule terrasse de bar ouvert donnant sur l'arrivée des pistes. Un vin chaud.

La Pierre-Saint-Martin, vin chaud, insta 64)

Et puis, après ce vin chaud plutôt tiède, je me souviens que je suis en plein Chouffe-january.
"C'est quoi ça le Chouffe-january ?", te demandes-tu. Eh bien c'est comme le dry-january (campagne de santé publique incitant à l'absence de consommation d'alcool après la soirée du Nouvel An et durant tout le mois de janvier), sauf que tu remplaces le fait de ne pas boire d'alcool par le geste de boire une Chouffe.
DONC : une Chouffe.

La Pierre-Saint-Martin, tout Chouffe , insta 64)

Certains diront : "Mais pourquoi avoir choisi la Chouffe plutôt que la Westmalle, ou la Duvel, ou la Karmeliet, ou la Trappe, ou la Rochefort, ou la...?" Bon, on ne pas toutes les faire non plus !
Eh bien, à cette question, je te répondrais : "J'en sais rien."
Peut être parce que j'aime bien son histoire...

La chouffe carte postaleLA CHOUFFE, SON HISTOIRE
"La Chouffe n'est pas qu'une bière, c'est aussi un petit village : Achouffe, de la ville belge d'Houffalize situé en Région wallonne dans la province de Luxembourg, au fond de la vallée des fées à la rencontre du ruisseau de Martin-Moulin et de celui du Chevral. Village touristique par excellence, Achouffe se regroupe autour de sa chapelle et de sa brasserie. Fondée par deux beaux-frères, l'un wallon et l'autre flamand, dans une ancienne ferme, la Chouffe est brassée exclusivement avec l'eau de la source de Cedrogne qui lui assure sa saveur.." LA CHOUFFE

 

C'est ainsi que pour la mort de Michou,
j'ai bu une Michouffe...
MiChouffe


Et lors de la grève des cheminots,

j'ai bu quelques thaloufs.

Bon, ceci étant dit, c'est bien gentil tout ça, mais je vais quand même pas passer ma journée à boire des Chouffe en terrasse en écoutant les rares skieurs venant se poser sur la terrasse dire que la neige est pourrie. Hein ? Ben non ! J'ai une seule obligation : être à Saint-Pée-sur-Nivelle pour 18h30. Je regarde la montre que je n'ai pas et constate qu'il n'est que 12h32. Sachant que pour faire le trajet La Pierre-Saint-Martin → Saint-Pée-sur-Nivelle, j'en ai pour 2h20 en passant par les départementales ; ce qui me ferait arriver à 14h52. DONC j'ai le temps. OK.

Eh bien, avant de prendre la route aléatoire du retour, je vais faire un petit tour au sommet du Col de La Pierre-Saint-Martin, tiens, comme ça, voilà ! Ben oui parce qu'on parle beaucoup de la station de ski, mais pas assez du col ! Eh oui, hein, alors, faut que ça change ça aussi !

La Pierre-Saint-Martin, col, borne frontière (64)Situé non loin de la frontière espagnole et de l'entrée du gouffre de La Pierre-Saint-Martin (également appelé gouffre Lépineux ), le col culmine à une altitude de 1760 mètres. Il se trouve à 3,4 kilomètres très précisément de la station.
Une fois arrivé au col après quelques dix minutes de route, je pose la voiture sur un parking déserté. Un peu plus haut, avant et à l'ouest, j'ai vu une butte peut être sympathique pour avoir un beau panorama sur le massif karstique de la Pierre-Saint-Martin et sur la vallée de la Soule. Comme il y a très peu de neige, cela semble facile d'accès.


Je passe devant la cabane d'Escuret, située au dessus du gouffre du même nom. Un panneau nous informe que...

La Pierre-Saint-Martin, gouffre d'Escuret; (64)"Il est bien difficile de disposer d'eau pour abreuver les troupeaux dans un endroit aussi humide et pourtant sans torrent ni rivière...
Nous vous proposons de vous pencher, en faisant attention, de l'autre côté du mur pour voir une ouverture caractéristique dans ce paysage, l'entrée d'un gouffre. L'eau de pluie ou de fonte de neige disparaît dans les crevasses comme celle-ci pour former des ruisseaux souterrains qui finissent par ressortir à la surface sous forme de sources bien réelles. Vous pensiez qu'il ne pouvait y avoir de cours d'eau dans un tel relief ? Vous pouvez essayer d'imaginer l'immense réseau aquatique qui circule sous vos pieds."

Un récit de la traversée souterraine de La Pierre-Saint-Martin est fait ici : Traversée de la Pierre-Saint-Martin.

onf
Schéma : GCPM

Véritable monde souterrain intrigant et qui m'amène à me demander, une fois encore, comment se forment ces gouffres et autres lapiaz.

formation des lapiazPour aller dans le sens de ce que nous venons de voir, le phénomène corrosif d'origine chimique typique des terrains calcaires qui se produit à La Pierre-Saint-Martin créé des lapiaz. Les eaux de pluie, chargées de gaz carbonique, érodent la roche par dissolution. Lorsque cette surface est un peu inclinée, comme ici à La Pierre-Saint-Martin, les eaux attaquent en premier lieu les parties les plus sensibles de la roche  -cassures naturelles ou zones moins denses-  , qui s'érodent en profondeur selon une intensité variable en fonction de la résistance du terrain. Il en résulte ce paysage étrange de cannelures et de rigoles séparées par de puissantes arêtes de calcaire.


Une fois la cabane passée, je monte tout droit pour atteindre direct le sommet de ce que je pense être le Soum de Lèche, situé à 1844 mètres d'altitude.
Quelques minutes plus tard, je suis en haut.

SOUM DE LÈCHE
Vue Est
La Pierre-Saint-Martin, col, pics d'Arlas et d'Anie
La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur le pic d'Anie (64)
          La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur le pic d'Anie

À l'est, vue sur les pics d'Anie (2544m) et d'Arlas (2044m).

La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur le pic d'Anie

Le Pic d'Anie est le plus haut sommet du cirque de Lescuns, situé de l'autre côté de la montagne, dans la vallée d'Aspe. C'est également le premier sommet qui dépasse les 2500 mètres d'altitude depuis l'océan. Son nom ne provient pas du prénom d'une jeune femme qui aurait gravi ses parois abruptes un jour de 1864, puisque c'est l'ingénieur géographe François Flamichon qui réalisa la première ascension connue de ce sommet le 28 juillet 1771. Comme le pic d'Anie ne s'appelle pas le pic Flamichon, pourquoi se prénomme-t-il alors pic d'Anie ?
Eh bien, vois-tu, cela provient d’une forme dialectale basque añe du terme ahuña qui veut dire "chevreau". D'ailleurs, dans le pays basque, le pic d'Anie est connu sous le nom d'Ahuñamendi qui signifie "montagne des chevrettes". Le pic d'Anie est également la base du système karstique (karst des Arres d'Anie) composé de fissures verticales dans lesquelles le carbonate de calcium circule sous l'effet des pluies.

Le pic d'Anie est également connu pour une légende basque.
"Dans la mythologie basque, et plus généralement pyrénéenne, le sommet du pic d'Anie était considéré comme le domaine du Jaunagorri (le seigneur rouge). Il y avait un jardin merveilleux où poussaient des fruits d'immortalité. Mais les audacieux qui tentaient de s'en emparer étaient repoussés par des orages ou des tempêtes de grêle déclenchés par cette divinité, dès que quelqu’un entreprenait l’ascension. La légende avait tant de force qu’un géologue fut empêché par les habitants de Lescun, vers 1750, de le gravir pour en mesurer la hauteur." WIKIPEDIA

Une autre version de cette légende existe sous cetet forme :
"Son sommet était jadis le repaire d'un puissant géant ; le seigneur rouge, qui le défendait par la tempête, l'orage et la grêle. (...) La légende dit que grâce aux plantes secrètes de ce jardin, le seigneur rouge avait confectionné une liqueur d'immortalité qui aurait permis aux hommes de battre les Péluts, ces mauvais géants, gardiens des trésors de la montagne qui lui faisaient de la concurrence. Le Pélut était tout noir et velu, comme le nom l'indique en béarnais. Son nom hurlait avec le vent lorsqu'il enlevait les touts petits dans son grand sac... Pélut !!! Il avait la réputation de faire ses apparitions de préférence durant la période de Noël. Il y avait aussi une autre sorte de lutin qui parcourait les Pyrénées sous la forme d'une boule toute poilue. Il faut dire que la chevelure a longtemps été liée à la puissance dans l'imaginaire collectif. On se souvient notamment de Samson et Dalila." TERRE D'ASPE, Hubert Dutech

Alors, à ce moment précis, après avoir lu cette légende et cette géologie des lieux, la question que tout le monde se pose est : pour ou contre le coronavi... ah non merde, c'est pas celle-la. La question que tout le monde se pose est : est-ce que le pic d'Anie se grimpe ?
Eh bien la réponse est : bien sûr puisque François Flamichon l'a fait. Il y a longtemps, certes, mais il l'a fait. En fait, la randonnée pour le pic d'Anie est une des classiques de la région. Pour atteindre le sommet de cette belle montagne situé à 2504 m d'altitude, plusieurs possibilités.
1) Tu peux partir de La Pierre-Saint-Martin au niveau du refuge Jeandel. 17 km de marche en 7h30 aller-retour avec un dénivelé de plus de 1100 mètres.
2) Il est apparemment plus "facile" de partir du refuge de Labérouat, près de Lescun (vallée d'Aspe). 14 km en 6h30 pour un dénivelé de plus de 1250 mètres.

Et maintenant, regardons vers l'Ouest.

SOUM DE LÈCHE
Vue Ouest
La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur la vallée de la Soule

Ah ben, rien à voir là !
Si la vue Est est un peu "bouchée" par les montagnes, ici, vers l'Ouest, c'est un panorama à perte de vue. C'est bien simple : passée la vallée de la Soule qui se situe juste en dessous, je ne sais pas jusqu'où la vue s'étend.
Tout à fait en bas de la photo, on distingue les quelques maisons éparses du charmant village de Sainte-Engrâce. Je suis du regard la route départementale 113 s'aventurant dans la vallée de la Haute-Soule avant de remonter vers ces premières montagnes qui sont peut être celles de Larrau, puis celles du col d'Iraty... Et puis, plus loin encore, là-bas... je crois reconnaître le sommet du pic d'Orhy (2017 m), premier sommet de plus de 2000 mètres depuis l'océan. Je le voyais très bien sous un autre angle il y a quelques mois depuis le Pic d'Iparla, premier sommet de plus de 1000 mètres depuis l'océan. Ben oui, non, mais c'est important tous ces chiffres là !

Iparla, pic d'Iparla, panorama (64)          La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur la vallée de la Soule
Pic d'Orhy, vue de l'Iparla                                                                          Pic d'Orhy, vue du Soum de Lèche

Cette vue aérienne de la vallée de la Haute Soule donne envie de s'y aventurer. Pour rejoindre Saint-Pée-sur-Nivelle, je décide donc de prendre la direction de Sainte-Engrace en descendant par les cols de Soudet et de Suscousse. Le nom de Soudet est issu du basque Sodeytu, de so signifiant "aspect" et odeytu "nuagueux", du fait que la cime de cette montagne est souvent couverte de nuages. Non mais c'est important de savoir que les noms de villes, villages et de col ne sont pas pris et donner comme ça au hasard. Tu vois, par exemple, quelqu'un qui voit le pic d'Orhy et qui déciderait de l'appeler "le pic Ekolégrame", ça fait pas sérieux. Hein ? Hein ? Hein ? Bon... Regardons une dernière fois et de haut cette belle vallée de la Haute-Soule avant de nous y rendre... 

La Pierre-Saint-Martin, col, vue sur la vallée de la Soule, insta (64)

Tiens, d'ailleurs, d'où vient le nom de Soule ?
Eh bien,  ne ce qui nous concerne aujourd'hui, la vallée de la Soule n'a rien à voir avec le jeu du même nom qui nous vient de Normandie. Comme quoi, vois-tu, on peut donner le même nom pour quelque chose de très différent et qui, en plus, n'a pas la même origine géographique.
L'origine du mot Soule étant assez tortueuse, nous allons passer directement à autre chose.

Quelques kilomètres après avoir quitté le sommet du col de Soudet (1540 m), la route quelque peu étroite sinueuse sort du bois de Guilhers à hauteur du col de Suscousse (1216m). Connu également sous son nom basque de Garateko lepoa, le col de Suscousse a un nom qui interpelle... Si, si, si. Quelle est l'origine d ece nom ? Eh bien, en basque, Garateko lepoa veut dire col de la Porte Haute. Normal, classique, logique même. Quant à Suscousse, est-ce que l'on peut rapprocher ce nom de secousses sismiques existantes dans la région, comme cela fut le cas le 13 août 1967 à Arette, situé à 25 kilomètres d'ici ?
Eh bien, la réponse est non. Le nom de "Suscousse" désigne littéralement le col situé au-dessus du plateau de Chousse ; c'est à dire le plateau dominé par Issarbe et où se trouvent les pistes de ski nordique. Attention : ne pas confonde Chousse avec Chouffe qui, lui, rappelons-le, se trouve en Belgique.Bon, voilà, on a bien avancé là. Alors, le col de Suscousse se présente un peu comme un carrefour, mais pas trop quand même. Disons que tu as le choix entre continuer ta descente sur Sainte-Engrâce ou prendre à droite par la départementale D632 en direction d'Issarbe, petit village connu pour sa station de ski nordique. Malheureusement, cette année, il n'y a pas assez de neige.  Cette D632 permet également de rejoindre la vallée du Barétous.

Je continue donc à descendre en direction de Sainte Engrâce. J'entre dans le bois de Soudet. À la sortie de celui-ci, un virage de la D113 offre une belle vue sur Sainte-Engrâce et son église romane du XIème siècle.

SAINTE-ENGRÂCE
Sainte-Engrace, vue de la montée du col de la Pierre (64)

Rapprochons-nous.
Sainte-Engrace, vue de la montée du col de la Pierre

 Rapprochons-nous encore.
Sainte-Engrace, église romane, cimetière (64)

Ah mince, trop près.
Éloignons-nous un peu.
Sainte-Engrace, église romane et cimetière (64)

Voilà. C'est Sainte-Engrâce et sa belle église romane du XIème siècle.
"L'Abbaye Navarraise de Leire fonde l'église romane de Santa Grazi (1085), du nom d'une jeune noble portugaise qui se réfugia ici pour fuir les persécutions.
Avec son hôpital pour pèlerins, l'Abbaye devint une étape importante sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Unique survivante de son époque faste, l'église classée du XIe siècle recèle une architecture rare, pur modèle de l'art roman. À ses côtés, le cimetière peuplé de stèles discoïdales témoigne d'un passé encore méconnu." GUIDE DU PAYS BASQUE

Impossible d'entrer à l'intérieur puisqu'elle est fermée. Je fais le tour, je regarde, un Santagraztar me regarde de derrière sa fenêtre. Je m'éloigne, je reviens, puis je repars.

Sainte-Engrâce, ce n'est pas qu'une belle église restaurée. C'est aussi un style de vie paisible, tourné vers l'agriculture (élevage ovins, bovins et équidés), le pastoralisme, la production de produits gastronomiques locaux (fromages du pays) et l'activité touristique. Le village ne cesse de voir sa population décroître. Si les Santagraztar étaient plus de 1450 dans le milieu des années 1800, ils ne sont aujourd'hui plus que 190 habitants. Pourtant, Sainte-Engrâce présente plusieurs atouts... surtout quand on aime la nature. L'ami Marco Large a écrit un très beau roman, Xan de l'ours, la légende de l'homme sauvage, dont l'action se situe ici, en 1780.
Nichée dans cette belle vallée, elle propose également de s'aventurer sur de multiples chemins de randonnée, ou encore d'aller découvrir deux des sites les plus visités du pays basque : les gorges de Kakouetta et la Grotte de la Verna.
En ce qui concerne la grotte de la Verna, nous nous y sommes déjà rendus en 2012 (cf : La salle de la Verna). Pour les gorges de Kakouetta, nous en reparlerons un jour prochain puisque nous y étions au mois d'août de l'année dernière.

Pour l'heure, aujourd'hui, nous allons nous rendre dans un autre lieu touristique local reconnu, j'ai nommé la passerelle et les gorges d'Holzarté. Pour les rejoindre, il faut parcourir une vingtaine de kilomètres dans une nature vivante, agitée tour à tour par les Gaves de Sainte Engrâce puis de Larrau.

J'arrive sur le parking d'où part la petite randonnée. Enfin, moi, j'ai choisi la petite randonnée, mais il y en a plein d'autres à faire ; notamment celle qui propose de faire le tour complet des gorges sur 14 km avec un dénivelé de plus de 700 mètres. Pour atteindre la passerelle très impressionnante, c'est trois quarts d'heure et c'est parti !

Le sentier, qui est également le GR10, longe la rivière Olhadoko erreka...
        Gorges d'Holzarté, rivière Olhadoko erreka (64)

Et quelques minutes plus tard, déjà : j'arrive à la passerelle. Je ne comprends pas trop, ils avaient dut qu'il fallait marcher pendant trois quarts d'heure avec un dénivelé de 200 mètres...

Oui ben oui, voilà, blague, drôle, amusant, on rigole, ah, ah, ah ; mais maintenant il faut continuer.
Le sentier devient de plus en plus étroit et se met à grimper sévèrement. Les racines sortantes des arbres rendent l'évolution glissante.

Gorges d'Holzarté, sentier (64)

Mais 35 minutes plus tard, je la vois, elle est là-bas, au dessus du vide du canyon d'Olhadubi.

PASSERELLE D'HOLZARTE
Gorges d'Holzarté, la passerelle, profil

 Rapprochons-nous un peu...
Gorges d'Holzarté, la passerelle, profil

 Encore un peu...
Gorges d'Holzarté, la passerelle, sur la passerelle

 Ah non, là, c'est trop !
Reculons !
Gorges d'Holzarté, la passerelle, dessusVoilà, parfait !

Et maintenant, un peu d'histoire !
Tout d'abord : le nom. D'où vient ce nom ? Que veut-il dire ? Et veut-il seulement dire quelque chose ?
Eh bien oui. Le nom d'Holzarté provient de holtz (non pas Gérard Holtz) qui veut dire cloison, paroi et arté signifiant entre ; soit entre paroi
La passerelle d'Holzarté a été construite en 1920 par des ouvriers italiens de la scierie Lombardi Morello de Tardets afin de permettre l'exploitation forestière du bois d'Holzarté. Un exploit humain qui n'est pas sans nous rappeler le fameux chemin de la mature creusé dans la roche de la vallée d'Aspe. Un chemin où nous nous étions rendus avec Maître Arnaud en octobre 2010...
chemin de la mature
Une aventure incroyable que tu peux retrouver en cliquant ici : LAC D'ESTAENS, partie 1

Mais revenons à la passerelle d'Holzarté car il est grand temps à présent de se lancer sur les 70 mètres de planches suspendues à 150 mètres au-dessus du canyon.

Gorges d'Holzarté, la passerelle, face                 Gorges d'Holzarté, la passerelle, sur la passerelle

Ah oui, la sensation est étrange. La passerelle bouge et la vue est vertigineuse sur les gorges.

Gorges d'Holzarté, la passerelle, vue de la passerelle     Gorges d'Holzarté, la passerelle, vue de la passerelle

Peut être te demandes-tu alors : mais comment a été dressée cette passerelle incroyable ?" Hein ? Hein ? Mais oui, tu te le demandes. Eh bien pour cela, il faut se référer aux propos de Gérard Caubet :
"(...) Deux longues cordes lestées sont descendues de part et d’autre jusqu’au torrent par le simple effet de la pesanteur. Tout en bas, un homme les réceptionne et les noue ensemble. Des treuils puissants les remontent et les tendent. Elles servent à tirer des câbles de plus en plus gros sur lesquels est fixé le tablier.
Et le tour est joué.(...)" ÉTONNANTES PYRÉNÉES

Les gorges d'Holzarté furent parcourues pour la première fois par Edouard-Alfred Martel en 1907, mais pas dans leur totalité. Il faudra attendre 1933 pour voir un groupe de grimpeurs, composé de Robert Ollivier, Roger Mailly, François Cazalet et Henri Dubosc, descendre en intégralité dans la gorge d'Olhadubi.Tu peux retrouver le récit de cet expédition ici : La première descente du canyon d'Holzarté-Olhadibie.

 

Après quelques photos et quelques regards sur la structure du pont, je rebrousse chemin pour rejoindre la voiture.
Il est toutefois possible de faire le tour des Gorges d'Holzarté en réalisant une boucle de 14 kilomètres pour un peu plus de cinq heures de marche par un dénivelé de plus de 700 mètres.

Une fois de retour à la voiture, je poursuis mon évolution en direction de Saint-Pée-sur-nivelle en prenant la direction du village de Larrau.
Dès le panneau local passé, le ton est donné...

Larrau, entrée du village (64)

Ah bon ? Pourtant, Sorita, Rodri ou Néré évoluent très loin d'ici. Peut être, mais ce n'est apparemment pas le cas pour Claverina  -ourse slovène réintroduite dans les Pyrénées en octobre 2018- qui aurait tué une brebis à 200 mètres des habitations de Larrau fin avril 2019, soulevant le mécontentement de 300 éleveurs locaux qui demandent le retrait immédiat de l'animal des estives environnantes.
Avant de passer ce panneau, je le sentais bien ce petit village montagnard de la Haute Soule, situé au pied du Pic d'Orhi. Loin de tout, en pleine campagne avec vue sur les cimes basques et béarnaises au loin.
Larrau est également un haut lieu de passage des pèlerins  sur le chemin de Compostelle. Combien d'entre eux sont venus et viennent encore s'agenouiller dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Larrau en rendant grâce à Dieu pour le bon voyage accompli en France avant de passer la frontière espagnole à hauteur du Port de Larrau (Uthurzéhétako-Lépoua en basque) situé à 1573 mètres d'altitude à dix kilomètres du village ? Hein ? Non, mais je te le demande : COMBIEN ?
Village montagnard, village-étape sur la route de Saint-Jacques, village frontalier, Larrau est avant tout un village de la Soule, la plus petite et la mieux préservée des sept provinces du Pays Basque avec ses demeures typiquement souletines, son fronton de pelote et les quelques 200 habitants continuent à s'exprimer en euskara. C'est d'ailleurs dans cette langue qu'ils ont baptisé deux des quartiers de Larrau : Ekhi Begia (l'Oeil du soleil) et Itzal Herria (le village ombragé). De plus, le folklore perdure. Chaque année en avril, le village s'anime lors d'une mascarade, fête traditionnelle basque à mi-chemin entre le carnaval et le théâtre de rue. Quarante jeunes gens, tous originaires du même village, se donnent en spectacle, une partie d'entre eux chantant, dansant et interprétant en basque un texte qui met en scène des figures villageoises, tandis que l'autre gêne le déroulement de l'interprétation par des interventions intempestives.

Pas de masquarade aujourd'hui. Je poursuis donc ma route sans m'arrêter.
La Départementale 19 prend la direction d'Iraty. Dans un premier temps, elle longe de belles montagnes aux couleurs variées, comme celle-ci...

Larrau, vue sur une montagne

Ouais bon, c'est pas si évident que cela en photo.
La D19 est une vraie route de montagne avec des lacets montant vers des cols aux panoramas sublimes. C'est au col d'Organbidexka (1283 m) que je fais une pause pour retrouver là-bas, au loin, le pic d'Anie...


COL D'ORGANBIDEXKA
Iraty, col d'Organbidexka, panorama sur la vallée (64)

Iraty, col d'Organbidexka, panorama sur la vallée

Iraty, col d'Organbidexka, vue sur le pic d'Anie (64)

Nous sommes au coeur de la forêt d'Iraty, plus grande hêtraie d'Europe. Côté français, elle couvre plus de 2310 hectares répartis sur les deux vallées que sont la Soule et le pays de Cize. Au coeur d'une cuvette de 30 000 hectares bordée de sommets atteignant parfois 1600 mètres d'altitude, ce massif forestier doit son nom à la rivière qui le traverse du nord au sud.

UNE FORET ARROSEE
"Ceinturée sur trois côtés de hautes montagnes qui l'ont rendue longtemps inaccessible, la forêt entaillée de ravins et de pitons rocheux a conservé son caractère sauvage tout en s'ouvrant au tourisme vert. Depuis les années 1960, elle a trouvé une seconde jeunesse par la rénovation des routes, une replantation généralisée et la création de sentiers de randonnées pour le ski de fond ou les promenades en raquettes.
Des futaies de hêtres dans ses parties basses au sol profond très arrosé, jusqu'aux prairies herbeuses des sommets, Iraty multiplie les sites sauvages.
Au grès des sentiers et randonnées, on découvre une végétation harbacée variée (jonquille, myosotis, myrtille, asphodèle, bruyère, oxalis) émergeant des sous-bois, constitués entre autres de houx, de sureaux noirs et de noisetiers. Les tourbières du massif abritent des espèces protégées, tels les calthas des marais, linaigrettes et plantes 'carnivores'. Des landes aux tourbières, en passant par les grottes et la hêtraie, ce sont neuf types d'habitat qui ont été répertoriés sur l'ensemble du massif."  ÉDITIONS ATLAS

La forêt d'Iraty, c'est aussi un massif sur lequel évoluent cerfs, chevreuils, renards, sangliers et même parfois des loups. Mais elle reste un haut lieu pastoral. Près de 15000 brebis paissent sur les vastes étendues en bordure de forêt. La transhumance des troupeaux en mai et novembre, la rénovation des cabanes de bergers (cayolars en pays de Soule, etxolak en pays de Cize) et la permanence de traités anciens concernant l'utilisation des pâturages entre vallées prouvent la vivacité de cette activité pastorale.

Je passe à hauteur des Chalets d'Iraty, composé de 40 chalets en bois dispersés dans les bois et les pâturages, sans aucun vis-à-vis. En hiver  -et lorsque la neige est présente-, Les Chalets d'Iraty est le départ de nombreuses pistes de ski de fond et de sentiers pour des randonnées à raquette. Dès le printemps, la forêt change de couleurs, puis devient un haut lieu de pastoralisme. Un endroit calme et silencieux, en pleine nature, au milieu de la forêt, sur les hauteurs des monts basques.

Je continue en redescendant dans la vallée par la D19. Route large et de bonne composition, qui traverse forêt, pâturages, longeant petits lacs et rivières. tout ce vert, toute cette nature  -même vue de la voiture-  c'est beau et reposant.

Après quelques nouveaux lacets en descente
en croisant les falaises découpées de quelques basses montagnes...
Iraty, montagne              Iraty, montagne
...je retrouve la vallée avec les villages de Mendive,
puis Ahaxe-Alciette-Bascassan.


Saint-Jean-le-Vieux marque la fin des petites routes de montagne.
Retour à l'urbanisation, aux bruits, à l'agitation...

 

 

 

Commentaires
D
je me suis arrêté à la question" est-ce que le Pic d'Anie se grimpe ?"<br /> <br /> moi je demande si Annie se grimpe à pic<br /> <br /> Je repasserai :j'ai estivanté plus de 30 ans en Euskadi et un peu en Bearn.Mais en matière de montagne je ne connais guère qu'Iraty (dont j'ai vu la hêtraie sérieusement attaquée(est-ce que les Chinois ont acheté du bois?)) En redescendant j'ai bu un demi à l'auberge après le chemin qui mènent aux gorges d'Holzarte...en fin de journée,c'était trop tard pour y aller ,dommage
Répondre
L
perso, je suis pour la corona et deuxio je vais prendre mon temps pour lire ton billet hyper chargé !
Répondre