Il y a le ciel, le soleil et les blockhaus (40)

Afin d'inaugurer un nouvel album-photos sur ce blog, je suis allé faire un tour sur les côtes sud Atlantiques. Bon, ce ne fut pas un grand périple, mais euh... qu'est-ce que je voulais dire ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Il y a des matins où tu te lèves avec une chanson qui tourne en boucle dans ton crane sans trop savoir comment elle s'y est installée.
Pour moi, ce matin, c'était "Alors regarde" de Patrick Bruel. Je ne sais pas comment elle est venue là, mais impossible de me l'enlever de la tête ! Je fais chauffer le café en chantonnant "♫ Alors regarde, regarde un peu...♪ ". Je vais pisser en sifflotant "♪ Tu verras tout c'que l'on peut faire si on est deux...♫". Je me lave les dents en marmonnant "♫ Alors regarde, regarde un peu...". Je vais dans la bagnole en dodelinant sur "♪ Je vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux ♪".
IMPOSSIBLE D'Y ÉCHAPPER !!!!!
La journée passe avec ses prérogatives, ses habitudes, ses obligations, son quotidien. Tout va bien et puis soudain, sans prévenir : "♫ Alors regarde, regarde un peu ♪".

Comment expliquer ce phénomène ?
Je ne suis absolument pas fan de Patrick Bruel. Je ne me souviens pas avoir entendu cette chanson dernièrement. Alors ? Faut-il y voir un rapport inconscient entre ma vie actuelle et cette chanson ? Ses paroles veulent-elles me dire quelque chose sans que je parvienne à faire le lien ?
J'EN SAIS RIEN !
Mais j'aurais préféré avoir, pourquoi pas, tiens par exemple, comme ça, là, hop, le "Saint Nazaire" des Pixies, extrait de leur dernier album "Beneath the Eyrie". 

Un titre d'album qui, finalement, n'est pas si éloigné que ça du titre de la chanson de Bruel puisque "Beneath the Eyrie" veut dire "Sous les yeux".

MAIS EH OH, NE NOUS ÉLOIGNONS PAS DE NOTRE BUT INITIAL QUI EST... C'est quoi déjà ?

Ah oui, nouvel album-photos sur le blog "Le voyage de Jénorme". Et cet album porte le titre sympathique : "Il y a le ciel, le soleil et les blockhaus".
C'est pas toujours facile de trouver un nom à un album-photos. Non mais tu rigoles, mais non. Par exemple, t'as des photos de fleurs, tu l'appelles comment ton album ? "Photos de fleurs" ? "Fleurs et printemps" ? "Joies colorées" ? Hein ? C'est un peu cucul la praline tout ça ?!
Tiens, d'où vient cette expression ? "Cucul la praline"...

EXPRESSION ET ORIGINES
AUJOURD'HUI : "Cucul la praline"
"Qu'est-ce qu'une praline ?
Pour les Français, c'est une amande entourée d'une croûte de sucre parfumé ou coloré. Pour les Belges, c'est un bonbon au chocolat. Et pour les truands, c'est une balle d'arme à feu. Les deux premières sont souvent appréciées, la troisième un peu moins.
Le nom vient du Maréchal de Plessis-Praslin dont le cuisinier inventa la confiserie (la version française) au XVIIe siècle.
'Cucul' (ou 'cucu') est un simple redoublement enfantin de 'cul', sans qu'on sache vraiment pourquoi il est devenu un adjectif synonyme de niais ou ridicule.
Pour une raison tout aussi incertaine, on lui a accroché un substantif féminin supposé l'intensifier, comme dans "cucul la praline", "cucul la fraise" ou bien "cucul la rainette", par exemple.
Cette expression date de la première moitié du XXe siècle. Colette, en 1933, employait 'cucu'.
Certains prétendent que ce qualificatif vient des Seychelles, à Praslin, où on trouve une grosse noix de coco à la forme très suggestive qu'on appelle le "coco-fesses".
'Fesses' et 'Praslin' auraient donné cucul la praline.
C'est probablement une galéjade, d'autant plus que le lien entre cette noix et 'niais' ou 'ridicule' n'est pas très facile à établir.
Par contre, une cuculle est un peu moins ridicule qu'un cucul, puisqu'il s'agit de la capuche d'un moine." 
EXPRESSIO.FR

Bon, en tout cas, moi, pour mon album, je me suis dit : "Il y a du ciel, il y a du soleil, il y a l'océan PAF allez : il y a le ciel, le soleil et les blockhaus". Titre qui rappelle au passage la chanson de François Deguelt "Il y a le ciel, le soleil et la mer" en 1965.
On la connaît cette chanson. On l'a tous eu dans le crane en boucle à un moment donné en arrivant sur une plage en été. Mais si, bien sûr. Et pourtant, qui savait que c'était François Deguelt qui la chantait ? Hein ? Non mais qui ? Je te pose la question.
Alors, maintenant, tout cela est bien joli, mais il est peut être temps de savoir qui était François Deguelt ? Que fait-il ? Où est-il ? D'où vient-il ? "♫ Formidable robot des temps nouveaux ♫", comme le chantait Noam en 1978 pour le premier générique du dessin animé Goldorak.
Eh bien, tout d'abord il faut savoir qu'il ets mort depuis le 22 janvier 2014. Bon. Mais à part ça ?

François Deguelt est né le 4 décembre 1932 à Tarbes. En 1951, il abandonne sa licence en philosophie pour aller chanter Au tire-bouchon, un cabaret montmartrois. Il écrit ses première chansons en 1952 et entraîne Jacques Brel - qui chantait dans la rue à l'époque-  dans la tournée des cabarets motmartrois. Mais le service militaire le rattrape et il part pour l'Algérie. Il revient en 1959, obtient des prix de la chanson, participe à deux reprises au Concours de l'Eurovision de la chanson et sort en 1965 son tube "Le ciel, le soleil et la mer". Il se marie avec l'actrice Dora Doll, dont il se séparera en 1971. Plusieurs chansons suivent dont certaines sont inspirées par son voyage sur l'océan Indien.
D'ailleurs, dans les années 1970, il vit sur une péniche amarrée près du pont de Saint-Cloud et compose de nombreuses chansons. L'été, il navigue sur son bateau à voiles de neuf tonneaux appelé Nectos III. Il continue de composer pour différents artistes tout en vivant sur un autre bateau, le Marie Marine, qu'il a amarré à Sainte-Maxime, dans le Var. Il meurt à l'âge de 81 ans et est inhumé à Barbezieux.

Ami60545 n'est pas allé filmer le caveau où repose les cendres du chanteur, mais il s'est rendu sur la tombe de Robert Dalban au cimetière de Jouars-Pontchartrain.

Tout de suite,
le reportage.

Chose que en dit pas Ami60545, c'est que Robert Dalban est décédé d'un arrêt cardiaque dans un restaurant parisien alors qu'on venait de lui amener un plateau de fruits de mer.

Mais le titre de ce nouvel album-photos qui est, rappelons-le, "Il y a le ciel, le soleil et les blockhaus", peut également faire penser au film de Djamel Bensalah réalisé en 1999 à Biarritz et qui a pour titre "Le ciel, les oiseaux et ta mer". Hein ? Ouais. C'est dit. Avançons.

Pour réaliser cet album, j'avais déjà pas mal de photos dans les archives. Mais je me suis dit : "Vas donc faire un tour sur certaines plages landaises prendre quelques photos de ces blockhaus que tu as déjà vus maintes et maintes fois, ça te fera prendre l'air un peu là, plutôt que de regarder la télé et Camping Paradis en boucle, merde alors ! C'est fini les vacances !!!!"
OK, d'accord, on y va. Et, dans un premier temps, je prends donc la direction de Vieux-Boucau-les-Bains en traversant les Landes du sud.

       

Pourquoi aller à Vieux-Boucau-les Bains ? Eh bien parce que je suis tombé sur un article du journal Sud-Ouest qui relatait la réalisation d'une énorme fresque par Rémi Bertoche sur un blockhaus en 2015 ; un blockhaus que je n'ai jamais vu.
Pourtant, Vieux-Boucau-les-Bains, j'y suis allé plusieurs fois, notamment, rappelons-le encore, pour me rendre au mini-golf de la ville, et plus précisément au trou n°16.

Mais Vieux-Boucau-les-Bains, ce n'est pas que ça. Non, non, non. D'ailleurs, peut-on réduire une ville seulement à son mini-golf, hein ? Non, bien sûr que non. Alors, que peut donc voir à Vieux-Boucau-les-Bains, hormis le mini-golf et le blockhaus fresqué ?
Eh bien, tu as son lac marin et sa promenade, son église Saint-Clément et son plafond coloré, ses immeubles de vacances et leur architecture, sa compétition de siensiens surfeurs, son boulodrome, ses bars à mojito de plage.

 

Ça, c'est quand tu es dans le gros de la saison ; c'est à dire entre fin juin et fin août. Là, nous sommes en janvier. DONC "Hors saison", comme le chanterait Francis Cabrel.

"C'est le silence qui se remarque le plus
Les volets roulants tous descendus
De l'herbe ancienne dans les bacs à fleurs
Sur les balcons
On doit être hors-saison (...)

Le vent transperce ces trop longues avenues
Quelqu'un cherche une adresse inconnue
Et le courrier déborde
Au seuil des pavillons
On doit être hors-saison. (...)"

Il y a quelque chose de beau et triste dans le hors saison d'une station balnéaire comme Vieux-Boucau-les-Bains. Quelque chose de poétique. Peut être que Francis Cabrel est venu à Vieux-Boucau-les-Bains pour écrire sa chanson ; lui qui habite à quelques kilomètres d'ici, du côté d'Hossegor.
Ouais, bon, on continue.
Je n'ai pas pris soin de regarder où se trouver le blockhaus fresqué de Vieux-Boucau. Et comme j'ai décidé aujourd'hui de passer une journée sans smartphone et internet, je vais naviguer au hasard. Ben oui, c'est comme ça : au mois de janvier, y'en a qui ne boivent pas une goutte d'alcool, eh bien moi, je bois plein d'alcool, mais je ne surfe pas sur le net. La preuve avec ce billet.

Je m'arrête à la première plage venue qui n'est autre que la plage Nord. Ohlalala, ça sonne bien hivernale, ça. La plage Nord. Peut être va-t-on voir au large une banquise ? Peut être que quelques manchots se promènent sur le sable abandonné ?
Le parking est séparé de la plage par une imposante dune sur laquelle sont venus se poser commerces et maisons.

En me rendant au sommet de cette dune
qui doit avoisiner les 18 mètres de hauteur,
je croise une résidence au nom typique.
"Relax" ! Ses habitants sont-ils présents ?
Restent-ils enfermés chez eux en attendant
que l'on vienne enlever le sable
qui bloque la porte du jardin ?

J'arrive en haut de la dune qui offre une vue imprenable sur la plage Nord.

Pas de blockhaus en vue. Je marche donc un peu sur la plage en direction du sud car, au loin, je vois de la civilisation.

Sur la plage,
pas grand monde.

Sur le sommet de la dune,
j'aperçois une rangée de maisons fermées
faisant face à l'océan.

Et puis soudain... Bon, je dis soudain, mais faut pas exagérer non plus... Et puis, soudain, au bout de la dune, comme faisant partie des habitations normales, je vois le blockhaus. Il s'agit du H612.

J'approche.

J'approche.
         

         

Malheureusement, la fresque originale a été recouverte par d'autres peintures et on ne distingue plus la qualité et le propos que voulait faire passer Rémi Bertoche, l'artiste graffeur.

Comme je n'ai pas envie de repasser par la plage, je traverse la rue commerçante. Tous les magasins sont fermés ; certains quelque peu recouvert par le sable.

        

Personne. Pas un client, pas un serveur, pas une table, pas un enfant qui court une glace à la main, pas un son, pas un bruit, pas une musique de David Guetta ou de Francis Cabrel ou de Patrick Bruel "Alors regarde".
L'été, ici, les terrasses sont pleines car ce sont les rares bars-restaurants de la côte landaise ayant vue sur l'océan avec ceux de Ondres, CapBreton, Hossegor, Messanges, Contis, Mimizan, Bisacarosse... Ouais non, finalement, y'en a plein des bars avec vue sur l'océan.

       

Pour rejoindre la voiture sur le parking nord, je décide de ne pas repasser par la plage, mais plutôt par la dune et ses maisons désertées, abandonnées au sable. Une route sous la forme d'une rue permet de longer ces bâtisses.

       

     

 Le sable a envahi les lieux. Bon, eh, en même temps, c'est normal : nous sommes sur une dune. Les maisons de type colonial que l'on appelle ici les dunards sont barricadées pou éviter que le vent ne porte le sable dans les habitations.

Le surf Club de Vieux-Boucau a des airs de saloon de western.

Je retrouve le parking nord, la voiture, puis la route. Les D652 et D79 traversent les pins avec, parfois, des rencontres.

Après la grande forêt de pins, surnommée aussi l'Amazonie landaise, la D152 me ramène vers les plages et l'océan. Seignosse avec la plage du Penon et l'Atlantic Park fermé lui aussi en cette saison. Se succèdent la plage des Bourdaines et la nouvelle scène musicale "Le tube", anciennement "Les Bourdaines", puis Les Estagnots, plage familiale.
Sur le territoire d'Hossegor, la route longe la dune des Gravières, de plus en plus proche. Elle avance dans les terres. C'est un peu plus loin que je vais faire un second arrêt blockhaus, sur la plage des Gravières d'Hossegor.

Un peu excentré de la ville  -ou plutôt des maisons, immeubles et commerces du bord de mer-  , le blockhaus d'Hossegor est isolé, un peu retiré.

Il faut laisser derrière soi les façades
aux couleurs changeantes en cette fin de journée de janvier...

...s'en éloigner...

...passer devant un sapin de Noël abandonné
sur la plage, faisant face aux prémisses du soleil couchant...

...pour commencer à apercevoir, au loin,
la silhouette colorée de ce monstre de béton.

De plus près, de profil, de dos.

          

C'est en 2016 que ce blockhaus est réapparu après être resté enfoui sous le sable des dunes pendant plus de trente ans après avoir mis cinq ans à être enfoui totalement. D'après Jean-Claude Thiercy, élu d'Hossegor, il y avait même un tunnel reliant le blockhaus à la route se trouvant juste derrière (cf : Sud Ouest).

Allez hop, ça, c'est fait ! Une photo de plus pour l'album !

Pour terminer la journée et ce périple, je ne peux pas ne pas passer par Capbreton. Non, mais, oh ! Si on veut parler "blockhaus dans les Landes", on est obligé de parler de Capbreton où se trouvent quelqu'uns des plus beaux spécimen.
Oui, oui, je sais, j'y suis souvent allé et j'en ai souvent parlé.
Là : Vagues et coucher de soleil à Capbreton en 2017.
Et puis ici aussi : Pâques au béton en 2015.
Ou encore ceci : Remontons un peu la côte Atlantique : Capbreton.

Grands, petits, couchés ou debouts, leur dune initiale les a quitté pour les laisser venir s'échouer sur les plages de la Piste et de la Savane -également appelée maintenant plage de la Santocha- il y a quelques cinquante années. En effet, en 1970, suite à la construction d'une digue et aux effets de montée de l'océan, la dune sur laquelle reposaient ces édifices de béton a été "littéralement retirée" de sous leurs fondations. Ainsi, si en 1943, ces blockhaus se trouvaient à quelques mètres de l'eau, ils sont aujourd'hui en contact permanent avec l'océan, sauf à marée très très basse.
"À Capbreton, nombreux sont ceux qui se souviennent avoir vu sur la dune les bunkers qui bordent aujourd’hui la plage en contrebas. Ce qui est plus inquiétant est de constater que si le blockhaus s’est découvert ainsi cela signifie que la plage s’est affaissée d’autant." SUD OUEST

            

L'autre particularité de ces blockhaus, c'est qu'ils changent souvent de couleurs. Les fresques, grafs et tags sont souvent renouvelées.

Les derniers datent de juillet 2019, impulsées par le Comité du quartier du Littoral qui a demandé à quatre artistes peintres et graphistes de donner une nouvelle apparence "graphique" à cinq de ces blockhaus posés sur la plage. L'idée était de créer une scénographie qui donne la parole à la faune et la flore des plages et dunes de Capbreton. Voici ce que cela donne.

                

                  

Après avoir parcouru le sentier de la Dune (2,7 km de promenade sur les dunes à la rencontre de la faune et la flore avec des panneaux pédagogiques et des panoramas aménagés), je me pose au-dessus de la plage de la Savane (ou Santocha) pour apprécier les dernières lueurs du soleil pour la journée.

         

Le coucher de soleil se prépare...

Ah ben non.
C'est loupé !

 
En tout cas, l'album-photos, lui, est là : Il y a le ciel, le soleil et les blockhaus.