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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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5 février 2021

De Nevers à Précy-le-Sec, épisode 3 (58-89)

Lors des deux précédents épisodes, Jénorme n'avait jamais pensé qu'il lui aurait fallu trois billets pour parler de ce périple réalisé il y a quelques mois entre Nevers et Précy-le-Sec. Alors, que s'est-il passé ?
Eh bien, pour le comprendre, reprenons le fil du récit.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Je ne sais pas si cela vient du fait que les restaurants sont fermés maintenant depuis quatre mois, mais, en me levant ce matin, je me suis soudainement posé la question : qui a inventé le café gourmand ?
Hein ? Non, mais, oh, franchement ! Là, comme ça ! Y'a des fois des trucs évidents en apparence, mais il y a bien eu une origine ! C'est comme les "pourquois" ! Pourquoi on ne peut pas voir dans le noir alors que les chats oui ? Pourquoi l'alcool est mauvais pour le foie ? Pourquoi y'a-t-il la syllabe "Di" dans tous les jours de la semaine ? Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas se mettre de mascara la bouche fermée ? Hein ? Pourquoi ?
Eh bien là, ce matin : qui a inventé le café gourmand et pourquoi ?

De suite, je me suis rendu à mon ordinateur pour voir si une réponse existait. Et là, je suis tombé sur un reportage explicatif de l'excellent David Castello-Lopes.

Et en regardant ce reportage, une info et une image m'ont interpellé : la tombe de Carlos à Bourg-La-Reine.
Du coup, j'ai continué mes recherches sur internet en tentant de trouver d'autres infos sur la sépulture du chanteur et sur cette plaque où on le voit tenir un gros espadon. Et, bien sûr, incontournable, je suis tombé sur Ami60645.

Hein ? Hein ? Y'a du lourd là.
Et j'ai continué à faire des recherches ensuite sur l'espadon. Pourquoi avait-il cette forme ? Où le pêche-t-on ?
C'est ainsi que j'ai appris que l'on pouvait le pêcher dans la Mer Noire, ainsi que de Madere à l'Islande. De fil en espadon, je suis alors tombé sur cette photo.

islande
Photo : Christopher Lynn

Cette île se trouve au large de l'Islande, dans l'archipel des îles Vestmann. Toutes les îles sont inhabitées hormis la plus grande, Heimaey, peuplée de 4 142 habitants qui vivent principalement de la pêche. Mais au beau milieu de cet archipel se dresse une petite île, Elliðaey, qui abrite une cabane mystérieuse et solitaire. C'est en lisant l'article sur le site Voyager loin que j'en ai appris un peu plus sur cette étrange maison isolée.
"Cette île était habitée il y a environ 300 ans ; cinq familles subsistaient par la pêche, la chasse au macareux et par l'élevage de bétails. Mais dans les années 30, les derniers habitants permanents sont partis. On ne sait trop pourquoi, des envies d'ailleurs sans doute. Certains ont spéculé que l'île avait été rachetée par la chanteuse Bjork, d'autres pensaient qu'elle appartenait à un milliardaire excentrique. La vérité est ailleurs, puisque cette cabane isolée n'est autre qu'un refuge et un sauna pour une association de chasse locale..." VOYAGER LOIN

La cabane et son sauna restent aujourd'hui isolés car l'île était, en fait, un refuge de macareux. Ces derniers ont disparu de ce lieu.

macareux carteJe ne comprends pas comment on peut chasser cet animal si adorable avec ses yeux qui semblent pleurer en permanence.
Le savais-tu : le macareux est également appelé Fratercula, vivant en colonies dans les régions tempérées fraîches de l'Atlantique Nord et du Pacifique.
La surpêche a considérablement réduit les populations de poissons dans certaines régions, notamment dans l’Atlantique Nord, affamant les macareux et provoquant leur déclin démographique.

 

 


J'aurais pu continuer mes recherches en allant voir quelles étaient les origines du sauna, mais, à un m'ment donné, il faut revenir à ses moutons.
En tout cas, il est intéressant de voir qu'en faisant des recherches internet pour découvrir l'origine du café gourmand, on finisse sur une île isolée en Islande.


ALORS :
DE QUOI ON PARLAIT AU DÉPART ?


Reprenons notre périple entre Nevers et Précy-le-Sec. Quoi ? Peut être qu'en route, on croisera un sauna aussi.
Je me souviens qu'en roulant dans le massif central, entre Clermont-Ferrand et La Bourboule, nous étions tombés sur un gite-restaurant qui avait son propre sauna et bain norvégien extérieurs. Cétait à Orcival, non loin du lac de Servière (cf : DES LANDES à L'AUVERGNE).

sauna et bain norvégien

Eh ouais ! Pas besoin d'aller à l'autre bout du monde là, hein ! Merde alors !
Bon, je me calme, et on reprend !

ALLEZ :

ON REPREND !

 

Revenons sur l'itinéraire prévu.

NEVERS → GUERIGNY → PREMERY → SAINT REVERIEN → ÉTANG DE BAYE → CHITRY-LES-MINES → BAZOCHES → VEZELAY → VOUTENAY-SUR-CURE → PRECY-LE-SEC                          128KM

itinéraire

OK. Nous sommes donc à ce moment précy... ah, ah, ah... précis en train d'arriver dans la petite ville de Chitry-les-Mines.

 

Chitry-les-Mines est située non loin du Canal du Nivernais, dont nous avons déjà parlé dans l'épisode précédent. Mais il n'y a pas que cette attractivité touristique à Chitry-les-Mines.
Oh que non ! La preuve.

 

CHITRY-LES-MINES
Chitry-les-Mines, statue de Jules Renard (58)

De prime abord, en entendant le nom de ce petit village du nord nivernais, on peut se dire, et c'est normal : "Dans Chitry-les-Mines, il y a Mines." Eh oui ! Il y a donc peut être des mines à visiter. Mais attention toutefois, ceci ne se vérifie pas toujours. Ce n'est pas parce qu'il y a un nom de quelque chose dans le nom d'une ville qu'il y a forcément ce quelque chose à visiter en ce lieu. Me suis-je bien fait comprendre ? Non ? Bon, exemple, à Bouc-Etourdi dans les Yvelines, tu n'as pas d'étourdis à visiter. Tout comme à Corps-Nuds en Ille-et-Vilaine, tout le monde se promène pas à poil. D'ailleurs, à Poil, dans la Nièvre, non plus ! Par contre, et c'est là qu'est le trouble parfois, si tu vas à La Machine  -toujours dans la Nièvre-, tu pourras visiter le musée de la Mine. Hein ? Tu comprends ?

Bon, bref : revenons à nos moutons... à nos mines avec cette question : peut-on visiter des mines à Chitry-les-Mines ?
Eh bien la réponse est non. PAF ! Je te le dis tout net ! Mais il y a tout de même raison quant au fait que le village s'appelle ainsi, contrairement à Poil dont on ne connait toujours pas l'origine si ce n'est que les gens qui créent les noms de village étaient ce jour là à court d'idées.

C'est en 1493 que furent découverts des gisements de plomb argentifère entre Chaumot et Chitry ; le long de ce qui ets aujourd'hui la D130.
"Dans les bois de Chaumot, sur une largeur de près de 80 mètres des centaines de puits, très rapprochés les uns des autres, indiquent une puissance de gisement considérable . La profondeur de ces puits d’extraction, plus ou moins comblés, varie de 1 mètre à 2 mètres, leurs diamètres de 2 à 4 mètres." WEBCROQUEUR
L'extraction de ce minerai fut arrêtée vers le milieu du XVIIème siècle. Quelques vestiges bien cachés subsistent ici et là, vers le canal du Nivernais, dans les bois de Chaumot et le long de la D130 sous la forme de tour et d'anciens fours.

Mais ce n'est pas le seul atout touristique de Chitry-les-Mines puisque, de toute façon, il ne se visite pas.
J'ai un petit coup de coeur pour cette petite ville nivernaise. La première fois que je m'y étais rendu, c'était lors d'un voyage scolaire quand j'étais en CE2. Pour aller de l'école primaire Georges Guynemer de Nevers à Chitry-les-Mines, nous avions un train d'un certain âge qui empruntait les rails de l'ancien tacot.
Pour les Nivernais et les Morvandiaux, le Tacot est bien connu. Il s'agissait d'un train qui reliait, dans un premier temps, Nevers à Corbigny à la vitesse de... 20 km/h. Il fut inauguré en 1903 et transportera ses derniers passagers en 1934, remplacé par un service d'autocars.

tacot carte            tacot photo
Photos : GENNIEVRE.NET

Bref : l'école primaire Georges Guynemer (du nom de l'aviateur tué au combat en 1917) avait organisé un petit voyage sur les rails empruntés par le Tacot autrefois. Nous faisions des arrêts dans différentes villes à intérêt touristique, géographique, artisanal. Et si nous nous étions arrêtés à Chitry-les-Mines, c'est parce que Jules Renard y avait été maire. Eeeh oui : l'écrivain et auteur dramatique a été maire de ce petit village nivernais de 1904 à sa mort.
Comment se fait-il ?

Jules renardNé en 1864 à Chalon-du-Maine, la famille de Jules Renard vient s'installer à Chitry-les-Mines en 1966, lieu de naissance de François Renard, le père de Jules, qui y devient maire. Il fait sa scolarité à Nevers, puis devient bachelier à Paris avant de fréquenter les cafés littéraires, les théâtres et certains milieux du journalisme. C'est ainsi qu'il publie des nouvelles et des poèmes en collaborant avec des journaux. Il rencontre son premier succès littéraire en 1892 avec L'Écornifleur. En 1894, il entre à la Société des gens de lettres et rédige Le Vigneron dans sa vigne ainsi que Poil de Carotte. Il écrit également son Journal entre 1887 et 1910, mais quine sera publié qu'après sa mort. Il constitue un témoignage précieux sur la vie littéraire de la Belle Époque ; même si le manuscrit a été amputé puis brûlé par sa veuve.


En parcourant la petite commune, on peut tour à tour croiser la statue de l'écrivain jouxtant l'église ou encore sa maison ; aujourd'hui occupée par des particuliers.

Chitry-les-Mines, maison de Jules Renard (58)               Chitry-les-Mines, maison de Jules Renard

"L'Ouche du Colombier dite "la vieille maiso", maison d'enfance de Jules Renard.
C'est ici que vécut la famille de Jules Renard, où le petit Jules passa son enfance. Son père, conducteur de travaux pour les Chemins de Fer, avait acheté cette maison en 1866 pour y installer sa femme et ses trois enfants. Le petit Jules était âgé de deux ans.
Cette maison appartenait auparavant à la famille Feuillet, qui faisait commerce du bois servant à faire des pavés pour les rues de Paris. En 1790, c'est le fils ainé, Pierre Feuillet, qui devint le premier maire de Chitry et la maison en fut alors la première mairie. (...)Chitry-les-Mines, Pazy, Marigny... étaient les lieux d'origine de la famille Renard, dont on retrouve trace en 1950. Dans les années 1900, le village de Chitry comptait 40 familles du nom de Renard. Il n'y en a plus qu'une seule aujourd'hui.
A l'âge de 8 ans, Jules Renard était déjà en pension à l'institution Saint-Louis à Nevers. Il fit ses études au lycée de Nevers jusqu'à la première partie de son baccalauréat 'sept 1881), puis il fut envoyé à Paris (1881-1882-1883)... (...)
Il aimait profondément ce pays nivernais. Quand il fut marié et deux fois père de famille, il loua à l'année, de 1895 à sa mort en mai 1910, l'ancien presbytère de Chaumot, qu'il a appelé la Gloriette. C'est une jolie demeure du XVIIIème siècle, restée en l'état, que l'on peut voir depuis la promenade du canal.
Il hérita de "la vieille maison" de Chitry à la mort de sa mère en août 1909 et décida de "relever les pierres de la maison paternelle". Il entreprit alors de grands travaux.(...)
Malheureusement pour lui, il ne vit pas la fin de ces travaux qui étaient loin d'être terminés quand il mourut le 22 mai 1910, dans sa maison de Paris, 44 rue du Rocher. (...)
Marinette, sa veuve, mourut en 1938. La maison, tous les livres et tous les meubles furent vendus aux enchères en 1939. Il ne reste plus aucun souvenir de Jules Renard dans cette maison qui, après avoir connu une longue période de mise en location, retrouva de nouveaux propriétaires en 1966." INFO LOCALE

Jules Renard est décédé à l'âge de 46 ans, à Paris. Il est enterré à Chitry-les-Mines. C'est là que je me rends à présent.
Le cimetière est situé un peu en dehors du village, au nord. Je me gare. Je pousse la lourde porte en fer. La tombe de Jules Renard se trouve sur la droite en entrant. Elle est facilement reconnaissable avec cette pierre tombale en forme de livre ouvert.

Chitry-les-Mines, tombe de Jules Renard (58)                 Chitry-les-Mines, tombe de Jules Renard

C'est également dans ce cimetière que repose un grand acteur français. Qui est-il ?
Jean Lefebvre ? Non car il a demandé à ce que ses cendres soient dispersées au sommet du Mont Blanc.
Jean Gabin ? Non, car ses cendres ont été dispersées en mer d'Iroise.
Victor Lanoux ? Non, car ses cendres ont été dispersées dans une petite rivière où il aimait aller pêcher.

Bon, oh : un indice. Son prénom est Paul.
Paul Préboist ? Non, car une partie de ses cendres repose au cimetière de Couilly-Pont-aux-Dames (Seine-et-Marne) et l'autre à Nizas (Hérault).
Paul Walker ? Non, il est américain.
Paul Bettany ? Paul Crauchet ? Paul Hogan ? Paul Meurisse... Ah, on se rapproche.
Allez, d'autres indices.
Il a joué dans les films "Le ciel est à vous", "Les enfants du paradis", "Jour de fête", "Touchez pas au grisbi", "Razzia sur la schnouf", "Archimède le clochard", "Un singe en hiver", "Le deuxième souffle", "Le charme discret de la bourgeoisie", "Poil de Carotte", "Le fantôme de la liberté",... Et tant d'autres encore !
Alors ? Qui est-il ?
Tout de suite, un extrait d'"Un singe en hiver" d'Henri Verneuil, dans lequel on retrouve cet acteur mystère en patron de bar.

Hein ? Hein ? Alors ?
Ouais, bon, il s'agit de Paul Frankeur.

paul FrankeurNé le 29 juin 1905 dans le 15ème arrondissement de Paris, Paul Frankeur est un acteur français.
Fils d'imprimeur, il quitte très vite l'école et multiplie les petits boulots, comme terrassier, conducteur de triporteur et ouvrier du cuir.
Dans les années trente, allergique à la routine et rebelle à l’autorité, il fréquente avec assiduité le quartier de Saint-Germain-des-Prés, où il développe son goût pour une certaine forme de marginalité et d’anarchisme. C'est en côtoyant Jacques Prévert et Maurice Baquet à Saint-Germain-des-Près qu'il se lie au groupe Octobre. Il rencontre également Yves Deniaud, avec qui il créé un numéro, "Les Duettistes barbus", au cabaret d'Agnès Capri. Ce sont ses premiers pas sur les planches.
En 1941, le réalisateur Louis Daquin le remarque et lui fait jouer son premier rôle au cinéma dans "Nous les Gosses" (1941).

Paul Frankeur poursuit sa carrière en tournant dans cinq films en 1942. En 1944, il joue dans Les enfants du paradis de Marcel Carné. Sa carrière est lancé et il n'arrêtera plus de tourner avec les plus grands, tels que René Clément, Jacques Becker, Julien Duvivier, Henri Decoin, Gilles Grangier, André Cayatte, Luis Bunuel... Il tourna même dans quelques films étrangers.
Il partageait avec Jean Gabin (12 films ensemble) et Lino Ventura la passion de la bonne chère. La solide amitié qui le liait à ces deux grands acteurs se traduisit par une présence commune dans de nombreux films, parmi lesquels plusieurs classiques. Paul Frankeur reste une figure attachante du cinéma, dans des seconds rôles où sa justesse d'interprétation lui valait d'être distingué. Par son timbre de voix, reconnaissable entre mille, il affirmait sa présence à l'écran.
Paul Frankeur meurt d'un infarctus à Nevers, le 28 octobre 1974. Il est inhumé quelques jours plus tard au petit cimetière de Chitry-les-Mines.

La tombe de Paul Frankeur est beaucoup plus discrète que celle de Jules Renard. Peut être pour lui faire un pied de nez, on remarque que la forme de la pierre tombale est celle d'un livre fermé, noir... alors que la tombe de Jules Renard est orné d'un livre ouvert blanc.

Chitry-les-Mines, tombe de Paul Frankeur (58)                   Chitry-les-Mines, tombe de Paul Frankeur


Allez. Je sors du cimetière pour remonter en voiture.
La prochaine étape m'invite à passer par Bazoches. Pour cela, j'emprunte la D985 qui longe l'Yonne, avant que je n'effectue un virage à 90° pour prendre plein Est avec la D6 traversant les petits villages de Ruages et Anthien. Au sud d'Anthien se trouve le château de Villemolin où eut lieu le tournage du film "Le mystère de la chambre jaune" de Bruno Poladylès, en 2003. Bon, perso, je ne suis pas fan de ce film. J'ai rien compris. Maaaaaiiiissss, au Nord d'Anthien, on retrouve la D958 qui fut le lieu de tournage d'une scène mythique du cinéma français. Eh ouais. Laquelle ? Hein ? On en a déjà parlé sur ce blog. Alors ? Hein ? Non, Paul Frankeur ne joue pas dans cette scène, ni dans ce film.
Allez, un indice : c'est un des films français qui a fait le plus d'entrées au cinéma et qui le plus vu à la télévision.
Alors ? Réponse.

Eh oui, il s'agit de "La grande Vadrouille" de Gérard Oury, réalisé en 1966.

Quelques onze kilomètres plus tard, je passe sous le château de Bazoches, ancienne propriété du Maréchal Vauban, originaire du petit village de Saint-Léger-de-Fougeret.

 

BAZOCHES
Bazoches, chateau de Vauban (58)

Le Maréchal acheta le château en 1675. Il fait alors modifier l'architecture et l'aménagement intérieur afin d'en faire la demeure familiale de sa femme et de ses enfants. Vauban n'y fera que de rares et brefs séjours entre les campagnes militaires et le service du roi. Il profite de ces moments de repos pour parcourir la région. C'est à Bazoches qu'il rédige certains de ses ouvrages tels que ses Oisivetés et la fameuse Dîme royale (1707). On pourrait revenir sur la vie de cet homme innovant, travailleur, intelligent, etc. mais j'ai pas envie. Ouais, ben, hein, c'est comme ça.
En cette période de Covid19, le château est fermé aux visites.
Eh oui. Les bars, les restaurants, les musées, les salles de concert... Tout est fermé !!!!

Je peux aller dans la petite église de Bazoches voir le tombeau de Vauban, mais cela devient un peu glauque quand même. Que veux-tu que je te dise : il n'y a que les églises et les cimetières qui sont ouverts en ce moment ! Bon... Allons faire un petit tour dans l'église de Bazoches.

Bazoches, église et statue Vauban (58)                Bazoches, église, tombeau Vauban (58)

Sébastien Le Prestre de Vauban, Maréchal de France, est né dans le Morvan en 1633, à Saint-Léger-de-Foucheret, devenu "Saint-Léger-Vauban" par décret impérial de 1867.
Ingénieur et architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français, il est nommé par Louis XIV Commissaire Général des fortifications en 1678, puis Maréchal de France en 1703. Il perfectionna la défense des villes et dirigea lui-même de nombreux sièges. C'est la victoire de Maastricht qui pousse le roi à lui offrir une forte dotation, lui permettant d'acheter le château de Bazoches en 1675.

Quand on entre dans l'église, on découvre le petit tombeau, encadré par de petites grilles noires, surmonté d'une plaque en marbre blanc sur laquelle sont gravés quelques mots.

Bazoches, tombeau de Vauban (58)                    tombe vauban

En se plongeant sur la vie et la mort de Vauban, je découvre une "anecdote" sur cette sépulture et la séparation de son corps avec son coeur.
"Le Maréchal voulait être enterré dans l 'église de Bazoches : en 1688, il y avait déjà fait rebâtir une chapelle pour y préparer l'emplacement de son caveau. Il mourut à Paris, sans cérémonie, après un simple absoute à l’Église Saint Roch. Le corps fut transporté à Bazoches et inhumé dans l'église. La Révolution profana la tombe ; en 1808, le coeur fut transporté aux Invalides.
Mr de la Ramée confia la précieuse boite renfermant le coeur de Vauban au brigadier Roubot. Le cortège ne partit que dans la soirée. Déjà on approchait de la ville lorsque le brigadier s'aperçut que la boite ne se trouvait plus dans les fontes de la selle de son cheval. Le cortège fit halte. On se consulte avec inquiétude. Demi-tour est ordonné et voilà la brigade qui reprend le chemin de Bazoches, explorant la route. On arrive au château et les gestes de la journée sont reconstitués... jusqu'à ce que le brigadier découvre la relique dans la mangeoire de l'écurie à laquelle il avait attaché son cheval.
En 1879, une dernière fois, le caveau fut ouvert et l 'on constata la présence d'ossements et de 4 crânes qui furent reconnus comme ceux du Maréchal, de sa femme, de sa fille et de sa petite fille."

On peut dire que Vauban est un peu le Paul Préboist de... euh... euh... non. Dans le même genre de séparation des corps après la mort, le compositeur Frédéric Chopin est également "enterré en deux places". Son corps repose au Père Lachaise, à Paris ; alors que son coeur a été place dans la nef de l'église de la Sainte-Croix, à Varsovie.
Oui, je sais : on parle encore de tombe et de mort. Ben oui, ben oui.

Allez, je me sauve pour faire quelques kilomètres, direction plein Nord.
Je quitte ainsi le département de la Nièvre pour entrer dans celui de l'Yonne. La première ville que je croise en suivant la D958 est Pierre-Perthuis. Enfin ville, disons plutôt village. D'ailleurs, posons-nous encore une question : "À partir de quel critère un village est une ville, ou vice-versa ?"

"Les dictionnaires, eux, ne fixent absolument pas de seuil de population et restent très vagues. Voici les définitions respectives du Petit Larousse et du Petit Robert :
Village : Groupement d’habitations permanentes, à la campagne (PL).

Agglomération rurale ; groupe d’habitations assez important pour avoir une vie propre (à la différence du hameau) (PR).
Ville : Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées (PL).
Milieu géographique et social formé par une réunion organique et relativement considérable de constructions et dont les habitants travaillent, pour la plupart, à l’intérieur de l’agglomération, au commerce, à l’industrie, à l’administration (PR)." LE MONDE

Bon. Et sinon...
"La ville se distingue du village par le nombre de ses habitants. Au delà de 2000 on parlera en France de ville, en deçà, on parlera plutôt de village. Quant au critère de la distance entre les habitations (moins de 200 mètres pour une ville), il n'est pas toujours utile pour distinguer ville et village." EDUCATION

OK, donc, disons que Pierre-Perthuis ets un village puisque le nombre d'habitants est de 117.


PIERRE-PERTHUIS
Pierre-Pertuis, les ponts (58)

Quand on parle de Pierre-Perthuis, il n'est pas rare de trouver ce paysage comme illustration avec, au premier plan, le pont de Ternos ; suivi du viaduc ou "grand pont". Ces deux ouvrages enjambent la rivière de La Cure qui prend sa source dans le village d'Anost, bien connu pour sa fête de l'écrevisse ou encore celle de la vielle.
J'aime ce lieu situé tout en bas du village, dans la vallée, là où la Cure est la plus resserrée. C'est un endroit où se croisent pêcheurs et baigneurs, quelques fois chahutés par quelques canoés kayak. Verdure, eau calme.
Le pont de Ternos a été édifié en 1770 sur le crot de Ternos, profond de plus de cinq mètres. Son architecture en arc surbaissé rappelle les ponts de la Rome antique, d'où le surnom de "pont romain". Il a conservé ses pavés et chasse-roues. Il a servi de décors pour une très brève séquence de "La grande vadrouille".
Le viaduc, ou "Grand pont", a été construit de 1872 à 1874, en plein cintre avec 30 mètres d'ouverture, à 35 mètres au-dessus de la Cure.

Pierre-Pertuis, les ponts, panorama (58)                   Pierre-Pertuis, les ponts

Pierre-Perthuis possède un autre attrait touristique : la Roche-percée, qui aurait donné son nom au village ("Petra-Pertuisa"). La Roche percée se trouve sur le promontoire d'une falaise haute de quinze mètres au nord du village. Creusée au fil du temps par l'érosion et constituée de granite, la couche supérieure de l'arche est datée de 185 millions d'années. Elle est située à six mètres de hauteur et fait une largeur de huit mètres.
Et là, tu me dis : "Ben, envoies une photo !"
Et là, je te réponds : "Eh ben, figures-toi que j'ai oublié d'aller à la Roche percée."
Je pouvais y aller pourtant. Ce n'était pas fermé, c'est en plein air, pas de restriction de personnes. Mais non, j'ai oublié.
Par contre, j'ai tenté une photo panoramique sur le village depuis le "grand pont".

Pierre-Pertuis, église et Vézelay (58)

Oui, je sais : on ne voit pas très bien. Ou plutôt on voit très bien que la nature domine. Mais si tu as bien observé la photo ci-haut, peut être as-tu vu Vézelay et sa basilique... Non... Si... Regarde, elle est là.

Pierre-Pertuis, église et Vézelay (58)

 

Après ce petit moment passé au calme et dans la verdure, j'ai repris la route en direction de la "colline éternelle"... oui, c'est comme ça que l'on appelle la butte sur laquelle est construite la ville de Vézelay.
Mais avant de gravir cette colline au nom enchanteresque, la D958 passe à proximité du site historique des Fontaines Salées. Cela fait des années, des décennies que je vois ce panneau indiquant la direction de ce site et  -je ne sais pas pourquoi-  à chaque fois, je n'y vais pas. Bon, là, en plus, avec cette crise sanitaire due au: à la Covid19, le lieu est fermé.
En fait, les Fontaines Salées doivent leur nom à la résurgence de sources d’eau salée captée il y a 4300 ans au moyen de cuvelages en chêne toujours en place. Les vestiges d’un vaste établissement thermal daté des I-III siècles de notre ère, témoignent encore de la pérennité de l’occupation humaine (cf : SAINT PÈRE).
Chose amusante : le site fut découvert par hasard en 1934 par René Louis, médiéviste, cherchant les origines d'un combat ayant eu lieu dans la vallée de la Cure. Depuis, de nombreuses fouilles ont été entreprises et ont mis à jour, tour à tour, des puits de captage aménagés entre environ 2309 à 2223 av. J.-C., des chênes évidés, des exploitations de fer, une défense de mammouth, des ossements et fragments de poterie, une imbrex gallo-romaine, des sépultures, un champs d'urnes, des thermes, une villa,...

Je poursuis ma route jusqu'à traverser l'intrigant village de Saint-Père-sous-Vézelay. Pourquoi intrigant ? Eh bien, parce que la morphologie de ce village yonnais est des plus déroutante.
Il y a cette arrivée par la D958, plein sud qui nous fait découvrir d'emblée la magnifique église Notre-Dame du XIIIème siècle. Magistrale, incontournable. On dirait une cathédrale. Là, dans ce virage serré, elle apparait soudainement. Et puis, tu ne peux pas te retourner, tu ne peux pas t'arrêter, la route est sinueuse, passagère, tu es obligé de poursuivre ta route. Mais elle reste encrée dans ton esprit, persistance rétinienne. Et non, je n'ai pas pu faire de photo. À toi d'aller voir.
Un peu plus loin, toujours dans le village, un stop ! Nous sommes au coeur de Saint-Père-sous-Vézelay.
À droite, la route menant à Avallon. À gauche, la route grimpant vers Vézelay.
Je prends à gauche. Quelques mètres plus tard, sur la droite, les vestiges du restaurant "La Renommée". Tristesse.

Saint-Père-sous-Vézelay, L'espérance (58)

C'est ici, entre autre, que Serge Gainsbourg a passé les derniers jours de sa vie.
"De juillet 1990 au 5 janvier 1991, soit deux mois avant sa mort, Serge Gainsbourg a vécu à Saint-Père-sous-Vézelay, l’un des plus beaux villages de France. Fatigué et amaigri, c’est l’occasion pour lui de se reposer après ses opérations… Gainsbourg va donc profiter de la vie à la campagne et de son air pur, pour tenter de repartir du bon pied…
Le 3 juillet 1990, le téléphone sonne à l’hôtel de l’Espérance, un établissement de luxe situé dans le Morvan, à seulement 2h30 de Paris. Quand Françoise Meneau, la gérante des lieux, décroche, elle ne s’attend absolument pas à ce que ce soit Serge Gainsbourg qui se présente : “Un ami m’a recommandé votre maison. Est-ce que je peux venir passer un, deux ou trois mois chez vous ?”.
Françoise accepte prestement et en informe son mari, alors sorti. Marc est beaucoup plus réservé à l’idée d’accueillir ce chanteur à la réputation si sulfureuse… Tout ce qu’il a entendu à la radio et vu à la télé ne le rassure pas franchement. Mais il va rapidement découvrir que Serge Gainsbourg était
“tout le contraire de l’image qu’il donnait”, comme il l’a confié à Auxerre TV.

Dix jours plus tard, Serge Gainsbourg quitte sa propriété de la rue de Verneuil et arrive à l’Espérance. Comme convenu au téléphone, il a amené quelques objets personnels pour décorer sa chambre et se sentir davantage chez lui. En convalescence, il va rapidement adopter le rythme de la campagne, calqué sur les heures d’ensoleillement. Il ne vit plus la nuit, mais se couche avec le soleil. “Ici, il menait une vie pastorale”, se souvient Marc Meneau. Comme à Paris, le chanteur a vite pris quelques habitudes ici…
Chaque matin, il se rend à l’hôtel voisin, La Renommée, pour faire le plein de Gitanes. Il en profite alors pour discuter avec la gérante et s’offrir une petite boisson anisée.

Saint-Père-sous-Vezelay, La Renommée (89)                Saint-Père-sous-Vezelay, La Renommée, comptoir (89)

Elle se souvient d’ailleurs qu’un célèbre Russe logeait pas loin d’ici mais que Gainsbourg, très admiratif du travail de ce monsieur, n’osait pas le déranger. Il s’agit de Mstislav Rostropovitch, certainement le violoncelliste le plus réputé du siècle dernier, venu à Vézelay pour enregistrer les six Suites pour violoncelle seul dans la basilique de Marie-Madeleine. Guy Carlier, qui logeait alors à La Renommée, a assisté à cet enregistrement aux côtés de Gainsbourg, comme il le raconte dans son livre “Je vous ai apporté mes radios”, paru aux éditions Robert Laffont.
“D ‘ailleurs, tout près de moi, à demi caché par un confessionnal, un homme pleurait. C‘était Serge Gainsbourg. Alors, j‘écoutai Rostropovitch et je regardai Gainsbourg. Il savait qu‘il allait bientôt mourir et, soudain, c‘était comme si cet homme qui jouait du Bach lui démontrait l’existence de Dieu. Il croisa mon regard et, honteux qu‘on puisse le voir pleurer, essuya furtivement sa joue, renifla ses larmes à venir en relevant la tête d‘un coup de menton et s’approcha de moi en murmurant : « Pas dégueux le père Rostro. » Puis, toujours en chuchotant, il m ‘expliqua que le violoncelliste n‘avait jamais voulu enregistrer ces Suites de Bach jusqu’au jour où, en montant les marches de la basilique de Vézelay, il s‘exclama : « C‘est Bach ! ».
A Vézelay, Gainsbourg prenait tout ses repas à l’Espérance. Loin de jouer les stars inaccessibles, le chanteur a laissé une belle intimité se créer avec le personnel de l’hôtel – restaurant. D’ailleurs, même le jour de fermeture hebdomadaire de l’établissement, Marc Meneau laissait toujours un cuisinier et un serveur à la disposition de Serge Gainsbourg. Selon le gérant, aucun ne rechignait à travailler davantage, simplement pour jouir de la gratification exprimée par l’Homme à la Tête de Chou.
Les autres jours, Gainsbourg se rendait au restaurant, comme tout le monde. Marc Meneau le revoit encore très clairement traverser le jardin de l’Espérance pour rejoindre le restaurant, appuyé sur sa canne et arborant fièrement sa fausse légion d’honneur. Le plus souvent, il prenait ses repas seul ; sa famille venant le rejoindre uniquement en fin de semaine. Il tournait toujours sa table de façon à être de dos aux autres clients de la salle, afin de ne pas être directement reconnu : “A chaque fois qu’il arrivait à table, il posait sa canne à droite, son paquet de Gitanes et son beau briquet Dupont en métal argenté à gauche. Il ne fumait jamais pendant qu’il mangeait, il attendait de sortir”.
Gainsbourg n’allait jamais déjeuner sans son tas de feuilles volantes blanches et son stylo. A table, il écoutait les conversations des personnes à proximité et notait la phonétique de ce qu’il entendait. Pour Marc Meneau, il trouvait dans ce petit rituel la base de ses chansons…
A l’Espérance, une tradition existe depuis longtemps : chaque fin d’année, l’argent des pourboires reçu par les serveurs et les cuisiniers sert à profiter d’un bon repas dans un autre restaurant, tous ensemble. Cette année-là, tout le monde se retrouve chez Lameloise, restaurant trois étoiles situé à une centaine de kilomètres de l’Espérance. Durant le repas, Serge Gainsbourg téléphone au restaurateur et lui demande de lui envoyer la note, annonçant qu’il veut la régler lui-même. Pour Noël 1990, c’est au tour du Petit Lulu de bénéficier d’un cadeau de choix ! Venu passer les fêtes de fin d’année avec son père, du haut de ses 4 ans, il a pu admirer le feu d’artifice offert par son père.
Quelques jours plus tard, le 5 janvier 1991, l’Espérance ferme ses portes pour son mois et demi de fermeture annuelle. Gainsbourg veut attendre le dernier moment pour partir et reste aider le personnel à tout remettre en ordre dans l’établissement. Deux jours plus tard, tout le monde quitte les lieux. Tout le personnel forme spontanément une haie d’honneur des portes de l’hôtel à la voiture venue chercher Gainsbourg, qui n’a jamais eu le permis de conduire. Après avoir roulé quelques mètres, il demande au chauffeur de s’arrêter, sort sur le marche-pied et déclare : “C’est ça être célèbre !”.
C’est la dernière fois que Marc Meneau verra le chanteur, qu’il considérait comme son grand-frère. Fumeur de cigares, il cultive depuis une tradition laissé par le chanteur : ne jamais laisser un cendrier sale.
A la mi-janvier, Charlotte vient d’être quittée par son amoureux, bien plus âgé qu’elle. Son père décide alors de s’envoler avec elle pour les Barbades. Un matin, Serge Gainsbourg fait un malaise. Le médecin détecte alors un cancer généralisé. Le 2 mars suivant, le chanteur succombe à un cinquième arrêt cardiaque chez lui, rue de Verneuil. Marc Meneau reste persuadé qu’il aurait pu prolonger la vie de Serge Gainsbourg en restant ouvert …" LA RENOMMEE

Aujourd'hui, La Renommée est fermée. Définitivement. Depuis 2015, après moult liquidation judiciaire. Puis repris par le groupe Hôtel & Food Disrpt Partners, fondé par Alain Ducasse et Guillaume Multrier. Mais Marc Menau nous a quitté le 9 décembre dernier. Des échafaudages partout sur la façade de ce restaurant mythique. C'est triste. Quand les restaurants ne sont pas fermés, ils ont carrément disparu. Je passe...

L'ascension commence. La colline éternelle. Brutale, Soudaine. Et puis arrivé au sommet, pas de place pour se garer. J'entame une redescente plein Ouest en direction de Chamoux.
Oui, c'est dommage de ne pas s'arrêter dans cette ville glorifiée. Classée au patrimoine de l'Unesco, point de départ d'une des principales voies de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Via Lemovicensis. "Ville et giature" de quelques écrivains reconnus, comme Romain Rolland, Georges Bataille ou Jules Roy. La "colline éternelle" s'appelle alors "la colline inspirée".
Je m'arrête au pie de la colline pour faire quelques photos de cette ville posée sur sa colline.

Vézelay, sur la route (89)


Et puis, je retourne en direction de Vézelay. Au centre de la ville , je parviens  à trouver la direction adéquate pour rejoindre l'objectif ultime : Précy-le-Sec.
Pour cela, il faut d'abord passer par Asquins... à ne pas confondre avec le village d'Ascain, dans le Pays Basque où se trouve, entre autres, l'intrigante maison du fou, ainsi appelée par la population locale.

ascain"Près du pont Romain à Ascain, une construction très insolite dans cette région attire le regard.
Appelée la « Maison du Fou » par les Azkainders, habitants d’Ascain, elle fut construite au début des années 30 pour le décorateur de cinéma américain à Hollywood, Ferdinand Pinney Earle (1878 - 1951) et s’inspire des constructions en briques crues séchées au soleil des villages indiens Pueblos de l'Arizona ou du Nouveau Mexique.
Cette maison ressemble à un décor de cinéma de l'époque mais aussi pour certains au style de Gaudi à Barcelone par ses formes molles.
Massive, elle est dessinée selon un plan en forme de revolver - suite à un pari fait avec le grand architecte Frank Lloyd Wright - et comporte plusieurs élévations semblables à des minarets.
Cette curiosité architecturale est très vite appelée par les gens du coin  Eroen Etxea « la maison du fou ».
Pendant les années où Ferdinand Earle et sa femme y résidèrent, de nombreuses personnalités en ont furent les hôtes : Marlene Dietrich, Charlie Chaplin, Abel Gance, Louis Jouvet, Mistinguett, Joséphine Baker, Maurice Ravel, Le Corbusier, Ewige Feuillère…
En 1940, effrayé par l'avancée allemande, Ferdinand Pinney Earle quitte la France avec sa famille pour retourner aux Etats-Unis.
Avant de partir, on raconte qu'il jeta sa voiture dans la Nivelle, où elle se trouverait encore." GRAND SUD INSOLITE

Mais continuons notre route, une fois Asquins passée. Saches toutefois qu'Asquins est aussi l'un des points de départ de l'un des quatre principaux chemins de Compostelle et que Camille Claudel y a résidé quelques années.
La Cure poursuit son petit bonhomme de chemin, en parallèle à la route. Passage à Blannay, connu pour son tilleul de Sully, "Le Rosny", planté en 1598 et toujours debout. Et puis j'arrive à Voutenay-sur-Cure.
En contrebas de la route, je remarque un beau bâtiment, posé sur le ruisseau du Vau de Bouche.

 

VOUTENAY-SUR-CURE
Voutenay-sur-Cure, lavoir (89)

Il s'agit d'un lavoir. Malgré les nombreux passages de voitures et de camions sur la D606 qui relie Avallon à Auxerre, le lieu est calme, apaisé par l'écoulement de la rivière dans un petit écrin de verdure.
Ce lavoir est sur un îlot bordé d'un mur et rendu accessible par deux petits ponts (un sur chaque bras).

Voutenay-sur-Cure, lavoir                     Voutenay-sur-Cure, lavoir

Construit en en 1827 et mis en eau en 1841, il possède un toit à quatre pans couvert de tuiles plates, attribué à l'école de l'architecte Soufflot. L'intérieur est très bien entretenu. Il y fait frais.

Mais revenons sur ce petit ruisseau au nom intrigant : le Vau de Bouche.
D'une longueur de 20 kilomètres, il prend sa source à Sauvigny-les-Bois avant de s'enfoncer dans étroite vallée qu'il a profondément entaillé. Sur la section couvrant les communes d’Annay-la-Côte, Girolles, Précy-le-Sec et Voutenay-sur-Cure, le Vau de Bouche a creusé de nombreuses grottes souvent cachées hors des sentiers et dont certaines restent encore à découvrir.
C'est à Voutenay-sur-Cure qu'il vient se jeter dans la Cure.

Je reprends la route pour la dernière ligne droite. Je quitte la D606 pour la D9, puis la D32 qui s'en vont monter vers quelques hauteurs douces, en pleine campagne. Je longe un temps le Vau de Bouche qui poursuit son chemin pour disparaitre dans la vallée et dans le verdure.
Quelques kilomètres plus tard, j'arrive à Précy-le-Sec. Voilà.

Allez salut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Non, je déconne.
La question reste posée : qu'est-ce que je suis venu faire ici ?
De prime abord, Précy-le-Sec est un charmant petit village où la pierre apparente est légion. Ça s'dit ça : "où la pierre apparente est légion" ? Ouais, bon, on s'en fout.
Avançons.

PRECY-LE-SEC
Précy-le-Sec, entrée du cimetière (89)

Et là, en voyant la photo ci-dessus, tu te dis : "Putain, il va encore dans un cimetière ?!"
Eh bien... oui. Ben oui !!!! Que veux-tu que je te dise ?! Parlons culture ! Parlons art ! Parlons loisirs !
Les cimetières, en cette période de covid, c'est un peu... euh... comment dire... les théâtres actuels ! Eh ouais, les cimetières, eux, sont ouverts ! On peut y voir des actrices, des acteurs, des autrices, des auteurs... enfin... je m'exprime mal.
Écoute : actuellement, nous ne pouvons pas aller au cinéma. Nous ne pouvons pas nous rendre au théâtre. Nous ne pouvons pas aller visiter des musées. Nous ne pouvons pas assister à des concerts !!!!!! Tout le monde de la culture est à l'arrêt. Sauf la littérature. On peut continuer à écrire.
Alors, voilà : quand je me rends dans un cimetière :
- après avoir parcouru plus de 100 kilomètres sur des petites routes, à traverser des villages désertés de toute activité sociale.
- après avoir croisé des lieux touristiques fermés.
- après n'avoir vu personne dans les rues ; ou alors des gens masqués sans visage...
eh bien oui, c'est peut être con, mais je rentre dans un cimetière me recueillir sur la tombe d'une célébrité pour repenser à son oeuvre, à sa vie. C'est mon instant culturel en différé.

Attention, le fait que je ne parle que du cimetière de Précy-le-Sec n'enlève rien au charme de ce petit village de l'Yonne, isolé sur un petit plateau dénudé et sans eau à 270 mètres d'altitude surplombant la vallée de la Cure.
Malheureusement, ici, il n'y a pas un commerce de proximité, pas un bar, pas un resto.
Oui, c'est vrai : s'il y en avait, ils seraient fermés. Mais faisons comme si cela avait été ouvert.
On peut aller visiter l'église Saint-Paul, bien sûr, mais ce n'est pas pour cela que je suis venu jusqu'ici après avoir parcouru plus de 130 kilomètres sur de petites routes bourguignonnes.
Non, si je suis venu à Précy-le-Sec, c'est bel et bien pour me rendre au cimetière communal. Pourquoi ? Tout de suite, des indices.

LES INDICES
Né le 12 avril 1932 à Paris, il était acteur et a joué dans plus de 100 films. Sa mère, Josette Coulbois, était couturière ici à Précy-le-Sec où, enfant, il a grandi.
Après ses premières expériences d'acteur au lycée Carnot à Dijon, il monte à Paris, se présente au centre d'art dramatique de la rue Blanche et intègre le Conservatoire national où il se lie d’amitié avec Jean-Paul Belmondo, Jean Rochefort, Maurice Rich, Michel Beaune et Bruno Cremer.
"Il y a des années de groupe de comédiens, comme des années de peintres, de musiciens, c’est comme les années à prunes, comme le pinard. C’est comme ça."
Quelques rôles sur les planches et quelques petites apparitions sur grand écran dans les années 1950, il tourne d'avantage dans les années 1960. Citons, par exemple, "Faites sauter la banque", "Le diable par la queue",...
Mais c'est dans les années 1970 que sa popularité explose avec, entre autres, des films comme "Le pistonné", "Les mariés de l'an II", "Sans mobile apparent", "Sex shop", "Que la fête commence", "Calmos"...

..."La valise", "Un moment d'égarement", et...et... et... "Les galettes de Pont Aven".


As-tu reconnu de qui je parle ? As-tu trouvé qui repose dans le petit cimetière de Précy-le-Sec ?
Non ? On continue un peu.
Grande silhouette raide, moustache légèrement fournie et surtout une voix chaude et verneuse mémorable. Sept fois nominé aux César sans jamain l'obtenir.
"Les César ? J'en ai rien à foutre, je ne suis pas un acteur de tombola. L'important, c'est devant la caméra. C'est servir un auteur, en découvrir un nouveau."

Un 7 d'or du meilleur comédien pour le téléfilm "La controverse de Valladolid". Il a également joué dans quelques 39 pièces de théâtre.

Eh bien oui, il s'agit bien de Jean-Pierre Marielle !

Mais bien sûr, Jean-Pierre Marielle, ce n'est pas que "Les galettes de Pont-Aven". Il a tour à tour jonglé entre rôles dramatiques et humoristiques.
Citons à la voilée "L'entourloupe", "Signes extérieurs de richesse", "Les mois d'avril sont meurtriers", "Uranus", "Tous les matins du monde", "Max et Jérémy", "Le sourire", "Da Vinci Code", "Les grands ducs"...

C'est en repensant à cette carrière et à ces films que j'entre dans le cimetière afin de "trouver" la tombe de l'acteur décédé à l'âge de 87 ans à Saint-Cloud, le 24 avril 2019. 

Précy-le-Sec, tombe de Jean-Pierre Marielle

"Lecteur gourmand, fou de jazz, amoureux de l’art, Jean-Pierre Marielle disait cependant de lui-même qu’il n’était calé en rien : «Je suis décalé, pas calé. Il n’y a rien de mieux que d’être décalé.» De même que si Paris était sa ville, il n’en demeurait pas moins un paysan, un garçon dont l’enfance passée à Précy-le-Sec, dans l’Yonne, entre un père industriel et une mère couturière, avait laissé des traces qu’il prenait soin de cultiver et d’user comme un remède. Son penchant pour la contemplation, sa passion pour les plats du terroir – intarissable sur le petit salé aux lentilles, la potée, le haddock… – et les bons vins lui venaient de là. Ils ont été son meilleur rempart à la vaine agitation du monde." LE MONDE

Allez, on se quitte avec une petite visite de Précy-le-Sec et de quelques habitants...

 

Rendez-vous pour un autre périple prochainement.

 

 

 

 

 

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