Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
Visiteurs
Depuis la création 1 073 434
Archives
28 novembre 2012

SUR LA ROUTE... DES ALPES

"Les Pyrénées, les Pyrénées, les Pyrénées !!!!", me disait l'autre jour ma voisine, comme ça sur le pas de sa porte.
"Mais oui, mais bien sûûûûûr, les Pyrénées ! Vous avez raison ! Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit enfin allons, c'est quand même dingue, dans quel monde qu'on vit bien sûr !", lui répondis-je l'air de rien. "
Mais les Alpes, alors, enfin, c'est du poulet ?", continuahais-je.
C'est avec cette grave et grande question (ou l'inverse) que Jénorme a décidé d'aller voir si les Alpes en étaient... du poulet !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ont pu connaître puisque ce que je vais vous raconter dans ce billet s'est passé en juillet 2012.
Aaaah juillet 2012 ! Ça sentait encore bon les vacances malgré la crise confirmée, l'augmentation du prix de l'essence, les attentats à Damas, la mort de Chris Marker, la Russie championne de Go par équipe et la fin du monde pour le 21 décembre.
Comme chaque année à cette période, j'ai donc entamé mon traditionnel sorte de Tour de France par une petite virée vers le centre de la France.
"Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie.", comme l'écrivait Jack Kerouac. C'est peut être le seul livre que j'ai du lire alors il est possible d'ailleurs que j'ai du déjà citer cette phrase un autre jour. En même temps, lire ou conduire, il faut choisir, merde !
Du Pays basque à la Nièvre, de la route !
Et qui dit "route", dit "trucs que l'on croise au détour d'un regard furtif et vagabond", comme...

 lA ROUTE   lA ROUTE

 lA ROUTE   lA ROUTE


Pendant ce temps, le poste-radio de ma 207 gris-métalisée était branchée sur une de ces stations vociférant des mots statuant sur l'évolution de gars qui faisaient du vélo quelque part du côté de Chatillon-sur-Chalaronne, ville natale de Jeanne Barret, première française à avoir réalisé le tour du monde.

 

JEANNE BARRET
(1740-1807)

Jeanne_Barre"Compagne du botaniste Philibert Commerson, elle se fait passer pour son valet, sous le nom de Jean Baré pour l'accompagner dans l'expédition dirigée par Bougainville en 1766, à une époque où il est hors de question d'embarquer une femme.
Leur supercherie est découverte à Tahiti en 1768, mais Bougainville les laisse continuer le voyage jusqu'à l'Île de France, l'actuelle île Maurice, où il les débarque. Commerson y meurt en 1773.
Désormais seule et sans ressources, Jeanne ouvre un cabaret à Saint-Louis et rencontre un officier de marine français, originaire du Périgord, Jean Dubernat, qu'elle épouse le 17 mai 1774 dans la cathédrale de Saint-Louis. Le couple rentre en France, bouclant ainsi le tour du monde. Jeanne ramène les récoltes botaniques de Commerson destinées au Jardin du roi, soit 30 caisses contenant quelque 5 000 espèces, dont 3 000 sont décrites comme nouvelles. Elle reçoit sa part de l'héritage de Commerson et le roi Louis XVI, qui reconnait ses mérites comme aide-botaniste, la félicite pour sa bonne conduite, la désigne comme « femme extraordinaire » et lui verse une rente."                                                                                                              WIKIPEDIA

 

Cette anecdote n'empêchait absolument pas les journalistes d'évoquer rapidement les questions de dopage dans ce sport incroyable où tu passes quand même énormément de temps à pédaler. 3497 km à effectuer sur trois semaines en franchissant des cols à plus de 2000 mètres ! Comment veux-tu être seulement humain pour réaliser cela ?
A ce sujet  -, et de façon complètement anachronique,-  mon esprit se remémorait les mots de Michel Abescat lus il y a peu, comparant l'affaire Armstrong et le cas Kerviel...

 

L'HYPOCRISIE GENERALE
Jerome-Kerviel_pics_809
Photo : Le JDD

"La différence entre le roman d'énigme et le roman noir tient à la conclusion de l'enquête. Dans un livre d'Agatha Christie, par exemple, une fois le coupable confondu, tout entre dans l'ordre, le mal est éradiqué et la vie reprend son cours. Dans un roman deDashiell Hammett, au contraire, l'arrestation du coupable ne résout rien : le système qui lui a permis de nuire continue d'exister après lui. De ce point de vue, Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société Générale, dont la cour d'appel vient de confirmer la condamnation, est à l'évidence un héros de roman noir. Tout comme le coureur Lance Armstrong, que l'Union cycliste internationale vient de radier à vie. Leur mise à l'écart ne résout rien. Elle ouvre simplement une fenêtre sur une réalité qu'il faudrait enfin regarder en face. Armstrong est certes un champion du dopage, mais qui ne sait aujourd'hui que ce problème concerne le monde du cyclisme dans son ensemble ? Coéquipiers, médecins, directeurs sportifs, sponsors, journalistes, tous ont respecté l'omerta, tous ont cautionné ce qui n'est plus qu'une pantalonnade sportive.
 Quant à Kerviel, le montant même des dommages et intérêts auxquels il est condamné, 4,9 milliards d'euros, en dit long sur la perte de repères dans laquelle a sombré le capitalisme financier. Les sommes manipulées chaque jour par les marchés déréalisent l'activité économique, décomplexent les banques et les traders. Kerviel n'est pas un alien, mais le produit d'un système devenu aveugle, irresponsable et très puissant. Pourquoi les commentateurs, les économistes médiatiques, les politiques, même de gauche, détournent-ils le regard ? Pour reprendre la métaphore policière, c'est de complicité -au moins passive-  qu'ils se rendent coupables."                                                                                 MICHEL ABESCAT

 

Un autre article de Vincent Rémy accompagné d'une photo d'Edouardo Munoz allait dans le même sens lors du passage de l'ouragan Sandy le 30 octobre dernier...

 

LE PHARE DU MONDE
eduardo Munoz
Photo : Eduardo Munoz

"Certes, peu de gens voient, comme Salvador Dali, le centre du monde dans la gare de Perpignan. Beaucoup, en revanche, s'bstinent à croire qu'il se situe à Washington, particulièrement en ces jours où les États-Unis d'Amérique ont choisi leur Président pour quatre ans. Cette image de Manhattan, prise le 30 octobre après le passage de l'ouragan Sandy, rappelle à quel point ils se trompent. Face aux flots déchaînes de l'Hudson, retranchée derrière des sacs de sable, dotée d'un générateur plus puissant que ses rivales, la tour de la banque Goldman Sachs est restée seule illuminée : "The Firm" a montré qu'elle était bien le phare du monde.
Pendant la tempête, les affaires ont continué : la "G.S.", qui a, dans les années 2000, vendu à ses clients des emprunts subprimes tout en pariant sur leur effondrement, qui a aidé la Grèce à trafiquer ses comptes pour mieux spéculer contre elle, puis attaqué l'euro au moment opportun, avait d'autres chats à fouetter qu'un petit cyclone de rien du tout. Parier sur le boom des générateurs, par exemple ? Ou continuer à placer, après Robert Rubin (secrétaire a Trésor de Clinton) ou Henry Paulsn (secrétaire au Trésor de Bush) ses "ex" au sein du pouvoir politique ?
 Peu importe, après tout, qu'après avoir été le premier contributeur de la campagne de Barack bama en 2008, la firme ait cette fois mollement investi sur Mitt Romney. L'essentiel est que, pendant la campagne, on n'ait jamais évoqué la question du pouvoir de la finance. Et qu'aucun des deux candidats, lors des trois débats qui les ont opposés, n'a abordé la question du réchauffement climatique. ça chauffe, certes, mais on s'en fout, tant que ça brille !"
                                                                                                                             
 VINCENT REMY

 

BREF : revenons à ce mois de juillet 2012, voiture, tour de France...
Ce n'est que bien plus tard que j'arrivais dans le Morvan. Toujours au mois de juillet certes, mais tard !
Aaaah, le Morvan !

 

Magnifique Morvan aux couleurs enchanteresques et aux parfums multiples

Morvan, pannecière Morvan, pannecière
Lac de Pannecière, printemps-automne

 

Morvan, terre d'ancien Président de la République socialiste et des galvachers

galvacher Morvan, musée du Septennat
Photo : Le Morvandiau                                       Flavie prenant en photo des photos

 

Morvan, pays de la potée, du crapiau, de la rapée et de la galette aux griaudes

brioche-aux-griaudes rapee
Galette aux griaudes et rapée morvandelle

 

Mais Morvan, également, lieu de festivals !


De la Cornemuse ! De la Vielle ! De l'accordéon ! Des foins ! Du film archéologique !

cornemuse festival des foins festival du film archéologique fête de la Vielle fête de l'accordéon luzy


Et, bien sûr : "Partie(s) de campagne"  dans le petit village d'Ouroux-justement-en-Morvan, et dont nous avons déjà parlé ici...


Et, en ce jour de juillet 2012, il faisait grand nuit lorsque j'arrivais sur le sol d'Ouroux. Comme à chaque fois, remarque.
Je sais pas : j'arrive pas à arriver le jour dans ce village perché du haut Morvan. J'ai essayé plusieurs fois, mais non. Pas moyen : toujours nuit !
J'errais alors dans les dédales du festival en empruntant qui de un chemin parsemé de quelques lampes de chevet...

IMG_0957


...pour atteindre qui de un petit bois jouxtant le gros des festivités. Passage de l'odeur de saucisses grillées à celles de l'humus forestier. Des sons au loin. Une vague lueur. Ici, en plein centre peut être de ce petit bois, se tenait une projection ciné-concert ; c'est à dire un film sonorisé par des musiciens et, en l'occurrence, la chorale locale et un pianiste.

IMG_0949

Ambiance étrange et apaisante. Décalage. Je n'arrivais pas à trouver mes repères. Après avoir passé plus de 9 heures sur la route, tout était indécis et agréable.
Je retourne où se trouve le bruit. Le haut-lieu des rencontres est composé d'un grand bar, d'une scène musicale et d'un espace de danse sur parquet. Je continue. La salle des fêtes du village morvandiau a été aménagée en salle de cinéma dans laquelle on passe des courts-métrages, comme...

 

Oui non, bon, celui-ci n'est pas passé, mais c'est pas grave.
Je m'en vais faire un tour du côté de la logistique-cuisine-catering...

Vider le frigo, par Pierrot

 Puis la nuit est passée avec l'équipe à cogiter, batailler, discuter, créer, inventer, critiquer, faire-défaire-refaire, organiser, envoyer et c'était très bien...jusqu'à l'aube !

 

LE LENDEMAIN...

C'est à dire tout de suite. Au mois de juillet 2012.
Il me fallait... Ooooh c'est chiant le passé. Écrivons au présent.
Il me faut rejoindre la Haute-Savoie où se trouve toute ma petite famille dans un gite situé entre le lac du Bourget et le lac d'Annecy, en plein coeur du parc naturel des Bauges.
Je reprends la route...

 

Morvan, auberge    annecy_030
Poil-en-Morvan et viaduc de Nantua

annecy_033    annecy_037
Monument du maquis de l'Ain (et mini-tag)

annecy_028   annecy_039
Haute Savoie

Les paysages ont beau défiler aux sons de musique variées ou de monologues actualisantes, je ne peux m'empêcher d'arrêter mon esprit sur certaines visions, comme cette dernière que tu viens, toi aussi lecteur, de croiser...
Vichy, étape idéale...
De quand peut dater cette publicité murale peinte et qui semble avoir traversé le temps et les âges ? De quand date-t-elle ? Combien de voitures a-t-elle vu passer ? Pourquoi est-elle encore là ? Vichy est-elle toujours une étape idéale ? Qu'est-ce que l'on y fait aujourd'hui ? Et qu'est-ce que l'idéal finalement ? Hein ? Hein ? Hein ?
On ne va pas systématiquement rapprocher cette ville thermale d'eau gazeuse au fait qu'elle ait servi de local au gouvernement pétainiste, dit de collaboration, mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser. Dès que j'entends ou lis le mot "Vichy", une approche historique refait surface, comme une encre indélébile qui a marqué la France et son fonctionnement. Vichy, Pétain, collaboration, honte française, soumission, rationalisme.
Et là, sur cette route qui commençait à s'élever pour s'aventurer dans les premières hauteurs alpines, je repense à ce fait divers, sujet du documentaire de Cédric Condom, adapté du livre de Jean-Yves Le Naour, "On a volé le Maréchal".

 

ON A VOLé LE MARECHAL

marechal_image_01L’extrême droite française nous a souvent habitués à des « coups de force » sombrant dans le ridicule, l’ambition du thriller politique le cédant à la farce franchouillarde. Exemple : dans la nuit du 19 au 20 février 1973, un commando improbable s’empare discrètement du cercueil renfermant le corps du Maréchal Pétain, enterré sur l’île d’Yeu, là où l’ancien chef de l'Etat français a fini ses jours, reclus à perpétuité. L’opération a été initiée par un ténor du Barreau, Me Jean-Louis Tixier-Vignancourt, l’un des chefs du mouvement de réhabilitation pétainiste, afin d’inhumer le cadavre sur les lieux de sa gloire passée, à Douaumont (curieusement, pas à Montoire), et mettre le gouvernement devant le fait accompli. Finalement, le projet échoue lamentablement et le cadavre de Pétain est abandonné dans un garage de Saint-Ouen ! 
Quelques jours plus tard, le cercueil du « vainqueur de Verdun » réintégrera sa dernière demeure...
Ses ravisseurs sont remis en liberté dès le 24 et ne seront finalement jamais jugés : leur affaire rocambolesque est classée à la faveur de l’amnistie présidentielle consécutive à l’élection de Giscard d’Estaing.

 

Et c'est pile poil à ce moment précis que je passais non loin du plateau des Glières ! Si, si, si. Comme j'te le dis ! Pas de hasard, que des rencontres !
Je n'ai pas toujours été assidu aux cours d'histoire durant mes années collège-lycée, mais je sais ce que représente ce plateau. J'en ai entendu parler. Il faut que j'y ailles.
J'aime quand la route -, ce trajet plus ou moins alétoire,-  te propose ces possibilités :
LA ROUTE : " - Tu penses à la collaboration française ? Tiens, moi, la route, je te propose d'aller faire un tour au plateau des Glières !"

Il est impossible de ne pas faire un petit détour par ce haut lieu historique de la Résistance avant de rejoindre le massif des Bauges ; même si je sens déjà que je ne rejoindrai pas ma famillle dans le massif des Bauges avant la nuit... Encore la nuit !

Thorens-Glières, Saint-François de Sales (74)Après être passé par Thorens-Glière,
village natal de Saint-François de Sales,
saint patron des journalistes et des écrivains,
la route s'élève brutalement dans la montagne
au travers des forêts de sapins.

 

 

Après un peu plus de 14km de virages et de pentes abruptes, un panneau m'informe que j'entre sur LE plateau des Glières.

IMG_1024

Je suis toujours emmerdé quand j'arrive dans ces lieux à forte "pression" historique. J'ai toujours l'impression de ne pas avoir la bonne chemise ou de ne pas écouter la bonne radio, la bonne musique.
Et souvent, je suis pris de ces accès de contradiction extrêmes pour bouleverser de façon égoîste la mise en place de ces règles drastiques qui exigent le silence et la retenue. J'étouffe de relativiser mon comportement pour respecter la solennité du lieu et y évoluer avec ce qu'il faut de recueillement, de dévotion, de respect et de ferveur. Comble de l'égocentrisme à toujoursvouloir voir autreent certains lieux sacrés ? Si, si, si, je suis égocentique et je m'approuve.

Mais, comme me le demande ce panneau qui, peut être comme la publicité pour "un Vichy idéal",-  est là depuis fort fort longtemps, j'éteins la radio... bien que l'envie de traverser le plateau avec Stupéflip à fond me passe par l'esprit. Je vais pas mettre Rammstein, non ! Pour ce qui est de klaxonner le moindre chien que je pourrai croiser sur le bord de la route, c'est également banni. C'est horrible cette sensation de vouloir aller contre les règles...


Le plateau s'ouvre devant moi.

IMG_1030

J'aime bien les plateaux. Cette plaine herbeuse qui s'étend sur les hauteurs montagneuses, blotti entre des cimes élevées, et que l'on découvre alors qu'on ne pensait voir que de la roche.


Plateau du Vecors, plateau de Sanchèse, plateau d'Albion,
plateau de Lhers, plateau de Beaumes-les-Messieurs, courses de plateau...

 Vassieux-en-Vercors, plateau enneigé (69) plateau de sanchèse

 plateau d'albion    plateau de Lhers

Ah ouais, hein, tu voyais pas ça comme ça, hein ?! Le métier de garçon de café ou les plateaux ?!


Revenons au plateau des Glières !


J'avance toujours en voiture, silencieusement, en ce lieu mythique où Nicolas Sarkozy venait chaque année se recueillir du temps où il était président de la République française ; tout ceci avant de tenir à présent de ces conférences post-présidentielles rémunérées 250 000 euros les 45 minutes.

travailler plus

C'était son pèlerinage à lui, comme Mitterrand gravissait la Roche de Solutré, comme Chirac allait tater du cul de vache au salon de l'Agriculture avant de manger une bonne tête de veau, comme Valéry Giscard d'Estaing... qu'est-ce qu'il faisait Valéry ? Se rendait-il dans l'ancienne mine d'or du Chatelet, dans la Creuse ?

Et j'arrive au mémorial. Silence.

 

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

La question se posera alors : est-il possible de garder le silence au plateau des Glières ou est-il possible de faire du bruit pour éviter de faire de ce magnifique lieu géographique une simple tombe militaro-nationaliste sachant qu'à la même époque la France résistait surtout depuis l'Angleterre ?

 

 

 

 

Commentaires