DES LANDES à L'AUVERGNE... Part 2

Pour les 40 ans de Maître Arnaud, Nathalie, Greg et Jénorme ont décidé de le laisser conduire une Kangoo en direction d'un lieu inconnu. La question se pose alors : mais pendant combien de temps rouleront-ils ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Après avoir arpenté en long, en large, en diagonale, de haut en bas et en travers cette magnifique façade Est du département des Landes proposant dunes de Tursan, pins à la plancha, plages de tourtières, champs de coeurs de canards et fontaines guérisseuses au foie gras, nous entrons dans le département de la Gironde.
Aaaaaahhh, ça fait quelque chose de quitter les Landes. Oh putain, ils (elles ?) nous manquent déjà. Nous avons l'impression de laisser derrière nous un peu de soleil, de chaleur, d'espace et d'Espagne, comme en parle si magnifiquement Guy Marchand dans sa sublime chanson "La passionata":

Hein ? Hein ? Hein ? Mais si, c'est un peu ça quand même les Landes ?! Allez !!! Cette voix, cette sonorité, cette musique, ces décors !!!!
Finie Belhade et sa fontaine redonnant le pouvoir d'alléter aux femmes enceintes ! Après avoir passé la frontière départementale située au milieu de la forêt dans un lieu tellement complètement quelconque que nous n'avons rien remarqué, nous roulons pour atteindre la première ville girondine : Saint-Symphorien, située sur la rivière de La Hure. Comme il n'y a pas grand chose à dire sur cette commune, parlons plutôt un peu de la Gironde.

11H46 de l'après-midi :

LA GIRONDE

Comme partout en France, la première chose que nous ressentons, c'est qu'il y a des confits de canard... des conflits : les Basques n'aiment pas les Landais ; les Nivernais n'aiment pas les Berrichons ; les Morvandiaux n'aiment pas le Bazois ; les habitants de la rue du Faubourg détestent les habitants de la rue Notre Dame ; les personnes résidant à une adresse en chiffres paires ne supportent pas ceux qui logent aux nombres impairs ; ceux du 1er étage conchient ceux du second,... C'est ça la France !
En tout cas, il y a entente entre les Landais et les Basques pour ne pas aimer les Girondins, qu'ils surnomment en coeur de canard... en choeur : les doryphores.
Mais qu'est-ce que quoi le doryphore et pourquoi, comment ?
Tout de suite, notre analyse personnelle, réalisée par quelqu'un d'autre...

LE DORYPHORE
Cet insecte apparemment quelconque mais pas trop

photo : Bayer agri

"Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata), ou doryphore de la pomme de terre, est une espèce d'insectes de l'ordre des coléoptères et de la famille des chrysoméldés aux élytres jaunes rayés de noir. Ce phytophage, spécialisé dans les plantes de la famille des Solanaceae, est un ravageur important, tant à l'état adulte qu'à l'état larvaire, des cultures de pommes de terre qu'il peut anéantir en cas de défoliation totale. Il peut aussi s'attaquer à d'autres solanacées cultivées comme la tomate et l'aubergine. S'il reste un problème sérieux dans certaines régions (Nord-Est des États-Unis, Canada, Europe orientale), il est moins redouté de nos jours en Europe occidentale et notamment en France.
Originaire du Mexique où il vivait à l'origine aux dépens de solanacées sauvages, il fut d'abord découvert aux États-Unis où il a envahi les cultures de pommes de terre à la fin du XIXème siècle, avant d'être introduit en Europe à la fin de la Première Guerre mondiale. Il s'est depuis répandu dans presque toute l'Amérique du Nord ainsi que dans les zones tempérées de l'Ancien monde jusqu'en Extrême-Orient. Son potentiel d'expansion est encore élevé dans la mesure où il est absent de zones importantes pour la culture de la pomme de terre, notamment l'Amérique latine, l'Australie, le sous-continent indien et une grande partie de la Chine. Classé comme organisme de quarantaine par toutes les organisations régionales de protection des plantes, il fait l'objet de mesures strictes de surveillance pour empêcher sa propagation. La lutte contre le doryphore repose encore largement sur les insecticides chimiques malgré l'apparition de phénomènes de résistance envers toutes les classes de substances utilisées."  WIKIPEDIA

Voilà, ça c'est dit et, enfin, ici, dans "Le voyage de Jénorme", on en sait un peu plus sur cet insecte à la robe noire et jaune sublime et subtile. C'était important d'avoir toutes ces informations. Si, si, si. J'imagine un jour un remake du film de Robert Redford sous le titre "L'homme qui léchait l'oreille des doryphores" ou encore, mais ça n'a rien à voir, ce putain de film que je réaliserai sûrement une saloperie de jour prochain de merde...

Ceci étant dit, cela ne nous explique pas pourquoi les Girondins sont appelés ainsi par la populations basques et landaises. Peut-on dire à la vue de la photo ci-dessus que tous les Girondins, et surtout les Bordelais, ressemblent à des doryphores ?
Si nous regardons quelques photos de célébrités girondines, la ressemblance n'est pas frappante...

CES QUELQUES CéLéBRITéS GIRONDINES
RESSEMBLENT-ELLES à DES DORYPHORES ?

              

Peut-on dire qu'ils se fringuent comme des doryphores ? Est-ce que les Girondins se déplacent comme des doryphores ? Bouffent-ils autant de patates que les doryphores ? S'accouplent-ils comme des doryphores ? Ont-ils la passion des doryphores ? Mais, finalement, y'a-t-il seulement un rapport entre les Girondins et les doryphores ?

Eh bien, après m'être rendu à Paris pour rencontrer dans des bibliothèques labyrinthiques des chercheurs qui n'ont pas vu la lumière naturelle depuis des siècles tellement ils sont obsédés par leurs quêtes de savoir "mais pourquoi Landais et Basques appellent-ils les Girondins des doryphores ?", j'ai trouvé LA réponse...
Bon, en fait, j'exagère un peu, j'ai juste lu la suite de l'article de Wikipédia et voici le résultat :

"L'invasion définitive se produisit en France dans la région de Bordeaux en 1922. Le doryphore fut découvert le 15 juin 1922 au Taillan-Médoc (Gironde), à 12 km environ au nord-ouest de Bordeaux, mais l'insecte était déjà bien installé dans une zone de 250 km2. Le foyer originel serait né dans la commune du Pian-Médoc (à 7 km au nord du Taillan-Médoc) en 1921, où se trouvait un entrepôt de transit de pommes de terre et l'origine de l'infestation fut probablement liée aux livraisons à l'armée américaine en 1918-1919. Ce foyer fut immédiatement traité à l'arséniate de plomb,  mais il était déjà trop étendu et il n'était plus possible d'éradiquer le doryphore. À partir de là, celui-ci se propagea rapidement en France, progressant en moyenne de 50 km par an, et arriva en Belgique et en Espagne en 1935, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Luxembourg en 1936, en Suisse en 1937, en Italie en 1941."                                                                                     WIKIPEDIA

Et voilà : encore une énigme résolue !
Dans notre prochain épisode, nous nous demanderons pourquoi les Juifs sont appelés "youpins" et pourquoi le couard était-il un homme peureux.

Bonsoir

Mais non eh oh !
Ce n'est pas ça le but de la route de ce billet !

Revenons à nos moutons... en Gironde !

LA GIRONDE

Carte : Caruso

Tout d'abord, saches que la Gironde est le plus grand département français. PAF : déjà ça, ça ne va pas permettre de dégonfler la grosse tête... c'est quelque chose dont les Doryphores... les Girondins peuvent s'enorgueillir.
Avec la Dordogne, le Lot-et-Garonne (on bouffait du curé), les Landes et les Pyrénées-Atlantiques de la région Aquitaine. Sur les 170 km que couvre la Gironde du nord au sud, 120 constituent, à l'ouest du département, un littoral rectiligne et sableux ouvert sur l'océan Atlantique.
La Gironde s'inscrit dans l'ensemble sédimentaire du bassin aquitain et consiste donc essentiellement en une région de plaines aux sols sableux. Toutefois, le long de l'estuaire de la Gironde (l'un des plus grands d'Europe occidentale), et en bordure de l'océan, cette plaine est marécageuse : en effet, à l'arrière d'un cordon dunaire, de nombreux étangs se sont formés : Hourtin, Lacanau, Cazaux,... Quand on évoque la Gironde, on pense tour à tour à Lacanau, au bassin d'Arcachon,...

   au Cap Ferret...                                    à la pointe de Grave...
     
à la dune du Pylat...

Mais ce n'est pas du tout dans cette partie du département
que nous allons nous aventurer.

Autre aspect de la Gironde : son domaine viticole, recouvrant la quasi-totalité du bordelais. Les cépages, rouges et blancs, ont donné naissance à de nombreuses appellations, toutes plus prestigieuses les unes que les autres : Médoc, Château Margot, Saint-Emilion, Pomerol, Sauternes, Pauillac, Fronsac, Saint-Estèphe, Pomerol, Marie-Brizard, Gratte-cul, Sauternes, Monbazillac,...

Et qui dit "Gironde", dit "Girondins", acteurs révolutionnaire dès 1790. Certains Girondins, comme Condorcet, Brissot, Roland, Guadet, Vergniaud, Isnard, Ducos et Buzot étaient des républicains convaincus. Ses membres, pour la plupart inscrits au club des Jacobins à Paris ou en Province, constituaient l'aile la plus avancée de l'Assemblée législative, avant de représenter l'aile droite de la Convention nationale face aux Montagnards, qui étaient en force parmi les députés de Paris, et incarnés par les figures de Robespierre, Danton ou Marat.
Opposés à l'adoption d'une monarchie constitutionnelle et favorables à la guerre, les "Girondins" siégeaient à gauche de l'assemblée à la fin de l'année 1791 et entraient au gouvernement en mars 1792. Poussés à la démission trois mois plus tard, ce fut désormais à droite qu'ils se tenaient à la Convention. La chute de la monarchie marqua la fin de leur déclin, les insurrections de juin 1793 entérinèrent la fin du mouvement. Lorsque les Girondins furent arrêtés et envoyés à l'échafaud, on débaptisa symboliquement la Gironde pour la nommer, de 1793 à 1795, département du Bec d'Ambès. Ce sera seulement à partir du second Empire que le département retrouvera sa vitalité économique.
Et qui dit "Gironde", dit également "Girondins de Bordeaux", incroyable équipe de foot dans laquelle a joué Alain Giresse pendant plus de 16 ans !

Jénorme et Alain Giresse

...et d'autres joueurs renommés, dont nous collectionnons les images Panini quand on avait 8 balais...

Images : Old School Panini

Loin de dunes, loin du vin (mais pas trop !), loin des footballeurs milliardaires qui tombent en short dans une herbe verte arrosée toutes les deux heures, voici la Gironde que nous avons proposée à maître Arnaud !
Nous passons par Villandraut, dont le blason de la ville est celui-ci :

Nous tournons un peu dans le coin ; tout simplement parce que nous ne trouvons pas la bonne route censée nous amener à la première curiosité girondine censée intriguer Maître Arnaud. Uzeste, Lignan-de-Bazas, Aubiac, Le Nizan, Mazères, Roaillan,... Putain de merde : il est où ce bordel de château lààààààà ?!

Et puis, tout à coup...

11h54 de l'après-midi :

LE CHÂTEAU DE ROQUETAILLADE

Et je t'entends, lectrice-teur, dire au loin : "- Ah ben vachement original, un château en Gironde ! C'es vrai qu'il n'y en a que 112 000 dans tout le département ! Autant que de fontaines guérisseuses dans les Landes tiens !"
Et là, une fois de plus, je te rappelle à l'ordre en te disant : "- Eh oh, mais tu vas t'calmer un peu, là, oh !?"
CAR NON : le château de Roquetaillade n'est pas un château de Gironde comme les autres !

Pas de vin ! Pas de vignes ! Pas de riche châtelain en vue arrivant en cravate et bottes de chasse !
Oui, étonnant château que Roquetaillade, ah, ah, ah ! Hop, belle première phrase d'entrée en matière.
On s'attend à trouver derrière ses murs épais couronnés de créneaux sublimes une austérité toute médiévale, alors que non !

C'est la fête !!!!
Cotillons et sangria à volonté
dès que nous passons
la porte de la forteresse !!!

Non, j'déconne ! Calmons-nous et regardons de plus près cet édifice semblant sortir d'un autre monde...

  

Le château fut construit en 1306 par le cardinal Gaillard de la Mothe, neveu du Pape Clément V.
Situé sur un piton rocheux troglodyte, dont les cavités furent habitées dès la préhistoire, le cygne est l'emblème des Mauvestins qui firent restaurer le château au XIXème siècle. On le retrouve partout : dans la cour d'entrée, dans le grand escalier, sur les murs, sur les chaises...
Au sein d'une vaste enceinte fortifiée, Roquetaillade est en fait composé de deux châteaux forts (Château-Vieux et Château-Neuf), ainsi que d'une chapelle. Les six énormes tours rondes du Château-Neuf, percées d'achères et crénelées, encadrent un corps rectangulaire. Nous pourrions dire plein d'autres choses sur la conception de cet édifice, mais non.

Saches qu'Eugène Viollet-le-Duc (1819-1874) est passé par là.
Architecte français connu pour ses restaurations de constructions médiévales (Carcassonne, Pierrefonds, Mont-Saint-Michel,...), on lui doit aussi d'avoir posé les bases de l'architecture moderne et d'avoir inspiré plusieurs acteurs du mouvement Art Nouveau, tels qu'Eugène Grasset, Hector Guimard, Victor Horta, Antoni Gaudi, Hendrik Petrus Berlage, Henri Sauvage,... Il influença également le regard de la société sur l'histoire du patrimoine historique français.
En tout cas, c'est apparemment avec une joie immense qu'il s'est adonné à la restauration de ce château en matérialisant avec une délectation évidente ses fantasmes néogothiques. A partir de 1864, il refait totalement la décoration de ce double château. Il commence par construire un escalier monumental dans le hall d'entrée et décore complètement les appartements dans un style qui annonce les arts décoratifs anglais et l'Art Nouveau.
La chambre rose est à cet égard exemplaire. On y trouve, par exemple, une statue de rat sous les pieds de la Vierge.

  

 
Photos : D'ici et d'ailleurs

Maaaaais le château de Roquetaillade, c'est aussi un endroit qui a servi aux tournages de plusieurs films, comme "Highlander" et "Le pacte des loups" ; sans oublier surtout, surtout, surtout, le film réalisé par André Hunnebelle en 1967, et dont voici de suite la magnifique bande-annonce inspirée !

 Eeeeeh oui, qui l'aurait cru : Fantomas contre Scotland Yard n'a pas été tourné en Ecosse, mais bel et bien ici, au château de Roquetaillade. 
Tout de suite, un petit reportage sur le métier d'acteur en ces lieux historiques...

L'entrée de ce lieu magnifique d'extérieur est fixée à 6,50 euros. Mais comme il était fermé à cette période de l'année, nous avons préféré nous adonner aux joies d'un petit-déjeuner improvisé, composé de blanc, de jambon, de rillettes arnau-esques, de blanc, de fromage et de blanc !

   

Une fois que tout ceci était fait et bien fait, il nous faut reprendre les routes départementales pour rejoindre la seconde curiosité girondine... sachant que nous étions complètement à la bourre au niveau timing.

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Est-il possible qu'il y ait une seconde curiosité dans ce département ?
Vous le saurez très bientôt, ou pas, dans "Des Landes à l'Auvergne...
Partie 3".