Allons faire un peu de vélo dans la Nièvre, et plus si affinités (58)

Oui, je sais : il y a plein d'autres endroits pour faire du vélo, mais moi, je vais dans la Nièvre. Et d'ailleurs, pourquoi on n'irait pas dans la Nièvre faire du vélo ?!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

C'est vrai quoi ?!
C'est chouette la Nièvre, c'est bien de faire du vélo ! Alors faire du vélo dans la Nièvre, c'est le double broken !

Après tout, y'en a bien qui vont faire du matelas roulant à Dijon...

Donc pourquoi je n'irai pas faire du vélo dans la Nièvre ?!

Tiens, en parlant de Dijon : mais que se passe-t-il avec la moutarde ?
Depuis la guerre en Ukraine, PAF : pénurie de moutarde ! Plus de moutarde dans les rayons, augmentation des prix sur les pots qui restent. La moutarde est devenue un véritable trésor. Incroyable ! Qui l'aurait cru ?! Mais la question se pose : pourquoi cette soudaine pénurie ?

Un article du Canard enchainé, daté du 10 août 2022 apporte ces informations.
"Les crises peuvent parfois être utiles. Ainsi la crise de la moutarde met un coup de projecteur sur ce condiment. On apprend que la moutarde de Dijon AMORA et la moutarde MAILLE, qui se voudrait plus qualitative, appartiennent en fait au même groupe agroindustriel, le néerlando-britannique UNILEVER...Même produit dans un pot différent mais l'un plus cher que l'autre ? Pour l'amour du goût ?
90 % de cette moutarde est fabriquée avec des graines essentiellement canadiennes !
Et que sont devenus nos producteurs français bourguignons ? Ben comme la graine de moutarde n'est pas éligible aux subventions agricoles européennes, ils l'ont remplacé par le colza et le tournesol. Voilà comment une décision politique transforme un pays autosuffisant en un pays dépendant. 
La moutarde n'est, encore après tant d'autres, qu'un exemple de ce que la corruption à un très haut niveau (lobbyistes et élus vénaux, on parle de vous !) est capable d'engendrer.
Heureusement, certains encore se battent ( je pense notamment aux producteurs de lavande) pour maintenir des produits de qualité et dont la première qualité est leur proche localisation. Ainsi concernant la moutarde on peut acheter de la moutarde "française" qui est IGP (Indication Géographique Protégée) en lisant tout simplement sur l'étiquette "Moutarde de Bourgogne", indication qui garantit une fabrication avec des graines locales françaises.
Donc MAILLE et AMORA basta !
On finit le pot et on change de crèmerie !
Merci la crise !"

Voilà. Bon, ça, c'est dit.
On va avancer un peu maintenant !

Encore un peu de vacances.
Quittons le Pays Basque pour prendre la direction du centre de la France, et plus précisément la direction du département de la Nièvre dont le chef-lieu est,  -nous ne le répèterons jamais assez-, Nevers.

Il fait chaud à Mouguerre.
Etrangement, les chevreuils préfèrent quitter les bois pour venir se mettre à l'ombre des balcons de la résidence pour grapiller les quelques derniers brins d'herbe verte qui trainent de ci de là.

Peut être qu'un jour, ils finiront par venir boire l'apéro avec nous sur les balcons, ou se plonger dans le jacuzzi du voisin.
Chacun a sa façon de se rafraichir en cet été 2022 marqué par la répétition de canicules et d'incendies.

Certains inventent de nouveaux objets, comme...

Eh oui, il semble loin le temps des prairies traversées par les petites rivières donnant aux champs leur belle couleur verte profusante... si, si, ça se dit.
                               

Personnellement, pour me rafraichir un peu, je ne suis pas allé rejoindre les chevreuils pour aller brouter quelques brins. Non, j'ai plutôt pris la direction de l'océan. Un p'tit bain pour le chef, suivi d'un p'tit Picon-bière depuis la terrasse du bar-restaurant Vent d'Ouest, à la Chambre d'Amour d'Anglet.

Une belle vue. Le son des vagues qui vont et viennent. Peu de monde en cette période pourtant estival. Les gens économisent, ou du moins se restreignent face à l'inflation galopante que l'on attribue aux deux maux essentiels du moment : guerre en Ukraine et sécheresse.
Pourtant, les grandes surfaces font des efforts pour baisser les prix par des promos incroyables, comme...

Mais cela ne suffit pas. Les bars et les restaurants se vident ; à la fois en client, mais aussi en personnel. Mais où sont passés les gens ?
Pour le savoir, je me suis rendu dans un nouveau bar biarrot, juste à côté du phare, Le Pavillon du phare. Là aussi, peu de monde. Ou du moins, la terrasse n'est pas complète et le service se fait sans attente. Juste quelques moineaux arrivant en chorale pour faire la manche et obtenir quelques miettes.

Là aussi, on profite de la vue sur la Grande Plage de Biarritz et ses multiples bâtisses de différents styles.

Des immeubles et bâtiments qui feront dire à Sylia, 10 ans : "Le brouillarta arrive sur la zup."
Ah oui, Biarritz, la Grande Plage et la zup.
Mais qu'est-ce que le brouillarta ?
En fait, on parle plutôt de galerne. Le brouillarta, lui, est plus centré sur Saint-Jean-de-Luz ; "qui brouille l'Artha", du nom de la digue située à l'entrée de la baie. A Hendaye, on appellera ce phénomène "l'enbata". Non, pas Lambada, l'enbata.
La galerne, ou galerno, est un vent de nord-ouest (noroît) froid et humide qui souffle en rafale sur l'ouest de la France. Il doit son nom à la virée de Galerne, épisode de la guerre de Vendée qui eut lieu à partir du 18 octobre au 23 décembre 1793. La température peut soudainement passer de 45° à 23° en quelques minutes.

Mais finalement, cela n'empêchera pas au soleil de se coucher sur l'horizon océanique.

      

     Sous l'oeil bienveillant du phare de Biarritz.

Bon, eh oh ! Le titre de ce billet est "Allons faire un peu dé vélo dans la Nièvre".
DONC allons dans la Nièvre... en partant du Pays Basque.

Un petit rappel du trajet le plus rapide à suivre
pour rallier Bayonne à Nevers.

Bon, comme d'habitude, le trajet ne faisant que quelques 720 kilomètres, j'ai décidé de faire quelques détours "touristiques" pour rallonger un peu, histoire de bien profiter de la chaleur ambiante de cet été 2022.
Départ 7 heures du mat.

Je suis donc parti de Bayonne pour prendre la direction de... Saint-Laurent-de-Gosse.
Ah ben ouais, alors là, rien à voir avec le trajet ! C'est même carrément à l'opposé d'où je dois aller. C'est juste pour suivre, dans un premier temps, un peu cette Adour rafraichissante qui borde la belle route  la D261, reliant Bayonne à Hastingues.

         

Sauf que je ne vais pas jusqu'à Hastingues car là, je serais complètement hors sujet. Encore que... Bon, je tourne à Urt pour traverser l'Adour sur ce pont appelé Pont de Pitres, construit de 1883 à 1885 en remplacement d'un bac jugé trop dangereux. Il fut inauguré en 1886 par la société Eiffel. Il nous fait passer des Pyrénées-Atlantiques aux Landes.
Très vite, j'arrive à Saint-Laurent-de-Gosse. Comme ça.

Une route se change en chemin qui se change en sentier, le GR8, pour parvenir sur les bords de l'Adour... encore...
Ici, autrefois, le fleuve a longtemps rythmé la vie de ces villages en bord d'Adour, comme Saint-Laurent-du-Gosse. Axe commercial de première importance, c'était par lui que transitaient les marchandises comme les céréales, le bois de chauffage mais aussi les mâts, venus tout droit des forêts d'altitude des vallées pyrénéennes, pour les bateaux de la flotte de l'arsenal de Bayonne. Bien d'autres marchandises circulaient par cette voie d'eau…
Des embarcations de tonnages plus ou moins importantes, dont certaines étaient tirées depuis les berges tout d’abord par les hommes, puis par des bœufs ou des chevaux, permettaient le transport de ces marchandises diverses. D'autres naviguaient grâce à leur voile.
L'Adour est resté le moyen de transport majeur jusque dans les années 1920, à l'arrivée du diesel. Témoin de cette époque d'intense activité maritime : les maisons bourgeoises sur les berges de l'Adour ou encore les châteaux comme celui de Roll-Montpellier qui date du XVIIIème siècle.

         

Oui, c'est vrai : sur les photos ci-dessus, on a du mal à imaginer que des embarcations charriaient des tonnes et des tonnes de marchandises, mais comme tu le sais, cet été 2022 est marqué par... par... par... la sècheresse.
Une sécheresse caniculaire qu'un petit malin a su anticipé
quelques mois plus tôt lors des violentes averses de grêle
qui s'étaient abattues sur le département...

BREF !
Saint-Laurent-de-Gosse, c'est un petit village tranquille, bien isolé des grands axes routiers, en pleine campagne. Et pour ceux qui se posent la question : oui, il y a une église, dont voici l'intérieur.

        

Ben oui, je n'ai pas pu faire de photos depuis l'extérieur car le monument est surveillé par des chèvres.
            

Voilà. Bon... Pas grand chose à signaler. Je reprends ma route en passant en croisant quelques curiosités, comme des vaches électriques et un magnifique bus à l'impérial.

        

On peut... je dis bien "On peut", on n'est pas obligé... se demander pourquoi "Gosse".
Attention, ici, Gosse n'a rien à voir avec les gosses, dont l'utilisation se rapporte aux enfants.
Non, ici, Gosse a trois hypothèses de signification.
"1) La terminaison « osse » proviendrait du suffixe euskarien «otz(a)» qui indique un domaine, un lieu. Ce suffixe basque est resté en gascon (-os(se) \ -òç(a)) et aragonais (-ués) et a constitué de nombreux noms de village dans l'aire vasconne (Tosse, Seignosse, Biaudos, Angresse, Seyresse, Tarnos, Tyrosse, Biscarosse…).
2) Il semblerait que «gosse» vienne de Gosse < Garros < (Goi/garai)-oz, 'lieu en hauteur' (dans la commune, le quartier Gayrosse proviendrait du même fond proto-basque).
3) Le mot «gosse» pourrait être une déformation de l'anglais goose, oie, car ce volatile est très présent dans cette région des Landes, conquise par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans." WIKIPEDIA

Bien, bien, bien.
Je retrouve la D817, reliant Bayonne à Lestelle-de-Saint-Martory, en Haute Garonne, soient quelques 224 km qui te feront tour à tour passer par Orthez, Pau, Tarbes, Lannemezan et Saint-Gaudens. Sauf que là, perso, je tourne en direction de Dax à hauteur de Port-de-Lanne, petite village (qui s'aggrandit) bien connu pour héberger chaque année au 5 août le plus grand rassemblement de brocanteurs du sud-ouest.

J'arrive à l'entrée sud de Dax.

Entrée avenante.
       

Passage à Dax,
devant le rond-point à l'hélicoptère.

Puis passage à Narrosse,
devant le rond-point Darrigade.

Etonnante statue géante du coureur cycliste français, natif de Narrosse, André Darrigade, né le 24 avril 1929 . Cette œuvre de Guy Pendanx mesure 6,70 mètres pour une tonne de fer. Elle rend hommage au "Levrier des Landes", plus grand sprinteur français avec 22 victoires dans le Tour de France. La sculpture représente André Darrigade en train de gagner son championnat du monde sur route en 1959. Sur la photo que j'ai prise ce jour là, il semble vouloir toucher avec la main le nuage au-dessus de sa tête.

Bon, allez, c'est pas l'tout, mais il va falloir rouler un peu si je veux arriver un jour à Nevers car, répétons-le, l'objectif premier, c'est d'aller faire du vélo dans la Nièvre.

Je récupére l'autoroute à Magescq, ville natale de Pierre Albaladejo. Mais ici, pas de statue monumentale du rugbyman sur un rond-point.
Par contre, lorsque je sors de l'autoroute pour prendre la direction de Biscarrosse, je passe par la ville de Parentis-en-Born qui arbore un magnifique derrick sur rond-point.

Oui, un derrick. Pas une statue monumentale de l'acteur allemand Horst Tappert qui interprète le rôle du célèbre inspecteur... Derrick. Pas de statue de l'acteur car il n'a aucun rapport avec Parentis-en-Born... de prime abord. En tout cas, il n'est pas né ici puisqu'il vit le jour en mai 1923 à Elberfeld (Allemagne).

Mais pourquoi un derrick ici, sur ce rond-point, à Parentis-en-Born, dans les Landes ?
Pour le savoir, tu peux te référer à l'excellent livre de Jean-Pierre Devalance, "Le passé oublié de Parentis", reprenant l'aventure pétrolière de cette petite ville landaise. Car oui, madame, monsieur, il y avait du pétrole à Parentis-en-Born !

"Mars 1954. La commune de Parentis devient le « Texas français » et fait la une des journaux. Après quelques années de prospection, on vient enfin de découvrir du pétrole de bonne qualité sous le derrick du puits n° 1, implanté en bordure du lac. Si tous les espoirs de l’époque n’ont pas été réalisés, le gisement de Parentis reste, encore aujourd’hui, le premier de France, d’abord exploité par Esso puis Vermilion Energy. Cette découverte aura transformé la commune et a encore des répercussions aujourd’hui avec l’implantation des serres de Tom d’Aqui, où l’on fait pousser des tomates en utilisant les calories issues de l’exploitation pétrolière." SUD-OUEST

Je poursuis en direction de Biscarrosse. Une odeur de brûlé, un ciel brumeux, un air encombré. Le jour où je suis passé, les incendies de Gironde (La Teste-de-Buch et Landiras, entre autres) sévissaient toujours. Biscarrosse, un rond-point sur lequel est venu se poser un Canadair.

Si les Canadair ont été créés par une société canadienne en 1945... D'ailleurs, le nom de Canadair vient du nom de la société elle-même ; c'est ce que l'on appelle une autonomase, c'est à dire une élaboration du vocabulaire où un nom propre devient un nom commun. Eh ouais ! Bon... alors... On reprend !

Biscarrosse n'est pourtant pas la capitale française du Canadair, mais bel et bien de l'hydravion. Et là, tu me dis : "Pourquoi ? Oui, pourquoi y'a-t-il un Canadair sur rond-point alors que Biscarrosse est la capitale de l'hydravion ? Et pour quoi Biscarrosse est-elle la capitale de l'hydravion ban sang de bois ?"
Eh bien, pour le savoir, il faut se replonger dans l'histoire de cette commune des Landes.

"Le projet de l'ingénieur toulousain PierreGeorges Latécoère est ambitieux : il  veut relier Toulouse à Santiago du Chili en créant une  ligne aérienne. Mais la  traversée de l’Atlantique en  avion classique fait peur. Latécoère décide alors  d’utiliser l’hydravion et choisit  Biscarrosse pour sa  proximité avec l’usine toulousaine, où étaient  fabriquées les pièces, mais aussi pour  l’immensité de  son plan d’eau bien abrité particulièrement propice  aux essais en vol.
En effet, la situation est idéale pour cette activité, et l’industriel Pierre-George Latécoère ne s’y trompe pas. Proche de l’Atlantique et donc aux portes de l’Amérique, entouré de grands lacs, ces plans d’eau sont idéaux pour l’amerrissage." BISCAGRANDSLACS

Un peu plus d'infos :
"L'histoire de cette commune longtemps tournée vers la sylviculture et l'élevage a été marquée par l'aviation à partir des années 1930, avec la création de la base des hydravions Latécoère. En effet, le 10 juin 1929, en conseil municipal, Me Fabre, alors maire de Biscarrosse, fait part d'une lettre qu'il a reçu d'un industriel toulousain Pierre-Georges Latécoère. Celui-ci désire acquérir des terrains en bordure du lac pour y installer des ateliers de montage d'hydravion.
Une fois la vente actée, le 28 juillet 1930, arrive, depuis Toulouse, le Laté 38-02, en pièces détachées. Le premier vol est réalisé un mois plus tard, le 24 août. Tout au long des années 1930, l'Hydrobase se développe : de grands noms de l'aviation française y volent – Jean Mermoz, Saint-Exupéry, Hébrard, par exemple.
Tout au long de la période les capacités et les performances des appareils s'améliorent et s'étoffent : le Laté 521 (type « Lieutenant de vaisseau de Paris ») mesure 49 mètres de largeur pour 31 mètres de longueur et peut transporter jusqu'à 70 passagers." WIKIPEDIA

Le modèle que nous voyons sur le rond-point de Biscarrosse est le Canadair CL-215, le premier avion spécifiquement conçu pour une mission de bombardier d’eau. Malheureusement inactif, il ne pourra venir en aide aux pompiers faisant face aux nombreux et dramatiques incendies sévissant dans le coin en cette période.

La route longeant les plages de l'océan Atlantique entre Bisacrrosse-plage et la dune du Pilat est fermée par sécurité. Les feux ne sont pas complètement fixés. Et même si cela était le cas, il semble que les racines des arbres enfoncées dans la terre couvrent un feu souterrain qui peuvent reprendre à tout moment.
Je contourne donc les étangs de Cazaux et Sanguinet par l'Est pour arriver à La Teste-de-Buch. Le long de la route, des arbres ont été abattus volontairement pour éviter que les violents incendies n'atteignent la station balnéaire girondine.
Je passe très vite pour rejoindre la rocade bordelaise.

Je pourrais très bien passer ma route, contourner Bordeaux pour ensuite récupérer la Nationale 10 menant, entre autres, à Angoulême... à ou en Angoulême ? À Avignon, en Avignon ? Ouais ben !

Pourquoi je m'arrête à Bordeaux ?
Oui, c'est vrai, il y a plein de choses à voir, à découvrir ; comme nous l'avons fait déjà fait en septembre 2019 (cf : BORDEAUX, VISITE ALEATOIRE).
Mais là, j'ai deux objectifs bien précis qui vont peut être faire dire à certains d'entre vous que mes périples sont un peu glauque.

Mon premier objectif : me rendre au cimetière de Caudéran, dit cimetière des Pins-Francs.
Ouuuuaaaaiiisss : bravo Jénorme, quel beau lieu pour commencer tes vacances ! Y'en a qui vont à la plage se baigner, ou en Dordogne pour bouffer, ou en Bretagne pour faire du bateau, ou dans les Alpes pour randonner... Jénorme, lui, il va dans un cimetière ! Ouaaaaiiiss !

Aaaaaah, mais attends ! Parce que...
Mon second objectif est... de me rendre au cimetière protestant de Bordeaux !
Oooouuuuaaaaaaahhhhh, putain, mais mec, tu nous vends du rêve, là ! Wesh frère, grave, trop stylé !

Deux visites de cimetière pour bien commencer les vacances !!!! Woouuuwouuu !!!

Allez, c'est parti !

Après quelques détours bordelais qui me font passer, tour à tour, à côté du fameux parc bordelais, puis remonter l'avenue Charles De Gaulle avant d'emprunter celle du Général Leclerc avant de passer devant l'ancien stade vélodrome (rebaptisé Stade Chaban-Delmas) des Girondins de Bordeaux où joua maintes et maintes fois Alain Giresse...
        
Alain Giresse, c'est celui qui est à droite sur la photo... Je raconte l'histoire de cette photo prise au Haillan en 1984 ? Non ? Bon, ok.

Je passe donc devant l'ancien stade Vélodrome, je remonte et PAF je prends à droite et j'arrive au cimetière des Pins-Francs, encore appelé cimetière de Caudéran.
Si je suis venu jusqu'ici, c'est pour me rendre sur la tombe d'un artiste. Qui peut-il être ?

Attention, TOP : je suis un chanteur-compositeur-parolier et acteur d'origine américaine, né à Brooklyn en 1938 de parents juifs polonais amateurs de musique et d'art. Je commence des études de philosophie avant, très vite, d'y renoncer pour commencer une grande carrière musicale.

TRUUUUUIIIIIIII !
Elvis Presley ?
Ah non !

... pour commencer une grande carrière musicale. Je commence à écrire des chansons à 18 ans, me passionne pour la langue française et fréquente les clubs de rythm-and-blues à Harlem avec mon mentor Doc Pomus.

TRUUUUUIIIIIII !
Michael Jackson ?
Ah non plus !

De 1958 à 1965, je fais équipe avec Doc Pomus. Pendant que je compose les musiques, il écrit les paroles ; et ce pour bon nombre d'artsites pop-rock, tels que les Drifters, Elvis Presley, Billy Kramer, Small Faces, The Hollies ou encore Janis Joplin.

TRRRRRUUUUUIIIIIIII !
Jean-Jacques Goldman ?

Ben non. Je rappelle que Jean-Jacques n'est pas d'origine américaine et, qui plus est, il n'est pas mort.

Après quelques années de voyage, je m'installe en France, à Paris, où j'écris plusieurs comédies musicales, dont le triomphant Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris, ainsi que quelques chansons pour Eddy Mitchell, Michel Sardou et Johnny Hallyday. Dans les années 1970, je me lance dans une carrière solo avec de grands succès, comme Papa Tango Charly, Un été de porcelaine, Le lac Majeur, Sorrow. Je suis, je suis, je suis, je suis...

Eh oui, je suis, je suis... Mort Shuman.

Certains se demandent peut être pourquoi cet artiste-compositeur-chanteur-acteur est enterré ici, à Bordeaux, discrètement.
En fait, il est mort le 2 novembre 1991 dans un hôpital de Londres des suites d'un cancer du foie à l'âge de 52 ans. Enterré dans le cimetière juif de Golders Green à Barnet, dans la banlieue de Londres, le cercueil de sa dépouille sera transféré en France en juin 1998 dans le caveau de sa belle-famille Linx-Labarrère, ici dans le cimetière des Pins-Francs à Bordeaux, où il avait une maison avec sa femme, Maria Pia Vezia, dans le quartier de Caudéran.
Passons ces considérations mortuaires. Pour moi, Mort Shuman, c'est cette chanson nostalgique qu'est "Un été de porcelaine", composé pour le tout aussi nostalgique film de Michel Lang, "L'hôtel de la plage".

SYNOPSIS
"Alors que les juillettistes ont plié bagages, les aoûtiens investissent les plages du Finistère. A Locquirec, l'«Hôtel de la Plage» affiche complet. Les habitués ont déjà pris place. Parmi eux, Euloge et Cécile Saint-Prix, accompagnés de leur adorable petit neveu. Les Guedel, avec leurs filles Catherine et Juliette. Et les Belges Odette et Lucien Vermaelen venus avec leurs jumeaux. Au programme : baignades, balades et jeux."

Continuons et rendons-nous maintenant au cimetière protestant de Bordeaux. Il se trouve à quelques trois kilomètres du cimetière de Caudéran. Quel voyage ! Surtout quand Bordeaux est en travaux.
Après moult détours, j'arrive au pied du mur de l'enceinte du cimetière, dans la rue Judaïque, bien connue pour son grand déballage de bric et de broc chaque mois de mars.
Aujourd'hui, point de brocante.

Si je suis au cimetière protestant de Bordeaux, c'est pour me rendre sur la tombe d'un artiste. Qui peut-il être ?

"MORT SHUMAN !"

Eh oh, mais t'es con, on vient d'aller voir sa tombe il y a deux minutes. Il n'est pas enterré à deux endroits différents.
Alors, tu vas me dire : "Ouais, mais, par exemple, Chopin, il y a soin corps au cimetière du Père Lachaise à Paris et son coeur dans la nef de l'église de Sainte-Croix à Varsovie. Et puis Vauban, pareil. Son corps repose à Bazoches, mais son cœur a été transféré aux Invalides, à Paris."

Ouais, tu as raison, mais là, non. On va pas commencer à faire un périple pour reconstituer les corps de célébrités !? En même temps... du cœur de Chopin à son corps, quel parcours cela fait à vélo ?

Ah ouais, c'est pas mal. 1649 kilomètres de vélo ?! On appellerait ce périple : "Chopin, du cœur au corps". Documentaire, rencontres, péripéties, un peu de musique, de danse, où dormir, que manger...

Et avec Vauban,
cela donnerait quoi ?

Ouais, plus national, plus court, mais il n'est pas de trajet où l'on n'est pas surpris et où l'on n'apprend pas quelque chose.

Tiens, eh oh, petit rappel  : c'est quoi le titre de ce billet déjà ?

Allons faire un peu de vélo
dans la Nièvre (58)

Ah ouais ! Et on est où déjà ?

À Bordeaux !

Et où à Bordeaux ?

Au cimetière protestant !

Wouhouhouhou ! Rien à voir !

Revenons donc à nos moutons !
Eh non, pas de photo de brebis ce coup ci !
On va pas le faire à chaque coup.
N'est-ce pas les filles ?

Yes !

Alors, le cimetière protestant de Bordeaux. Personnellement, dès que j'entends le mot "protestant", je tique. Je me dis : "Allez, qu'est-ce qu'y va pas encore ?! Qu'est-ce qu'y z'ont à gueuler ?!"
Mais non. Protestant, cimetière protestant, ici, nous sommes dans une toute autre configuration de protestation.

Pas de gilets jaunes en vue. Cela aurait pu puisqu'il y a quelques années, les gilets jaunes investissaient les ronds-points pour gueuler contre une augmentation de 10 centimes du pétrole alors que là... le pétrole prend 80 centimes, la moutarde disparait, le PQ est hors de prix, les fournitures scolaires sont une denrée réservée à l'élite et... et... et personne sur les ronds-points.

Bon OK, certains de ces ronds-points ont été accaparés par de belles sculptures et autres statues, dont nous parlerons dans de prochains billets...

       

Mais quand même !

Bon bref : si je ne suis pas content, j'ai qu'à y aller.

Alors, Bordeaux et le cimetière des protestants ?

Reprenons de suite la définition de protestant afin qu'il n'y ait point de malentendus.

PROTESTANT
Nom donné aux adeptes de la Réforme qui se séparèrent et se maintiennent séparés de l'Église romaine.

Voilà, c'est clair. Seulement, de nos jours, nous parlons beaucoup de protestation. Est-ce que cela a un rapport avec le protestantisme ?

PROTESTATION
1. Action, fait de protester, de réclamer, de s'élever contre quelque chose : Ils font grève en signe de protestation.
2. Déclaration en forme par laquelle on conteste quelque chose ou on s'oppose à quelqu'un : Signer une protestation contre les mesures de licenciement.
3. Affirmation vigoureuse de ses bons sentiments : Multiplier les protestations d'amitié.

Et non. On peut alors se poser la question... Ohlalalalala, mais qu'est-ce qu'on s'en pose des questions depuis le début de ce billet ??!!!... y'a-t-il un rapport entre Protestant et Protestation ?
Hein ? Ah ? Hein ? Eh oui.
Eh bien, la réponse est : non. Eh ouais. Pas plus, pas moins. Non !
Et même si nous retrouvons la même racine verbale qui peut prêter à confusion quand, déjà, on fait quinze fautes d'orthographe par un SMS qui ne comporte pourtant que huit mots. Je ne vise personne, mais cela devient monnaie courante...

Alors bon. On n'avance pas là. On ne sera jamais à l'heure dans la Nièvre pour faire du vélo.
Le cimetière protestant de Bordeaux !

Je ne vais pas refaire ici les origines, l'histoire et la fin du protestantisme. Ce serait trop long et je ne suis pas assez calé et érudi pour cela. Reprenons simplement ce qui est écrit sur la brochure fournie gratuitement à l'entrée du cimetière.

"Le cimetière protestant de Bordeaux est un cimetière privé, ouvert en 1826 sur un terrain acquis par les membres du Consistoire.
Avant cette date et en raison de l’interdiction du protestantisme imposée par la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), les protestants étaient inhumés dans des lieux particuliers, caves ou jardins, ou, s’ils étaient étrangers, au cimetière des Hollandais, rue Pomme d’Or, ou au cimetière des Etrangers, cours Journu-Auber, aujourd’hui disparus.
Ce cimetière est délimité par une porte monumentale due à l’architecte Armand Corcelles qui a aussi construit le temple des Chartrons, rue Notre-Dame.
D’une superficie de 1,5 ha, il abrite notamment les tombes des familles commerçantes de la ville et celles de personnalités ayant joué un rôle religieux, culturel et social. Nombre de ces défunts ont des origines étrangères, preuve de la dimension internationale du protestantisme bordelais.
Le cimetière contient peu de sépultures monumentales, conformément à la conviction protestante de refus du culte des morts. Le dépouillement et l’absence de décor de la plupart des tombes sont volontaires ; les dalles et les enclos sont les plus nombreux."

Ecoute, pour moi, c'est une expérience d'entrer dans un cimetière protestant. Je me souviens être allé arpenter les allées du cimetière juif de Pragues, le cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, le carré des artistes au cimetière de Vienne, le cimetière abandonné de Saillant en Corrèze, le cimetière des martyrs à Oradour-sur-Glane, mais jamais un cimetière protestant. 
D'autant plus que quelques minutes plus tôt, comme dit sur la tombe de Mort Shuman, se recueillir sur une tombe n'est pas du voyeurisme, mais simplement un voyage de recueillement, mettant en rapport la vie et l'œuvre de la personne (musicien, peintre, cinéma, spectacle, politicien, criminel (?), plasticien, aventurier, présentatrice,...) et ta vie personnelle, ton expérience.
On parlait de Mort Shuman tout à l'heure et le rapport entre l'artiste et cette chanson qui a marqué un moment de ma vie. La tombe de l'artiste restait humble, discrète, comme celles de Jean-Pierre Marielle, de Patrick Dewaere et de Jean Rochefort.

    

En tout cas, une chose est sûre, c'est qu'ici, les arrosoirs sont bien gardés.

Ici, dans ce cimetière protestant, qu'allais-je trouver ? Et d'abord, qui venais-je visiter  -puisque c'est l'expression consacrée quand on se rend dans un cimetière- ?

Eh bien, la personnalité en question, l'artiste est annoncé dès l'entrée du cimetière. Entrée des artistes avec cette plaque brillant de mille feux sous cette canicule ambiante.

Ah ! On ne lit pas bien
parce qu'il y a un con
qui a foutu ses mollets en reflet dessus.

RAPPROCHONS NOUS !!!

Une magnifique plaque, dorée, illustrée par des mots simples, rapides et efficaces sur cette personne qu'était Rafaël Padilla, plus connu sous son nom d'artiste "le clown Chocolat".
Personnellement, je n'vais jamais eu la connaissance de cet homme et artiste avant d'aller voir le film réalisé par Roschdy Zem en 2016.

J'avais trouvé ce film magnifique pour plusieurs raisons.
1) Je ne connaissais pas l'histoire de Padilla.
2) Je ne savais pas qu'il avait été à l'origine "des clowns dans les hôpitaux pour enfants", autrement dit La thérapie par le rire.
3) Je ne savais pas qu'il était à l'origine du spectacle clown blanc-clown noir
4) Je ne savais pas que l'expression "être chocolat" venait du spectacle qu'il effectuait avec Foottit ; c'est à dire ne pas avoir réussi ce qu’on voulait ou espérait, souvent parce qu’on a fait confiance à tort à quelqu’un.
Et puis d'autres choses.
J'ai découvert les talents d'acteur d'Omar Sy, mais aussi ceux pluralistes du petit fils de Charlie Chaplin, l'excellent James Thierrée. 
ben oui, j'ai découvert le clown Chocolat et son histoire, ainsi qu'une partie de l'histoire des clowns de cirque, avec ce film récent. qu'est ce que c'est réjouissant de découvrir encore et toujours des choses, des moments, des gens qui t'émeuvent, te surprennent par leurs vies, leurs expériences, leur histoire. Aussi simple soit l'existence de tout à chacun, je pense qu'il y a toujours une anecdote, un moment, un voyage dans la viue de chaque personne qui est unique et qu'elle saura te raconter comme personne d'autre car c'est sa vie, c'est son moment, c'est son expérience.

Alors oui, quand on me dit : "Putain, t'as pas autre chose à foutre de tes vacances qu'à aller dans les cimetières ?!", je te répondrais : "Bah si, mais non. Cela fait partie du voyage, des virées, des périples, des objectifs, des souvenirs..."

ALORS,
RECENTRONS-NOUS UN PEU !

La plaque posée sur un des murs d'entrée du cimetière a été posée là en février 2016 par l'association des Amis du Clown Chocolat.
Le film de Roschdy Zem est sorti le même mois de la même année.
Deux évènements étroitement liés historiquement alors que nous n'avions pas entendu parler de cet artiste depuis... Ooooooh, en avons-nous entendu parler ces dernières décennies ?

Alors, bien sûr, quand deux "évènements" comme celui ci sont nés  -et de façon indépendantes-, je me pose la question (ben oui, toujours des questions !) : Y'a-t-il un problème de cohérences entre le film de Roschdy Zem et la vraie vie de Rafaël Padilla ? Est-ce que le cinéma n' a pas un peu trop romancé la vie de cet homme ?
Cela semblait si beau, si poétique, si injuste. Tout ce que l'on aime...

DEUX VERSIONS

VERSION CINEMA
"En 1897, un homme noir du nom de Kananga, ancien fils d'esclave de Cuba, joue un petit rôle de cannibale dans le modeste cirque Delvaux. Le clown blanc George Foottit, sommé de renouveler ses numéros par le directeur du cirque, a l'idée de s'associer avec Kananga dans un duo de clown blanc autoritaire et de clown noir souffre-douleur, qui prendra le nom de Chocolat. Le duo comique est très bien accueilli par le public et Delvaux commence à faire des affaires. La rumeur du succès se répand en France au point que Joseph Oller, directeur du Nouveau Cirque, convainc Foottit et Chocolat de prendre du service dans son établissement parisien. Le succès dans la capitale est immédiat, et Chocolat devient le premier artiste noir de la scène française. Grisé par l'argent, il s'adonne au jeu et se laisse aller aux plaisirs des femmes.
Des publicitaires comme Félix Potin décident un jour d'utiliser l'image de Chocolat pour les affiches de leurs produits en le montrant avec un visage de singe. Chocolat, jusqu'alors humoristiquement maltraité par son compagnon de scène, ne s'était pas offusqué des coups de pieds, des baffes et des humiliations qu'il subissait. Mais ces publicités humiliantes l'ayant blessé, il va peu à peu s'opposer à la domination du clown blanc et se montrer désireux de porter un vrai nom, celui de sa jeunesse d'esclave, Rafael Padilla, pour enfin exister comme un être autonome. À mesure qu'il apprend à lire, il se passionne pour Shakespeare et se projette déjà dans le rôle d'Othello, personnage de couleur jusque-là joué en France par des acteurs blancs maquillés en noir.
Rafael tombe amoureux de Marie, une infirmière veuve et mère de deux enfants. Celle-ci le présente à un directeur de théâtre qui décide d'engager Rafael dans une mise en scène d'Othello, partageant la vedette avec deux célébrités des planches. Après des répétitions difficiles, Rafael joue son rôle sur scène mais, dès la première représentation, il est hué par la majorité du public. Poursuivi en raison de ses dettes de jeu, Rafael est agressé par des voyous dans une ruelle en guise de représailles.
En 1917, Rafael travaille comme balayeur dans un cirque. Atteint de tuberculose, son médecin affirme à Marie qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Rafael reçoit la visite de Foottit avant de s'éteindre." WIKIPEDIA

Alors oui, bon, je voulais faire appel à un autre site que Wikipedia (incontournable site internet dès que tu tapes un mot en recherche, que ce soit "caca" ou "Louis Jouvet", ils ont toujours une définition ou un pamphlet sous le coude pour te dire de quoi il retourne, écrasant tous les autres), mais que dalle.
Par contre en se rendant sur le site officiel des "Amis du clown Chocolat", voici que quoi.

VERSION ASSOCIATION
"Rafael Padilla, dit le clown Chocolat, né à Cuba en 1868, de parents esclaves a été le premier grand artiste noir en France. Il a formé un duo comique avec le clown Footitt, par l’humour a dépassé les humiliations sociales, raciales et a rencontré un succès retentissant à Paris !
Précurseur des street dance, il fut l’inventeur de la thérapie par le rire. Il finit sa vie à Bordeaux, dans le plus grand dénuement le 4 novembre 1917. Il fut enterré dans le carré des indigents du cimetière Protestant." ASSO POURQUOI PAS

Et Jean-Pierre Lefebvre, président de l'association des Amis du Clown Chocolat d'ajouter :
"On pensait qu'il avait été enterré au carré des indigents, mais pas du tout ! Il avait bien eu une tombe. Il n'y a plus de trace aujourd'hui car la concession n'a pas été renouvelée. Mais ça nous soulage, car la vie de cet homme magnifique se terminait d'une manière dramatique et misérable. Cela n'a pas été le cas".

Le film a donc pris des libertés historiques par rapport à la réalité de la vie du clown Chocolat. Nuancés, poétisé, romantisés. Un peu comme l'avait fait aussi Milos Forman pour son film biographique sur Wolfgang Amadeus Mozart... qui n'aurait jamais été jeté dans la fosse commune de ce cimetière de Friedhof, à Vienne...

Ah ben merde alors !

Toujours est-il que je suis là, dans ce cimetière des Protestants qui ne veulent pas de sépultures monumentales, susceptibles de rendre hommage à Dieu et autres chrétiens.
Ici, on reste discrets...

Mais le plus discret d'entre tous reste Rafaël Padilla... Oui, tellement discret que je finis par douter qu'il eusse existé un jour, tellement sa tombe, sa sépulture, son lieu d'incinération, de mémoire, de recueillement ont disparu de ce cimetière...

Bon... Il ne reste plus qu'à... qu'à... partir.
C'est étrange comme sensation. ce n'est pas quelqu'un de ma famille, ni de porche, ni... On peut m'accuser de voyeurisme, mais il n'empêche que je trouve intéressant  d'évoquer le fait que... la tombe... du clown Chocolat... est introuvable.  Ou n'existe pas.

La question se pose alors.
Eh lààààààà, encore des questions : est-il si important d'avoir une sépulture ? Faut-il automatiquement se faire incinérer ? Se recueillir sur une tombe, est-ce si important ? Pourquoi une tombe ? Combien de temps peut-elle être entretenue quand on sait que les jeunes passent plus de temps sur leur portable que dans les cimetières ? Ouais, non, mais oh, y'a des choses à dire, faut les dire !!!! 
J'ai l'impression que les jeunes, ils s'en foutent des cimetières !
Ah ouais, je te le dis, comme je le pense ! R.A.B. ! Rien A Branler ! Y'a du monde sur TicToc, sur Facebook, sur Snap, sur Insta ; mais personne ne va dans les cimetière ! Et ça, tu vois, ça veut bien dire que les jeunes, ils vivent dans le virtuel, tu vois, et pas dans le mortuaire.

OHALAALLLALALLALA
Mais qu'est-ce que j'raconte, moi ?!

Bon, quittons ce cimetière protestant ! Quittons les cimetières tout court ! Et reprenons la route !

Je quitte la le cimetière protestant, puis la rue Judaïque, puis Bordeaux... putain, c'est pas simple de quitter Bordeaux !
Ils ont foutu des travaux partout pour que tu pètes un plomb, que tu tournes en rond, que tu perdes la tête... Je comprends mieux pourquoi certains artistes sont restés s'enterrer ici...

ALLEZ, JE SORS !

Avec tous ces cimetières, on a pris beaucoup de retard sur les vivants.

Et c'est d'un fil, d'un trait, sans pause, mais avec assurance que je m'en vais rejoindre le cimetière protestant de Bordeaux à Nevers d'une traite. En prenant soin de m'arrêter toutes les deux heures... ou toutes les... dès qu'il y a un panneau de lieu-dit rigolo à selfiser.

C'est mignon, c'est gentil, ça donne envie de faire un karaoké, mais on n'a pas que ça à foutre non plus car il n'est pas loin de 18h34, et comme à chaque 18h34 de chaque jour que Dieu fait, c'est l'heure de l'apéro. Une heure à laquelle j'arrive à Nevers.
En venant du sud, genre du circuit de Nevers Magny-Cours ou de La Guerche, tu peux croiser ce panneau de bienvenue, rappelant ces pancartes en bois à l'entrée des villes perdues désertiques au milieu du désert dans les westerns.

"Ici, on aime le rugby. Moi, ça me fait chier." Mais Bienvenue quand même.
Et puis, faites ce que vous voulez.
Cela fait plusieurs années que ce tag est là. Il n'a jamais été effacé et je trouve ça chouette. Chaque fois, il me fait rire.

A présent, il ne me reste plus qu'à suivre l'arc-en-ciel au dessus de la ville et ses environs pour trouver le trésor.

 Car, comme dit la légende :
"La légende dit qu'il y aurait, au bout de l'arc-en-ciel, un chaudron rempli d'or, fruit des vols multiples d'un Leprechaun, petit lutin irlandais."

Et le trésor, il est là.
En banlieue de Nevers.

Non, ce ne sont pas des pièces d'or : c'est un bon apéro avec la famille ! Voilà le vrai trésor.

Hein ?

Ah oui, on n'a pas fait de vélo du coup.
Dans le prochain billet... peut être...