UN DIMANCHE RECONFINÉ, le matin (40)

Y'a un truc que la Covid19 ne nous a pas enlevé, c'est le dimanche. Et depuis le samedi 29 novembre, nous avons un peu plus de marge quant à notre liberté de sortir.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Alors ? On est toujours confiné ou pas làààà ?
Eh ben ouais. Mais un peu moins.
Par exemple, les commerces non essentiels peuvent réouvrir (pour ceux qui n'ont pas mis la clé sous la porte). Par contre, il ne peut y avoir en leur sein qu'une personne pour 8m2. Autrement dit, si ton magasin fait 16m2, tu as droit à deux clients. Mais si la surface de ton magasin est prise par 9m2 de meuble et d'articles divers, eh ben... hein... bon.
DONC : un client pour 8m2. Les autres attendent dehors en attendant que l'espace se libère. On a bien compris : cette règle est là pour éviter que les gens soient les uns sur les autres dans un magasin. Alors, en attendant que des places se libèrent à l'intérieur, on fait la queue dehors. Par contre, pas de délimitation !

Photo : La voix du Nord

Ahlalalala, c'est pas facile tout ça quand même ! Ouvrir les stations de ski, mais pas les remontées mécaniques. Ouvrir les cantines des écoles, mais pas les restaurants. Aaaaaah, c'est pas facile, on comprend pas tout. Seul le journal Le Gorafi parvient à nous éclairer sur ces nouvelles règles.

                         
Photo : Le Gorafi

Voilà, c'est plus clair.

C'est dimanche ! Repos. Le gouvernement a autorisé les Françaises et les Français à se déplacer pour faire du sport dans un périmètre de 20km pour une durée de trois heures.
Attention : cela ne veut pas dire que l'on est obligé de courir pendant trois heures en allant jusqu'à 20 km de son lieu de résidence. Mais t'es pas obligé, hein !

 Pareil pour l'île d'Ouessant, t'es pas obligé d'aller te balader jusqu'à 20km autour de ton domicile... De toute façon...

On continue à feuilleter un peu les infos spéciales Covid19...

           

Et puis, tout le monde attend le fameux... les fameux vaccins. Enfin, tout le monde... Un peu moins de la moitié de la population française. Il semble pourtant que cela soit le seul moyen pour sortir de cette crise sanitaire. Peut être que les Français sont dans le doute face à l'émergence de plusieurs vaccins issus de différents laboratoires de différents pays. un peu comme une compétition, une concurrence, une course à l'argent.

             

Et pour en finir avec la presse, saluons la nouvelle venue d'un nouveau magazine qui n'en est pas vraiment un puisqu'il change de titre à chaque édition et qu'il ne se compose que d'une couverture.

Photos : Le Kiosque

Bon, voilà pour la revue de presse. Voyons maintenant ce que l'on peut faire pendant un dimanche confiné-déconfiné.
Eh bien, on peut se replonger dans le tri de photos faites lors des grandes sorties.

SOUVENONS-NOUS...

Par exemple, je me souviens être allé à Labenne-Océan quelques semaines avant le reconfinement. La raison : j'avais vu par satellite la présence de blockhaus que je n'avais jamais vus au sud de la plage centrale.
Et là, tu me dis : "Putain, mais c'est cloque, merde ! Des blockhaus, quoi ! Des trucs en béton construits par des nazis !"
Et je te répondrais que, un, il n'y a pas que des nazis qui ont construit des blockhaus. La preuve, ceux de Labenne-Océan ont été édifiés par la population locale, comme ce fut le cas sur la majeure partie de la côte Atlantique où les entreprises françaises du BTP (près de 300000 employés) ont été réquisitionnées pour édifier ce que l'on appellera le Mur de l'Atlantique, conçu sur le papier par l'organisation Todt, sur 4000km de côte, du sud de la France au nord de la Norvège.
Et ensuitement, deux, les blockhaus, c'est aussi aujourd'hui de la couleur, des mots, des structures effondrées qui donnent "vie" à d'autres interprétations. Mais oui, oh : faut pas voir le mal partout comme ça, hein.
Tiens, allez, voici les photos prises par une belle journée de fin d'été à Labenne-Océan, de l'autre côté des dunes, à hauteur des bâtiments de la colonie Danielle Casanova.

LABENNE-OCEAN,
Un océan, des blockhaus

Pour atteindre ces quelques blockhaus échoués sur la plage, il faut se garer soit à hauteur de l'allée du Languedoc, soit devant l'allée de Savoie, soit au bout de l'allée de Provence. Choisis ta région.
Perso, j'ai opté pour le Languedoc car je trouve qu'ils ont fait des progrès au niveau de leurs vins.
Je monte ensuite sur la dune en suivant le chemin proposé entre deux clôtures. Clôtures présentes pour préserver cet espace naturel souvent piétinée à tort et à travers par touristes et locaux.
Je m'élève doucement. Sur ma gauche, les bâtiments fantomatiques du centre de vacances Danielle Casanova sont encerclés par le sable fin. Il y a quelques mois, la gérante prévenait la presse que d'ici quelque temps, son établissement serait complètement recouvert par le sable. La dune recule.
"La dune est une digue artificielle, créée par les hommes. Si on ne la répare pas, c'est tout le monde qui risque d'être envahi par le sable, à court ou moyen terme" souligne Cyrille Inion, également gérant du centre de vacances. (Cf : France3 région)
Ces bâtiments ont été construits dans les années 1950 à partir d'anciens blockhaus. Mais la question que je me pose à ce moment précis, face à ces bâtiments isolés, enclavés, est : qui était Danielle Casanova ?

DANIELLE CASANOVA
Militante communiste et résistante, Vincentella Perini, surnommée Danielle Perini puis Casanova est née le 9 janvier 1909 à Ajaccio. Elle a été responsable des jeunesses communistes et a fondé l'Union des jeunes filles de France. Lors de l'interdiction du PCF en septembre 1939, Danielle Casanova passe dans la clandestinité, participe à la mise en place des Comités féminins en région parisienne et dans la zone occupée et participe à l'implication des luttes armées de la jeunesse communiste à partir de juillet 1941.
Elle est arrêtée par la police française le 15 février 1942 alors qu'elle ravitaillait Georges Politzer et sa femme en charbon.
Elle est d'abord conduite au dépot où elle reste jusqu'au 23 mars 1942 avant d'être transférée à la prison de la Santé où elle est détenue au secret, dans une cellule qu'elle partage avec deux autres prisonnières. Elle y poursuit une résistance active, comme l'organisation d'un bulletin d'informations journalier transmis de cellules en cellules par les prisonnières à travers les fissures du plancher. Découverte, elle prend une semaine de cachot. Quelques semaines plus tard, avec d'autres prisonnières, elle casse un carreau de la fenêtre de leur cellule et en profite pour crier des informations, des projets et des encouragements aux priosnniers masculins situés en face.
Le 24 août 1942, elle est transférée au fort de Romainville où elle ne cesse jamais de militer, organisant publications et manifestations clandestines.
Elle est déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943 où elle servira dans l'infirmerie du camp en tant que chirurgien-dentiste. Elle profitera de cette situation pour pour tenter d'obtenir aux déportées qui sont venues par le même train qu'elle des postes de travail moins durs et leur transmet de la nourriture quand elle le peut.
Elle meurt du typhus quelques moins plus tard, le 9 mai 1943.
SOURCES : WIKIPEDIA

Une fois la colonie passée, j'arrive au sommet de la dune, face à l'océan. Sur la plage, du bois flotté éparpillé et des blocs de béton un peu partout.

On se croirait sur une autre planète.
J'avance en direction des blockhaus en suspension sur la dune. En bas de celle-ci, une sorte de grande plaque s'est affaissée sur la plage. On dirait des pistes de décollage. Bon, u peu courtes certes, mais bien inclinées. Le genre de piste un peu surréalistes que tu emprunterais pour aller dans l'espace très vite, vois-tu. Hein ? Ok, j'arrête.

              

En fait, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les nazis avaient installé une base radar à Labenne-Océan. Mais il ne me semble pas que cet "ensemble" en fasse partie.
Je contourne ce gros bloc incliné en regardant les grafs, tags et fresques qui ont recouvert son gris d'origine.

         

Puis je monte sur la dune pour dominer le tout.

          

En haut de la dune, je découvre le tag écrit-dessiné sur la face Est du blockhaus.

Ah ok, d'accord ! "L'enfer, c'est les autres"
Bon. Pourquoi pas. Est-ce que Jean-Paul Sartre serait heureux de retrouver sa citation à cet endroit ?
Et que veut dire cette sentence pour le philosophe-écrivain français ?

"'L'enfer, c'est les autres' achève la pièce de théâtre Huis Clos, écrite en 1943. Huis Clos relate l’arrivée de trois personnages en enfer. Deux femmes et un homme cherchant à comprendre ce qui a pu les y conduire et quel est leur châtiment. Ils comprennent rapidement qu’il n’y a pas de bourreau, car chacun des deux autres est le bourreau pour le troisième. Leur châtiment consiste à vivre pour l’éternité tous les trois, à coexister, à se détester et à se supporter. (...)
La conscience n’est pas seule au monde. Elle doit s’arranger avec les autres consciences, lutter pour exister. (...) Le regard d’autrui m’expose, me rend faible et fragile, me rend objet pour lui.(...)
Le seul moyen de défense que l’homme a à sa disposition est de transformer autrui, à son tour, en objet. Il faut se délivrer d’autrui, lui échapper pour se réapproprier soi-même et le monde qu’autrui lui vole. La conscience invente ce subterfuge pour continuer à exister en tant que sujet. Or autrui tente de résister à cette tentative de subordination. Ce qui ouvre une véritable lutte des consciences, dans laquelle je ne peux être reconnu par autrui que si je parviens à l’objectiver. Sartre a donc une vision conflictuelle des relations entre consciences.
Huis clos illustre parfaitement la difficile coexistence des consciences, le fait qu’autrui est ce qui m’aliène et m’enferme dans une nature donnée, ce qui me prive de ma liberté." LA PHILOSOPHIE.COM

Voilà, ça, c'est dit. Je retourne à la voiture.

Et du coup, je sors de ma léthargie et de mon voyage immobile à trier des photos de blockhaus pour me rendre compte qu'il est l'heure de l'apéro.

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous verrons ce que nous pouvons continuer à faire à l'heure de l'apéro quand on est confiné à ne pas pouvoir bouger à plus de 20 km autour de chez soi sans voir personne.