Follainville-Dennemont (78)

26 juillet 2010

Le temps des vacances, c 'est aussi le temps où il est bon d 'aller retrouver quelques amis pour faire quelques trucs.
Cette fois-ci, direction la région parisienne !

Et pour rejoindre le nord de la Nièvre, il me fallait emprunter, dans un premier temps, cette incroyable A 77, baptisée Autoroute de l 'Arbre, sur laquelle défilent noms exotiques de plantes (aire du Liquidembar, belvédère de l 'érable, borne de secours de l 'acajou de Chine) et panneaux de villes environnantes, telles que...

"Tout un art guerrier se dévoile devant le visiteur
au château de Saint-Brisson-sur-Loire."
Ici, la catapulte, terme correspondant à la forme latinisée du mot grec καταπέλτης - katapeltes, derivé de κατά- kata « transpercer » et de πάλλω - pallo « bouclier ». La catapulte semble avoir été inventée en 399 av. JC à Syracusse en Sicile sous le règne du tyran Denys Lancien et l’un des premiers utilisateurs aurait été Onomarchus de Phocis.

Assez différente finalement de son modèle contemporain :

BREF : catapulte ou pas, j 'arrivais à présent dans les traditionnels bouchons parisiens. Bouchon à la sortie de l 'A6, bouchon à l 'entrée du périph'. Bouchon sur le périph'. Bouchon à la sortie du périph'. Direction le Val d 'Oise ? Bouchon dans le Val d 'Oise ! Tout ça quoi !

Une fois dans le Val d 'Oise,
il convient de faire un point.

Autour de quelques verres qui nous faisaient parler du beau temps et des dernières nouvelles de tout à chacun, une sorte de kermesse artistique s 'ouvrait malgré nous.

Bonnie, 4 ans et demi, s 'était lancée dans la confection d 'un porte-nouilles,
peut être inutile, mais ô combien original...

De mon côté, je profitais de son inattention
pour redécorer sa maisonnette
afin de la transformer en une sorte de bar lunch.

Pendant que, non loin de là,
la mystérieuse Joconde de Leonardo De Vinci
profitait de cette effervescence artistique
pour faire quelques tours de balançoire...

... en compagnie d 'un nouvel ami que nous baptisions Cra...

...un membre actif des D.S.P.C. (Défenseurs des Shampoings Pour Chauves).

Tout ça était bien joli,
mais cela ne nous disait pas
où nous pourrions nous lancer
pour découvrir la région.

Soudain, Yannick sortit son téléphone-portable-internet-appareil-photo-cutter-ouvre-boite-tronçonneuse-siège-éjectable-four-à-pain afin de nous dévoiler une photo qu 'il avait prise à Follainville-Dennemont quelques jours auparavant.
Il chercha dans ses archives jusqu 'à ce qu 'il prononce un retentissant : "Ah ! Voilà !"
Il nous montra la photo en question. Nous la regardâmes. Intrigués, interloqués, dubitatifs que nous étions face à ce cliché étonnament hors de propos.
Il nous dit : "Hein ? Hein ? Hein ? Quand même ! Eh, hein !"
Oui, il avait raison. Pas de doute possible : c 'était bel et bien là que nous devions nous rendre aujourd 'hui !
Pourtant, tous les gens présents déclinèrent l 'offre, sauf Céline et Bonnie, remontées comme des pendules.
Parfait ! Une fois tout ce beau monde embarqué dans la bagnole, il n 'y avait plus qu 'à tracer pour que cette aventure prenne le titre mémorable de...

SUR LA ROUTE DE
FOLLAINVILLE-DENNEMONT

Bien sûr, cet intitulé n 'avait strictement aucun rapport avec une chanson d 'Eddy Mitchell.
D 'autant que l 'intérieur de la voiture était littéralement aspergé des notes et des paroles d 'une chanson que Bonnie, toujours 4 ans et demi, tenait à écouter en boucle...

Certains diront que ce n 'est pas une chanson pour un enfant de cet âge, mais Bonnie a toujours été un peu précoce. Et puis si tu avais vu son regard et sa posture déterminée, tu te serais dit : "Peut être qu 'elle ne comprend pas toutes les paroles aujourd 'hui, mais, plus tard, son inconscient fera le reste et c 'est elle qui ré-organisera la société."
Toujours est-il qu 'à un moment donné, nous avons quand même coupé le poste-CD car cela devenait inquiétant.

Bon, dans un premier temps,
nous passons par cette étape incontournable
qu 'est Auvers-Sur-Oise.

Nous en avons déjà parlé sur ce blog à plusieurs reprises (par exemple : ICI), mais, comme
c 'est une étape incontournable, on ne peut pas la contourner. Voilà, c 'est comme ça ! C 'est un peu comme les gens qui ne peuvent pas s 'empêcher de boire du rosé parce que c 'est l 'été.

AUVERS-SUR-OISE

Et à Auvers-sur-Oise, en ce samedi de juillet un peu quelconque sur les bords, force était de constater que tous les cyclistes ne faisaient pas le tour de France puisqu 'une bonne dizaine
d 'entre eux, tout de bleu vétus, comblaient les terrasses de la ville, armés de chaussures qui claquent et de demis de bière bien frais.
Ils étaient là, devant les bars, avec leurs verres à la main, leurs casques sur la tête, leurs gants sans doigts à parler de je-ne-sais-quoi dans un bruit continuel de claquements de talons métalliques sur du ciment.
Quoi dire de plus sur Auvers ?

Les pierres tombales des frères Van Gogh ont été nettoyées
et des fleurs ont été rajoutées pour faire plus joyeux...
AVANT

MAINTENANT

Un pichet de vin avec deux verres ont été posés sur la table faisant office de terrasse fermée devant l 'Auberge Ravoux...

... là où le peintre s 'est soudainement exlamé un certain 27 juillet 1890 :
"Bon eh, Ravoux, je vais finir une toile dans un champ plein de corbeaux et je reviens te payer tout ce que je dois après !"

Autre nouveauté à signaler,
ce nouvel objet-marketting :

Non, ce n 'est pas un porte-nouille.
Non, ce n 'est pas la bestiole de Brassempouy qui aurait muté en Van Gogh.
Oui, il s 'agit bien d 'une gomme à l 'effigie de l 'artiste batave.

Alors, des fois, tu te dis : "Mais où s 'arrêteront-ils ? Quelle autre idée tortueuse vont-ils trouver ces marchands de Van Gogh ?"
C 'est vrai ! Après la gomme Van Gogh, pourquoi pas le cale-porte Van Gogh, le balais à chiottes Van Gogh, les écouteurs-oreille Van Gogh, le tire-bouchon Van Gogh, la balle anti-stress Van Gogh, le string Van Gogh,... Bon, hein, aussi, alors !

Ceci étant fait, il ne nous restait plus qu 'à reprendre la route...

Traversons le Vexin.

C 'est une région tranquille, composée de champs,
de champs et de champs avec, parfois, aussi,
des pylones électriques dans ces champs
qui émettent un bruit sourd et continu,
peu rassurant de prime abord pour notre santé,
mais tellement encourageant quant au développement technologique
de cette région à première vue isolée.

Mais le Vexin,
ce sont aussi des découvertes,
comme ce panneau à l 'entrée de Saint-Clair-sur-Epte

Selon René Musset :
« La Normandie est née d'un hasard historique,
le don d'un territoire à un chef de bandes scandinave,
Rollon, mais d'un territoire qui, de longue date, se dessinait».
Suite à sa création en 911 par le traité de Saint-Clair-sur-Epte
entre le Viking Rollon et Charles Le Simple
sur une portion de l 'ancienne Neustrie.

Et le Vexin, c 'est aussi la Seine
que nous retrouvons à hauteur de...

LA ROCHE-GUYON

La ville, vue du donjon du chateau

Je ne sais pas si cela provient de l 'architecture des lieux et de la présence de ces falaises de craie mêlées au gris des façades des maisons, mais à chaque fois que je passe ici, je pense au nazisme.
Je crois qu 'aujourd 'hui, il est grand temps de tenter de comprendre pourquoi.
Et c 'est en fouillant dans l 'Histoire du village que j 'ai pu satisfaire mon inconscient et prendre connaissance de ce que cet endroit avait représenté lors des derniers mois de la Seconde Guerre Mondiale.

En fait, le château de La Roche-Guyon fut occupé à partir de février 1944 par l'état-major du général Erwin Rommel, nommé un peu plus tôt responsable de la défense des côtes françaises contre le débarquement allié qui s'annonçait.

Erwin Rommel

La Roche-Guyon était alors occupé par plus de 1 500 soldats allemands pour un total de 543 habitants.
Selon les témoignages d'habitants, Rommel n 'était pas un nazi. Aucun drapeau à croix gammée n est apparu dans le village et seul le salut militaire a cours, pas le salut hitlérien.
Dès le début de 1944, Rommel sait la défaite nazie inévitable. Au cours d'une rencontre secrète avec Von Stülpnagel, commandant en chef de l'armée allemande en France, les deux hommes
s 'étaient accordés sur la nécessité de renverser le régime nazi et de mettre fin à la guerre. Mais leur position sur les moyens ont divergé ; Rommel craignant qu 'une guerre civile éclate si le Führer est assassiné.
Durant les semaines qui suivront, de nombreuses rencontres secrètes se dérouleront au château : "Presque chaque jour arrivaient des personnalités du Reich pour s'exprimer librement dans l'oasis de l'état-major de Rommel, loin des griffes de la Gestapo." (Hans Speidel)

Les jardins du château Intérieur du château Haut du donjon

Parti en permission le 4 juin 1944, Rommel reviendra précipitamment à La Roche-Guyon à la nouvelle du Débarquement allié en Normandie. Le 17 juin, il rencontrera Hitler près de Soissons le 17 juin dans le but de le faire venir à La Roche-Guyon pour le faire arrêter, mais le dictateur préfèrera retourner en Allemagne.
Victime d 'un mitraillement allié sur une route de Normandie en juillet, Rommel restera dans le coma quelques jours avant d 'être rapatrié vers sa famille en Allemagne. C 'est alors que le maréchal Hans Günther Von Kluge reprendra ses fonctions, mais devant la volonté des nazis à résister face à l 'ennemi et suite à
l 'échec de l 'attentat contre Hitler le 20 juillet, il met fin à ses jours en août.
De son côté, Rommel se ra accusé de haute trahison et recevra l 'ordre de se suicider le 30 octobre 1944 afin de le préserver lui et sa famille d 'une arrestation et d 'une condamnation à mort.
Le 18 août 1944, l'armée allemande évacue le village, qui subira alors un inutile bombardement allié quelques jours plus tard.

Je pouvais dorénavant passer dans ce village considéré comme l 'un des plus beaux de France (alors que je le trouve moche, mais bon, c 'est chacun ces goûts) la conscience rassasiée.

Et nous voici longeant la Seine...

... pour arriver à Vétheuil, célèbre pour son église abritant trois tableaux de Monet que l 'on ne peut pas voir. Du coup, nous nous dirigeons sur les hauteurs du village pour contempler les reproductions des tableaux du maître en ces lieux.

"Sentier dans les coquelicots de l 'île Saint-Martin", 1880
Monet est reconnu comme étant l'un des créateurs de l'impressionnisme,
le plus convaincu et le plus constant des peintres impressionnistes,
en même temps que le chef de file du mouvement impressionniste.
Depuis ses débuts comme artiste,
il fut encouragé à toujours écouter et transmettre ses perceptions,
et toutes les critiques qu'il dut subir ne l'éloignèrent jamais de cette quête.

Force est de constater que si Monet était venu peindre aujourd 'hui, il n 'aurait pas vu le village et l 'Histoire de la peinture impressionniste fusse-t-elle changée...
Je ne sais pas si ça se dit, mais bon voilà, on voit rien là !

Alors on roule !

Et là, après quelques détours dans des villages aux maisons de pierres apparentes, nous arrivons à l 'objectif : Follainville-Dennemont !
Et là, toi lecteur assidu, tu te poses la question : "Mais quelle photo Nick Canon a-t-il pu leur montrer pour qu 'ils traversent tout le Vexin comme ça ? Quelle chose incroyable allaient-ils trouver là ? Une gomme Monet peut être ?"
Hein ?

Eh bien, tout d 'abord, il nous a fallu harpenter les rues de la ville.
C 'est pas grand Follainville-Dennemont. C 'set simple, le temps que tu prononces le nom, tu es déjà sorti du bourg.
Maaaaais c 'est en pente !
Et pour trouver l 'objet tant convoité, nous ne disposions d 'aucun indice, ormis cette mémorisation de la photo de Nick.
Alors, avec Céline et Bonnie, nous regardions à droite, et nous regardions à gauche ! Nous regardions en haut ! Nous regardions en bas ! Et puis devant ! Et puis derrière ! Ouuuuuais, allez, c 'est la danse du tamanoir !!!! Tout le monde refait les mêmes gestes ! Regarde en haut ! Ouuaaaaiiiss comme ça ! En bas ! C 'est bon, c 'est bon !!!!! Tout l 'monde, tout l 'monde, tout
l 'monde !!!! Eh ouais rh ouais eh ouais !!!
Ohla qu 'est-ce qui m 'prend là ?! V 'là t 'y pas que je suis pris par le démon du tube pourri de
l 'été !

BREF :
on avait beau regarder partout, rien !
Que dalle !

Plus nous avançions, plus nos espoirs s 'amenuisaient.
Pour multiplier nos chances et éviter de perdre trop de temps quand même, nous décidions de faire deux équipes et de nous déployer chacun dans la localité. Céline et Bonnie (toujours en train de chanter Damien Saez) partaient vers le bas du village pendant que je me dirigeais vers le haut.
Après trente minutes de marche, nous étions sur le point de renoncer et appeler Nick afin qu 'il nous donne la solution et le lieu exact de cet objet que l 'on voulait voir...
Maaaais, là, enfin : en laissant divaguer son regard vers le ciel d 'un mur grisâtre et moche, Céline avait trouvé !

Oui, là, dans cette rue apparemment quelconque - ,et finalement elle l 'était faut dire ce qui est ! - se trouvait notre objectif ! Celui pour lequel nous nous étions battus jusqu 'à perdre espoir.
Nous nous rapprochions, les yeux brillants d émotion. Puis nous nous armiâmes de nos appareils photos, téléphone-portable, I-Phone, planche à dessin afin d 'immortaliser l 'OBJET.

Attention : photo !

Ben ouais !
Toutefois, maintenant que ceci était fait, une question nous tarabusquait l 'esprit : "Pourquoi diable les autorités locales avaient-elles mis cette plaque ici et pas dans une autre rue, sur un autre mur ?"
C 'est vrai ! Etait-on vraiment sûr, à Follainville-Dennemont, qu 'il ne s 'était vraiment rien passé ici, là, à cet endroit précis, le 17 avril 1891. Et pourquoi le 17 avril ? Et pourquoi en 1791 ? Merde ! Mais qu 'est-ce que ça voulait dire tout ça ?

Moralité philosophique de ce petit voyage
apparemment anodin et pourtant...

Existe-t-il encore aujourd 'hui, quelque part en France et dans le monde, des endroits comme celui-ci où il ne se serait strictement rien passé ? Et comment évaluer le fait qu 'il ne se soit rien passé ?
Dans l 'avenir, après que chaque lieu ait été recensé en rapport avec un évènement historique ou autre, y 'aura-t-il des voyages organisés sur les derniers endroits du Monde où il ne se sera rien passé ? Et que montrer aux gens à ces endroits alors ? Et quoi y vendre comme souvenirs ?
Des gommes peut être...
En attendant, à quelques kilomètres de là, un peu plus tard...