Balade dans le Morvan (58)

Aaaaaah, ça n'a pas mis longtemps ! Ça y est : il fait chaud !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Cela ne fait pas une semaine que les grandes vacances d'été ont été lancées que l'on retrouve les phrases emblématiques de l'été à base de "Fait chaud", "canicule", "bouchons",...

Et le petit truc en plus :

Avec l'apparition des chaines infos, une nouveauté est apparue avec l'info à outrance, générant parfois des contradictions ou de l'incompréhension ; voire de la déstabilisation.

L'exemple que j'ai relevé pas plus tard qu'hier
est celui-ci :
       

Ben ouais. Il faut mettre de la crème solaire pour se protéger du soleil pour éviter les cancers de la peau.
Mais attention, les crèmes solaires possèdent des composants cancérigènes.
Alors que faire ?

Ceci fait donc parti des nombreux questionnements de l'été. C'est vrai, c'set parce que c'est les vacances qu'il faut cesser de s'instruire ou de se poser des questions.
Tiens, moi par exemple... Bon, je triche un peu parce que je ne suis pas en vacances, mais je me suis mis dans la peau d'un vacancier... et l'autre jour  -c'est à dire hier-  je me suis demandé : "Mais pourquoi Pifou dit-il tout le temps "Glop" ou "Pas glop" ?"

       

Oui, il est venu le temps des questionnements.
Pas toujours perspicaces, mais bon, c'est les vacances.

Ou encore à part la traire pour obtenir du lait, est ce que l'on peut manger de la brebis ? C'est vrai : on parle de côte d'agneau, de gigot, d'épaule de mouton, mais jamais de brebis. Eh bien, après recherche, la réponse est là : Y'a une brebis (la femelle), le bélier (le mâle) et l'agneau (le petit) et tout ça rassemblé en troupeau, ça devient des moutons..

Pour continuer mes interrogations, je me suis demandé également d'où venait l'expression "C'est une réponse de Normand" ; c'est à dire répondre de façon indécise.
Réponse d'Yves Lecouturier, historien à Caen :
"L’origine viendrait d’une ancienne loi normande donnant le droit à une personne ayant signé un marché de se rétracter dans les 24 heures. Ce qui faisait des Normands des personnes pas très fiables."

Pour faire un coup double en un, on peut également répondre à la question "Pourquoi dit-on rentrer au bercail ?"
Réponse : "Le bercail est à l'origine un troupeau de moutons. On a ensuite utilisé ce mot pour déterminer un lieu comme le point vers lequel il faut conduire les moutons où ils peuvent se reposer tranquillement." POURQUOI

BON BREF : aujourd'hui encore, pour ce blog, direction le bercail, c'est à dire  -en ce qui me concerne-  la Nièvre.
Lors des précédents billets, nous nous sommes rendus au musée de La Fabuloserie et nous avons fait du vélo en suivant le canal latéral à la Loire.
Que faire à présent ?

Eh bien, pourquoi ne pas aller à Urzy, en famille, pour déjeuner dans le magnifique cadre du restaurant La Table des Bordes que mes parents ont découvert dernièrement.
Chaque jour, le chef propose un menu unique avec, au choix, deux entrées, deux plats et deux desserts.

Ce jour là, c'était...
      
Americano et château                                 Ravioles d'écrevisses et... je sais plus

      
Filets de rouget accompagnés                        Tarte au citron revisitée

Très bon accueil, très beau cadre et sublime cuisine à partir de produits frais et cuisinés maison. Et un rapport qualité/prix rarement égalé !
Oui, je sais ce que tu vas dire : "Oh eh, c'est bon, "la cuisine fait maison", tous les restos disent ça, hein, eh, oh !"
C'est pas faux. Je me souviens notamment de cette carte certifiée à Dantxaria, en Espagne. 
    

Ah oui, là, eux, ils faisaient très fort : non seulement c'était de la cuisine maison-maison (c'est à dire deux fois plus que "maison"), mais, en plus, façon "la grand-mère".

Ici, à Urzy, non loin de cette rivière Nièvre qui se sépare en mille cours d'eau pour humidifier les champs environnants, la rigueur et la simplicité sont de mise. Il suffit de lire la première page du menu.

"Chère Madame, Cher Monsieur, 
J'ai fait le choix d'ouvrir cet établissement dans ces vieux bâtiments chargés d'histoire afin que chaque convive frappant à notre porte puisse profiter du cadre de ce domaine, vestige de notre patrimoine francais, trop longtemps laissé à l'abandon. 
Vieilles cheminées, vieux murs, vieilles poutres et vieilles tommettes n'ont de cesse de laisser filtrer poussières et courants d'air, malgré moultes tentatives pour les en empêcher. Le recouvrement de ces éléments vieux de quatre siècles par des matériaux récents et isolants me traversa l'esprit, mais fils d'architecte, je n'ai pu me résoudre à cacher ces décors classés au patrimoine. Aussi vous excuserez par avance ces pierres inégales, ces couleurs ternies par le temps, ces quelques poussières et toiles d'araignées que vous puissiez apercevoir, malgré notre ménage quotidien. 
Dans cet esprit d'authenticité vous trouverez les tables bancales du restaurant, dont les plateaux ont été taillés dans les arbres du domaine, de même que notre cuisine artisanale et traditionnelle. Elle se veut simple et savoureuse, cuisinée de produits frais et respectant les traditions culinaires ancestrales de notre Belle France. Michelin, Gault et Millau passez votre chemin... 
Attablé dans ce petit bistro aux murs de quatre siècles, je vous souhaite de profiter de la cuisine familiale du chef et que ces quelques heures vous restent un souvenir agréable. 
Au plaisir de vous revoir, »  Henri Joulie

       

Après ce bon déjeuner, nous aurions pu faire quelques kilomètres en voiture pour nous rendre dans un coin secret, au calme, non loin de Guérigny, au bord d'un étang sans nom, perdu quelque part dans les bois.

       

        

Puis se faire un petit barbecue au bord de l'eau
en fin de journée...

MAIS NON !

Pour digérer tranquillement mais sûrement, nous avons -toujours en famille-  pris la direction du Morvan pour faire une petite balade-randonnée digestive.

Direction Château-Chinon, bien connue ici, dans ce blog avec sa fontaine Nikki de Saint-Phalle, son musée du Septennat, son calvaire et tout ça et tout ça.
Aujourd'hui, concentrons-nous sur la campagne environnante. La balade-randonnée que nous allons effectuer aujourd'hui, nous l'avions déjà faite avec mon père à l'automne 2015. Je l'avais appelée "RETOUR VERS LE MORVAN" car elle était enclin aux souvenirs et à l'Histoire de cette partie du Morvan.

Aujourd'hui, nous allons raccourcir un peu le trajet avec pour objectif de rejoindre le Pont Bertrand avant de remonter à la chapelle de Montbois, puis redescendre dans la vallée d'Yonne pour remonter sur Château-Chinon par un autre sentier. C'est clair ? Non ? Aaaaaaah, je crois qu'il est temps de... sortir une carte !

Non, mais... ne cherche pas le soleil, les nuages, les orages et les températures ! Quand je dis "carte", c'est pas la carte météo : c'est la carte rando. Celle que nous allons faire maintenant avec Laura et mon père fait à peu près 15 kilomètres.
C'est parti.

Beau temps. Température agréable. Quelques nuages pas méchants. Nous partons de la rue Bibracte, qui doit son nom à... Bibracte. Qui était Bibracte ? Ou plutôt qu'est-ce que Bibracte ?
Eh bien, saches que Bibracte est l'ancienne capitale celte du peuple des Eduens. Important lieu d'artisanat et de commerces au Ier siècle avant J.C., ce site historique est situé dans le Morvan, sur le Mont Beuvray. Et pour se rendre sur ce lieu depuis Château-Chinon, il faut emprunter la rue Bibracte. Voilà.

Très vite, après être passés devant l'entreprise-magasin des Terrines du Morvan, nous rejoignons un sentier qui s'en va descendre dans la vallée d'Yonne en longeant champs et forêts.

         

Après une belle descente en forêt, nous arrivons sur la route des Mouillefers que nous traversons pour rejoindre celle des Moulins d'Yonne.
Lieu historique de Château-Chinon puisque c'est ici que se trouvaient les usines Morvan  -dont nous avons déjà parlé dans Retour vers le Morvan..
Petit rappel historique rapide : en 1923, pour utiliser une surproduction d'électricité de l'usine de la Pierre Glinotte, Louis Gallois, propriétaire, créa diverses activités, à commencer par une entreprise de broyage de vieux pneus, puis une manufacture de caoutchouc (semelles, chaussures de sport et de travail…) en 1928. En 1970 il ouvre une branche thermoplastique.
Le site ferme en 1979. Il connaît plusieurs reprises avant sa fermeture définitive. Aujourd'hui il appartient à la communauté de commune et héberge des PME (sources : Patrimoine du Morvan).

 Et aujourd'hui, ces usines Morvan  -qui ont employé jusqu'à 600 employés dans les années 1950-  ne sont plus qu'un long bâtiment fermé et cloisonné.

       

Pour plus d'informations sur les usines Morvan et son fondateur Louis Gallois, tu peux aller sur ces écrits : VENTS DU MORVAN. 

Nous passons le site et ses différents bâtiments en suivant le large sentier qui  -à un m'ment donné- nous rappelle que nous n'avons pas forcément intérêt à continuer.

Le large chemin suit un très petit canal dans lequel vient se mirer les arbres vosiins et quelques fleurs.

         

C'set une dérivation des eaux de l'Yonne qui permet d'acheminer de l'eau potable sur Château-Chinon. C'est mignon, c'est bucolique, on aurait presque envie de prendre une barque, un canoé ou un paddle pour voguer dessus. Mais, parfois, de manière impromptue et pas souvent évidente, des panneaux apparaissent encore pour nous rappeler que nous ne sommes pas loin de l'ancien barrage électrique.

Nous sortons du périmètre dangereux. Le chemin devient sentier et s'aventure en lisière de forêt appelée Crot de Lutz. Rien à voir avec l'acteur Alex Lutz que nous avons pu voir, notamment, dans "OSS 117, Rio ne répond plus".

Ici, pas de nazis ni de charron, mais des champs et, au loin, la rivière Yonne.

Non loin de cette première vision panoramique, nous passons à la Vernée, ou du moins "ce qu'il en reste".
Ici, dans les années 1950, il y avait un corps de ferme et une ferme habités. Abandonnés depuis quelques décennies, la nature reprend ses droits sur l'habitat créé par l'humain.

La Vernée en 2000

La Vernée en 2003

La Vernée en 2015.

La Vernée en 2023.

Plus impressionnante, la maison qui hébergeait les fermiers et qui se trouve juste en face dans la forêt qui a repris ses droits et son territoire.

La maison de la Vernée en 1983

La maison de la Vernée en 2015

  
  
La maison de la Vernée en 2023.

Nous passons la Vernée, toujours en suivant le petit sentier longeant un grand champ où, au loin, quelques vaches butinent... non... Quelques vaches broutent.

Nous les retrouvons un peu plus loin, curieuses et plus près. Elles se sont approchées des barbelés pour nous saluer.

                

Mais personne n'est dupe ! Elles ont beau être sympathiques et affectueuses, nous sachons le danger qu'elles représentent.

       

Oui, nous sachions que les vaches françaises polluent
et qu'elles émettent autant de gaz en un an que 15 millions de voitures !

C'est fascinant quand même ?! Je me demande combien de personnes ont bossé sur ce résultat ? Combien elles sont payées pour calculer ? Comment elles ont trouvé que c'était égal à l'équivalent de 15 millions de voitures sur un an ? Sont-ils en train de bosser pour trouver à combien de lancements de fusées d'Elon Musk qui explosent cela équivaut ? 

Regarde les ces pauvres vaches... Elles sont pourtant mignonnes. Et très demandeuses. regarde comme elles prennent bien la pause.

         

Devant une telle innocence et une telle mignonitude?
je n'ai qu'une phrase à dire...

Nous sortons de la lisière du bois d'Outron pour arriver à un croisement. La fameuse croisée des chemins.
Si nous partons à gauche, nous montons vers la chapelle de Montbois.
Si nous allons à droite, nous prenons la direction du légendaire Pont Bertrand.

Dans un premier temps, nous allons en direction du Pont Bertrand.
Nous traversons à découvert de grands espaces par un sentier recouvert d'herbes hautes en cette saison.

Quelques fleurs éparses bordent le chemin.
            

Quelques mètres plus loin, nous arrivons au pont Bertrand. 

Cet ouvrage permet de passer la rivière l'Yonne.
Au début des années 1950, quand mon grand-père paternel se rendait de Chagnon  -hameau situé un peu plus haut d'ici-  aux usines Morvan pour travailler, ce pont n'existait pas. Seul un tronc d'arbre permettait de passer la rivière. Parfois, les eaux de l'Yonne était si hautes qu'il fallait carrément prendre un autre chemin, plus long que celui que nous venons de prendre.

       

C'est en 1952 que les dirigeants des usines Morvan décideront d'ériger un pont en bois avec parapet pour permettre à leurs employés de se rendre au travail en toute sécurité et en toute saison.
C'est également ici, bien plus tard, dans les années 1980, que nous faisions nos pique-niques en famille chaque été. Des moments de belles convivialités.

       

Les photos argentiques ont pratiquement disparu, tout comme les diapositives. Aujourd'hui, c'est selfie avec téléphone portable, ou smartphone.

      

Tiens, d'ailleurs, en parlant de cela, quel fut le premier selfie ? Qui inventa cette technique photographique consistant à s'autophotographier dans un lieu ou avec des gens ?
Alors, c'est un peu compliqué parce que certains historiens considèrent que le premier selfie fut réalisé par le chimiste amateur Robert Cornélius qui, deux ans après l'invention de l'appareil photo, lorsqu'il captura sa propre image. Puis, dans les années 1850, la mode est au portrait. Mais c'est pas vraiment du selfie puisque c'est une personne qui prend en photo une autre personne.
Donc, faisons un grand pas en avant parce que c'est long là ?!
Et nous voici en septembre 2002 où, pour la première fois, le mot "selfie" est employé par un jeune homme ivre dan sel forum australien en ligne ABC online. Son utilisation est de plus fréquente à partir de 2004 avec l'apparition de réseaux sociaux comme Myspace.

Si on peut éventuellement retrouver la trace du premier selfie
réalisé par un macaque...

...il est difficile de trouver le premier selfie humain.
Pour ma part, j'ai cherché dans mes archives quelques selfies personnels.

Bon.
Tiens, je vais faire un no-selfie sur Salorges et le Pré-Jean.

Ah ben ouais,
c'est un panorama.

Et d'ailleurs, tiens, qui a inventé le panorama ? Hein ? Ouais, bon... On verra ça un autre jour.

Après cette petite pause souvenirs rafraichissante, nous rebroussons chemin. Non pas parce que nous sommes épuisés ou que la météo est en train de changer, mais tout simplement parce que si nous continuons tout droit, nous nous lancerions vers une grande randonnée de trois jours. J'exagère, mais BREF : nous reprenons el sentier par lequel nous sommes arrivés jusqu'au Pont Bertrand.

Arrivés au croisement des chemins, nous allons cette fois-ci en direction de la Chapelle de Montbois.
Le chemin monte sec. Il est bordé d'arbres divers dont les racines apparaissent à nu en bord de butte. J'ai rien compris à ce que je viens d'écrire, regardons cette photo.

Oui, voilà, on comprend mieux. Ces bordures sont de vrais nids à renard.... Non ! Ces bordures sont de vrais terriers à renards.
Nous montons. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à hauteur d'une ferme que nous dépassons allégrement pour rejoindre le sentier allant jusqu'à la chapelle de Montbois. Mais, soudain...

Ah ben oui, on en l'a pas vu venir c'te giboulée ?!
On attend un peu que ça passe...

Mais au bout de 10 minutes,
force est de constater que ça ne passe pas bien vite.

L'arbre sous lequel nous nous trouvons ne nous protège plus de la pluie.
Une solution de repli est alors envisagée. Nous retournons à la ferme et à son hangar pour nous mettre à l'abris et sécher.

      

Sous les regards interrogateurs des habitantes du lieu.

Finalement, trois jours plus tard, la pluie s'est enfin arrêtée. Non, j'déconne.
Quelques minutes plus tard, la pluie est passée. Nous pouvons reprendre notre balade en allant grimper la butte de la chapelle de Montbois. 

 Quelques fleurs...

Et voici la chapelle.

      

Nous sommes à 461 mètres d'altitude, très précisément.
Construite en 1588 par la famille Sallonyer, la chapelle de Montbois est dédiée à Saint-Roch, un saint qui avait consacré sa vie à soigner les pestiférés. C'est d'ailleurs suite à l'épidémie de peste bubonique qui sévit dans la région en 1588 que la chapelle fut édifiée.

La chapelle était l'objet d'un rite thérapeutique: les femmes y amenaient leurs enfants pour qu'ils marchent de bonne heure. Trois statues qui étaient dans la chapelle sont aujourd'hui au musée du costume à Château-Chinon: St Gengoult, St-Roche et la Sainte Vierge.

De plan rectangulaire et sa nef à trois pans, éclairée par deux petites baies latérales, couverte en ardoise avec son porche couvert, elle a gardé tout son charme. Restaurée en 1991 elle est très bien entretenue. 

La chapelle propose également une magnifique vue sur la vallée d'Yonne.

Bon, oui, OK, c'est vrai que les sapins obstruent un peu la vue, mais bon, hein, voilà.

Il ne nous reste plus qu'à redescendre en direction de la vallée d'Yonne avant de remonter sur Château-Chinon.
Une belle petite balade sur un air de Morvan...