En route pour le lac d'Ansabère, part 1 (64)

Les Pyrénées-Atlantiques ne sont pas que Atlantiques puisqu'ils sont aussi Pyrénées. Eh ouais, c'est une évidence : je le sais, tu le sais, nous le sachons, ils le sachent. Et tout cela, cela s'appelle le sachoir ; sachasses-le.
Pourtant, dans le doute hypothétique que les Pyrénées-Atlantiques ne soient que Atlantiques, nous allons vérifier tout cela en nous rendant dans les montagnes de ce département si toutefois elles existent car, de nos jours, rien ne semble sûr.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Oui, oui, oui. Le doute gagne la Terre. C'est peut être pour cela que les multi-méga-milliardaires de cette planète veulent se barrer dans l'espace.
Oui, oui, oui : plein de doutes ! Le réchauffement climatique ! La Covid19 ! Le vaccin ! La Terre est plate !...

Et je le prouve !!!

Alors, on est en mesure de douter aussi du fait que les Pyrénées-Atlantiques ne soient que Atlantiques ! Que les montagnes n'existent pas ! Que tout cela a été inventé pas le gouvernement et les pouvoirs en place !!!!
J'ai donc pris mon courage à deux mains en enfourchant le coq et l'âne pour me retrousser les manches qui ne font pas le moine et je me suis rendu dans les montagnes, et plus précisément dans les Pyrénées car, dans la vie, on le sache...

Le département des Pyrénées-Atlantiques est situé dans le sud ouest du territoire français et porte le code 64. On peut se demander pourquoi 64, et pas 23 ou 12 ; mais tout ceci s'explique par le fait que les chiffres de département sont attribués suivant un ordre alphabétique. Une fois que l'on sait cela, on peut alors se dire que l'on est bien avancé.

Créé lors de la Révolution française le 4 mars 1790, le département des Pyrénées-Atlantiques était alors appelé Basses-Pyrénées jusqu'en 1969. Ce changement de nom intervient car les habitants du département trouvaient le terme de Basses-Pyrénées réducteur par rapport au département des Hautes-Pyrénées. Mais rappelons-le : ce n'est pas la taille compte, mais la volonté et la ténacité.
Les Pyrénées-Atlantiques réunit deux régions historiques que sont le Béarn et le Pays Basque. Océan, montagnes : le département connait une variation d'altitude de près de 3 000 mètres entre les points le plus bas et le plus élevé. S'en suit, bien évidemment, une différence de climat et de températures.
Bon, on pourrait parler de plein d'autres choses au sujet de ce département éclectique avec sa gastronomie, ses villages classés, ses cultures,... Mais accélérons le mouvement pour aller à l'essentiel. Et aujourd'hui, l'essentiel, c'est de se rendre au lac d'Ansabère.

Je quitte donc l'Atlantique, son océan et ses plages d'Anglet. Ah oui, là, ce jour là, je suis parti de la plage de la Barre, comme ça. La Barre, c'est là où l'Adour se jète dans l'océan après avoir parcouru plus de 307 kilomètres (307,1 très précisément) entre montagnes pyrénéennes et plaines landaises.

Tour des Signaux et Adour

C'est également à la Barre que l'on peut voir des digues coupe-vagues de belle facture. Architecture aléatoire.

                  

De gros blocs de béton compose ses "édifices". Certains d'entre eux ont été colorés, apportant une petite touche joyeuse à cet endroit un peu morne.

             

Eh oui, on aime la couleur à la plage de la Barre. Même les blockhaus, aménagés en terrasse, ont été repeints.

              

Mais la plage de la Barre à Anglet, ce ne sont pas que des blocs de béton et des blockhaus repeints, c'est aussi une magnifique vue sur le phare de Biarritz et sur la montagne espagnole des Trois Couronnes (Aiako Harria ou Peñas de Haya). 

Certains voient dans le profil de cette montagne celui d'une femme couchée,
d'autres celui de Napoléon.

La plage de la Barre, c'est aussi un bel endroit pour faire du Skysieste.
Et là, tu me dis : "Mais c'est quoi le Skysieste ?"
Eh bien, c'est comme le Skysurf...

SKYSURF : Le skysurf, plus communément connu sous l’appellation kitesurf, consiste à surfer sur une planche tout en étant tirée vers le haut par une voile. Grâce à l’effet de glisse et d’apesanteur, le sportif pourra réaliser toutes les figures aériennes qu’il souhaite.

...sauf qu'au lieu de faire du surf, tu fais la sieste.

Comme ceci.

Bon eh oh : nous, on doit aller dans les montagnes ! Et plus précisément dans la vallée d'Aspe, et plus précisément du côté de Lescun.

Depuis la Barre d'Adour, dans un premier temps, je suis donc l'Adour.
Au niveau du quai Edmond-Foy, j'aperçois au loin mats et cordages se détachant sur le ciel bleu limpide.

Il s'agit de la réplique de la frégate russe "Shtandart" ; la copie d’un navire amiral du XVIIIe siècle, qui fut le premier bateau de guerre du tsar Pierre le Grand. 
Construit en 1703, son nom est lié à l’ouverture d’une nouvelle voie commerciale à travers la mer Baltique. 

                   

             

"Le baptême de feu du « Shtandart » eut lieu en 1705, quand l’amiral Russe a empêché les vaisseaux suédois de passer devant le fort Kronslot et de percer vers Saint-Pétersbourg.
En 1711 le navire est tombé en décrépitude suite à l’utilisation de bois humide ( pas suffisamment séché). Ainsi une partie du bordage et des couples ont été remplacés. Le 'Shtandart' rénové continuait son service jusqu’en 1719, lorsque Pierre 1er donna l’ordre de le garder ad vitam æternam comme le premier-né de la flotte et monument du génie maritime. La frégate a alors été désarmée et amarrée dans le canal Kronverskaya comme musée. XX
En 1727 Catherine  1ère donna l’ordre de trainer le vaisseau sur la rive et de le restaurer. Mais l’eau et le temps avaient gravement endommagé le bateau et quand on a essayé de le monter avec des câbles il est tombé en pièces. Le 'Shtandart' a alors été démoli. A cette occasion l’édit suivant a été promulgué : 'A la mémoire de son nom, que Sa Majesté Pierre le Grand lui a donné, mettez la quille et construisez un nouveau navire'. Cet édit n’a été exécuté que depuis peu." SHTANDART.RU

C'est donc la réplique de cette frégate qui est venue se poser ici, sur les rives de l'Adour à Bayonne.

"Le nouveau «Shtandart» est une réplique exacte de l’ancien à l’exception de l’intérieur. Là, où à l’époque de Pierre 1er se trouvait la cale, où on gardait des tonneaux d’eau, des câbles de mouillage, des provisions, des boulets et de la poudre, se trouve maintenant l’équipement moderne nécessaire : deux moteurs diesel, une génératrice, des pompes de cale, des citernes ainsi que le carré, la cambuse et les postes d’équipage.
Au-dessus du pont-batterie tout est exact du point de vue historique : les mâts et mâts de flèche, les œuvres dormantes et courantes, le cabestan, les canons, les sculptures de décoration, la barre à roue et l’appareil à gouverner, les échelles, les passerelles, les écoutilles et les lucarnes sont faits comme à l’époque de Pierre 1er."  SHTANDART.RU

BON EH OH !
La montagne ! Direction Lescun... à ne pas confondre avec Lescuns.
Lescun est un petit village des Pyrénées-Atlantiques.
Lescun est une commune de la Haute-Garonne.

Cela n'est pas sans nous rappeler la mésaventure qui est arrivée à des supporters français lors de la Coupe d'Europe de football il y a quelques semaines... quand l'équipe de France était encore qualifiée...

Bon, apparemment, il y a aussi un supporter français qui, pour qu'on ne le reconnaisse pas, a enfilé un maillot de l'Espagne...

BREF : itinéraire pour se rendre à Lescun dans les P.A. ; et vu que l'on a pris un peu de retard, on va passer par l'autoroute.

BAYONNE →  A64 → BELLOCQ → SALIES-DE-BEARN → SAUVETERRE-DE-BEARN → NAVARRENX → OLORON-SAINTE-MARIE → SARRANCE → BEDOUS → ACCOUS → LESCUN    143km

Et quand on arrive à Lescun, qu'est-ce qu'on voit ?

Eh bien, ceci !

Mais on ne va pas s'arrêter ici car pour rejoindre le départ du sentier de randonnée menant au lac d'Ansabère, il faut encore rouler quelques kilomètres pour rejoindre le pied du cirque de Lescun. Je ne suis pas sûr que cela se dise "le pied du cirque", mais c'est dit.
Pour cela, il faut suivre les panneaux indiquant la direction de "Masousa/Ansabère". Nous passons ainsi à proximité de maisons isolées, champs et pâturages en longeant parfois le Gave de Lescun sur quelques cinq kilomètres.

Une fois le parking de Masousa atteint, qu'est-ce qu'on fait ?
Eh bien, on repart. C'est vrai, quoi : c'était chouette cette petite balade en voiture.
Mais non, une fois le parking atteint, juste avant le pont enjambant le Landrosque, sinon tu repars sur Lescun et ce n'est pas le but quand on veut rejoindre le lac d'Ansabère.
Allez, la voiture est garée. Les chaussures sont chaussées. Le sac est saccé.
Il n'y a plus qu'à emprunter le sentier.

Enfin, "sentier"... Pour commencer, c'est une piste forestière assez large et carrossable. Il faut bien marcher pendant une demi-heure par 200 mètres de dénivelé pour rejoindre le petit sentier grimpant vers les montagnes, à l'état sauvage.
Cet autre lieu de départ, c'est la passerelle Lamary.

La passerelle enjambe le Gave d'Ansabère, assez virulent en ce moment, suite aux nombreuses précipitations cette année. Depuis que le réchauffement climatique s'est intensifié, il n'a jamais autant plu. Hein ? Non, en fait, j'en sais rien. J'essaye juste de faire un lien entre le fait que la Terre se réchauffe et qu'il y a plus d'eau qui tombe du ciel en prenant en compte le fait que les milliardaires (Bezos, Branson, Musk) sont de plus en plus intéressés par l'idée d'aller dans l'espace. Trop à l'étroit sur la Terre ? Trop d'argent ?
BON EH OH !
Passons la passerelle en ciment qui enjambe le Gave d'Ansabère pour aller batifoler sur ce mince sentier s'enfuyant dans les alpage pyrénéens.
Tiens, ça, c'est une autre question : est-ce que quand on est dans les Pyrénées, on peut parler d'alpage ; ou est-ce seulement réservé aux Alpes ? Et si c'est le cas, doit-on dire que l'on se rend dans les pyrénéages ?

BON EH OH !
Passons la passerelle.

Et en voyant cette photo ci-dessus, tu me dis : "Mais y'a des panneaux partout ou c'est que tu ne peux t'empêcher de prendre des photos de paysages sans mettre de panneau ?"
Non, je te rassure : il n'y a pas des panneaux partout. La preuve : quand on lève la tête, nous voyons très vite que nous sommes cernés par des montagnes, telles que le Dec de Lhurs (2178m), la Table des trois Rois (2421m) au nord ou encore le Pic de Laraille (2147m) au sud.

         

 Mais les montagnes qui retiennent le plus notre regard, ce sont bien sûr les aiguilles (grande et petite) et pic d'Ansabère (2362m) qui nous font face. Leurs silhouettes se détachent de l'horizon telles des orgues sculptées. 

Un peu moins d'une heure et demi après avoir quitté le parking de Masousa, nous arrivons au plateau d'Ansabère d'où apparait une très belle vue sur les aiguilles.

Non, ce n'est pas un panneau, c'est une borne. Ça change un peu.
Celle-ci nous confirme que nous sommes bien sur le plateau d'Ansabère, à 1365 mètres d'altitude.
Mais si nous regardons au-dessus de cette borne, c'est là qu'apparait un beau premier panorama.

À droite, la Grande Aiguille d'Ansabère qui culmine à 2377 mètres d'altitude et que l'on peut rejoindre en quelques 3h30 de marche par un dénivelé de 1200 mètres.
À gauche, la Petite Aiguille d'Ansabère (ou aiguille sud), aiguisée comme une pointe, atteint une altitude de 2234 mètres.
Un peu plus à gauche encore sur la photo ci-dessus, on peut également voir le sommet du Pic de Pétragème (2255m).
Je navigue un peu sur le plateau, au milieu des fleurs et des pâturages qui ne sont pas encore occupés par les troupeaux.
Je fais le tour d'une petite cabane en pierres. Il s'agit de l'abri du Plaa d'Ecouest, capable d'héberger deux personnes dans des conditions... sommaires. Simple abri, avec un toit en tôle étanche, mais aucune isolation.

Un lézard a décidé d'y passer quelques minutes en se faisant chauffer la peau.

               

Un peu plus loin, une fleur ressemblant à un soleil. 

                

Il s'agit de la cardabelle. Quel joli nom ! Son vrai nom est tout aussi inspiré : Carline à feuilles d’acanthe. 
Elle pousse uniquement au ras du sol avec sa couronne de feuilles généralement piquantes afin de se défendre des animaux qui voudraient la manger. Le gros capitule central est mécanique ; c'est à dire qu'il s'ouvre et se ferme lorsqu'il pleut ou qu'il fait nuit afin de protéger la plante. Aujourd'hui, le soleil est bien présent. Bine que protégées, on retrouve souvent cette plante crucifiée sur les portes de maison, servant ainsi de baromètre naturel puisque ses feuilles hérissées de pointes réagissent, même mortes, à l’humidité et à la sècheresse. Elle protègerait également des mauvais sorts.
Son nom de carline proviendrait de Charlemagne.
"L’histoire raconte qu’un ange serait apparu à Charlemagne, qui lui aurait dit de se servir de la Carline pour guérir son armée atteinte de la peste (ce qui lui aurait valu le nom de « chardon angélique ». Nos grands-mères qui ne craignaient pas de se piquer récoltaient la « cardabelle », nom qu’elle porte sur le Causse Noir pour la préparer (le réceptacle) à la manière des cœurs d’artichauts ce qui était un plat très apprécié. Elles en faisaient aussi d’excellentes confitures pour le régal des enfants." (René Pical, la Flore du Causse Noir, 2001) (cf : MILLAVOIS)

Allez, je quitte le plateau en prenant la direction du sud par le sentier qui s'en va monter dans la forêt. Derrière moi, je vois le Gave d'Ansabère serpenter sur le plateau. Derrière, la cime des montagnes encore enneigées jouent avec les nuages.

Nous entrons dans la forêt. Le sentier grimpe agréablement. Juste en dessous, le gave d'Ansabère prend de la vitesse. 

De façon surréaliste apparaissent soudain des centaines de fleurs sur une pente.

Je m'approche un peu pour observer à quoi ressemblent de près ces petites fleurs violettes.

                 

Apparemment, il s'agirait de la scille à deux feuilles. Elle est parfois également appelée Etoile bleue et pousse dans des sous-bois frais, où elle fleurit de mars à avril. Elle forme de petites colonies dans des lieux généralement boisés, humides, souvent collinéens à montagneux jusqu'à 1500 m d'altitude.
Malgré sa beauté étoilée, elle est appelée Scille en référence au grec "scullein" qui signifie nuire en référence à la forte toxicité de son bulbe.

Nous poursuivons notre progression et quelques mètres plus loin, après quelques lacets, la forêt laisse place à une vue magnifique sur les montagnes d'Ansabère. Nous sommes arrivés aux Cabanes d'Ansabère.

Ah mince, une borne.
Regardons au dessus.

Aaaah, quelle vue encore !
Nommons les sommets qui nous font face !

Nous sommes ici à 1565 mètres d'altitude. Cela fait un peu plus d'une heure et demi que nous marchons depuis le départ du parking de Masousa.
Les cabanes d'Ansabère, ce sont trois cabanes de bergers, dispersées au milieu des gros rochers. Dit comme ça, on peut avoir peur. D'où viennent ces gros rochers ? Comment se fait-il que ces cabanes soient intact alors qu'elles sont entourées par ces pics et aiguilles qui semblent si friables ?

Approchons-nous.

Quand nous sommes passés en mai, les cabanes étaient encore désertées. Les bergers et leurs troupeaux n'avaient encore gagné les estives. Ici, à partir de juin, l'activité pastorale est bien présente.
Souvenons-nous de ce passage aux cabanes en aout 2012 avec Grégo.

Bon, là, aujourd'hui, pas de patous, pas de brebis, pas de bergers. Personne ! 

Je m'approche de l'une des cabanes, rebaptisée pour l'occasion "Villa des privés d'amour". À l'extérieur, une fontaine propose de l'eau potable. C'est en été la cabane du berger. Un berger qui peut parfois être excédé du passage des randonneurs en été.
"Et de soixante ! Il ne s’agit pas du nombre de brebis traites, mais du nombre de fois où la question "Votre eau, elle est potable ?" est posée depuis le début de la matinée, à Marcel Etcheverry, en estives à Ansabère. Cela donne en moyenne la même question toutes les dix minutes : de quoi rendre le berger chèvre !(...)
Les fortes têtes ont des idées – il n’y a qu’à afficher un écriteau "Eau potable" – mais le berger a son tempérament. Et il se refuse à enfoncer des portes ouvertes à ses yeux. "Si l’eau n’est pas potable ici, elle ne l’est nulle part"." LA REPUBLIQUE DES PYRENEES

                

Avec un tel surnom, on ne peut que se poser la question : y'a t-il des privés d'amour dans cette cabane ? Et si oui, comment vivent-ils ?

REPORTAGE
 

Bon. Tout va bien.
Entrons en photos pour voir ce que propose ce beau refuge.

        

Cabane de berger l'été, avec une partie restant ouverte pour l'hiver. Au rez-de-chaussée, une table de 8 places avec 3 bancs, 4 tabourets. La cabane possède l'éclairage électrique, un poêle à bois qui fume par temps venteux
À l'étage, il y a le couchage, possible pour 8 personnes. Il faut prévoir son matelas ou un plastique pour recouvrir ceux en place.

        

Mais attention, on le répète : l'été, pendant les estives, la cabane n'est pas un gite, c'est un lieu de travail.
Quelle est la vie des bergers ? Comment se déroulent leurs journées ?
Une idée en lisant cet article paru dans un Marie-Claire.

"Certains paysans les appellent les vaillantes. Dans le Haut-Béarn, patrie du vieux berger taiseux à béret, on se méfie plutôt de ces filles de la ville qui jouent à la bergère. Bon, on se méfie encore plus des « pelluts », ces poètes qui rêvent d'un retour mystique à la nature.
(...) Dès que le ciel s'est levé, Clémence est remontée établir sa topographie personnelle. Ce rocher, cet arbre tordu, identifier des points de repère. En prévision. Les brebis calées sur leur immuable parcours, elle redescend à toute allure préparer le fromage dans le « laboratoire » – deux réchauds à gaz, un évier et un tuyau pour nettoyer au jet – aménagé dans la « villa des privés d'amour ».
Marcel Etcheverry, berger sans terre de 63 ans, passe toute l'estive seul dans cette grande cajula (cabane, en béarnais) de pierres sèches, cinq mètres au-dessus de celle de Clémence. Chauffer le lait à 30 °C, le faire cailler, jeter la brisure et le ferment dans le chaudron, mettre sous presse dans les moules pour évacuer le petit-lait, la voix de Bob Dylan qui s'échappe de la radio de Marcel rythme les gestes millénaires.(...)
Dans la cabane, l'huile frémit dans la friteuse. La tanière de la bergère est cosy : un lit double, une guirlande multicolore, des livres et des DVD, Nos jours heureux, Orgueil et préjugés, American beauty. Et sur les étagères, des conserves maison. Mais fin septembre, Clémence va trouver le temps long. Même capter du réseau demande un effort, il faut grimper, encore. « Du jour au lendemain, la montagne est vide, je peux passer trois jours sans parler à personne. Il suffit que les brebis aient été un peu cons, que le temps soit pourri, je ressasse. »(...)" LES TRENTENAIRES CITADINES DEVENUES BERGERES

Il y a deux autres cabanes plus petite: un dortoir de 4 lits dans poêle et une autre sans lit avec un petit poêle mais très mal isolée donc très difficile de chauffer.

              

Un peu plus haut, au dessus des cabanes, une étrange construction. Une porte imbriquée dans un gros rocher. Il s'agit d'un saloir où le fromage de brebis s'affine.

C'est également en passant devant cette étrange construction efficace que nous empruntons l'ultime petit sentier qui doit nous mener au lac d'Ansabère, de 1565 à 1859 mètres d'altitude.

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Jénorme parviendra-t-il à gravir ces derniers 300 mètres de dénivelé ? Trouvera-t-il le lac d'Ansabère ou se perdra-t-il dans les montagnes ? Est-il vraiment dans les Pyrénées ?
Suspense.