Un air dans la tête (64)

Il est des matins où tu lèves avec une chanson dans la tête sans trop savoir pourquoi c'est celle-ci et pas une autre alors que rien ne semblait la destiner à venir dans ton esprit à ce moment précis.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

C'était pas gagné la veille.
En effet, on peut le dire, l'autre soir, à Mouguerre, à l'heure de l'apéritif, tout allait bien.
La nappe était dressée, le pastis était frais, les amuse-gueule étaient bons,
Marcel était affalé sur la table comme une otarie bourrée à la bière...
        

Et puis soudain, le soleil a peu à peu disparu, tout s'est assombri. Le ciel s'est soudainement recouvert d'un épais tapis de nuages étonnants et chargés... En même temps, je ne sais pas si on peut parler de tapis quand on regarde le ciel alors qu'un tapis est généralement un ouvrage fait de fibres textiles, le plus souvent étendu sur le sol ; et non au plafond.

Et puis, finalement, le lendemain matin, tout allait bien.
Le beau temps était revenu et j'avais alors cette chanson dans la tête, sans trop savoir s'il y avait un rapport avec la journée d'hier et ce brutal changement météorologique.

Peut être parce que c'était dimanche. Hein ? Non, ben, moi non plus, je ne vois pas trop le rapport.
Ah mais si, ça y est !
Hier soir, après le passage de ces gros nuages, je suis allé voir El Galeón (Galeón Andalucía) au quai Edmond Foy, à Bayonne.

Alors oui, je suis d'accord : on ne voit pas grand chose, mais je n'y peux rien, il faisait nuit. Et puis, cela donne à cette réplique d'un galion espagnole quelque chose de mystérieux et d'imprenable.
Il y a tout de même quelque chose d'incomplet. Et peut être alors est-ce pour cela que ce matin, au réveil, j'ai cette chanson de L'Affaire Luis Trio dans la tête.

"J'irai voir, tôt ou tard
Si les sirènes existent
Sur le dos des baleines
Je suivrai leur piste
Car nul ne résiste
Au charme doux
De leur chant d'amour
J'irai voir, tôt au tard
Si les sirènes insistent
Sous les flots qui m'entraînent
Je suivrai leur piste
Car nul ne résiste
Au charme doux
De leur chant d'amour..."

"Mobilis in mobile" est la devise du capitaine Némo et de son Nautilus dans "Vingt mille lieu sous les mers". Pour L'Affaire Luis Trio, cet album sorti en 1993 est un tournant musical avec un style plus mélancolique, entièrement écrit et composé (sauf les chansons Vers des jours meilleurs et Les éléphants sont contagieux) par Hubert Mounier alias Cleet Boris. 
"À l’origine de L'Affaire Luis Trio, ce sont les frères Mounier, Hubert et Vincent, qui décident de se lancer dans une aventure musicale. Doués pour la musique et le chant, ils montent un groupe, et cherchent un partenaire pour démarrer un trio. Après quelques mois de prospection, ils recrutent leur troisième membre en la personne de François Lebleu. Chaque membre a son sobriquet. Hubert Mounier est Cleet Boris, Vincent Mounier est Karl Niagara et François Lebleu est Bronco Junior. Ces surnoms ne sont pas sans rappeler l’univers de la bande dessinée. Et pour cause, un des membres est aussi un auteur de BD." NOSTALGIE

Bon bref : ce matin, je ne vais donc pas aller voir les sirènes, ni aller sous les flots, mais bel et bien au quai Edmond Foy afin de revoir de jour El Galeón.

Équipage : 12 hommes

Année de lancement : 2010

Longueur hors-tout: 51 m

Longueur de coque : 38 m

Maître-bau : 10,12 m

Tirant d'eau : 3,40 m

Voilure : 590 m²

Pavillon : Espagne

             

"El Galeón ou Galeón Andalucía est la réplique d'un galion espagnol du XVIème siècle conçu et construit par Ignacio Fernández Vial après un long processus de recherche historique.
C'est une reproduction des galions des flottes de la Nouvelle-Espagne, de Tierra Firme et du galion de Manille, qui depuis les ports espagnols ont commercé au cours du XVIIème siècle avec divers ports d'Amérique et d'Asie.

        

Le bateau mesure 51 mètres de longueur hors-tout et 3,40 mètres de tirant d'eau. Son pont principal porte un beaupré et trois mâts avec sept voiles. La poupe est décorée d'une représentation mariale, l'Esperanza de Triana, dont une réplique se trouve également dans le carré des officiers.
La structure est en bois de chêne, d'iroko et de pin avec un revêtement en fibre de verre. Bien qu'il soit une réplique, il inclut la technologie du XXIème siècle, particulièrement pour garantir la sécurité à bord." WIKIPEDIA

              

Ah oui, il est impressionnant ! Et puis de savoir qu'il brave les vagues et les océans du monde entier lui confère quelque chose de gigantesque et de... sauvage.

Ceci étant fait, je prends à présent la direction du pays basque intérieur ; et plus précisément la direction de Sare.
Pourquoi Sare ? Eh ben, parce qu'il faut que je passe par Saint-Pée-sur-Nivelle.
OK, c'est pas le chemin le plus court quand on part de Bayonne.

Une fois arrivé à Sare, je me dirige dans l'église du village ; tout simplement parce que je n'étais jamais rentré dans cet édifice. Et peut être aussi parce que parfois, on dit des églises basques qu'elles ressemblent à un bateau avec leur structure intérieur composé de bois.

SARE

             

L'église Saint-Martin de Sare est située au centre du bourg, partie composante du triptyque basque église-fronton-mairie. Edifice fortifié, elle fut construite au sommet d’une colline indiquant l'ancienneté d’un noyau de peuplement cherchant à se mettre à l’abri des convoitises des brigands.

          

Son clocher-tour de cinq étages s'élève à 30 mètres de hauteur. Il contient la cloche la plus sculptée de France, mais il servait également de poste de surveillance du cirque de frontière qui suit la ligne de crête.
Ses premières constructions remontent au XIIème siècle, puis elle est surélevée au XVIIème siècle.
Sur le mur du clocher, au-dessus de l'horloge, se trouve une plaque portant l'inscription : "Oren guziek dute gizona kolpatzen azkenekoak du hobirat egortzen" ("toutes les heures blessent l'homme, la dernière l'envoie au tombeau").
La décoration intérieur de cette église est classée par le Ministère de la Culture depuis 1982. L'orgue de l’église, œuvre de Gaston Maille, est en place depuis 1904. Mais ec sont également les trois étages de galeries en chêne sculpté, et leurs balustres en bois tourné, qui captent l'attention.

Je quitte Sare... Ah tiens, sur le bord de la route... Un nouveau style de transport aménagé...

"Ez ga denak hor" qui se traduit par "Nous ne sommes pas tous là".

Je passe rapidement par Cherchebruit afin de récupérer Mélanie et de prendre des nouvelles de Kiki le coq.
Et que fait Kiki aujourd'hui ?
Eh bien, Kiki est vraiment un coq qui vit avec son temps car il a créé son propre compte TikCok et a fait sa première vidéo.

Bravo Kiki !

Bon bref : je récupère Mélanie et nous nous dirigeons vers la côte, non sans passer à hauteur de l'arbre qui caresse les nuages.

Hein ? Hein ? Hein ? Ses longues branches dénudés semblent vouloir gratter le ciel. Peut être pour évacuer les restes nuageux de la veille...

Oui parce qu'entre Bayonne et Sare, le ciel s'est un peu recouvert et lorsque nous arrivons à Bidart pour boire un verre vite fait au bar-resto Bleu-Blanc-Jaune, eh bien nous devons nous abriter sous la terrasse-comptoir-paillote avec une vue imprenable sur la plage Uhabia maintenant désertée.

BIDART

C'est également de la plage d'Uhabia que part la Voie Verte, une promenade de six kilomètres partagée entre piétons et cyclistes. Elle part de l'estuaire de l’Uhabia, puis longe ses berges, puis contourne le bassin de rétention d'Ur Onea et se poursuit jusqu’au moulin de Bassilour. Elle est ensuite prolongée par une piste cyclable jusqu’à la technopole Izarbel.
Tout au long du parcours, ce cheminement est aménagé de haltes nature avec des tables de lecture et permet de découvrir l'ouest de Bidart différemment.

Petite bruine qui ne traverse pas le toit de la terrasse-paillote.
Mais dans le Pays Basque, la météo change vite avec ses fameuses entrées-sorties maritimes.

Eh oui, quelques minutes et deux apéros plus tard, revoici un beau ciel bleu accompagné d'un soleil virulent.
Nous prenons la route du sud en direction de Guéthary pour passer ensuite à Acotz. Nous nous garons dans le chemin de Chibau Berria pour rejoindre la plage d'Erromardie à pied.

Une fois la plage atteinte, nous nous posons à la Guinguette Erromardie.

ERROMARDIE

Un endroit idéal pour débattre sur la bonne boisson à boire pour faire un débat sur les questions du moment, telles que...

            

Ou tout simplement lancer une invitation :
"Je vous attends nombreux au salon Apéro-des-alcooliques-anonymes sur la plage centrale d'Erromardie en toute discrétion
Notre nouveau sponsor Ricard-transat nous a gracieusement offert ces nouveaux pose-fesses-anonymes afin que nous philosophions ensemble et tranquillement sur les méfaits de l'alcool et... Oh putain qui c'est qui m'a piqué mon verre merde, putain mais ohhhh !!!!!????"

Ou tout simplement profiter des terrasses de bar-restaurant enfin libérées, tout comme les plages de fin d'été.

       

Prendre le temps d'écouter l'océan, le silence revenu, les oiseaux qui passent...

Et puis repartir.

Passage à Socoa pour voir si les panneaux, le fort et le port sont toujours bien en place...

SOCOA
         

"Socoa était un petit port de pêche depuis le moyen-âge, période où il abritait les embarcations servant à la chasse à la baleine.
L'ensablement et le changement de lit de l'Adour fin du XIVème siècle entraîne le déclin du port de Bayonne et engendre une hausse de l'activité du port de Saint-Jean-de-Luz qui devient exigu. Dès 1530, le port de Socoa, alors sur la commune d'Urrugne, est pressenti pour accueillir une quarantaine de navires et les travaux de construction du port débutent en 1617, sous une gestion tripartite, Urrugne, Saint-Jean-de-Luz et Ciboure.
Il est constitué de trois digues : la digue du marégraphe, la digue sud et la « petite digue » et d'un bassin s'asséchant à marée basse.
Aujourd'hui, le port de Socoa, sur la commune de Ciboure, accueille essentiellement des petites embarcations pour la pêche ou le loisir, ainsi que les « battelekus », bateaux traditionnels aux coques colorées, participant notamment au trophée Teink." SAINT-JEAN-DE-LUZ.COM

J'aime bien Socoa. C'est tranquille. Ce petit port bien blotti entre ces remparts. Cette tour circulaire crénelée du fort ordonnée par Louis XIII en 1627, puis remanié sous Louis XIV par Vauban. J'aime bien aussi ces terrasses de restaurant et puis cette grande digue sur laquelle, par forte marée, les vagues apparaissent et disparaissent dans de grands gerbes blanches.

ALLEZ REPARTONS !
Allons à Anglet voir l'Hermione afin de finir cette journée comme elle a commencé, par un regard sur un bateau.
Nous longeons la côte basque par Guéthary, Bidart, Biarritz, Anglet... 

Petit arrêt à la plage des Dunes,
bien désertée en cette saison.

Le tunnel qui relie la route à la plage a pris
des couleurs et de la lumière.

Et nous arrivons sous un ciel à nouveau nuageux à la forme de Radoub, dans le port de Bayonne, à Anglet. Oui, c'est comme ça : le port de Bayonne se trouve à Anglet.
L'Hermione, réplique de la frégate de La Fayette, est arrivée le 16 septembre dernier à Bayonne pour être mise en cale sèche et "subir" plusieurs réparations pendant quelques mois.

L'HERMIONE

"A la fin du XVIIIe siècle, la France est à nouveau à la tête d’une flotte puissante, capable de rivaliser avec la Royal Navy. Cette rivalité s’explique par les enjeux économiques, représentés par les possessions coloniales de chacune des deux puissances maritimes. La révolte des 13 colonies américaines donne l’occasion à la marine française de prendre sa revanche sur son ennemi. Pendant cette période, les arsenaux français tournent à plein régime. Ainsi à Rochefort, en 1779, 4 frégates sont mises en chantier et 13 frégates sont lancées entre 1777 et 1780. (...)
L’Hermione est une frégate de 12 armée de 32 canons au XVIIIe siècle : 26 canons de 12 sur son pont de batterie et 6 canons de 6 sur son pont de gaillards. Le chiffre de 12 correspond à 12 livres (unité de mesure au XVIIIe siècle), soit un peu moins de 6 kilos.
Mesurant 66 mètres de long hors tout sur 11,5m de large, sa mâture est constituée de trois mâts verticaux aux dimensions modulables, d’une superficie de voiles pouvant atteindre 3300m² et un gréement complexe de 26 km  de cordages, nécessitant un équipage de 250 à 300 personnes.(...)" FREGATE HERMIONE.COM

Pour plus d'infos sur L'Hermione, son histoire, sa construction, son association, ses visites : L'HERMIONE.COM.

            

Après cette rapide et lointaine rencontre  -la visite du bateau est prévue à partir de mi-octobre-, nous retournons au parking pour récupérer la voiture, non sans passer devant le Kraken.

"Le Kraken, gardien de l'Adour, créature fantastique issue des légendes scandinaves médiévales.
Le manteau de Kraken mesure jusqu'à 25 mètres de longueur et ses bras jusqu'à 100 mètres. Son poids peut atteindre les 8000 kilos. Sa durée de vie est inconnue.
Sa répartition géographique est mondiale. On le trouve en abondance dans les estuaires des grands fleuves et les rivages des agglomérations.
Il se cache dans les rochers et occasionnellement dans les fonds sableux. Le Kraken entreprend parfois la construction d'un refuge.
A l'aide de ses bras musclés et de ses centaines de ventouses, il transporte et entasse débris et ordures pour former une sorte de lanière dans laquelle il se tapit.
Détritivore, le Kraken se nourrit principalement de poutrelles métalliques, de bidons plastiques et de bois flotté. Cependant, il mange à peu près tout ce qu'il peut attraper. Le Kraken chasse terré dans les trous.
A l'aide de ses bras extensibles garnis de ventouses, il attrape et immobilise sa proie avec une vitesse stupéfiante."

Bon ben écoute, c'est bien tout cela, mais voici qu'une éclaircie de fin de journée pointe le bout de son nez. 
Allons finir ce petit périple imprévue et aléatoire du côté de Villefranque, à la Guinguette qui s'est montée il y a quelques semaines.
Eh oui, encore une guinguette ! Boire un dernier verre, non pas face à l'océan, mais en bord de Nive. Et regarder le soleil disparaitre peu à peu...

               

La définition de la guinguette est :
"À l'origine, une guiguette est un cabaret populaire de la banlieue parisienne officiant aussi comme restaurant et, souvent, comme lieu de bal. L'origine la plus probable du terme est le mot 'guinguet', désignant un petit vin blanc aigre et bon marché produit en Île-de-France." WIKIPEDIA 

Retour à Mouguerre. Fin de journée. Constater que le ciel n'est pas le même que la veille.